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 Tout le monde voudrait être un héros { Gaius

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Edouard Pikes
Meneur Rebelle
Edouard Pikes
Edouard Pikes
Edouard Pikes
MessageSujet: Tout le monde voudrait être un héros { Gaius   Tout le monde voudrait être un héros { Gaius EmptySam 18 Mai - 14:36


L'air y était tellement vicié qu'on avait du mal à y respirer. Une écharpe de laine épaisse enroulée au tour du cou, Edouard comptait sur ce maigre support pour ne pas avaler toutes les émanations toxiques qui pouvaient s'échapper de l'endroit. Très honnêtement, ce maigre rempart n'était pas vraiment un succès : il se retournait d'ailleurs un peu trop souvent pour tousser, couvert par le vacarme des machines et le chaos créé par les outils, les bruits, les cris des ouvriers, tentant de couvrir la cacophonie ambiante pour se faire entendre. Sa toux était tout sauf naturelle et Edouard savait très bien qu'il avait contracté le même mal que sa chère tante. Il tentait de faire cependant comme si ses jours n'étaient pas comptés, agissant comme le reste des mineurs – qui de plus est, beaucoup semblaient souffrir de ce mal.

Vers une heure qui semblait celle de déjeuner, ses supérieurs se décidèrent à leur accorder une truculente pause. Edouard soupira, s'éloigna du chariot qu'il était en train de remplir et chercha du regard les quelques personnes avec qui il était bon de se reposer. Il ne remonterait pas au vestiaire pour cette pause : tout simplement parce qu'il gâcherait une grande partie de ses vingt si précieuses minutes pour un aller retour qui ne le ferait que se fatiguer. Ses pas lents et fatigués avancèrent le long des rails et son regard finit par atterrir sur le garçon avec qui il souhaitait passer ce temps si particulier.

S'il avait vu Morgan, il se serait sûrement dirigé vers celui-ci, mais depuis quelques temps, il jouait un peu à cache-cache dans la mine avec lui. Il avait pris sa maladie avec beaucoup de honte et ne souhaitait pas que son ami, si perspicace, devine que le chef de la rébellion était atteint du mal qui contaminait tant de personnes parmi les ouvriers. C'était pourquoi, lorsqu'il avait vu Gaius, il s'était avancé vers lui en lui faisait un signe de la main, puis s'était assis à ses côtés.

En réalité, discuter avec Gaius était tout sauf apaisant. Il finirait sans doute la conversation plus fatigué qu'il ne l'était déjà, ce qui était un comble. Edouard sortit d'une des poche de son manteau une grosse miche de pain et un couteau.

« Tu as quelque chose à manger ? », demanda-t-il.

Gaius était plus jeune que lui. Pour le commun des mortels, ils n'avaient pas une très grande différence d'âge, mais pour quelqu'un de l'âge de Gaius, cela comptait. Il était investi dans la rébellion et, même si Edouard n'aimait pas la violence, il savait que ce dernier n'hésiterait pas à en faire usage, pour le meilleur ou pour le pire. C'était un mal pour un bien, et il ne servirait sans doute à rien de l'en fustiger, le Chant de la Mine comprenant la passion (ou la colère) l'agitant et savait que tout homme avait sa manière d'y répondre.

« Tu vas bien ? Tu ne sors pas un peu avec les autres ? »
Gaius Keegan
Ouvrier
Gaius Keegan
Gaius Keegan
Gaius Keegan
MessageSujet: Re: Tout le monde voudrait être un héros { Gaius   Tout le monde voudrait être un héros { Gaius EmptyMar 21 Mai - 10:51


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Aujourd’hui, faut croire qu’on m’a pas assez entendu gueuler. J’ai dû pousser les chariots toute la matinée, sur les rails abîmés. Ouais on peut utiliser des bestiaux, poney et truc, mais faut croire qu’on n’en a pas assez. Alors me voilà, comme un mulet, appuyé contre cette merde en acier, à fulminer. Je souffle comme une locomotive, bien solide sur mes appuis alors que je contracte tous mes muscles pour faire avancer cette grosse mer** que j’insulte à tout va. Deux types devant moi tirent une corde alors que j’suis seul derrière – faut dire que personne veut s’y mettre, suffit que y’ait une pente, que la corde pète, et j’finis écrasé sous des kilos de pierres et d’acier. Quand on approche de la surface, un nouveau courage me prend et voilà que j’hurle sur les mecs devant – TIREZ BORDEL ! -. J’sens tout le poids sur mes épaules et j’finis par appuyer mon dos contre le chariot, y allant de tout mon poids pour les derniers mètres. Enfin, j’sens le souffle de l’air, sur ma nuque trempée de sueurs. Et quand enfin, ce satané chariot semble avancer sans que j’ai plus besoin de pousser, j’retombe sur les fesses pour un repos bien mérité. Les joues rouges, plein de terre et de poussières, j’reprends mon souffle avant qu’un contremaître ne vienne m’emmerder pour que j’me redresse. J’serre les dents, j’veux pas perdre mon boulot, j’me relève en m’appuyant sur mes cuisses. J’me sens un peu vaseux, faut dire que ce matin, j’ai avalé de l’eau chaude avec des plantes là, un truc « qui réveille » disait mon père – ça m’a surtout coupé l’appétit, déjà que j’ai le bide noué depuis quelques jours. J’crève la dalle, ça va être difficile jusqu’à la fin du mois. Les plants de patates qu’on a suffisent pour quelques repas – au moins celui du soir, pendant la journée, on s’débrouille comme on peut. Parfois, j’ai la chance d’avoir un bol de soupe offert par je sais pas qui – je m’en fous, tant que ça me nourrit – ou mes pièges à rats ont emprisonné assez de ces petites merdes pour qu’on ait de la viande au dîner. Va falloir que je change leur place, d’ailleurs, les rats n’y viennent plus, faut croire que ces trucs sont pas si cons que ça.

C’est en poussant le deuxième chariot que j’trébuche. J’me sens partir en arrière et j’tombe face contre terre, malgré mes mains qui se sont interposés entre la terre et moi. J’sens la douleur traverser mon dos – j’ai dû faire un mauvais geste – et sans mon appui, les types devant, ils ont un pas de recul, un autre, j’me tire en arrière alors que le chariot revient vers moi. J’me lève précipitamment et j’repose mes mains sur la surface d’acier, mais le poids me pousse en arrière, j’campe mes pieds.

_ PUTAIN LACHEZ PAS ! BANDE DE CRETINS, AVANCEZ OU JE VOUS CREVE !


Putain, je veux pas foutre en l’air des heures de boulot ! Ces chariots, y s’remplissent pas à la force de l’esprit ! Et j’ai encore moins envie de finir crevé dessous ! La rage m’prend aux tripes et j’finis par trouver un appui solide pour mon pied, de nouveau, j’tends mes muscles, j’crie sous l’effort, un mugissement de bûcheron alors que je force comme un bourrin. Enfin, le chariot daigne se traîner comme une vache boiteuse et à chaque fois que j’sens les roues se gripper, j’réponds par une secousse supplémentaire. J’fais autant de bruits qu’un moteur, à râler entre mes mâchoires serrées. Et faut croire que j’ai assez saoulé les contremaîtres parce qu’une fois au bout, on m’accorde une pause. J’lâche enfin cette carcasse d’acier et j’me recule dans les ombres de la mine. J’tremble comme une feuille. J’ai les mains en feu, j’ai mal partout, j’suis sale comme un clébard qui s’est roulé dans la boue. J’ai la tête dans le brouillard et la faim qui m’monte dans la gorge. J’me sens assourdi, comme si une bombe avait explosé à côté de ma tête – enfin, la bombe, c’est moi. D’ailleurs, personne m’fait signe et j’regarde quelques secondes les gens se réunir pour manger. J’me sens quelques secondes isolé – enfin faut dire que j’ai au moins insulté tout le monde une fois, donc j’pense qu’ils ont pas envie de se coltiner le relou. J’peux pas leur donner tord. J’baisse les yeux, j’sens mon cœur se serrer, ça m’fait un peu mal. J’aime pas me sentir seul comme ça.

Penaud, comme quand j’étais gosse, j’enfonce mes mains dans mes poches et j’m’éloigne de mon pas chaloupé, jusqu’à me mettre à l’écart. Comme ça, si je gueule, je ferai chier personne, à part moi. J’récupère, accrochée à ma hanche, ma gourde d’eau que j’porte à mes lèvres, j’bois quelques gorgées, en fait, j’la bois presque d’une traite avant de reposer mes fesses à même le sol, mes coudes, sur mes genoux. J’ai mal partout. J’me sens pas vraiment bien et j’avale ma salive, comme si ça pouvait calmer les plaintes de mon estomac. J’m’habitue pas à cette faim qui me vrille le ventre. Comme des coups de pioche dans le bide, dans la tête. Ma main cherche dans la poche de mon pantalon, j’en retire une pomme de terre abîmée et j’croque dedans dans un soupir. J’en peux plus de cette chair farineuse, mais c’est tout ce que j’ai. J’lève une main et j’masse mes paupières. Comment on va finir le mois ? Putain, ça me fait peur. Pourquoi on s’en sort pas ? La colère revient, là, dans mes tripes. Ca m’donne envie de gerber. Mais faut pas, déjà que j’ai plus grand-chose à bouffer alors si j’le recrache, ça craint.

J’finis par lever les yeux et j’aperçois Edouard. J’crois, j’vois pas très bien, j’plisse les yeux, avant de voir qu’il m’adresse un geste. Ce geste, c’est comme une lumière dans les ténèbres. Ca m’fait la même chaleur, dans le cœur, cette douceur qui m’prend et calme le monstre. Etonné, j’sens mon visage, soudainement, soulagé de toutes tensions. J’ai un grand sourire alors que j’réponds d’un signe à mon tour. J’suis content de le voir. Et j’suis encore plus content qu’il veuille bien manger avec moi. Pour le lui signaler, j’m’empresse de le pousser, j’le laisse ma place, alors qu’il pouvait bien se mettre à côté de moi hein… mais j’sais pas, c’est ma manière de lui dire qu’il est bienvenue. Edouard, c’est un type sympa, il me supporte, j’en demande pas plus. Et il me traite bien. J’ai pas l’habitude. J’sais pas comment dire, comment décrire ce truc que j’ressens quand y vient me dire bonjour, quand y s’approche alors que tout le monde s’écarte de moi. Avec lui, j’me sens moins… moins… moins pourri vous voyez ce que j’veux dire ? Y me fuit pas. Y me fixe pas avec froideur ou mépris, y me dit pas de me taire. Parfois, il pose même une main sur mon épaule. Ou y vient manger avec moi, alors que j’suis sûrement pas la meilleure compagnie au monde. J’vais essayer de me tenir sage, j’ai pas envie qu’y regrette d’être venu.

_ Salut Edouard. Ca c’est passé comment, de ton côté ? Putain, moi c’était la merde, j’ai bien crû que j’allais crever sous un de ces chariots là… Pas mécontent d’être en pause, j’espère que j’vais pas faire la mule toute la journée.

J’le vois sortir une grosse miche de pain. Et j’me surprends à la fixer. Oh putain. J’ai faim. Ma patate, dans ma main, y’en reste déjà plus rien, j’ai même plus le goût en bouche – et j’la sens encore moins dans mon ventre. J’sens la bave qui monte à mes lèvres et c’est un vrai effort de ma part pour détourner mon regard. La douleur de mon ventre atteint, un instant, un pic intolérable. Un gargouillement terrible me plie en deux et j’croise vainement les bras autour de mon ventre creux pour retenir sa plainte. J’suis rouge de honte et à la fois, mon front est tout pâle alors que la douleur me fait trembler. Pourquoi ça fait si mal, la faim ? J’comprends pas vraiment et j’mets quelques minutes à lui répondre sans oser le regarder.

_ Ouais, j’avais des patates de mon jardin.

Des. Non, j’en avais qu’une mais j’veux pas faire pitié. J’m’en veux de lui piquer de sa bouffe en plus, on m’a déjà traité de « pique assiette » ou de « voleur », de « mendiant »… Parce que faut croire que j’fais de la peine en rôdant près des autres à la recherche de restes. Je crève la dalle. J’finis par me détendre et j’masse mon ventre d’une main, un soupir las s’arrachant de mes lèvres. J’parais pas aussi agité que d’habitude, j’suis fatigué et surtout, j’ai faim, ouais j’me répète mais ça me prend toute la tête.

_ Ca va passer, c’est rien, j’ai euh… pas l’habitude de manger autant… Ca va, t’inquiète, j’avais juste besoin d’être tranquille et de foutre la paix aux autres, j’ai encore assourdi tout le monde, j’vais pas leur infliger ça le midi en plus…

J’ricane sans joie et j’baisse les yeux. J’connais mes défauts, mais j’y peux rien. Crier, c’est ma seconde nature – la première je sais pas ce que c’est, mais j’entends souvent cette expression. J’redresse les yeux vers Edouard, un peu intimidé, j’ai toujours peur de le faire chier et qu’il dégage, ou de l’entendre soupirer.

_... j’vais essayer de pas crier, ça va, j’suis… pas de très bonne humeur mais pas non plus… très en colère enfin bref… Ca va toi ?


Ma main, maladroite et pataude, vient trouver son épaule pour le bousculer à peine, une simple pression que j’écarte très rapidement. Edouard, c’est pas un chariot que j’peux pousser comme un bourrin, c’est un peu comme ma sœur, Helena, faut y aller doucement et ça, j’suis pas très doué pour le faire, alors j’me contente juste de le toucher du bout des doigts.

_ C'est gentil d'être venu.

Je sais pas comment le dire autrement et j'préfère passer ma main dans mes cheveux ébouriffés. Ca y'est, c'est fichu, j'regarde plus du tout vers Edouard. J'en ai déjà trop dit.



Dernière édition par Gaius Keegan le Jeu 30 Jan - 13:17, édité 2 fois
Edouard Pikes
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Edouard Pikes
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MessageSujet: Re: Tout le monde voudrait être un héros { Gaius   Tout le monde voudrait être un héros { Gaius EmptyMer 22 Mai - 21:40

Il connaissait sans doute assez Gaius pour remettre en question ses paroles et avait également la chance d'être doté d'yeux, magnifiques outils qui lui permettaient de distinguer avec netteté à quel point ses mimiques s'étaient affirmées à la vue de ce quignon de pain – pourtant pas très frais.

Edouard profita que son ami lui libère la place à ses côtés et alla directement s'y asseoir, refusant de rester debout une seconde de place. Pas de merci, ni de salutations autre que cette poignée de main qu'il lui adressa sitôt avoir posé son cul sur le sol. Ce n'était pas vraiment un siège mou et confortable, mais c'était toujours mieux que ces heures passées dans l'enfer dans la mine à rudoyer ses pieds. Il avait l'impression d'avoir une seconde semelle tellement il avait passé de temps debout.

Premier acte qu'il accomplit : il déchira le quignon en deux et donna la moitié au jeune garçon. Il l'avait pris en affection depuis la mort de son père et, même s'il reconnaissait que Gaius avait un côté violent qui ne lui plaisait pas, il ne pouvait qu'accepter ce fait. Il commença directement à mâchouiller le quignon de pain décidément bien réduit. La faim était si présente qu'elle annihilait quasiment toutes ses forces – à moins que ce ne fut la maladie, mais un mélange des deux aurait été plus correct.

« Et il t'en reste, de tes patates ? Parce que moi, je serai ravi de les manger ! Ça fait une éternité que je n'ai pas mangé autre chose que la soupe qu'on donne au pauvre et...du pain. Je me damnerai pour une bonne botte de radis ! »

Le pain était un peu dur à mâcher et aurait gagné à être trempé dans une bonne dose de cette fameuse soupe...ce qu'il n'avait pas sous la main, malheureusement. Il se contenta donc de mâcher, posant la tête sur le mur, fermant un peu les yeux pour s'imaginer ailleurs que dans cette fameuse mine.

Quelques secondes plus tard, il les rouvrit, pris d'une quinte de toux qu'il ne réussit à étouffer. Deux ou trois battements de cœur affolés plus tard, il se retourna vers Gaius, l'air un peu désolé. Il aurait souhaité cacher le fait que ça n'allait pas vraiment très bien, mais dans la mine, chacun était à égalité. Il l'aurait sûrement découvert tôt ou tard, inutile qu'il lui en veuille pour avoir tenté de cacher quelque chose.

« Si ça va ? », dit-il, sa voix était encore un peu éraillée. « Je dois avoir un rhume qui traîne, t'inquiète, faut juste que je parvienne à me reposer. L'air de la mine aide pas non plus. Et toi ? »

Il lui tapota l'épaule avec un grand sourire, celui de celui qui tente de se persuader que son mal n'était pas si grave.

Encore fallait-il qu'il y arrive, à se reposer !

Et puis, relativement curieux :

« Comment tu as fait pour te retrouver sous un des chariots ? Les gars qui bossent avec toi sont nouveaux dans le domaine. Si t'as besoin, on peut échanger nos postes. J'pense pas que ça posera problème et ça te changera. »
Gaius Keegan
Ouvrier
Gaius Keegan
Gaius Keegan
Gaius Keegan
MessageSujet: Re: Tout le monde voudrait être un héros { Gaius   Tout le monde voudrait être un héros { Gaius EmptySam 25 Mai - 21:43


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J’reste quelques secondes béat quand le bout de pain finit entre mes grosses mains couvertes de corne. Et j’me jette dessus, comme un affamé, j’mords la miche, j’bave comme un clébard alors que j’arrache d’un mouvement de tête un morceau. J’le mâche, rapidement, j’ferme les yeux et j’savoure le goût du pain, la résistance de la chair élastique. En fait, j’mets bien 5 minutes avant d’avaler ma bouchée, puis j’arrache de petits morceaux entre mes doigts, j’les glisse un à un entre mes lèvres, j’me laisse le temps d’savourer en fermant les yeux, j’lèche mes doigts avec avidité. C’est après avoir mangé mon morceau de pain que j’réalise le sacrifice qu’il vient de faire. Comme un crétin, j’regarde mes mains vides, puis son triste morceau de pain et la culpabilité m’serre le ventre. Edouard… Edouard, il donnerait sa ch’mise si j’en avais pas. Et moi, qu’est ce que j’fais ? J’bouffe son pain comme un gros morfal, j’l’ai même pas r’mercié. Honteux, j’baisse les yeux, les joues cramoisies. J’repose mes coudes sur mes genoux et j’bois une gorgée d’eau – avec le pain, ça va bien m’remplir le ventre. Déjà, j’me sens mieux, j’sais pas si c’est tout dans ma tête mais en tous cas, mon ventre m’fait moins mal et j’ai l’impression de respirer sans plus prendre le risque d’entendre mon bide gargouiller. J’lui propose ma gourde, mes yeux se tournant vers les siens. Dans ce geste, y’a ma surprise, mon malaise et cette… vous savez, cette envie d’le remercier mais les mots, y gâchent tout, y suffisent pas à dire tout ce que j’veux dire. J’m’en sens toujours… agacé, de voir que ça vient pas.

_ T’as qu’à v’nir ce soir chez moi. On fera des patates. Avec un peu de chance, j’pourrais même nous ramener de la viande. Helena s’ra contente de te voir.

Helena, c’est ma p’tite sœur. J’sais pas son âge, mais elle est bien plus jeune que moi. Elle est toute maigre, un vrai squelette, malgré tous mes efforts pour qu’elle mange. Elle a de grands yeux verts, des cheveux blonds comme moi… Et une bouille d’ange. Quand elle sourit, c’est comme si tout s’éclairait autour d’elle, en tous cas, j’sens mon gros cœur s’alléger et la joie m’soulager. Et soudain, v’là qu’il se met à tousser. Pas qu’un peu, c’est une grosse toux, celle qui vient du fond des tripes. Au début, j’crois presque qu’y s’étouffe et j’me prépare à lui balancer un coup dans l’dos, mais au moment de l’impact, j’réalise que non, ça vient du fond des tripes, pas d’sa gorge. J’retiens mon geste, j’pose simplement une ou deux secondes ma main dans son dos, juste assez pour sentir tout son corps s’ébranler, son cœur qui tape dans ma paume. Cette fois, j’suis vraiment inquiet et j’me rapproche, ma main frotte son épaule alors que j’fronce les sourcils. Quand y tourne la tête vers moi, j’préfère le relâcher ; j’ai un regard dans nos dos, mais tout le monde s’fout de nous. Mes yeux reviennent s’planter dans ceux d’Edouard, j’souris plus, j’suis même vraiment sérieux. L’inquiétude, ça va, elle m’rend grognon, j’ai les sourcils froncés, les mâchoires légèrement crispées et mes pupilles quittent pas les siennes.

_ T’es sûr ? Franchement, ta toux, elle m’rassure pas. T’es allé voir le Clodo ?

Le Clodo, c’est comme ça qu’on appelle le médecin roux, le seul type qu’ose descendre dans les mines pour soigner les pauvres. Y fait pas payer, pas à nous en tous cas. Y fait plutôt du bon boulot, même si j’crache sur les Erudits et qu’il en fait partie, j’dois reconnaître qu’il est pas comme les autres. Suffit de voir qu’y passe parfois autant de temps que nous dans les mines, tout ça parce qu’y cherche un malade ou veut soigner des blessés… J’sais pas si c’est de la pitié, d’la stupidité ou un truc bien sournois, mais en tous cas, on n’a pas le choix. C’est le seul qu’il y a. Enfin j’crois pas qu’on lui ait r’filé des affaires douteuses sur le dos.

_ Tu devrais aller l’voir. Il fait pas payer. Il a soigné Helena… J’ai rien avancé. Et il est pas venu me demander de payer. J’lui en toucherai mot si j’le croise, ça s’rait mieux.


Edouard, y me tape sur l’épaule. La pression suffit à ce que je contracte mes muscles épais par réflexe et face à son sourire, mes lèvres s’étirent dans un rictus carnassier. Pourtant, avec lui, j’ai aucune méchanceté, j’viens lui balancer un coup d’épaule amical.

_ Prends soin de ta santé, c’est important. Hors d’question que j’te vois en train de crever, tu m’entends ?

J’lève ma grosse main, j’pose le dos de mes doigts sur son front pour prendre sa température. Edouard, y sait ce que j’ai vécu. Que j’aie trouvé mon père, quand j’étais gamin, écrasé par des pierres. Que j’hurlais à m’en arracher les cordes vocales, moi, le gamin qui disait rien, j’hurlais tellement fort que j’aie alerté toute la mine. On – Il m’a trouvé, agenouillé à côté de son cadavre, à retirer les pierres une à une, alors qu’ça servait à rien, alors que son bras, il était déjà complètement écrabouillé et que j’aie aperçu… Rien qu’d’y penser, j’sens un frisson d’horreur r’monter ma colonne vertébrale et j’le relâche, baissant la tête plus anxieusement. J’veux pas qu’il lui arrive du mal. Pas à un type gentil comme lui. Y m’a filé son pain sans hésiter, y vient manger avec moi… Qu’est ce que j’ferai sans lui ? J’me sentirai seul comme un chien. Et j’ai assez perdu. Comparé à d’autres, ça va, j’ai encore ma sœur. Mais j’sais pas si mon cœur, il pourra endurer plus.

_ Sérieusement, va voir le doc, s’y faut, j’t’aiderai à payer. C’est ta santé, faut pas déconner, okay ? J’aime pas quand… enfin que les autres y sont pas bien, ça…

J’frotte mon torse. J’sais pas comment exprimer ce que je ressens, c’est bien pour ça que j’m’énerve, comme si ça pouvait soulager cette tension dans ma cage thoracique, cette boule d’angoisse dans la gorge, ce stress qui m’rend les mains moites.

_ Ca me met pas bien... Ca me fait chier, voilà, ça m’emmerde et j’ai pas envie de m’énerver contre toi donc voilà.

J’ai serré les dents en crachant cette phrase maladroite, c’est pas c’que j’voulais dire et il s’en doute, j’suis pas prêt de m’énerver contre lui. C’est ma façon de dire que j’suis inquiet pour lui. Heureusement, on change de sujet ! Ah, j’vais pouvoir râler un peu sur mes collègues, d’ailleurs, j’prends mon air bougon habituel, reposant lourdement mes mains sur mes genoux dans un grognement exaspéré.

_ Ces enfoirés, y tiraient rien et moi j’ai poussé comme un bourrin ! Y z’ont dû lâcher prise un moment, le chariot, il a reculé et moi j’étais derrière, heureusement que j’étais solide sur mes appuis ! Et tu rêves, tu t’es vu, crevette ? Non, non, reste à ton poste, garde le mien, j’veux pas qu’y t’arrive un truc, enfin j’veux dire, que… BREF t’inquiète pas, je gère, je râle mais j’assure surtout que là j’ai bien mangé, j’suis prêt à porter une montagne ! Merci pour le pain… Désolé de te l’avoir piqué, j’suis vraiment un goinfre, écoute, t’auras qu’à venir ce soir, okay ? Ca m’ferait plaisir que tu viennes à la maison et je te dirai où tu peux chopper le Doc, ça t’irait ?

J’ai pas beaucoup de monde dans ma vie pourrie. Mais Edouard, y fait partie de ces pépites d’or que j’veux pas lâcher. Même s’il est plus vieux que moi, j’me sens l’envie de le protéger. Peut-être parce que j’me sens bien plus costaud que lui. Parce que j’ai pas son intelligence, j’ai pas sa gentillesse, j’ai pas grand-chose et pourtant, y fait tout pour moi. Y m’offre du pain, y m’donne de l’amitié et moi, moi, j’veux tout donner en échange. J’ai rien d’précieux, à part mon cœur, mon corps, ma vie, et j’me découvre capable de tout lui donner. Juste pour le remercier d’être… de s’occuper un peu de moi, d’me parler, de voir que j’existe et venir à côté de moi. Pour ce bout de pain, j’suis prêt à lui filer tout l’argent que j’aie pour qu’il aille se soigner, j’suis prêt à utiliser toutes les patates du jardin pour qu’y reparte le ventre plein. Parce qu’il me donne, pour lui, c’p’t’être rien, pour moi, ça r’présente tout, tout dans cette vie de pauvre que j’me traîne depuis des années.


Dernière édition par Gaius Keegan le Mar 16 Juil - 10:55, édité 1 fois
Edouard Pikes
Meneur Rebelle
Edouard Pikes
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MessageSujet: Re: Tout le monde voudrait être un héros { Gaius   Tout le monde voudrait être un héros { Gaius EmptySam 1 Juin - 16:03


Gaius et lui auraient presque pu être de la même famille. Il l'aimait, sincèrement, lui et sa sœur, comme s'ils étaient ses fils et filles. Il ne désirait que leur bonheur et, plus que tout, les sortir de cet enfer que l'on appelait la Mine.

Il était ému par la sollicitude dont faisait preuve Gaius à son égard. Ému, d'autant plus que si lui était presque à donner ses chaussures ou se couper les cheveux pour lui coudre un manteau pour l'hiver, il ne s'attendait pas à ce que le jeune garçon lui montre officiellement son amour. Le cœur d'Edouard se réchauffa légèrement et un nouveau sourire naquit sur son visage : les mots que venaient de prononcer Gaius était là la preuve la plus touchant d'amour qu'il ait sans doute jamais eue.

« T'es gentil. Rendez-vous ce soir, alors, ok ? Je compte sur toi pour me remplir le ventre, je serais sans doute affamé ! »

Il tenterait sans doute de ramener quelque chose dans la maison, rien que pour voir un sourire s'afficher sur le petit visage d'Helena, mais il ne voulait pas le promettre à Gaius, cela dépendait de pas mal de choses, de si Jade avait pour lui quelques fruits, par exemple. Comme lui travaillait pour s'occuper de sa tante, encore malade, Gaius donnait tout pour sa sœur. Voir la gamine parcourir le sol tant foulé de la mine lui ferait franchement mal au cœur et étant donné sa constitution, il était conscient qu'elle ne tiendrait pas longtemps.

Sur ces pensées morbides, Edouard nota dans un coin de sa tête de consulter ce fameux « clodo », ce médecin qu'on lui recommandait. Plus que pour lui, c'était ses proches qu'il ne souhaitait inquiéter, autant Morgan, Gaius que le reste de la rébellion qui comprendrait que quelque chose n'allait pas avec le Chant de la mine, s'il se mettait à tousser en pleine réunion. Il était l'espoir d'une faction, il ne pouvait pas se permettre d'incarner la maladie.

Les yeux pleins de courage malgré le fait que les murs qui les entourent soient froids, Edouard hocha de nouveau la tête ; son ventre, à ce moment fit un bruit sonore indiquant qu'il avait encore faim et il parla vite fait, souhaitant épargner à Gaius la culpabilité de lui avoir pris la moitié de son repas – ce gamin devait vivre, et bien vivre !

« Je prends note. Si tu le vois, tu peux lui en parler, sinon je me renseignerai de mon côté. T'inquiète pas, en tout cas. J'sais que c'est difficile à croire, mais je vais prendre ça en main et aller mieux aussi rapidement que tu arrives à jurer dans une phrase ! », dit-il pour rendre l'atmosphère plus...plus lisse ? « Comme tu veux, pour cet aprem. Je ne suis pas en sucre, tout de même. Fais attention à toi. »

Il ne lui dit pas qu'il en avait vu des plus costauds que lui ne pas se relever après un mur effondré, un chariot tombé. Il ne lui dit pas, parce que la situation de Gaius était beaucoup trop sensible pour qu'il se le permettre. Néanmoins, ses yeux brillaient, son visage était grave, tandis qu'il avait attrapé le bras droit du jeune homme pour le dissuader de faire des sottises. Il ne supportait plus d'être le survivant, de voir des hommes bons périr et des ordures de contremaîtres continuer à leur donner des ordres.

L'air plus sombre, il baissa la voix : il était proche de Gaius, très proche. De là, personne ne pouvait les entendre, même s'ils faisaient des efforts pour tendre l'oreille.

« On m'a dit qu'une rébellion s'organisait. Ne fais pas de bêtises, tu m'entends ? »
Gaius Keegan
Ouvrier
Gaius Keegan
Gaius Keegan
Gaius Keegan
MessageSujet: Re: Tout le monde voudrait être un héros { Gaius   Tout le monde voudrait être un héros { Gaius EmptyMar 16 Juil - 10:56


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J’réponds par un signe de tête. Son sourire, ça m’fait sourire aussi et j’regarde ailleurs. J’compte bien lui remplir le ventre ! Patates, eau, on rajoutera p’t’être un peu de farine… ça sera plus bourratif. Helena s’ra ravie de voir Edouard, j’sais qu’elle tient à lui, au moins autant que moi. Helena, c’est une des rares gosses qui vient s’perdre par ici, pour m’apporter à manger ou pour simplement venir voir ce qu’on fait. Elle déboule pas n’importe quand, souvent à l’heure du repas ou le soir quand la journée s’termine. Son sourire, il fait craquer pas mal de Mineurs, on l’appelle le Rayon de Soleil, avec ses beaux cheveux blonds que j’brosse le matin, ses p’tites robes que j’essaye de recoudre quand elle les abîme. Ses mains sont habiles, elle a tendance à les glisser dans les poches des autres, même si, depuis peu, j’lui fais la chasse pour qu’elle arrête de voler les Mineurs. Ils ont pas plus que nous. Même si on est prêts à tout pour survivre, moi, j’veux pas qu’elle vienne emmerder les autres, enfin, ceux comme nous. Un son que j’connais bien m’arrache de mes pensées. Merde, il a encore faim ? C’est à cause de moi ? Bien sûr qu’c’est à cause de moi. J’aurais pas dû lui prendre son pain. J’sens un truc qui m’serre le ventre, le remord mais j’connais pas le mot, j’identifie pas cette culpabilité qui m’serre le cœur mais j’la sens. Ca s’voit dans mes yeux, alors que je les baisse et que j’croise les bras sur mon torse. J’suis vraiment un goinfre, j’aurais pas dû piquer son pain. J’ai plus trop mal au ventre, j’me sens déjà r’prendre des forces.

_ T’as intérêt. Ou j’viens t’prendre par l’collet et j’te traîne jusqu’au médecin. J’ai…. Helena a b’soin de toi. Et moi tu m’fais d’la compagnie et tu m’donnes du pain quand j’ai faim… même si… ça t’donne faim aussi… t’aurais pas dû m’le donner… T’es vraiment con…

J’ferme mon poing et j’lui en donne un coup dans son épaule, sans grande violence.

_ Ca va l’faire, pour cette aprem. J’suis moins grognon, maintenant que j’ai bouffé. Ca va m’donner la force de GUEULER !


J’ai rugi dans un grand sourire et j’ferme mon poing pour en frapper mon torse. J’essaye de m’donner de l’assurance. Mais Edouard, il sait sûrement que j’suis pas si courageux, en fait. J’ai peur, peur d’crever. Comme mon père qu’on a trouvé sous tous ces débris. J’ai même pas eu l’courage d’enlever les pierres… Seulement quelques unes et encore, j’étais un gamin à l’époque, encore plus que maintenant, j’avais à peine la force pour déplacer les pierres. Et j’ai juste découvert son bras, é… écrasé. J’me souviendrai toujours du sang, de… Du reste. J’avais tellement hurlé c’jour là. P’t’être qu’Edouard fait partie des gens qui m’ont arraché de ces… de cette scène que j’arrive pas à virer de ma tête… C’est dingue, j’me souviens de certains trucs mais tout l’reste est confus. J’me souviens d’la panique, d’être tombé à genoux, d’avoir hurlé jusqu’à m’en arracher la voix, d’avoir été tiré en arrière, traîné dehors. J’sais plus rien après. J’sais même pas si j’ai dormi avec quelqu’un, j’sais juste que j’étais avec ma sœur. J’étais tellement… pas bien. En état d’choc. J’ai mis quelques jours à m’en remettre et à peine la peur passée, j’ai dû r’tourner à la mine, on avait bien trop b’soin d’argent. J’avais été tétanisé face à la gueule béante de cet enfer, j’avais eu une peur pas possible, j’ai dû serrer les poings et m’forcer à avancer, j’ai crié, encore, encore pour m’donner le courage d’entrer alors que mes jambes tremblaient sous moi. J’ai encore ces accès de panique des fois. La terreur qui m’prend aux tripes. Mais j’me force à continuer. J’finis toujours par avancer, de toute façon.

Oh, v’là qu’Edouard m’attrape par le bras. J’tourne les yeux vers lui… Et ses mots m’font cligner des yeux. La rébellion…. Comment il sait qu’j’en fais partie ? Surpris, j’cligne des yeux et j’regarde autour de nous. J’suis inquiet. Est-ce que beaucoup d’gens savent que… ? J’me mords la lèvre et mes yeux retournent sur Edouard. J’me rapproche de lui et j’fronce les sourcils.

_ T’inquiète pas pour moi. J’fais attention. Comment tu l’sais ? Qui t’en a parlé ? Quand est-ce qu’elle aura lieu, cette rébellion ? Et comment tu sais que je… que j’suis… enfin bref….


En fait… Savoir qu’il s’inquiète pour moi, ça m’touche. Ca m’fait du bien, de voir qu’il s’en fout pas de moi. J’gratte songeusement ma joue. J’essaye d’être discret, quand j’pars en rébellion. J’cache mon visage au mieux, mais j’arrête pas pour autant de gueuler…


Dernière édition par Gaius Keegan le Dim 27 Oct - 13:20, édité 1 fois
Edouard Pikes
Meneur Rebelle
Edouard Pikes
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MessageSujet: Re: Tout le monde voudrait être un héros { Gaius   Tout le monde voudrait être un héros { Gaius EmptySam 20 Juil - 14:25

Quel gamin bienveillant, pensait Edouard en regardant Gaius devenir de plus en plus grand dans ses pensées. Il aurait bien aimé pouvoir le protéger pendant longtemps, mais c'était ainsi, on aurait dit : son jeune compagnon devenait de plus en plus grand et était même prêt à le sermonner s'il ne prenait pas soin de lui. C'était sûr, Edouard allait aller consulter dès qu'il sortirait de là, tout simplement parce que la perspective de voir Gaius déçu (ou même l'engueuler) était ben trop effrayante pour ses frêles oreilles.

En entendant ses paroles concernant la rébellion, Edouard ne put s'empêcher de souffler un peu et de secouer la tête, l'air désespéré par le fait que son « disciple » (ou plutôt son fils adoptif) prenne tout de travers et, surtout, au premier degré. Il espérait qu'il ne serait pas prêt à admettre qui faisait partie de l'organisation au premier surveillant venu, cela lui causerait bien des problèmes et n'avoir que des pommes de terre pour le midi serait sûrement le cadet de ses soucis. Aussitôt, il s'avança jusqu'à Gaius de la manière qui se voulait la plus naturelle possible, le fusilla accessoirement du regard pour qu'il comprenne que ce n'était pas forcément le lieu idéal pour en parler. En réalité, aucun lieu n'était idéal pour en parler, mais ceci était une autre histoire.

« Tais-tu. Je ne sous-entendais pas que tu en faisais partie, comme tu viens de le dire. Je pourrais être corrompu, tu ne devrais pas en parler à n'importe qui, ce n'est pas du tout prudent ! », dit-il d'un ton presque sec.

Il n'y avait presque autour d'eux et la plupart des ouvriers miniers étaient ralliés à sa cause, cela n'empêchait pas Edouard d'être complètement paranoïaque et de déployer des trésors de prudence. Une seule petite chose, une seule petite seconde pouvait tout foutre en l'air, et ils avaient tant de vies à protéger entre leurs mains.

« Ce sujet est un bruit qui court dans les mines. J'ai également des oreilles, que crois-tu ? Cela ne change rien à la réalité : sois prudent, c'est dangereux. »

Edouard se leva : il n'avait plus rien à manger et avait vu les premiers chefs de secteur revenir pour ordonner la fin de la pause. Plutôt que de se faire rabrouer, il valait mieux retourner directement à son poste.

« A ce soir, fiston. »

Sur ces ultimes mots, il fit un signe à Gaius et rejoignit son poste.

Il allait sans dire que le reste de la journée fut difficile, il en sortit même épuisé. Cependant, la perspective de pouvoir avoir un peu de répit le soir lui donnait un mince espoir. Comme convenu, il alla chercher quelques pommes auprès de Jade, cette jeune femme avec laquelle il aimait avoir des conversations animées et rejoignit la maison de Gaius et de sa sœur. Lui-aussi se serait démené pour sortir cette petite fille du trou puant que représentait les faubourgs à ses yeux. Dûsse-t-il se sacrifier.

Il frappa à la porte.
Gaius Keegan
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Gaius Keegan
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MessageSujet: Re: Tout le monde voudrait être un héros { Gaius   Tout le monde voudrait être un héros { Gaius EmptyDim 27 Oct - 13:22


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Le regard sévère qu’il m’jette, ça m’fait fermer ma gueule. J’ose pas trop lui répondre, pourtant, d’habitude, ça m’effraie pas d’tenir tête à ceux qui m’causent comme ça. Mais Edouard, c’est différent. J’l’aime bien, et j’ai peur des fois, qu’y s’en foute de moi, que j’le saoule tellement qu’y voudrait plus m’causer vous comprenez ? Ici, y’a plein d’gens que j’gave, y m’ignorent ou s’éloignent quand j’approche. D’ailleurs, quand y m’gronde, j’rentre ma tête dans mes épaules, j’baisse les yeux, pas très à mon aise, j’garde mes mains contre moi. Il a raison, j’suis pas prudent, j’l’ai jamais été. J’sais jamais trop comment réfléchir, j’réagis toujours avant d’faire l’effort de penser. Donc j’fais de grosses conneries, comme là, s’il avait été un sale type, il m’aurait dénoncé sans même hésiter… mais c’qu’il m’a dit, j’ai crû que c’était une porte ouverte, j’m’y suis engouffré comme un crétin.

_ C’est bon, c’est bon… !

J’ai bougonné, nerveusement. J’ai peur qu’ça pose problème, maintenant. Ouais, il a des oreilles et heureusement qu’y veille sur moi. J’suis cramoisi, j’ai les yeux baissés, les mains serrées. Ses mots, ça éveille en moi cette crainte là, celle qui m’broie le bide. J’me sens pas très bien, j’ai chaud, j’ai le cœur qui bat. Dans ma tête, les « et si », ça s’enchaîne. Et si on nous avait entendus ? Et si on m’avait repéré ? Et si j’allais finir chopper par les Miliciens, et si on m’torturait, si on m’coupait les bras, la tête, si on s’en prenait à ma sœur ? Les pires scénarios, les cauchemars, y viennent  dans ma tête et j’sais qu’y vont pas me lâcher de la journée.

_ Ouais, j’serais prudent…


Mais j’sais pas l’être. Qu’est ce qu’y faut faire, pour être prudent ? Fermer sa gueule, réfléchir, s’faire discret, trois choses que j’sais pas faire, ça tombe bien. D’ailleurs, mon r’gard trahit toute ma panique à cette idée. Les pas prudents, c’est ceux qui crèvent les premiers. Et j’veux pas mourir. Edouard pourra pas toujours veiller sur moi, mais comment j’peux réussir à veiller sur moi-même ? Lorsqu’il me salue, j’réponds par un mouvement de tête. Fiston… Ce mot, j’l’aime bien, même si ça me rappelle des souvenirs lointains. Ceux de mon vieux père qui m’frottait la tête de sa grosse main, ses doigts épais dans mes cheveux, sa voix qui tonne comme l’orage.

Quand Edouard s’éloigne, j’me redresse pour r’tourner à mon poste. J’ai repris quelques forces, même si en fin d’journée, j’suis épuisé. J’ai le corps entier tout douloureux, comme si on m’avait tordu les muscles et déplacé quelques os. J’ai la tête préoccupée, j’pense à pas mal de choses, des choses pas joyeuses, alors que j’rejoins Helena. Ma p’tite sœur, elle est p’tite et frêle comme tout, elle a ses grands yeux clairs fouineurs et ses mains, elle les glisse partout pour récupérer des pièces. J’lui ai dit de pas l’faire, mais elle en fait qu’à sa tête. J’vais pas vraiment râler, ça nous permet d’nous payer quelques p’tites choses.

On a perdu la maison, après la mort de papa. Notre baraque, c’est une petite cabane, perdue entre les maisons des autres. Un abri de jardin, qu’je loue une misère, avec un petit bout de terre dans le jardin d’une p’tite famille. On essaye de pas gêner. C’est pas stable, les murs en bois tremblent quand l’vent souffle, y’a d’la poussière qui s’glisse. Avec Helena, on essaye de bien faire, on ramasse deux trois pommes de terre, j’les fais chauffer dans de l’eau. Nous reste un peu de farine, on en fout pour épaissir le truc, puis j’ramène des bols. C’est pas fameux, mais j’peux pas faire mieux. Helena, pendant deux heures, elle m’parle d’Edouard, d’ma journée. J’réponds à peine, j’suis complètement défoncé, j’ai même pas la force de crier. Après des journées comme ça, j’veux juste m’allonger, pioncer… Et on r’part le lendemain. Lorsqu’y toque à la porte, j’lui ouvre. C’est pas la première fois qu’y rentre dans cet abris de merde… y’a une pièce, toute petite, dans laquelle on mange et j’dors. Ma sœur, j’l’ai isolée derrière quelques planches en bois. On s’lave dehors, dans une petite bassine… z’ont la chance d’avoir un puits, même si l’eau, faut la filtrer et la chauffer pour la boire, ça c’est le médecin qui m’a appris. J’sais pas si on pourra tenir l’hiver… pour chauffage, on dort ensemble et on s’enterre sous des couvertures épaisses, qu’on a ramassées ici et là. J’souris à Edouard, et Helena, rapidement, s’approche pour se glisser dans ses bras. Elle le serre contre lui, avec énergie, et j’laisse échapper un sourire.

_ Salut, Edouard, ça fait plaisir d’te voir. Installe toi, la soupe chauffe ! Ca va ? Pas trop crevé de ta journée ? T’as fait la même merde cette après midi ? Nous, on a poussé cinq ou six wagons puis on nous a libérés. Ca m’a permis d’ranger un peu avant que t’arrive, Helena m’a bien aidée !


_ Ouaaais !

Helena sautille joyeusement. Elle a sa robe toute rapiécée, que j’ai recousue plus d’une fois mais bon, plus le temps passe, plus son vêtement a tout l’air d’un chiffon… dans un soupir, j’perds une main dans sa tignasse blonde et j’redresse les yeux vers Edouard. Helena, elle est pas si jeune, mais elle manque tellement de bouffe qu’elle est toute maigre et comme moi, elle a aucune éducation. On sait à peine écrire nos noms. On s’pousse pour lui faire d’la place, et j’laisse Helena nous servir des bols de la soupe blanchâtre. J’en prends un, j’l’offre à Edouard dans un sourire. J’suis content qu’il vienne traîner avec nous. J’sais pas s’il voudra dormir ce soir, on n’a pas tant d’place que ça…


Dernière édition par Gaius Keegan le Sam 14 Déc - 21:49, édité 1 fois
Edouard Pikes
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MessageSujet: Re: Tout le monde voudrait être un héros { Gaius   Tout le monde voudrait être un héros { Gaius EmptyLun 25 Nov - 10:36


Et dans sa poche, trois belles pommes que Jade lui avaient données. Leur alliance avait au moins ça de bon, qu'il n'était pas à court de ces fruits goûteux, même si ce n'était cela qui allait remplir son estomac affamé.

Dès qu'on lui ouvrit la porte, il fut assailli par Helena et ses câlins rassurants. Le minier posa sa main sur crâne de la jeune fille et lui sourit. Ce qu'elle était mignonne, cette gamine, si elle était de sa famille, il se priverait sans doute de manger pour qu'elle puisse manger à sa faim. Il fut soulagé, sur le coup, que Gaius ait commencé un jardin qui donnait des pommes de terre. Mmhh...il tâcherait de lui trouver des graines pour faire des carottes ou des radis, mais ce n'était pas gagné. Enfin, il essaierait d'y penser.

Alors il s'installe, son nez reniflant le doux fumet de la soupe – pour lui qui ne mangeait qu'un gruau insipide, cette soupe de pommes de terre était le mets des rois. Il la porta à ses lèvres et la première gorgée suffit à réchauffer son corps.

« Elle est super bonne, ta soupe. En effet, ça a été un peu compliqué, mais, hey, regarde, Lena ! », il fit comme s'il avait des muscles dignes d'un bodybuildeur. « Hey, tâte-moi ça, super Ed ! Il paraît que travailler dans les mines te rend plus musclé et en bonne santé ! »

Deuxième gorgée de soupe, juste après avoir fait l'idiot auprès d'Helena qui devait voir son frère rentrer souvent crevé – et parfois ne pas rentrer du tout à cause des réunions des rebelles. Pauvre gamine, il fallait bien l'amuser un peu, il ne voulait surtout pas l'inquiéter. Edouard Pikes jeta un regard à Gaius, lui sourit en portant discrètement son index sur ses lèvres. Lorsqu'Helena irait se coucher, ils pourraient parler de toutes ces choses qui le tracassait, mais maintenant, il fallait profiter d'elle.

De sa poche, il sortit les trois pommes.

« Pour plus tard, après le repas, hein. Finissons déjà cette merveilleuse soupe ! »

Chose dite, chose faite, à peine quelques cuillerées plus tard, il avait déjà parfaitement raclé le bol. Ça manquait un peu de sel – mais normal – mais c'était un délice.
Gaius Keegan
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MessageSujet: Re: Tout le monde voudrait être un héros { Gaius   Tout le monde voudrait être un héros { Gaius EmptySam 14 Déc - 21:50


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Helena, elle se blottit contre Edouard. Elle aime sentir sa main dans ses cheveux, elle fourre son petit nez contre son vêtement, elle frotte sa tête pour qu’il presse ses doigts dans sa tignasse blonde. On voit qu’elle a fait des efforts, la petiote, elle veut s’faire belle pour Edouard, elle a brossé ses cheveux, y’a un p’tit ruban éliminé qu’elle a attaché pour retenir quelques unes de ses mèches, elle a mis sa robe du dimanche… D’ailleurs, elle accompagne joyeusement le mineur, elle sourit, avec toute son innocence d’enfant. J’la suis du regard, elle est belle ma sœur, j’espère qu’elle s’ra une belle femme et qu’on finira par la prendre comme épouse, genre un noble pas trop chiant… L’espoir fait rêver et dans notre vie de merde, les femmes, elles finissent soit par offrir leur corps, soit par s’ruiner la santé et dans le meilleur des cas, au chevet d’un vieux type farci de fric dont l’argent est la seule raison d’leur survie. J’préfère pas trop y penser, j’souris à Edouard alors qu’y commence à boire la soupe. Il a l’air d’aimer ! Ca m’fait sourire, j’suis content moi aussi. Lorsqu’y faitle clown, j’éclate de rire. Helena, elle rit aussi et, tendrement, elle s’accroche à son bras.

_ Super Ed ! Super Ed ! T’es bien plus fort que Gaius !

J’cligne des yeux avant d’prendre une mine offusquée.

_ Hey ! Dis pas d’conneries putain ! J’suis au moins aussi baraqué que lui !

_ Mange ta soupe Gaius, pour être tout costauuud !

Helena rit de nouveau et vient m’bousculer, elle veut jouer la p’tite gamine, j’frotte vigoureusement ses cheveux, assez pour la décoiffer. Elle s’dégage vivement, p’is elle s’assoit pour manger avec nous. J’vérifie qu’elle a bon appétit, j’ai toujours peur qu’elle ait la crève.. Elle a perdu si vite du poids des fois. Y’a des moments, avant, elle était tellement toute maigre que j’avais l’impression de la casser rien que quand j’la prenais dans mes bras… Elle va un p’tit peu mieux là, elle a de l’énergie, j’essaye d’bien la recouvrir, elle a un mignon p’tit gilet en laine grise. Elle l’enfile, d’ailleurs, avant d’récupérer son bol qu’elle porte à ses lèvres pour en boire une gorgée. Elle boit comme un veau, elle est goulue, elle a faim mais j’la connais, elle aura pas d’place pour l’dessert, son ventre y’a pas la place pour tout contenir. Même si à la vue des trois pommes, elle et moi, on ouvre de grands yeux tout ronds. Elle a d’la gourmandise dans les yeux, elle oublie un instant la soupe un peu fade, j’la vois baver d’vant la pomme et même moi, j’sens déjà le sucre sur mes papilles, j’sens le pétillement du jus, ça m’donne envie d’croquer dedans… Elle s’empresse de boire sa soupe, elle s’étouffe presque, j’lui tape dans le dos. Elle a peur d’perdre sa pomme, qu’on la lui vole… même si elle risque rien ici. Mais ça d’vient tellement instinctif, d’avoir peur.

Dès qu’elle a la pomme dans sa main, elle ouvre de grands yeux émerveillés, elle croque timidement d’dans… Ses dents branlent un peu, elle a des dents de lait, elle sait pas trop comment croquer. J’lui d’mande de me filer la pomme, elle hésite, mais j’la lui prends d’force. J’récupère mon couteau, j’lui coupe sa pomme en quelques morceaux, avant d’la lui donner. Elle bouffe les morceaux à toute allure, j’souris un peu, puis j’récupère ma pomme.

_ Merci Ed… Fallait pas t’embêter t’sais… Merci…

Ma sœur, elle se régale. Et moi… bah en fait, très vite, j’mange avec enthousiasme. J’suis toujours en manque, v’là que j’dévore tout, la pomme en quelques bouchées, c’est fini, j’lèche mes doigts. Helena, elle a même pas le même appétit qu’moi… Arrivée à la moitié, elle a des difficultés, j’la vois qui galère… j’veux pas qu’elle s’en rende malade. J’l’ai déjà vue se gaver jusqu’à en gerber et gâcher tout ce qu’on avait acheté. J’referme ma main sur les morceaux de fruits, j’les lui retire.

_ Tu finiras demain.

Elle est pas capable de s’arrêter toute seule. Son visage s’tord, elle verse quelques larmes de fatigue, mais j’lui montre que j’range bien son fruit, j’lui dis qu’on va pas y toucher. J’finis par aller doucement l’allonger un peu plus loin, j’l’enveloppe dans la couverture, j’caresse son front, allez hop, bisou de bonne nuit. Elle me demande Ed pour un bisou, décidément, quelle charmeuse celle là… j’en dis rien, j’le laisse faire et quand y revient, j’ravive un peu le feu. Dans notre maison, ça craque, le vent y souffle, y fais frais et humide, on sent la poussière de partout. On n’est pas très bien ici, mais on fait c’qu’on peut…  J’lève les yeux vers Ed, j’lui souris.

_ Merci… ça faisait un moment qu’j’avais pas eu le ventre plein comme ça ! ça fait du bien ! Comment ça va, toi ? Ca fait trop plaisir que tu sois là ! T’as pas trop froid ?
Edouard Pikes
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Edouard Pikes
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MessageSujet: Re: Tout le monde voudrait être un héros { Gaius   Tout le monde voudrait être un héros { Gaius EmptySam 18 Jan - 21:51

Il les aimait tellement, le tableau était si parfait. Il ne manquait plus que sa tante, à vrai dire, sa chère tante qui était malade et pour qui il se cassait en deux pour payer des médicaments qui pourraient la maintenir un peu plus longtemps en vie. Edouard fixait la petite et Gaius avec un regard tout à fait paternel. Il ne leur enviait pas leur vie ici, mais c'était ce genre de rencontre qui ne lui faisait regretter ses choix. Qui lui faisaient savoir qu'il avait raison de se proclamer le Chant de la Mine et que tout sacrifice serait bon pour leur cause.

Avec Gaius et Helena, il riait et faisait le fanfaron. Évidemment, il mangeait sa soupe, profitant de la source de chaleur et d'énergie que celle-ci procurait. Il ne dit rien devant le comportement d'Helena, mais n'en pense pas moins. Il félicite mentalement Gaius d'entervenir, parce que les gamins d'ici sont tellement affamés que leur estomac ne supporte pas le choc d'une nourriture abondante. Enfin, dire qu'une pomme, pour eux, était nourriture abondante, c'était le comble.

Voyant que la petite, fatiguée, partait, il l'intercepta et lui fit un baiser sur le front. Lui murmura quelques douces paroles dans le creux de l'oreille « Fais de beaux rêves, petite souris ! » avant de lui ébouriffer les cheveux.

Il s'assit de nouveau sur sa chaise, se relâchant, la première fois depuis que la petite fille était partie : il souffla, laissa le contrecoup de cette dure journée commencer à faire effet. Prit sa pomme et croqua un bon coup dedans : c'était délicieux, il était heureux que Gaius ait demandé à la petite de se mesurer, elle pourrait ainsi encore en profiter le lendemain. Posant ses deux coudes sur la table, il enleva son béret et ébouriffa ses propres cheveux. Ils étaient gras et sales. Tout comme la peau des gens de la mine. Il eut une petite toux qu'il camoufla en mordant de nouveau dans la porte, puis fit un petit sourire de nouveau à Gaius.

« C'est rien, ne t'inquiète pas. J'ai failli avaler de travers. Je n'ai pas trop froid, c'est gentil de me demander. Helena m'inquiète pas peu. J'ai une...amie, tu sais. Elle est amie avec des gens nobles. Si tu veux, je peux lui demander si elle a autre chose que des pommes, c'est elle qui me fournit. Je suis très inquiet pour elle. Toi-aussi, je pense. »

A son tour, il ébouriffa les cheveux de Gaius comme s'il était un de ses gamins, tout comme Helena l'était. Et à vrai dire, ce n'était pas tellement faux : depuis la mort de son père, Edouard considérait Gaius comme son fils. Pour lui, il était de sa responsabilité d'éviter au jeune homme les missions dangereuses dans la rébellion...et c'était au moins cela, parce que dans la mine, il n'avait pas assez de pouvoir pour lui épargner quoique ce soit.

Il pensa un instant à Morgan, silencieux. Ce dernier lui en voudrait-il s'il dévoilait à Gaius qui il était ? Si ce dernier découvrait par hasard qui il était, son vrai rôle, ne lui en voudrait-il pas plus que tout de n'avoir rien dit ? Un peu nerveux, le doigt du brun tapota la table.

« Si tu découvrais que ton père faisait partie d'un mouvement secret, tu te sentirais trahi, Gaius ? »
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