Malaisantes retrouvailles {PV : Nishiki}

Quand il vint passer une main sur son torse, légèrement tremblante, il ne put s’empêcher de retenir un peu sa respiration. Immobile, il le laissa glisser sa main à son rythme sur sa peau, frissonnant légèrement mais cette fois, pas du tout à cause du froid ou de l’eau. Et quand Lüwen l’enlaça, il vint refermer ses bras autour de lui dans une étreinte tendre en souriant. Il respira profondément, autant de bien-être que pour relâcher la petite tension de son corps. Ce… qui n’était pas forcément facile dans cette situation, mais il en profitait plus qu’autre chose. Et à la petite phrase de Lüwen, il vint embrasser sa tête affectueusement, le cœur battant.

Il resta un moment comme ça, juste à l’étreindre sans aucune volonté de bouger, une main remontée sur sa nuque à la caresser avec toute la douceur dont il était capable. Et puis il finit quand même un peu par bouger, se redressant légèrement, mais garda sa main dans sa nuque.

- Ne bouge pas.

D’une main, il attrapa la petite bouteille de shampoing à proximité pour s’en verser une noix dans la main avant de venir la poser sur la tête de Lüwen et commencer… et bien à lui laver les cheveux, profitant que ce dernier avait sa tête posée contre son épaule. Avec douceur, il lui massa le crâne avec des gestes lents et en faisant bien attention à son visage, faisant mousser le savon avec un sourire amusé – il lui en fallait peu mais ça lui plaisait énormément de pouvoir faire ce genre de choses.

Quand il eut fini, il attrapa la pomme de douche pour venir lui rincer, une main posée sur son front pour être sûr de ne rien lui faire couler dans les yeux. Il laissa l’eau chaude enlever les derniers morceaux de mousse avant de raccrocher le petit outil. Toujours silencieusement, il vint lui embrasser le cou, sa mains sur son front remontant sur sa tête en une caresse avant de redescendre le long de son dos jusqu’au bas de ses reins, à la limite de ses fesses. Après tout, il lui offrait si gentiment son corps, autant en profiter un peu, non ?

Contre Nishiki Lüwen se calmait doucement, pourtant il pouvait sentir le coeur de l'homme battre vite la tête ainsi posée contre son torse. Le baiser qu'il reçu sur le front en échange de son remerciement le rassurait encore plus. Il était certainement pardonné mais désirait rester encore contre lui. Oui, ils étaient nus les bras l'un dans l'autre, oui, son corps était tout à fait content de cette étreinte, et il le faisait un petit peu savoir mais à ce stade, il préférait être rassuré qu'être gêné.

Lorsqu'il bougeait un peu et lui demandait de rester ainsi, Lüwen le faisait, entendant un bouchon s'ouvrir il n'était pas difficile de deviner ce qu'il avait en tête… Lüwen se laissait masser tout en appréciant et en profitant de la chose, cela le calmait aussi et lui faisait du bien, d'autant que Nishiki était précautionneux. Le ministre avait fermé ses yeux, il avait confiance en lui et ainsi aucune goutte de savon ne pourrait venir se poser sur ses lentilles. Il poussa quelques soupirs d'aise avant qu'il ne lui rince les cheveux d'une façon tout aussi agréable que le petit massage pour mettre le shampoing.

Lorsqu'il lui embrassa le cou le ministre frissonna et lâcha un gémissement, mettant automatiquement sa tête un peu en arrière pour le laisser faire, l'invitant à le faire. Sa main près de cette zone si intime le fit rougir mais il ne l'empêcha pas, Lüwen l'avait suffisamment fait comme ça… Et son corps répondait en conséquence tout comme les battements de son coeur. Il n'avait cependant pas décidé d'en rester là et redéposa doucement sa main sur le torse de son compagnon avant de se pencher et de déposer quelques baisers à sa hauteur, il ne l'avait encore jamais fais…

Nishiki ne s’attendait pas à une réaction aussi vive de la part de Lüwen mais son gémissement et l’invitation tacite de sa réaction étaient loin de le laisser indifférent. Alors qu’il n’était à la base qu’une geste de tendresse parmi d’autre, il appuya son baiser sur son cou si docilement offert et… Ce qui aurait dû n’être pourtant une simple douche se transforma doucement en un tout autre type d’activité et après quelques baisers et caresses plus ou moins appuyées, le valet finit par couper l’eau pour ramener son amant dans l’endroit bien plus confortable qu’était son lit.

Lit où ils partagèrent un long moment d’amour où, pour la première fois, le valet se délecta véritablement des caresses de son partenaire jusqu’à un apaisement aussi bien physique que mental qui lui fit le plus grand bien… avant de lui rendre la pareille… De manière un peu plus poussée, lui faisant goûter à autre chose qu’un plaisir manuel au sens propre du terme… Et quand les deux amants furent apaisés autant que satisfaits, ils finirent par s’enlacer avant de glisser dans un sommeil réparateur bien mérité.

Et même Nishiki, lui qui craignait de s’endormir aux côtés de son compagnon, s’étant contenté de le veiller dans son sommeil depuis la première nuit, s’autorisa finalement à trouver le repos. Un repos de plusieurs heures, long, très long pour lui, même pour ses anciennes habitudes et qui témoignait mieux que tout autre chose de son état d’épuisement bien plus prononcé qu’il ne le laissait paraître au quotidien. Il faut dire qu’un sommeil de plus de cinq heures, presque le double d’une de ses nuits normale, ça n’avait pas dû lui arriver depuis sa petite enfance, d’autant plus sans aucun réveil…

Malheureusement, la quiétude de son esprit lorsqu’il était réveillé ne suffit pas à éloigner les cauchemars qui hantaient ses rêves et qui finirent par revenir à l’assaut après ces longues heures reposantes. Et alors qu’il était resté presque immobile jusqu’ici, il commença à s’agiter un peu. Doucement d’abord, vaguement conscient même dans son sommeil du corps contre lui dont il s’éloigna instinctivement, puis il commença à tourner et se retourner sans se réveiller, marmonnant quelques paroles inintelligibles.

Jusqu’à ce qu’il n’ouvre les yeux dans un sursaut plus violent, presque dans un cri en se redressant pour s’asseoir, perdu et hyper ventilant à moitié. Il mit de longue secondes à réaliser où il se trouvait, ses yeux incapables de se fixer sur la moindre chose avant qu’il ne prenne sa tête dans ses mains, son corps tremblant douloureusement alors qu’il essayait tant bien que mal de se calmer sans grand succès…

Lüwen releva timidement ses yeux vers Nishiki après lui voir embrassé le torse, le caressant doucement, hésitant un peu sur quoi faire, se posant des questions, il tente doucement d'y passer sa langue. Tranquillement, le ministre essayait d'avoir une certaine confiance mais il se heurta bien vite à son inexpérience… Et il ne voulait pas qu'à nouveau Nishiki lui fasse plaisir et que tout cela soit dans un sens unique… C'est donc après l'avoir verbalisé que les deux retournèrent sur le lit pour qu'il puisse enfin lui rendre la pareille et découvrir un peu le corps de son amant.

Luwen glissa doucement dans le lit, c'est confortable, d'autant qu'il se sent mieux. Il frissonna quand il lui toucha le torse et fit doucement la même chose, descendant tranquillement, timidement... C'est un homme, il sait comment faire, mais, le petit stress et la petite gêne quand même… Rassuré il arrive finalement à son but pour recevoir en retour… Une chose qu'il n'avait encore jamais expérimenté qui ne le laisse pas sans voix et lui fait serrer les draps…

Pris ensuite dans les bras de Nishiki, bercé par sa voix mais aussi par le calme et l'apaisement, Lüwen fini simplement par s'endormir, mettant la couverture sur eux et se servant du majordome comme oreiller…

Profondément endormi malgré le fait que la nuit précédente avait été réparatrice, Lüwen se réveilla après quatre petites heures. Pour une fois ce fût à son tour de veiller sur le sommeil de son valet qui commençait à devenir assez… agité… ? Après des respirations un peu trop rapides à son goût, l'homme se redressa brusquement. Lüwen était surpris et l'observait s'asseoir…

«  Nishiki ? Tu vas bien ?  »

Il avait l'air assez perdu alors le ministre se lova un peu contre lui, contre son dos, l'enlaçant par derrière. Il tremblait et cela ne pu que lui faire mal au coeur et l'attrister.

«  Tout va bien, Nishiki, tout va bien.  »

Comme le majordome le lui en avait tellement fait, Lüwen embrassa doucement sa tête.

Il était à peine conscient de la présence de Lüwen lorsqu’il ouvrit les yeux en se réveillant aussi brusquement, essayant surtout de chasser les images de son cerveau et de retenir la nausée qui lui tordait l’estomac. La pièce avait beau être lumineuse à la lueur orageuse de l’extérieure à travers les carreaux poussiéreux, il ne voyait qu’un filtre sanglant partout où il regardait. Et même la voix de son compagnon eut du mal à l’atteindre, perdu au milieu des battements frénétiques qui résonnaient dans ses tempes.

Ce fut le contact de sa peau sur la sienne qui le fit réagir, presque sursauter tellement il ne s’y attendait pas. Ses muscles se crispèrent sans qu’il n’en ait vraiment conscience, se recroquevillant un peu sur lui-même… tout en cherchant inconsciemment son contact, se serrant contre lui. Dans un geste rapide, presque affolé, il vint attraper une de ses mains des siennes pour la serrer avec force, la respiration toujours un peu trop rapide. Il ferma les yeux à son baiser… Avant de les rouvrir brusquement dans un nouveau frisson. Ne pas fermer les yeux. Ne pas penser. Respirer.

- Je… Je suis désolé…

D’être comme ça, de ne pas savoir gérer, de ne pas savoir lutter… Il avait voulu donner un ton assuré à sa voix mais tout ce qui était sorti de ses lèvres étaient un murmure à moitié tremblant. Non, il n’allait pas bien. No, tout n’allait pas bien. Mais il devrait bien faire comme si… Nishiki se força à inspirer, lentement, profondément… Mais le nœuds dans son ventre lui coupa le souffle dans une sensation désagréable d’étouffement.

Avec des gestes très lents, et encore plus hésitant, il se tourna légèrement vers son compagnon, juste assez pour venir dissimuler son visage dans son cou sans oser le toucher plus. Ne pas fermer les yeux, ne pas penser, à lui, à tout ça. Ne pas écouter ces paroles qui, il le savait, étaient fausses… Du moins, il pensait le savoir. Et pourtant, il ne peut pas s’empêcher de se sentir atrocement mal. Respirer.

- C’est pour ça… que je ne voulais pas dormir avec toi…

Et qu’il ne l’avait d’ailleurs jamais fait jusqu’ici mais il s‘était laissé… Un peu trop allé, visiblement. Baisser sa garde… Enfin il savait bien qu’il ne pouvait pas passer sa vie à ne pas dormir mais… Mais il espérait, toujours…

Tout va bien… Il avait beau le dire ce n’était clairement pas le cas… Nishiki n’allait pas bien. Lüwen eut du mal à le faire réagir et il ne le sentit que se réveiller une fois qu’il lui avait embrassé le front, la laissant attraper ses mains et la serrer jusqu’à ce qu’il se calme même si cela… N’allait certainement pas arriver tout seul… Lüwen allait devoir arriver à le gérer… Pas la chose la plus facile pour notre ministre…

«  Tu n’as pas à t’excuser… Pas du tout…  »

Il ne savait pas quoi dire mais ça il en était sûr. Ce n’était aucunement de la faute de Nishiki mais comme tout un chacun, et surtout Lüwen il avait tendance à s’excuser pour ce qui n’était pas contrôlable et donc, pas sa faute… Il l’observait tenter de se calmer. Il le laissait aller contre lui, l’invitant en l’enlaçant… Et il lui avoua péniblement qu’il ne désirait pas dormir avec lui…

«  Ca ne me dérange pas…. Enfin, bien sûr que ça me dérange, mais parce que je sais que tu es mal… Mais il n’y a pas de raison pour que tu ne dormes pas avec moi pour ça, au contraire…  »

Doucement le ministre tenta quelques douces caresses de sa main, sur son dos ses épaules, mais aussi sur son visage.

«  As-tu cauchemardé… ? Est-ce que tu veux m’en parler… ? Je suis prêt à tout entendre….  »

Et par tout entendre il entendait bien tout il savait très bien que ce genre de réaction n’était pas suite à un rêve de bisounours… mais certainement ce dont il lui avait parlé la dernière fois, le corps sans tête d’Elena qu’il avait du voir et qui l’avait grandement marqué. Il n’était pas le premier à faire ce genre de cauchemars, pour les choses les plus moches et marquantes, Lüwen en avait été victime mais… Jamais quelqu’un de proche…

Lüwen l’étreignit quand il vint contre lui et à nouveau, comme le moindre de ses gestes, cela le crispa autant qu’il l’apaisa, même si Nishiki n’essaya pas de s’y soustraire. Et bien sûr, il essaya de le calmer, de le rassurer… Avec ce pragmatisme si caractéristique qui répondait à ses propres paroles.  Il en aurait souri sans doute, en d’autres circonstance, mais pourtant… Pourtant il ne pouvait s’empêcher de se demander pourquoi il se donnait du mal. Pourquoi il s’intéressait à ce… ce qu’il pouvait être dans ces moments où ses boucliers se rompaient misérablement sans qu’il ne puisse rien y faire.

Être de ce côté du miroir et se savoir si pitoyable et lamentable n’était pas une expérience qu’il appréciait.

Il hocha imperceptiblement la tête à sa première question, tressautant légèrement aux deux autres. Il était prêt à tout entendre… lui était certain qu’il n’avait aucune envie d’en parler. Lüwen en savait déjà bien assez vu ce que le valet avait pu déjà lui dire… Et il devait sans doute penser que c’était ça qui le rendait si mal. Et il n’avait pas tort dans le fond… Mais ses cauchemars étaient devenus bien plus… personnels… et blessant.

- Je me sens horrible…

Un choix de mot terriblement judicieux autant qu’inconscient, échappés dans un soupir étranglé. Il ne se sentait pas horriblement mal, enfin, si, aussi et cela était des plus visibles de toute façon. Mais il se sentait horrible, lui, en tant que personne, d’être…

- Mais ça passera…

Parce que ça passe toujours…
Jusqu’à la prochaine fois. Parce qu’il y avait toujours une prochaine fois, malgré tous les efforts qu’il pouvait faire pour essayer d’enterrer ces sentiments, de honte, de culpabilité, d’horreur, de ce dégoût qu’il pouvait avoir de lui-même, parfois… Souvent.

Crispant les mâchoires, il se força à se détacher des bras apaisant de son compagnon pour se rasseoir sur le bord du lit, les épaules basses le regard ne quittant jamais le sol. Que ferait-il s’il allait bien ? S’il devait être normal ? Il embrasserait sans doute Lüwen pour le rassurer, mais là, tout de suite, il manquait clairement de courage – car c’était bien de courage dont il avait besoin dans cet état. Il se lèverait, s’habillerait, irait préparer un thé pour eux deux, de quoi grignoter… Des choses simples, sur lesquels il pouvait se concentrer, recoller ses propres morceaux malgré ses mains tremblantes.

Les pensées du ministre étaient bien fondées, il avait apparemment un sacré cauchemar pour le mettre dans cet état. Enfin, il aurait idiot s'il n'avait pas trouvé, mais il savait très bien, le genre, ou bien, pouvait clairement imaginer en partie l'aspect ensanglanté de ces rêves, pour le reste et son lien avec il n'y pensait même pas. Pour autant il ne semblait pas du tout sûr de lui lorsqu'il lui proposait de lui en parler. Le valet était au final quelqu'un de plutôt secret et tous les deux ne partageaient pas forcément leurs inquiétudes… De peur d'inquiéter l'autre en retour.

Horrible. Ce mot était tellement fort et avait tellement de significations, il témoignait d'une douleur réelle, et surtout, qui avait l'air profonde, qui n'était certainement pas que lié à ce cauchemar, du moins c'est ce qu'il essayait de comprendre de la situation.

«  Lorsque je souhaiterai te décrire, jamais je n’emploierai ce genre de mot, Nishiki, tu ne l'es pas…. Mais... Que penses-tu avoir fait pour te sentir ainsi ? Ou ne pas voir fait ?  »

Et il était hors de question qu'il ne le laisse comme ça, froidement, que cela « passe » simplement, ce n'était pas une attitude à voir. Surtout qu'il était maintenant son compagnon… Nishiki finissait par s'éloigner de son étreinte pour s'asseoir sur le bord du lit et le ministre en fit de même, posant ses deux mains sur les siennes qui tremblaient. Il n'allait pas le lâcher.

«  Je suis peu adroit mais… Je ne laisserai pas juste ça passer sans rien faire…  »

Et si le majordome n'avait pas le courage d'embrasser son amant, ce dernier était tout à fit enclin à le faire. Lüwen se disait que peut-être, il en avait besoin, et pour le rassurer il aurait bien voulu essayer de l'embrasser. Montant une main à son visage il lui fit légèrement remonter la tête et l'embrassa, profondément ou non cela dépendait de la réponse de son compagnon, mais avec passion et chaleur.

Le valet se demandait bien les mots que pourraient employer Lüwen pour le décrire. Les siens étaient bien loin d’être flatteur, comme il l’avait sûrement bien remarqué. Mais il resta silencieux, tout comme il ne donnas pas de réponses à questions, préférant se détacher, s’écarter. Mais son compagnon avait toujours été têtu, et il revint contre lui, une fois encore.

Il observa les mains de Lüwen sur les siennes. Lentement, il ouvrit ses paumes en grand, les mains de son compagnons, plus fines, ayant de mal à recouvrir ses propres doigts. Comme les siennes… Il chassa ses pensées d’une pression douce, entrelaçant leurs doigts un instant avant que Lüwen ne porte une main caressante à son visage. Il résista un peu à ce qu’il voulut lui faire faire mais finit par céder assez facilement, finissant par relever la tête.

Croyant que c’était ce qu’il voulait, il releva les yeux, croisant son regard… Le rouge vif de ses lentilles se heurta à ses propres yeux, douloureux, triste… En détresse. Cette profonde détresse qui s’était creusé un ravin en lui et où venait se ranger la moindre de ses hésitations, de ses questions, de ses doutes et ses peurs… Mais Lüwen ne s’attarda pas et… vint l’embrasser. Il se figea, un furtif moment, indécis autant qu’incertain… Avant de se laisser aller dans un soupir et répondre à son baiser dans une délicatesse presque timide, le laissant mener les choses tout en venant passer les bras autour de son cou. Et ça lui fit du bien.

Et puis, quand ils rompirent le contact, il revint poser son front contre l’épaule de Lüwen sans pour autant rompre son étreinte, recherchant sa chaleur autant que son touché. Il n’aurait pas dû lui imposer ça, il le savait, mais… Il en avait besoin.

- J’aurais fait… tout… n’importe quoi pour elle si j’avais pu… Si j’avais été là… Et comme j’ai souhaité pouvoir changer les choses…

Comme il ferait tout pour protéger Lüwen, autant qu’il le pourrait… Autant qu’on le laisserait faire. Il articulait ces quelques mots lentement, dans un souffle bas autant qu’hésitant. La douleur faisait trembler sa voix déjà bien faible mais… Au moins il disait quelque chose… Et répondait aux questions qu’on lui posait.
Il avait aimé Elena, d’un amour bien lointain de ce qu’il pouvait ressentir pour Lüwen mais tout aussi fort et depuis bien plus longtemps. Parce qu’il ne savait pas faire les choses dans la demie-mesure, que lorsqu’il donnait son affection et sa loyauté, amicale, familiale, ou autre encore, il la donnait entièrement tout comme il se donnait entièrement…
Il respira, ses mains se crispant légèrement, buttant sur ses mains. Les prononcer faisait aussi mal que les penser.

- Et quand je suis avec toi… comme ça… Chaque fois que je me sens… heureux… C’est comme si… Comme si je la trahissais, que j’approuvais tout ça…

Comme si j’étais simplement heureux qu’elle soit morte.
Il ne pouvait pas. Il ne pouvait pas dire ça. Le penser était bien trop… indescriptible. Horrible.
Il avait passé des mois à se répéter qu’il donnerait tout pour revenir en arrière, pour changer ce qu’il s’était passé ce soir là. Mais aujourd’hui… Aujourd’hui les choses avaient changé, un peu. Bien sûr qu’il était toujours terriblement triste de la mort de son amie mais… Mais il y avait d’autres choses, plus douces. Et il n’en serait pas là aujourd’hui si Elena était encore là, c’était un fait indéniable.

Il resserra un peu ses bras autour de son partenaire, la mâchoire crispée. Peut-être qu’il allait juste trouver ça ridicule, risible, sans importance. Peut-être que ça l’était, dans le fond. Après tout, c’était ses propre problèmes qu’il n’arrivait pas à gérer, son propre reflet dans le miroir… Sa propre faiblesse.

En voyant la détresse dans ses yeux, Lüwen avait encore plus voulu l'embrasser, il et aucun rejet n'eut lieu. C'était au tour de Nishiki d'être timide dans l'approche, plutôt surprenant comme constat mais Lüwen pouvait aussi, de cette manière, lui montrer qu'il ne faisait pas que subir, qu'il était là pour lui aussi. Il appréciait l'étreinte et cela ne faisait pas que du bien au majordome, Lüwen apposa une main sur son dos et le laissait venir contre lui. Dire qu'il ne pensait pas être très adroit mais au final le ministre n'avait pas l'air de lui donner envie de fuir.

«  Si tu avais été là, Nishiki, peut-être que tu ne serais plus là aussi. Tu as fais de ton mieux, et de ton mieux est toujours amplement suffisant pour ne pas avoir à se sentir coupable. Bien que ce ne sont que des mots et que cela n'enlèvera rien à ce que tu ressens mais…. Ce que tu ressens, ce n'est pas forcément la vérité.  »

Y avait-il même une vérité là-dedans ? Le ministre n'allait pas se lancer dans une discussion philosophique qu'il ne maîtrisait pas cependant.. Il savait que l'homme en face de lui, contre lui, faisait toujours de son mieux, et qu'on ne pourrait pas lui en vouloir pour quelque chose qu'il n'avait pas pu faire. Mais, en général, quand on a ce type de personnalité, l'on a pas besoin des autres, l'on s'en veut à soi-même.

«  Il faut que tu te pardonnes, Nishiki, tu en as le droit et la légitimité, et, s'il tu ne le fais pas pour toi, alors, moi, je te le dis, à sa place, je te pardonnerai.  »

Doucement il continuait de lui caresser le dos, puis il remonta vers les cheveux. Il ne s'empêcha pas de lui faire un baiser sur le front et de le garder contre lui… La culpabilité d'être heureux alors que son amie était décédée…

«  Je pense que justement, c'est précisément ces sentiments qui te rendent si admirable, Nishiki. Parce que tu es si gentil que tu te préoccupes de ce genre de choses. Jamais tu n'as voulu qu'elle ne meure. Je le sais, tu le sais, à vrai dire je suis sûr que tout ceux qui te connaissent le savent. Bien qu'elle ne soit pas de la même grandeur, je suis confronté à la même chose. Lorsque tu es venu me voir, pour cet entretien, j'étais content, comblé qu'un homme de ton expérience et qui savait se comporter avec moi sans que j'ai l'impression que tu allais t'enfuir. Pour autant, je ne suis pas heureux qu'elle ne soit plus là. Et je ne m'en veux pas d'être heureux que tu sois là, avec moi, même si parfois je me demande comment cela se serait passé sans toi à mes côtés. Me trouves-tu horrible pour autant ?  »

Luwen ne savait pas s'il avait trouvé les mots justes, mais il avait fait de son mieux.

Il avait fait de son mieux.
Jonathan lui avait déjà dit ces mots. D’autres lui avaient déjà dit ces mots.
Mais malgré tous ses efforts, il n’arrivait pas à y croire. Il avait essayé, de relativiser, de réfléchir de cette manière si simple pourtant. Mais il avait cette sensation dé plaisante de se mentir à lui-même, d’essayer de faussement se trouver une excuse. Et son cœur était toujours aussi douloureux. Il savait que même s’il avait été avec elle, il n’aurait peut-être rien pu faire, que ça aurait pu être bien pire pour lui, il en avait bien conscience. Pas qu’il l’aurait souhaité, loin de là. Mourir, ou se sacrifier inutilement n’aurait pas beaucoup plus aidé son amie.
Ce n’était pas pour autant qu’il avait fait de son mieux.

- Je n’ai pas fait, de mon mieux, non… Je n’était même pas là… Je n’ai rien pu faire. J’ai juste… pu la voir, après… Épargner ça aux autres…

Mais une réaction n’était pas une action. C’était peut-être pour ça, qu’il n’arrivait pas à se défaire de tout ça, à juste laisser couler les choses, se détacher, continuer… Qu’il ne se pardonnait pas. Il aurait pu, bien plus facilement s’il avait pu faire quelque chose. Des erreurs, il en avait commis beaucoup dans sa vie, mais sa responsabilité, il savait la gérer. Ça aurait été difficile, la douleur n’aurait pas été moins grande, mais ça aurait rendu les choses… plus facile. Moins injuste, moins brutale, soudaine. Il ne savait juste pas comment faire. Il ne savait même pas ce qu’il devait se pardonner.
Elle lui manquait tellement.

- Je ne sais pas si… J’y arriverai…

La main qui remonta jusqu’à ses cheveux lui fit fermer les yeux et pousser un léger soupir. Ses tremblements se calmaient lentement, au fur et à mesure qu’il écoutait la voix de Lüwen, que lui-même parlait, même si les mots lui faisaient mal… Mais lui faisaient du bien, aussi.

Le jour où il était venu passer cet entretient… ça remontait à si loin. Alors que ça ne l’était pas tellement en fin de compte. Et il se souvenait très bien des raisons qui l’avaient poussé à venir proposer ses services ici, outre le clin d’œil ironique du destin. Il avait cherché un endroit où il pourrait se fuir, fuir ses pensées, où il y avait assez de travail pour occuper ses journées et ses nuits. Du peu qu’il avait pu discuter avec lui, il avait déjà, à l’époque, cette petite idée comme quoi cet home étrange n’était pas aussi… froid et intransigeant qu’on le disait. Et il ne s’était pas trompé.

Peut-être aussi, quelque part, parce que son partenaire était presque l’incarnation radicalement opposé d’Elena. Difficile de faire plus diamétralement opposé en terme de caractère et de personnalité. La grandiloquence et l’extravagance la Lady contre le rigueur ferme et le sérieux du ministre… Il n’était pas certains que ces deux-là aurait été fait pour s’entendre… Il était même plutôt persuadé du contraire. Et pourtant derrière ces deux façades si différentes… Parfois, il se surprenait à leur trouver des points communs, aussi incompréhensible que ça puisse paraître.

- Non ! Non, bien sûr que non…

Lüwen n’avait aucune raison de l’être à son propre regard. Mais c’est toujours plus simple d’avoir un avis juste sur les autres que sur soi-même. Et puis, c’était si différent… Après tout, c’était Nishiki qui était venu le voir pour ce travail, lui qui avait fait la démarche, pour ça, mais pour d’autres choses aussi…
Lentement, il se redressa pour revenir lui faire face et observer son visage, cherchant la moindre trace de… Il ne savait même pas ce qu’il cherchait. Colère, dégoût, pitié… N’importe quoi qui aurait pu le confirmer dans ses propres certitudes. Que, oui, cette horreur, il l’avait en lui.
Lentement, il vint glisser une main sur sa joue, son visage, son cou, sans arrière pensées, juste profiter de ce contact simple. Tangible. Qui signifiait tant de choses. Il était pourtant déjà du genre koala avant, mais il réalisait soudainement qu’aujourd’hui, il avait encore plus désespéramment besoin de cette intimité physique. Il revint l’embrasser, avec une douceur tendre. Il se sentait… un peu mieux.

- Laisses moi rester à tes côtés…

Une demande dans un soupir contre ses lèvres, encore incertaine. On pouvait compter les fois sur les doigts d’une mains où il demandait des choses, encore plus des choses personnelles mais… C’était… important. Et un peu plus lourd de sens que ces simples mots ne le laissait penser au premier abord.

Bien sûr qu'il n'allait pas le convaincre avec de simples mots tout de suite, ceux-ci feraient certainement leur chemin un jour ou l'autre, en attendant, il devait le lui répéter et il le ferait autant qu'il le devrait pour ne plus qu'il se sente coupable. Le travail de toute une vie.

«  Tu n'étais pas là en effet. Mais c'est un enchaînement de circonstances. Qui est inchangé. Ne te flagelle pas. Tu as été très protecteur envers eux pour les obligations de la suite, et je pense qu'ils t'en sont tous très connaissant et qu'elle n'aurait pu qu'apprécier… même si maintenant tu en souffres…  »

Nishiki avait prit pour les autres et maintenant il en subissait les conséquences, tout venait s'ajouter, la mort en elle-même, les images, la culpabilité, et sa relation avec le ministre… Lüwen essayait de faire de son mieux pour que Nishiki se sente un peu mieux… c'était compliqué oui mais… Il était têtu, il continuerait. C'était bien que cette part de sa personnalité, tantôt défaut, tantôt qualité était bien utile… Lui ne lâcherait pas son idée.

«  On fera en sorte que tu y arrives.  »

Parce qu'il n'était pas tout seul dans l'équation, et ces paroles, compagnon ou pas, il les aurait eues pour lui. Il remarquait que ses tremblements s'étaient un peu calmés mais ce n'était pas pour cela qu'il ne le gardait pas près de lui.

Alors qu'il lui demandait son avis sur son propre cas, la réaction de Nishiki fût vive et sans équivoque : Lüwen, dans son attitude vis à vis du décès d'Elena n'était pas horrible. C'était logique pour lui, absolument. Pour autant il n'appliquait pas la même chose à lui-même. Cela, il ne pouvait que s'en douter. L'on est bien souvent plus dur avec soi-même, quand on est une personne.. gentille…

Lüwen le laissait le toucher tranquillement, il en avait besoin, il le sentait. C'était une évidence que le majordome était beaucoup plus tactile que lui, vraiment… mais là encore plus que d'habitude. Lorsqu'il l'embrassa, Lüwen y répondait doucement,  posant ses mains sur son torse cette fois-ci. La demande qu'il venait de lui faire presque en soupirant l'avait fait rougir.

«  Plus qu'une autorisation que je te donne, c'est une envie réciproque. Reste à mes côtés, Nishiki.  »

Le ministre, d'habitude peu… romanesque dans les mots qu'il employait était cette fois plutôt… ému par les paroles de Nishiki qui ne lui demandait que très rarement des choses.

La réponse de Lüwen, si elle lui fit louper un petit battement de cœur d’angoisse à ses premiers mots, finit par lui tirer son premier sourire. C’était… si bon à entendre. De se savoir voulu, tout comme d’entendre Lüwen exprimer une envie – et d’autant plus celle-ci en particulier, lui qui le faisait si peu. Le valet comptait bien restait à ses côtés, plus que tout autre chose. Pour Lüwen autant que pour lui, pour s’assurer que… les choses ne recommencent pas, encore une fois.

Nishiki soupira à nouveau,doucement, et vint poser son front contre celui de son compagnon, les yeux à moitié fermés. Il resta ainsi encore quelques minutes, le temps que sa respiration retrouve son rythme naturel, qu’il arrive à aligner plus de trois pensées sans repartir en vrille. Qu’il soit capable de sourire sans se sentir un total imposteur. Il se redressa légèrement et embrassa chastement son compagnon d’un baiser rapide.

- Merci… Pour tes mots et pour tes gestes.

Il ne pouvait pas dire qu’il se sentait profondément mieux, dans ses émotions et son ressenti, parce que ce n’était pas le cas. Mais le réconfort dans les paroles de Lüwen, ses étreintes douces, l’avaient quand même aider à se calmer un peu et à s’apaiser pour retrouver un peu d’aplomb, même si ce n’était que momentané, même si ses angoisses reviendraient à son prochain sommeil. Il y penserait à ce moment là. Le valet se passa une main dans ses cheveux encore légèrement humide de sueur de son cauchemar en jetant un coup d’œil à l’horloge… Waouh. Il n’avait pas réalisé qu’il avait… dormi aussi longtemps. Comme quoi, Lüwen lui réussissait plutôt bien…

- Tu veux manger ou boire quelque chose ? Il me reste du thé si tu veux…

Le temps ne s’était pas vraiment calmé en quatre heure de sommeil, et vu son malaise, autant essayé de lui faire avaler quelque chose avant qu’il ne repartent. Enfin avant tout… Peut-être l’habiller un peu. Pas que la vision ne soit pas agréable mais autant éviter qu’il tombe encore plus malade. Tendant le bras, Nishiki attrapa les vêtements qu’il avait préparer pour son compagnon et les lui donna avec un sourire. Un peu plus petit que d’habitude, tout comme son regard avait moins d’assurance mais… ça reviendrait.

Après un autre baiser, le valet se releva pour aller chercher ses vêtements toujours dans la salle de bain. Avec tout ça il s‘était juste passer sous l’eau, mais ça avait fait l’affaire… Se rhabillant rapidement,il alla mettre de l’eau à chauffer avant de repasser par la chambre alors que Lüwen se rhabillait avec ses vêtements… trop grand, bien évidemment. Appuyé sur le montant de la porte, Nishiki l’observa quelques instant avec un sourire doux. La chemise blanche qu’il lui avait donné avait des épaules trop grandes et lui arrivait presque à mi-cuisse. C’était une vision des plus… agréable autant qu’amusante, pour quelqu’un qui était toujours propre sur lui… Heureusement qu’il avait fourni la ceinture avec le pantalon, sinon il aurait fini en sous vêtement tout le restant de la journée.

Sans chercher à retenir son élan d’affection soudain, Nishiki s’avança vers lui alors qu’il était en train de boutonner sa chemise, ses mains glissant sur la peau encore découverte pour entourer sa taille et l’enlacer, le maintenant tendrement contre son torse.

- Je tiens à dire que… je te trouve terriblement attirant comme ça.

Il devrait lui prêter des chemises plus souvent.

Le sourire qu'il vit sur le visage de Nishiki après lui avoir certifié qu'il le voulait à ses côtés lui faisait plaisir. Il le laissait contre lui, front contre front, un peu rouge, sa main sur sa taille, caressant le côté de son ventre de son pouce avant de se faire embrasser rapidement. Des remerciements. Il n'en avait pas besoin mais ils étaient rassurant car cela lui montrait que Lüwen n'avait pas totalement merdé et qu'il avait pu trouver quelques mots. Il hocha simplement la tête en lui souriant en retour. Sa tristesse et sa culpabilité ne partiraient pas comme ça mais au moins la crise aujourd'hui était passée, du moins, en partie.

Dans la panique le ministre n'avait même pas remarqué, ou du moins il avait totalement oublié sa nudité… Il s'en rendit compte lors d'un petit frisson. Il lui proposait de manger et de boire quelque chose. Et contre toute attente c'était un oui, il avait faim, soif et un peu froid.

«  Je veux bien grignoter et du thé, oui. Merci…  »

Alors qu'il allait reprendre la couverture pour la mettre contre lui, Nishiki lui tendait des habits… Beaucoup trop grands pour lui n'est-ce pas… ? Il les prit donc, hochant la tête en guise de remerciement. Il l'embrassa ensuite et Lüwen y répondit doucement. Le pantalon était beaucoup trop grand, clairement, il l'avait enfilé d'une traite avec la ceinture.. Il ne le fermait pas pour, au cas ou, mettre la chemise à l'intérieur, car elle lui arrivait jusqu'aux cuisses… Décidément. Nishiki, de son côté, était revenu et semblait l'observer.

Le ministre s'était arrêté dans son geste de boutonner cette grande chemise lorsqu'il avait vu qu'il s'avançait vers lui. Il frissonna dès qu'il toucha sa peau et l'enlaça, se laissant aller contre son torse. La phrase qu'il prononça ensuite le fit devenir pivoine. Il était attirant dans des vêtements trop grands ? Première nouvelle ?

«  Si c'est le cas, je les garderai, tes vêtements.  » Ca devait être une bonne idée, n'est-ce pas ? «  Tu es d'accord ?  »

Évidemment, Lüwen avait faim, et soif… Ce qui était normal, la journée avait laissé place à la soirée et ils n’avaient rien avalé depuis le midi… Et Nishiki savait que même lui, quand son estomac serait un peu moins noué, finirait par avoir faim. Il s’en voulait un peu, de ne pas y avoir pensée plutôt, mais on ne pouvait pas toujours tout contrôler… Et pour ce genre de choses, il n’était jamais trop tard. Il profita de son compagnon dans ses bras, caressant doucement sa peau fraîche. Au moins, lui avait l’air détendu… Et ça lui faisait du bien. Baissant la tête, il lui embrassa doucement le sommet du crâne, y laissant ses lèvres.

- Tu peux tout garder de moi.

Il sourit dans ses cheveux, le serrant un peu plus contre lui un instant avant de lui rendre sa liberté et le laisser finir de s’habiller. Il l’observa encore une petite seconde. Définitivement… Outre le rouge de ses lentilles, ses cheveux un peu en bataille à cause du sommeil et les vêtement un peu grand lui donnait un air naturel qu’il adorait particulièrement. Il attendit qu’il eut fini avant de lui tendre doucement une main et de l’emmener dans la cuisine où l’eau avait fini de chauffer. Il l’invita à s’asseoir sur le canapé avant d’aller chercher deux tasses de thé et d’autres gâteaux à grignoter. Rien d’aussi élaboré que ce qu’il pouvait avoir chez lui… Mais pas forcément mauvais pour autant.

- C’est peu mais je n’ai pas grand-chose de plus à te proposer. Et de toute façon il faudra bien qu’on rentre…

Même si passer la nuit ici ne le dérangerait pas particulièrement en réalité, mais cela pouvait problème à Lüwen, ne serait-ce que pour le nourrir de manière décente – enfin il pouvait toujours descendre rapidement pour ça. Et puis il ne savait pas quand la pluie finirait par s’arrêter, en imaginant qu’elle le fasse dans les prochains jours, mais rien n’était moins sûr. Et ils n’allaient pas rester cloîtrer ici aussi longtemps. Il s’apprêtait à s’asseoir mais changea d’avis au dernier moment, préférant aller fouiller dans un placard pour en sortir une petite couverture qu’il vint enrouler autour des épaules de son compagnon avec un sourire avant de venir, cette fois, prendre place contre lui. Doucement, il attrapa sa propre tasse chaude entre ses doigts.

Les deux hommes grignotèrent tranquillement les quelques gâteaux, prirent le de boire leur thé, discutant dans l’ambiance intime de l’appartement du valet, le tout dans une ambiance apaisante. Dans un glissement des plus agréable, Nishiki entraîna une fois encore Lüwen dans une activité plus charnelle, toujours dans cette recherche de contact… Se rassurant sur le fait que l’homme dans ses bras était bien là, bien vivant… Avant de finalement dormir sur place jusqu’au petit matin. Les vêtements de Lüwen enfin secs, le valet prit le temps de nettoyer rapidement l’appartement avant de finalement rentré à la demeure sou un temps grisâtre… mais sec.

Le ministre s'était attendu à une simple réponse avec un peu d'humour à son intention de garder ses vêtements, car c'était dans cette optique là qu'il était. Pour autant,  Nishiki lui embrassa la tête avant de lui dire quelque chose qui le fit rougir. Tout hein ? La phrase en elle-même était touchante et il ne trouva rien à y répondre, juste un regard doux, restant contre lui quelques instants avant de pouvoir terminer de s'habiller. Le ministre rentrait le bas de la chemise dans le pantalon,  il s'occupa aussi de plier correctement les manches plusieurs fois pour qu'elles lui arrivent au poignet et fit de même avec les pans du pantalon. Il avait tout de même une drôle de dégaine, mais ce n'était pas bien grave. Instinctivement il passa ses mains dans ses cheveux pour les redresser un peu.

«  Ce n'est pas grave, ça me va très bien.  »

Contrairement à ce que pouvait laisser penser son statut le ministre n'était pas un homme difficile en nourriture malgré ses goûts parfois… enfantins ? Il buvait donc le thé et grignotait sur le canapé, en compagnie de Nishiki. Les moments ainsi étaient au final, plutôt rares et l'ambiance était tranquille…

… Jusqu'au petit dérapage. Lüwen qui avait eu du mal à se rendre présentable, ou quelque chose du genre, avec des vêtements si grands ne les garda pas forcément très longtemps… Ce qui n'était pas pour lui déplaire mais il y voyait un petit côté…. Loufoque. Ils s'endormirent ensuite et lorsqu'ils rentrèrent à la demeure du ministre, il emporta les vêtements trop grands.