Les casiers s'entassent contre les murs, contenant les uniformes des Miniers : combinaisons, masques et gants; pelles, pioches et casques. On ne sépare pas hommes et femmes, tous se changent au même endroit. Chaque matin et chaque soir les ouvriers doivent passer leur carte de travail dans la pointeuse et les mettre à leur emplacement nominatif, sur le grand tableau de l'antichambre.

Les Miniers placés en zone de tri sont souvent des travailleurs malades, trop jeunes ou trop vieux pour se rendre dans les profondeurs de la mine. Le travail y est fastidieux mais au moins on peut s'asseoir. Les chariots remplis de Sel arrivent jusqu'ici, poussés sur des rails, et il faut alors les trier en fonction de la pureté du minéral.

Voilà, on y est : le cœur sombre des Mines. L'air y est étouffant, l'obscurité épaisse malgré les faibles lampes à pétrole accrochées aux murs. On n'entend partout que le bruit des pioches et les souffles lourds derrière les masques de caoutchouc, égayés par quelques conversations étouffées. Même si d'énormes machines essayent d'assainir l'air en le brassant, il reste extrêmement toxique et inflammable. Il ne faut pas grand chose pour provoquer un éboulement ou un coup de grisou.