Malaisantes retrouvailles {PV : Nishiki}

Une journée bien moins lourde que d'habitude, tout comme les précédentes surtout depuis l'aggravation de sa fièvre. Enfin, cela ne voulait pas dire que notre ministre se détendait, non, il travaillait, comme il le pouvait. Il se levait un peu plus tard le matin, allait au cabinet ministériel de dix heures à midi pour prendre quelques rendez-vous mais aussi des nouvelles de ses collègues, assistants et bien évidemment pour emporter des dossiers à la maison et les rendre chaque matin, voire, le soir, via un serviteur ou en envoyant Nishiki. Serviteurs qui n'étaient qu'en présence réduite, la maisonnée était bien calme, heureusement que Nishiki était présent. Le ministre était un peu plus lent que d'habitude dans ses dossiers mais faisait de son mieux pour ne pas faire prendre trop de retard. L'on devait certainement le critiquer en privé et pourtant Lüwen faisait de son mieux ce qui ne lui valait pas trop de foudres de ses collègues.

En plein milieu de l'après-midi, alors qu'il venait de demander à son valet d'aller lui chercher un peu de thé pour continuer à travailler dans les meilleures conditions possibles le téléphone sonna. Naturellement, il décrocha et la grande surprise fût la personne au bout du fil : Nickolas, encore plus surprenant : ils avaient retrouvé Juliana. Néanmoins son compagnon ne répondant pas à l'appel de la police, c'était Lüwen qui avait été joins, enfin, Nishiki, surtout. Et Nickolas était d'une impatience que la tepu devrait certainement être recherchée vite . Il ne savait pas s'il devait plaindre la dame ou non mais quoi qu'il en soit elle était vivante. Dès qu'il se leva, Nishiki rentra dans la pièce. Tant mieux.

«  Je suis désolé pour le thé, Nishiki, mais nous devons aller à la Mordkomission… Ils ont retrouvé Juliana. Vivante. Il faut aller la chercher, son compagnon ne répond pas  »

Le ministre espérait que son valet allait être ravi de la nouvelle (bien évidemment) et prenait directement sa veste, mettait chaussettes et chaussures (toujours ce trip du pieds nu, oui). Il n'y avait pas de temps à perdre et son valet devait être pressé de la rejoindre. Lui avait un peu chaud, sa fièvre n'était pas tout à fait à zéro mais il devait faire avec…

Une fois arrivé à la caserne il n'eut pas besoin de s'annoncer ou quoi que ce soit, il salua juste les personnes présentes d'un signe de tête avant d'ouvrir la porte du bureau de son ancien collègue. Inutile de toquer de toute façon.

La journée avait été calme. Comme depuis ces derniers jours d’ailleurs, depuis que le ministre avait fait part de son état à ses employés et les avait renvoyés chez eux, pour la majorité du temps. Il faut dire que ça convenait plutôt bien à Nishiki, égoïstement. Le tournant de sa relation avec Lüwen étant ce qu’il était, ne pas avoir à se soucier, pour le moment, des autres personnes était bien simple à gérer pour eux deux. Pour son plus plaisir, ce dernier avait l’air de se détendre de plus en plus dans leurs quelques échanges. Une caresse, un baiser… Il réagissait de manière de plus en plus naturelle, même dans les quelques fois où ils avaient pu glisser vers d’autres activités.

Nishiki passait de toute façon la plupart de son temps à veiller sur lui et à essayer de le faire se ménager. Sans être sur son dos en permanence, il passait la majorité de ses journées dans la même pièce, le laissant travailler pendant que lui trouvait à s’occuper autrement : lecture, musique, faire le thé… C’était d’ailleurs ce qu’il était partie faire à sa demande.  Et il comptait bien profiter de l’occasion pour essayer de lui faire prendre une pause. Il avait appris à repérer les moments où Lüwen ne se sentait pas au mieux de sa forme et… Et disons que la journée n’avait pas été la meilleure qu’il avait connu en trois jours.

Des plans qui furent un peu mis à l’eau au moment où il franchit la porte en retournant dans le bureau puisque avant même qu’il n’ait le temps de refermer la porte derrière lui, son compagnon s’excusa et… Il mit une petite seconde à comprendre de quoi on lui parlait, soudainement, avant de réaliser le sens des paroles. Il ferma les yeux un instant et laissa échapper un soupir soulagé. Il avait dû arrêté ses propres recherches, d’une parce qu’il s’était fait clairement engueulé par ce très aimable sergent de la police et de deux… Eh bien disons que ses nuits étaient occupées par une autre personne. Mais la nouvelle était un immense soulagement. Il posa le plateau qu’il avait dans la main sur la première table à proximité.

- Merci… J’ai juste quelqu’un à contacter. Et tu devrais éviter de sortir, je peux m’en occuper….

Mais bien évidemment, Lüwen insista et le majordome finit par céder. Au fond il était plutôt rassuré de ne pas avoir à y aller seul. Il prit tout de même le temps de faire prévenir Fritz de la chose, espérant que ce dernier pourrait lui aussi se déplacer si le compagnon de la jeune femme était absent avant d’emboîter le pas à Lüwen après s’être attaché les cheveux et avoir attrapé sa veste. Le trajet fut rapide malgré un temps bien digne de la saison des pluies de la ville et ils arrièrent à la caserne rapidement et quelque peu humides.

Même s’il connaissait les lieux pour y avoir été plusieurs fois, il ne l’avait jamais fait en présence du ministre et il se contenta de le suivre, son visage et sa posture ayant la neutralité de celui qui travaille. Quand il pénétrèrent dans le bureau, Nishiki balaya rapidement la pièce du regard et se heurta au regard clairement hostile de Nickolas qui avait relevé les yeux en les voyant entrer, une clope fumante entre les lèvres et qui le fit se crisper d’instinct. Mais ce qui avait retenu son attention était plutôt la petite forme recroquevillée sur une chaise dans un coin de la pièce, une grosse couverture sur les épaules.
Et elle avait sursauté lorsque la porte s’était ouverte, relevant à peine ses grands yeux noisettes. La pauvre n’avait pas l’air dans un état très… flatteur pour elle, ses longs cheveux en pagaille, le teint cireux autant que crasseux. Pourtant, lorsqu’elle croisa le regard de Nishiki, quelque chose s’illumina et lorsque ce dernier lui offrit un léger sourire… Elle se leva pour se précipiter vers lui, ses talons claquant avec fort bruit sur le sol, pour venir se jeter dans ses bras. Heureusement qu’elle n’était pas bien lourde.

« Nishiki ! »

Le valet hésita une demie-seconde avant de refermer ses bras autour du corps mince de la jeune femme qui s’était mise à sangloter contre son torse. En face d’eaux, le policier grogna à son bureau en levant les yeux aux ciels, visiblement exaspéré des pleurs de Juliana qu’il avait dû entendre en boucle ces dernières heures. Shiki s’efforça de l’ignorer, sa main caressant lentement le dos de la fille en un geste de pur réconfort.

- Ça va aller Julia, c’est fini… Ça va aller.

Il lui parlait doucement, essayant de la calmer comme il le pouvait. Pas forcément simple… Mais il pouvait comprendre. Il releva les yeux vers Lüwen, un remerciement silencieux brillant dans son regard avant qu’il ne repose les yeux sur Nickolas. Une question lui brûlait les lèvres et en même temps, il n’était vraiment certain de vouloir entendre la réponse...

Bien sûr que dans les faits le ministre aurait du éviter de sortir, mais il voulait tout de même le faire. Il désirait accompagner Nishiki là-bas, c'était quelque chose d'important pour lui alors il lui fallait insister et Lüwen eut gain de cause. De toute façon il était bien trop têtu pour cela. Il profita du temps que Nishiki contacte la personne qu'il désirait appeler pour mettre ses lentilles, se coiffer, se rhabiller mais aussi aller préparer un thermos de café pour son ami Nickolas qui l'avait amplement mérité.

Une fois arrivé sur les lieux le ministre s'était naturellement dirigé vers le bureau de Nickolas où était certainement la jeune femme, ouvrant la porte. Immédiatement la demoiselle qui pleurait les regardait. Depuis combien de temps était-elle enfermée là-bas ? Beaucoup trop, elle était toute crasseuse, avait l'air épuisée… Lüwen soupira. Klaas aurait au moins pu lui proposer quelque chose. Il n'avait pas un co-équipier plus doux que lui ? Quel dommage… Il ne fût pas surpris de la voir se jeter dans les bras de son amant et les laissa faire. Il était bien trop mature pour faire preuve d'une quelconque jalousie, au contraire, son visage se détendait un peu. Voir un visage familier après cette expérience devait être très agréable et leur laisser un peu d'intimité n'était pas une mauvaise idée. Et puis cela énervait Klaas. Même pas besoin de le voir pour le dire, il le connaissait. Lüwen attendait que son majordome la rassure un peu pour leur dire.

«  Je vais m'occuper du reste avec Nickolas. Venez par ici, vous serez plus tranquille. N'hésitez pas à demander si vous voulez boire quelque chose.  »

Lüwen les avait conduit dans une petite pièce juste à côté pour qu'ils puissent avoir du calme avant de retourner vers le bureau de son ami, fermant la porte précautionneusement.

«  Bonjour, Nickolas.  »

Il commençait toujours ainsi. Il ne lui rendait pas toujours sa salutation mais c'était justement pour ça qu'il le faisait. Il déposa le thermos de café sur le bureau du Serken avant de s'installer sur la chaise.

«  Tu l'as trouvée chez les Brunswick ? A-t-elle dit quelque chose ?  »

Nickolas en avait ras le cul et ne fut pas mécontent quand enfin le ministre se ramena avec son employé pour récupérer la donzelle. Déjà qu’il avait dû la récupérer à moitié en furie, se la coltiner le temps du retour ici et la garder dans son bureau pendant que les autres crétins essayaient de contacter son mec qui était injoignable… Il était pas une putain d’assistante sociale. Et alors quand la nana fondit en larme à l’arrivée de leurs invité, ce fut carrément le pompon… Bordel y’en avait qui essayait de travailler ici. Klaas allait y allait de son petit commentaire désobligeant mais Lüwen lui coupa l’herbe sous le pieds en les faisant sortir de la pièce. L’inspecteur lança un regard blasé au ministre avant que ce dernier ne vienne lui déposer un café sur son bureau. Il soupira une longue volute du fumée de clope.

« Un de leur entrepôt, au fond d’une cave. Très ambiancé vieille pierre et chaîne, ça t’aurait plu. » Pas de bonjour, pas de simagrées… Du Nickolas tout craché, ça. « Et c’était bien le gamin que t’as entendu. J’ai encore des hommes qui fouillent les lieux mais ce qu’on a suffirait à l’envoyer au trou un certain temps. Le père a intérêt a sortir plus que le chéquier s’il veut le faire sortir cette fois. »

Parce que vu ce qu’il avait vu du dossier familial, il ne doutait pas un instant que cette face de con essaierait de faire quand même sortir sa progéniture, même si ce dernier avait littéralement séquestré une femme chez lui. Enfin, ça, il laisserait Caïn géré, c’était pas son bordel. A chacun ses merdes. Éloignant sa cigarette de sa bouffe une seconde pour tousser un bon gros coup, il but une longue gorgée de café pour faire passer le machin. Il coula un regard vers la porte fermée de la pièce où Lüwen avait emmené les deux tourtereaux avant de reposer ses yeux sur son interlocuteur.

« La prochaine fois, tu me fera le plaisir de tenir ton employé. J’ai pas que ça à faire de me coltiner des crétin dans les pattes. A moins que ça soit toi qui l’ai envoyé aux infos mais j’y crois pas. »

Ça. aurait été la meilleure quand même, mais fallait avouer que ça ressemblait peu aux méthodes de son anciens collègues, beaucoup trop rigides pour faire ce genre de conneries en douce. Enfin, il aurait dit ça aussi de faire passer une affaire en priorité et i l’aurait eu bien profond…

Bien entendu que son ami avait l'air d'aller mieux dès que la demoiselle avait quitté son bureau. C'était totalement attendu. Même si ce n'était pas notifiable totalement sur son visage Lüwen avait l'habitude de lire en Klaas, comme ce dernier avait sans doute la même habitude envers le ministre.

«  Est-ce que tu sous-entends que j'aime les vieilles choses ou bien les chaînes peut-être ?  »

Bizarrement c'était quelque chose qui l'amusait plus qu'autre chose même si la situation ne s'y prêtait pas il fallait savoir décompresser… Mais là n'était pas la question, et suivre Nickolas sur le terrain du cynisme et de l'ironie était un entraînement mais pas forcément une envie constant du ministre alors ils revinrent bien vite à leur mouton, enfin, surtout aux Brunswick. Il s'était avéré qu'il n'avait pas mentis au haute-sphère, qu'il avait bien séquestré la demoiselle. Pour le kidnapping il fallait d'autres indices mais la séquestration et certainement les abus… Pouvaient être prouvé par un enfant avec la tonne de preuves.

«  Et c'est tant mieux. Il m'a plus l'air d'être un trouillard qu'un type dangereux mais il est préférable, vu ses agissements qu'il reste longtemps derrière les barreaux.  »

Boris avait une certaine éloquence, et encore, très moyenne du point de vue du ministre, et un peu d'argent, c'était bien tout ce qu'il possédait. Caché derrière ses parents pour ces actes, c'était bien le genre de type qu'il n'aimait pas.

Décidément, Klaas avait l'air encore malade. Il ne lui demandait pas s'il était atteint pas la maladie, c'était peut-être une évidence, et ce n'était pas une bonne idée de parler santé entre malades…

Lüwen fût surprit de la suite de la remarque de Klaas qu'il ne comprenait pas. Nishiki avait croisé Klaas ? Dans ses pattes ? L'homme était plutôt dur et dès qu'on venait lui poser des question il était tout de suite dérangé.

«  Non, je ne comprends pas ce que tu me dis, qu'est-ce qu'il s'est passé ? Je n'aurai jamais envoyé personne aux infos.  »

C'était pas le genre du ministre, et surtout pas avec Nickolas, en fait.

« T’as toujours été très attachés à tes principes. »

Il y avait des putains de jour à Nickolas se demandait pourquoi, bordel de merde, il avait fini par apprécier ce mec, avec son balai dans le cul et son amour de toutes les choses emmerdantes : les dossiers, la putain de politique, les procédures à la con. Et puis des fois, dans ce genre d’échange, il se souvenait de certaines choses qui avaient aider à l’apprécier un peu. Sa répartie avait sans doute été la première chose qu’il avait remarqué chez lui, même tout frais sortie des mines avec sa petite gueule de bleu pas frais. La phrase de Lüwen lui tira un rictus amusé, malgré la fatigue et malgré la toux.

Enfin tout ça, c’était bien beau mais ça faisait pas avancer sa merde. Et à un moment, s’il voulait que cette pute et tout le cirque qui allait avec foute le camp d’ici, fallait bien qu’il avance dans tout ça. Surtout qu’en plus, le petit Brunswick avait été amené en cellule quelques heures plus tôt et faisait un raffut de dingue près des taules comme le petit merdeux qu’il était. Heureusement, il n’avait plus à traîner près de cet endroits pour les heures à venir.

« Pas à moi qui faut le dire, tu sais ce que je pense de cette merde. » Tous ces connards qui s’amusaient à faire sortir leur rejeton du trou ne méritaient pas mieux… Mais il ne pouvait rien y faire. A part retenir les noms. Il avait une belle liste dans la tête. « Et Boris est un petit con, mais un petit con qui en a un peu derrière la tête. Il a peut-être le courage d’une sardine en boite mais il se pense tout permis… Et n’hésite à jouer aux cons. » La pire espèce, ceux-là… Dangereux et con à la fois, il savait de quoi il parlait. « Tu feras gaffe à ton cul. S’ils avaient déjà une dent contre toi je serais pas étonné de les voir bouger. Les parents valent pas beaucoup mieux. J’vais les surveiller un moment. »

Parce qu’ils étaient quand même vachement louche ces petits cons. Et pas qu’à cause de l’enlèvement d’une prostituée au milieu des rues. D’ailleurs en parlant de garder son cul au chaud… Sa petite remarque sur son majordome parut l’étonné. Klaas le fixa longuement sans rien dire avant d’avoir le coin d’une lèvre se relevant en un magnifique sourire de ‘j’t’avais prévenu pauvre con’ comme il savait magnifiquement les faire. Il croisa les bras sur son bureau sans le quitter des yeux.

« Tiens donc. J’pensais que tu ferais un peu plus attention après ce que je t’ai dis la dernière fois. » Pas comme s’il avait quelqu’un qui filait des infos à l’extérieur après tout, hein. « Il se trouve que ton cher majordome s’est amusé à aller faire sa petite enquête de son côté comme un con. Heureusement qu’il est pas complètement un manche, ça aurait pu tout faire foirer. »

Et qu’il l’ait su assez tôt pour bien lui faire comprendre que c’était hors de question qu’il continue, mais ça, Lüwen n’avait pas à le savoir. Enfin tout faire foirer… En vrai il lui avait filé des infos malgré tout. Ou plutôt, des noms de gens qui eux lui avaient filé des infos. Mais par principe, un putain de civil n’a pas à aller foutre son nez dans ses affaires.

A la réplique de son co-équipier Lüwen ne pu s'empêcher de pouffer légèrement. Quand on à un sens de l'humour un peu nul, il vous faut la même chose pour vous faire rire. Mais bon, Klaas devait avoir l'habitude. Pour autant le sujet devint vite plus sérieux. C'était trop demandé au ministre de déconner sur ça et ce n'était pas une mauvaise chose…

En effet il n'avait pas à reprocher quoi que ce soit à Nickolas, la caution en elle-même, l'argent et la supériorité de quelques uns était bien le problème. D'où vous sortez de prison lorsque l'on vous condamne à quelque chose ? Cette injustice qui ne calmait pas les ambitions du ministre. Comme le Serken le disait si bien, il devait faire attention à lui dans les prochains jours car la famille Brunswick n'était pas des tendres et l'on saurait assez vite que c'était le témoignage du ministre en personne qui avait conduit à cette perquisition, à trouver la dame et à l'arrestation du fils.

«  Je ferai attention. De toute façon je ne sors que très peu en ce moment.  »

Maladie oblige. Et même s'il y pensait, il ne pouvait pas rendre aléatoire les sorties comme bon lui semblait. Il l'aurait fait si ce n'était pas des rendez-vous. Sa maladie l'empêchait de faire son travail correctement alors il n'allait pas laisser les Brunswick s'y mettre aussi. De quoi aurait-il l'air, sinon ?

La pique, ou ce qui voulait en être une, sur la fidélité de Nishiki de la part de Klaas ne prit pas. Il avait confiance en cet homme qui était maintenant plus que son majordome. Cet homme ne pouvait être un traître, c'était impensable. Ou alors il avait réussi son coup avec une excellence rare mais il n'y croyait aucunement. Il soupira néanmoins. Être dans les pattes de Klaas était toujours très risqué et entre le fait qu'il doute des talents de ce dernier ou qu'il veuille retrouver Juliana en se mettant potentiellement en danger – ou les deux-, il ne savait quelle explication était la meilleure.

«  J'ai confiance en Nishiki. Tu me trouveras peut-être con, mais bon. Je pense qu'il a du faire ça car il s'inquiétait. Mais maintenant cela devrait rentrer dans l'ordre. Concernant notre… autre affaire, tu as des nouvelles infos dessus ?  »

Il lui en aurait peut-être parlé de lui même mais il ne perdait rien à demander si ce n'était deux minutes.

Nickolas haussa simplement les épaules. Lüwen faisait bien ce qu’il voulait – pas grand-chose vu comment il surveillait ses employés alors que y’en avait potentiellement un qui voulait le tuer – mais ce n’était pas son problème. Si son ami n’y mettait pas du sien, il pouvait bien faire toute la merde qu’il voulait, ça ne servirait pas à grand-chose. Il pouvait pas bosser, bosser en douce sur la merde qu’il lui refiler et surveiller son cul en même temps.

Tout comme il l’envoya chier à propos de sa remarque sur son employé. Est-ce qu’il le trouvait con ? C’était un putain d’euphémisme. Mais encore une fois, c’était sa merde. Il ne pourrait s’en prendre qu’à lui-même s’il e retrouvait avec un couteau dans le dos, il l’aurait assez prévenu comme ça, sur lui et sur tous les autres débiles qui pouvaient être à son service. Et il ne se gêna pas pour lui faire simplement remarquer avec toute sa délicatesse légendaire.

« Ouais, t’es con ».

Au moins, c’était dit.
Il reprit une longue rasade de café et écrasa sa cigarette dans son cendrier avant de tousser, puis de se remettre sur le dossier qui était actuellement sur son bureau. Pour un peu, il l’aurait complètement ignoré… Mais il en donnait juste l’impression. Sans doute.

« Rien de plus pour l’instant. Des pistes. Je continue de creuser. »

C’est que ce con avait un sacré bordel autour de lui et dénouer les simples différents politique de tout le reste, c’était sacrément la merde. Surtout quand il devait faire gaffe à son cul pour pas que Caïn ne lui tombe dessus en plus. Quelle vie de merde, quand même. Même si l’affaire de la pute lui avait permis d’explorer des pistes auxquelles il n’avait pas forcément pensé au premier abord… Mais pour l’instant il faisait chou blanc. Et ça lui cassait sérieusement les couilles.

« Si t’as rien d’autre à foutre, tu peux te barrer. »

Parce qui y’en a qui bossent ici.
La phrase était plus que largement sous-entendue et le policier ne prit même pas la peine de relever les yeux vers son ami. Tant qu’il le débarrasser de l’autre grognasse, il ne demandait rien de plus.

A quoi s'attendre avec Klaas sinon sa propre et franche vérité ? Il ne prit pas plus de deux secondes pour lui affirmer qu'en effet il était con. Mais Lüwen était con de beaucoup de choses. De la confiance qu'il accordait à certaines personnes, même si très rares, de l'importance qu'il donnait à la fidélité des personnes à ses côtés, de l'importance des liens familiaux et de la volonté que cette ville soit bien meilleure qu'elle ne l'était actuellement.

Quand il le questionna sur les éventuelles pistes ou nouvelles informations qu'il pouvait voir concernant son agression et celle de son majordome, Klaas ne lui apprit rien de plus, mis à part qu'il creusait, ce qui n'était plus mal, cela voulait dire qu'il avait encore quelque à se mettre sous la dent, pour avancer.

Le Serken ne tarda pas à lui dire d'y aller, attitude qui lui ressemblait parfaitement et Lüwen avait apprit depuis longtemps à ne pas être vexé. Il avait déjà senti que la conversation se terminait de toute façon. Et c'était tant mieux car depuis qu'ils étaient parti le ministre ne se sentait pas très bien.

«  Très bien dans ce cas à la prochaine fois Nickolas. Merci.  »

Des mots qui ne sortaient pas toujours de la bouche du ministre surtout vis à vis du Serken mais il en fallait bien quelquefois. Il ne savait pas s'ils allaient rentrés par une oreille et ressortir par l'autre mais au moins c'était dit.

Sortant du bureau, refermant la porte, Lüwen rejoignait Nishiki et Juliana ainsi qu'une troisième personne qu'il ne connaissait pas. De toute évidence ils étaient tous les trois en train de discuter et il ne désirait pas les interrompre. Après tout il était le ministre de l'intérieur et n'avait pas l'intention de se montrer trop doux par ici... Il préférait se poser contre le mur du couloir et attendre que son valet en ait terminé, il en profita pour expirer et se reposer un peu, même debout.

Après avoir été emmené par Lüwen dans une pièce à part, Nishiki avait fait son possible pour essayer de remettre Juliana en confiance. La chose n’avait pas été aisé, la jeune femme, au caractère pourtant bien trempé, avait visiblement vécu des choses extrêmement pénible et les premiers mots qu’il arriva à lui faire décrocher furent une petite victoire en soi. Cette dernière avait d’ailleurs du mal à le lâcher, physiquement parlant. Elle n’avait pas quitté ses bras pendant de longues minutes puis s’était accroché à son bras quand il avait voulu s’asseoir avec elle. Il l’avait laissé faire, allant contre tous ses principes de précaution qu’il avait pourtant elle depuis cinq ans, trop touché par sa détresse et sa souffrance.

Fritz était arrivé peu de temps après, trempé par la pluie et complètement haletant. Le pauvre avait du courir depuis son travail lorsqu’il l’avait appelé. Une présence de plus de bienvenue pour Juliana qui commença à se détendre. Les deux hommes lui racontèrent la manière dont ils l’avaient cherché, que Jonas allait pour le mieux et l’attendait, que fritz allait la ramener chez elle… Ils avaient même réussis à la faire un peu sourire de quelques vieilles blagues d’une autre époque. Il évita bien sûr de mentionner l’intervention de son employeur, préférant leur faire croire que la plainte de Jonas avait largement suffit.

Du coin de l’œil, Nishiki aperçut Lüwen sortir du bureau de son ami. Comme il ne rentra pas dans la pièce, il en déduit que ce dernier avait soit des choses à traiter avec d’autres personnes ici, soit qu’ils les attendait… De toute façon, eux-même n’allaient pas pouvoir rester ici pendant des heures non et la jeune femme, même si elle craignait un peu de ressortir, serait certainement bien plus à l’aise chez elle. Le valet se releva, les deux autres personnes avec. Frits attrapa Juliana dans ses bras, lui offrant au passage une ombrelle qui lui servirait un peu à se protéger des intempéries. C’était mieux que rien.

Lüwen les attendait non loin de la porte lorsqu’ils sortirent de la pièce. Nishiki s’arrêta donc sur le pas de la porte. Il les avait de toute façon prévenu qu’il ne pourrait pas les accompagner beaucoup plus longtemps.

- Soyez prudent en rentrant. Fritz, tu me feras prévenir ?

« Bien sûr. Allez viens, Ju. »

Cette dernière lui fit un dernier petit sourire avant de se laisser conduire dehors. Shiki soupira légèrement en les regardant s’éloigner, un peu plus léger… Et un peu plus lourd en même temps. Et pourtant, lorsqu’il revint vers Lüwen, son visage n’exprimait rien de tout ceci. Il n’offrit aucun sourire à ce dernier, aucun geste, comme à chaque fois qu’ils se retrouvaient au milieu d’autres personnes. Il se contenta de l’observer un instant. Il n’avait pas l‘air très bien, lui non plus… Raison de plus pour retourner chez lui rapidement.

- Y allons-nous ?

La jeune femme avait l'air d'être collée à son majordome, et encore une fois, aucune jalousie à l'horizon cela ne pouvait que montrer qu'elle se sentait à l'aise aux côtés de Nishiki et qu'il n'était pas le seul a avoir quelque chose qui apaisait. Aucunement dérangé par l'idée d'attendre le ministre n'eut pas à patienter bien longtemps, quelques minutes tout au plus, Nishiki n'avait soit pas envie de le faire patienter, soit il fallait que cette dame rentre chez elle. Ou bien les deux.

Le ministre regardait la demoiselle ainsi que l'inconnu partir. Il devait certainement être un ami commun. Nishiki revint ensuite vers lui, lui proposant d'y aller. Lüwen hocha la tête et répondit.

«  Oui, nous rentrons.  »

Tranquillement Lüwen sortait de la caserne. La pluie n'était pas vraiment agréable et rentrer vite ne semblait pas une bonne idée quant à son état physique. Néanmoins, le ministre ne se sentait pas et il avait très envie de retrouver son lit alors il pressa le pas. Il ne fût pas plus d'une minute pour qu'il ralentisse, se penchant un peu en avant. Sa tête s'était soudainement mise à tourner, il avait des nausées et se sentait d'un coup vraiment fatigué.

«  Nishiki…  » Ses yeux ne voyaient pas clairs non plus, il avait des sensations de chaud et de froid bien désagréables. «  Je ....ne me sens… Pas très bien…  »

Le ministre était soudainement devenu tout pâle, et le regard en partie absent, il respirait un peu plus vite et tenait à peine sur ses jambes. L'on entendait qu'il avait du mal à parler et à articuler. Il avait une horrible envie de se coucher sur le sol et ne faisait même plus attention à la pluie. Ses jambes ne tardaient pas à le lâcher.

Il suivit Lüwen en dehors de la caserne, se calant comme toujours sur son pas et le surveillant du coin de l’œil. Lui aussi avait envie de rentrer de toute. Cependant, leur marche de retour, aussi désagréable que celle de l’allée, ne dura pas bien longtemps puisqu’assez vite, le ministre l’interpella d’une voix blanche. Shiki se tourna vers lui et, en voyant la pâleur de son visage, le rejoignit d’un long pas pour venir poser une main sur son épaule – il n’avait pas besoin de lui dire qu’il ne se sentait pas bien, cela se voyait à des kilomètres. Il s’apprêtait à lui parler quand ce dernier s’effondra soudainement. Heureusement qu’il était près…

- Lüwen ? Lü… Hey hey ! Je te tiens ! Je suis là.

Le valet réagit par intinct et rattrapa le corps de Lüwen d’une poigne ferme, l’accompagnant doucement dans sa chute plutôt que d’essayer de le retenir et le blesser plus que de l’aider. Si lui-même mit les genoux su sol pour avoir un appui stable, il s’arrangea pour que ça ne soit pas le cas de Lüwen, que ce dernier ne soit pas trempé encore plus par le sol délavé.

- Lüwen ? Lüwen, tu m‘entends ? … Ah… Je savais bien que tu n’aurais pas dû sortir…

Mais le ministre ne semblait pas vouloir répondre et Nishiki se parlait plus pour lui-même que pour son compagnon. Rapidement, parce qu’ils étaient quand même complètement à découvert sous la pluie, il posa une main sur son front. Brûlant. Sur son cou. Son pouls battait, doucement, mais régulièrement. Était-ce la fièvre qui lui avait fait perdre connaissance ? La fatigue ? Nishiki soupira légèrement, rongé par une inquiétude mais toujours aussi efficace dans les situations qui l’exigeaient.

Le maintenant contre lui d‘un bras, il enleva rapidement sa veste pour la poser sur le corps inconscient de son compagnon avant de l’attraper sous les genoux et sous le dos pour le soulever. Heureusement que sa blessure allait mieux, il n’aurait pas pu faire ça quelques semaines plus tôt… Il réajuste légèrement sa prise pour venir caler la tête de Lüwen contre son propre torse de manière aussi peu inconfortable que possible… Et pour le protéger de la pluie au maximum aussi. Même à travers le tissu déjà trempé de sa chemise, il pouvait sentir la chaleur de son visage.

Sans attendre plus longtemps, il se mit à marcher avec son paquet dans les bras. La maison était trop loin pour qu’il le ramène comme ça, entre la pluie et le fait qu’il allait lui-même s’épuiser, ça ne les aiderait pas, mais son appartement par contre… N’était pas si loin que ça et c’est bien là-bas qu’il se dirigea, essayant de garder son dos le plus possible dans le sens du vent pour épargner au maximum l’homme dans ses bras.
De temps en temps, sur le trajet, il baissait les yeux pour vérifier l’état de Lüwen, l’appelant également, mais ce dernier n’avait pas l’air de vouloir se réveiller… Concentré à essayer d’optimiser un maximum ses forces – Lüwen pesait quand même son poids l’air de rien – il arriva chez devant chez lui en une dizaine de minutes, relativement fatigué et entièrement trempé des pieds à la tête.

Il rentra rapidement au sec, rentrant dans son petit appartement pour aller déposer Lüwen sur son lit avec douceur, soupirant à nouveau lorsque ses bras n’eurent à porter sa charge. Il pouvait les sentir trembler, mais il se reposerait lui-même après. Le ministre aussi était trempé, même si moins que lui, mais il n’allait pas le laisser avec ses vêtements sur le dos. Avec une lenteur précautionneuse, il lui enleva sa veste, chemise, puis ses chaussures et son pantalon pour le laisser en sous-vêtement avant de l’installer sous la couverture. A nouveau, il vint passer une main sur son front, toujours aussi chaud et qu’il fit glisser dans ses cheveux dans un geste tendre. Il n’avait rien pour le soulager ici… Et il hésita un instant à faire l’aller-retour, mais c’était prendre le risque qu’il se réveille pendant qu’il n’était pas là. Autant rester. Le valet se releva donc pour aller chercher un linge dans sa salle de bain qu’il humidifia pour venir le poser sur le front de son compagnon. Retour aux bonnes vieilles méthodes.

Une fois Lüwen géré et installé, il put légèrement souffler… Pour se rendre compte qu’il était simplement en train de mourir de froid, ce qui n’avait pourtant rien d’étonnant. Enlevant ses propres vêtements, il alla se chercher des affaires propres – et chaudes – en sortant aussi de quoi habiller Lüwen quand il se réveillerait, tant pis pour la taille. Il alla également se servir un grand verre d’eau, puis un second qu’il ramena jusqu’à sa table de chevet avant de s’asseoir dans le lit à côté de son partenaire en se mettant lui aussi sous la couette et venant glisser sa main dans ses cheveux. Qu’est-ce qu’il aimait faire ça.. Il se sentait trembler de froid, mais ça passerait. Fermant les yeux, il laissa aller sa tête contre le mur. Plus qu’à attendre…  Et si jamais ça durerait trop longtemps, il appellerait Jonathan, quitte à se faire passer un savon…

Une fois qu'il eut quasiment perdu conscience Lüwen ne sentait presque plus rien, juste qu'il ne touchait pas le sol d'un coup, puis il ferma simplement les yeux, attiré par le malaise et l'envie incroyable et soudaine de se laisser aller à Morphée. La voix de Nishiki ne l'atteignait aucunement, il n'entendait rien. Pour autant, malgré la fièvre son rythme cardiaque n'était pas trop élevé. Ainsi le ministre fut porté, protégé de la pluie, ramené chez Nishiki, posé dans un lit, déshabillé -heureusement qu'il avait l'habitude maintenant n'est-ce pas et l'on s'occupa de lui.

Quinze minutes. C'était le temps pendant lequel il était resté inconscient. Doucement, il ouvrait les yeux. Il pouvait sentir qu'il n'était pas dans son lit, ni dans sa chambre car l'assise n'était pas la même, l'odeur non plus.

«  Hm…  »

Il pouvait sentir la présence de Nishiki à ses côtés et lui sourit malgré tout au réveil, toujours dans le brouillard. Sa main était dans ses cheveux et il ferma les yeux quelques instant, pour en profiter, avant de les rouvrir à nouveau histoire de ne pas l'inquiéter davantage.

«  Je suis… Chez toi… ?  »

Doucement il posa sa main sur son front, le froid lui fit du bien, il soupira. Lüwen n'étit pas assez stupide pour se lever mais il se tournait vers Nishiki qui était avec lui dans le lit comme depuis plusieurs jours maintenant et malgré le fait qu'il venait de faire un malaise, car c'était clairement ce qu'il pensait qu'il s'était passé, il était content d'être avec lui.

Il eut à peine le temps de réellement s’asseoir dans son lit que déjà Lüwen rouvrait doucement les yeux. C’était plutôt une bonne chose qu’il reprenne connaissance tout de suite, même si Shiki se serait bien passé de l’effet fièvre. Un sourire soulagé étira ses lèvres en voyant le regard de Lüwen se poser sur lui, brumeux et fatigué, mais tout de même un minimum alerte. La main dans ses cheveux glissa sur son visage, tendrement.

Et il s’attendait à toutes les questions… sauf à l’affirmation de son compagnon qui le surpris plus qu’elle ne l’aurait dû. Décidément, même à moitié conscient, Lüwen avait un esprit de déduction… Il aurait pu se trouver n’importe où, chez un autre ami, à la caserne, à l’hôpital… Bon son appartement ne ressemblait pas à un hôpital mais tout de même, sa première pensée était qu’il se trouvait chez lui, naturellement. Il retint un léger rire. Avait-il tellement confiance en lui ou avait-il simplement une logique imparable ?

- On est chez moi, oui.

En le voyant se tourner vers lui, le valet se laissa glisser entièrement sous la couette pour se retrouver allongé contre lui et passer un bras autour de ses épaules. La peau de Lüwen lui paraissait brûlante contre la sienne encore glacée par la pluie, même à travers sa chemise sèche et il ne put retenir un frisson de froid.

- Tu as fait un malaise en pleine rue et j’ai préféré te ramener ici. C’était plus près et vu le temps, je ne voulais pas risquer d’empirer ton état.

Sa main caressait son dos doucement et il vint embrasser ses lèvres avant de le serrer un peu plus contre lui. Une frayeur de passée… Décidément, cette journée ne s’annonçait pas des plus reposantes si elle continuait sur sa lancée… Il n’espérait pas.

- Repose-toi… Tu ne crains rien ici. Et on rentrera dès que tu te sentiras mieux.

Et que le temps serait un peu plus clément mais ça… Malheureusement il ne pouvait rien faire pour. En même temps, il ne pouvait pas faire grand-chose pour son compagnon non plus à part simplement lui offrir sa présence, ce qui n’était pas vraiment terrible, au final.

Malgré sa mine fatiguée Lüwen avait remarqué l'air surpris de Nishiki lorsqu'il lui avait demandé s'il était chez lui. Il n'avait même pas réfléchit, outre le fait qu'il savait qu'il n'était pas dans sa propre demeure, la question lui était naturellement venue à l'esprit. Sans doute que l'absence de bruit ne l'avait pas fait d'instinct choisir un hôpital ou la caserne. Et puis c'était surtout le fait qu'il soit là, avec lui, dans le lit. Autre part, il savait qu'il ne se le serait jamais permis…

Il l'observait venir sous la couette et se laissait prendre contre lui malgré le fait qu'il avait chaud, alors, doucement, il écarta un peu la couette, même s'il sentait qu'il n'était pas très habillé. Son amant lui était froid et il espérait que la chaleur de son corps pourrait le réchauffer. En même temps le valet lui expliquait ce qu'il s'était passé, il avait donc fait son malaise en pleine rue et il l'avait ramené chez lui car sa propre maison était plus proche.

«  C'était une bonne idée.  »

Rougissant moins que les premières fois, Lüwen se laissa embrasser. Nishiki avait certainement eu peur pour lui et lui conseillait de se reposer. Lüwen hocha la tête.

«  Oui. Je vais me reposer… Je suis désolé de t'avoir inquiété. Par contre j'ai un peu chaud…  »

Il enlevait totalement la couverture, à choisir il préférait largement être contre Nishiki que contre la couette.

«  Est-ce que je peux avoir un peu d'eau… ? Tu aurais quelque chose de sucré ?  »

Le ministre n'était pas assez impoli pour se servir le verre d'eau de la table de chevet. De toute façon dans la position dans laquelle il se trouvait il ne le voyait pas. Et pour une fois, il ne demandait pas quelque chose de sucré pour son simple plaisir gustatif mais bien pour se remettre un peu d'aplomb. Au fur et à mesure des minutes qui passaient il se sentait néanmoins un peu mieux. Son teint devenait moins pâle.

Lüwen s’excusa de ce qui était arrivé, naturellement. Nishiki secoua doucement la tête, venant poser sa main sur son bras pour le caresser doucement. Oui il s’était inquiété. Mais en même temps il était inquiet souvent, en fin de compte. Dès qu’il l’entendait tousser, dès qu’il le voyait mal… Il finissait par s’y faire. Le valet frissonna à nouveau lorsque Lüwen commença à repousser la couette à cause de sa fièvre, encore plus lorsqu’il la retira complètement mais il ne dit rien, se contentant de le garder contre lui.

- Ne le sois pas, tu n’y es pour rien. Par contre je n’ai rien ici pour ta fièvre… Il va falloir attendre que ça passe.

Un évanouissement partout, n’est-ce pas ? Enfin, il aurait préféré que son compagnon ne se mette pas à égalité de ce coté là. Mais à être trop têtu c’était ce qu’on gagnait, pour l’un comme pour l’autre… Il ne pouvait décemment pas lui en vouloir. Quand il lui demanda de l’eau, Nishiki se redressa légèrement et l’aida à faire de même pour le faire asseoir sur le matelas avant de lui tendre le verre qu’il avait mis de côté pour lui.

- Tiens, bois ça… Je vais aller voir ce que j’ai pour le reste.

Il se releva pour aller dans la cuisine éplucher ses placard. Du sucré, ce n’était pas forcément ce qui courait les rues chez lui, mais il avait quand même deux trois choses qui pouvaient faire l’affaire… Il sortit un paquet de gâteau – oui il en avait quelques uns chez lui. Il hésita à se mettre de l’eau à chauffer pour lui-même mais décida de ne pas le faire. Si vraiment il n’arrivait pas à se réchauffer, un thé ou un café n’y changerait rien. Il revint donc s’asseoir sur le bord du lit en tendant le paquet à Lüwen pour qu’il puisse grignoter un peu.

- Si tu te sens trop mal je peux faire un aller-retour rapide pour aller te chercher tes médicaments…

C’était typiquement pour ce genre de raison qu’il n’avait pas voulu le laisser aller à son travail des journées entières.  Il suffisait d’une journée un peu moins bonne, d’un coup de fatigue un peu plus élevé… Enfin heureusement tout c’était bien passé aujourd’hui. Shiki eut un sourire légèrement amusé.

- Je vais penser à en avoir sur moi à partir de maintenant, ça vaudra mieux.

Il replia ses genoux contre lui pour les entourer de ses bras pendant que Lüwen mangeait ses petits gâteaux, qui n’étaient pas à la fraise. Les prochains peut-être, le jour où il aurait le temps de refaire un peu son stock… Il se sentait un peu fatigué lui aussi, même si c’était plus dû à l’effort et la tension qui commençait à retomber.

Bien sûr que pour Nishiki il n'y avait pas de quoi s'excuser. Parce que dans le cas opposé, qui était arrivé il n'y a pas si longtemps, Lüwen n'avait pas non plus accepté d'excuses car elles n'étaient pas nécessaires. Pour autant il s'était senti obligé de le dire. Il lui disait aussi ne rien avoir pour sa fièvre mais ce n'était pas grave car il ne se sentait pas aussi mal que tout à l'heure.

«  Ne t'en fais pas je me sens un peu mieux.  »

Lüwen le laissait l'aider à s'asseoir pour pouvoir boire correctement et ainsi éviter de mouiller le lit de son compagnon… Le ministre prit doucement le verre entre ses doigts et buvait ensuite doucement, tranquillement, histoire de ne pas réveiller les nausées qui l'avaient rendues si mal, mais de toute évidence, ça allait mieux et les nausées étaient parties.

«  Merci, Nishiki. Et non, ça va aller. Je pense que rester un peu couché va être suffisant.  »

Prenant le paquet de gâteaux il les mangeait aussi doucement. Cela avait l'air de lui faire du bien et il avait l'air au fur et à mesure de retrouver des couleurs. Il sourit un peu aussi à la remarque de Nishiki au sujet des médicaments.

«  C'est vrai que ce n'est pas une mauvaise idée.  »

Avoir des fraises constamment sur lui était aussi une bonne idée. Hein, comment ça ce n'était ni le sujet et même pas possible ? Ayant mangé quelques gâteaux le ministre reposa le paquet sur la table de chevet avant de se recoucher. Nishiki avait l'air d'avoir froid alors il prit la couverture qu'il avait délaissée et la mise doucement sur les épaules du majordome.

«  Tu veux te reposer un peu aussi ? Je vais rester une dizaine ou vingtaine de minutes couché, je pense, pour voir si cela s'améliore encore.  »

Et il n'était pas contre de la compagnie. Pour du repos bien sûr, et rien d'autre. N'est-ce pas ?

- Ça se voit. Tu as meilleure mine.

En effet, Lüwen avait l’air d’aller un peu mieux. Sa pâleur disparaissait au fur et à mesure qu’il retrouvait doucement des couleurs sur son visage tout comme il avait une voix de plus en plus assurée. Même son regard, à travers ses lentilles, se fixait plus facilement sur les choses, ce qui était quelques petites choses de plutôt encourageant, mais qui lui faisait se demander l’origine de ce malaise. Un coup de fièvre aurait duré plus longtemps… Peut-être son hyper tension ? Enfin tant qu’il se sentait mieux, et allait effectivement mieux, c’était le plus important.

Quand Lüwen vint poser la couverture autour de ses épaules, il lui offrit un sourire tendre, appréciant l’attention. Il n’avait pas souvent ce genre de geste et si ça ne le dérangeait pas outre mesure, il avait appris à les apprécier à leurs juste valeur. Naturellement, il revint glisser une main dans ses cheveux alors qu’il se rallongeait dans le lit et… lui proposait à lui aussi de prendre un peu de repos. N’était-ce pas ce qu’il était déjà en train de faire ?

- Rien ne presse, on a tout notre temps. Et je préférerais éviter de ressortir sous cette pluie si possible. Et je me repose oui, le chemin jusqu’ici m’a passablement fatigué.

Ça serait quand même con de ne pas tomber malade à cause de Lüwen mais d’attraper la mort parce qu’il avait voulu l’aider, quand même. Mais en effet, rien ne pressait. Personne ne les attendait à la demeure et de toute façon, il s’arrangerait pour ne pas le laisser travailler le restant de la journée avec ce qu’il venait de faire. Alors autant prendre un peu de temps ici, même s’il réalisait bien que ce n’était pas aussi… confortable, peut-être, que chez lui. Et pour illustrer son propos, il se laissa glisser jusqu’à s’allonger à nouveau, la couverture toujours dans son dos.

- Je vais finir par croire que ça te plaît de te faire transporter comme ça. La prochaine fois, il suffit de demander, tu sais.

Une vraie princesse ce ministre. Bon ce n’était que la seconde fois, d’accord, et que la première ce n’était pas lui qui l’avait transporté, d’accord aussi, mais tout de même, il trouvait ça un peu amusant, surtout que ça c’était bien terminé sur ces deux fois. Il vint poser une main sur sa hanche dénudée en souriant, ses doigts caressant doucement sa peau sans arrières-pensées – et oui ça lui arrivait aussi.

Si cela se voyait sur son visage alors cela devait certainement être rassurant pour Nishiki. Mais aussi pour Lüwen, c'était bien ce qu'il pensait : ce n'était qu'un petit problème temporaire. Devait-il le mettre sur le compte de la fatigue, de la fièvre, d'avoir bougé, de sa tension ? Beaucoup d'explications et aucune ne serait jamais vraiment trouvée sauf si cela recommençait. Le ministre appréciait le sourire de Nishiki quand il vint mettre sa couverture sur ses épaules avant de reprendre place correctement dans le lit, laissant de l'espace à Nishiki.

Lüwen ferma un peu les yeux lorsqu'il glissa une main dans ses cheveux et se blotti contre l'oreiller. C'était une sensation tout ce qu'il y avait de plus agréable, comblée par la présence de Nishiki. Que demander de plus excepté peut-être ne plus être malade ?

«  Dans ce cas on va attendre jusqu'à ce que la pluie se calme.  »

Il fût un certain temps à Lüwen avant de réaliser les paroles de son valet, leur signification, se rappeler de cet événement. Il fallait dire que la façon de le porter lui était totalement sorti de l'esprit. Là il n'avait pas pu être conscient du tout mais se doutait bien que le majordome ne l'avait pas transporté tel un sac à patates.

«  Je perdrais quelques kilos pour te rendre la tâche plus facile. En mangeant moins de sucre, par exemple.  »

M'enfin le ministre n'avait pas vraiment beaucoup de gras. Il avait tout de même pas mal de muscles même si par ci par là… D'autant plus avec l'arrêt du sport pour éviter de faire un malaise durant une séance son sucre n'allait pas se transformer en énergie… Il lui vint à l'esprit qu'il ne lui serait certainement jamais possible de porter Nishiki. C'était une belle évidence.

Lüwen ne pu s'empêcher de rougir au contact des doigts de Nishiki sur sa hanche. C'est vrai qu'il était en sous-vêtements tout de même… Avec ou sans arrière pensées, difficile pour le ministre de ne pas rougir. Il ferma un peu les yeux. Même s'il ne s'endormait pas, il se reposait pour retrouver des forces.

Observant son compagnon un long moment, Nishiki ne pouvait s’empêcher de sourire alors qu’il lui caressait doucement les cheveux. Lüwen avait l’air… bien. Juste bien. Et cette vision lui faisait tellement chaud au cœur. Il ne pouvait pas dire qu’il n’avait pas craint que son côté tactile, ce besoin qu’il avait d’être physiquement proche ne pose problème, même s’il se retenait toujours un peu, mais… A part quelques rougeurs de temps en temps, ça n’avait pas l’air de le déranger. Et en le voyant ainsi, confortablement installé dans son lit, il se disait même qu’il commençait à apprécier.

Le valet ne put s’empêcher de rire à la réponse de Lüwen à sa petite pique. S’engager à manger moins de sucre, rien que ça… Il n’entendrait pas ça tous les jours. Même si depuis qu’il était arrivé, il en mangeait déjà moins, mais il pouvait sans doute remercier les insistances de Jonathan pour ça.

- Tu es très bien comme ça. Et puis tu me serviras d’entraînement. A moins que tu ne supporte pas d’être dans mes bras ?

Ce n’était pas non plus comme si Lüwen avait une morphologie beaucoup trop lourde non plus. Et puis, il avait travaillé dans la police, c’était plutôt normal qu’il ait une certaine musculation, surtout avec son entretien, même s’il était gentillet. Même si la situation actuelle l’avait obligé à s’arrêter pour un temps… Il se demandait s’il le laisserait peut-être courir avec lui s’il… quand il reprendrait. Sur les jours de repos peut-être. C’était…. Difficile de se projeter, il y avait tant de choses qu’il ne maîtrisait pas.

Le voyant fermer les yeux, il l’attira doucement contre lui dans l’étreinte de ses bras, le laissant s’installer confortablement. A nouveau, il ne put s’empêcher de sourire. Ce petit sourire heureux de bien être. Il embrassa son crâne doucement avant de fermer les yeux à son tour, sa main caressant machinalement le dos de son amant avec une lenteur langoureuse. Il se sentait… calme, et apaisé avec Lüwen dans ses bras et ça ne pouvait que l’aider à se détendre, même s’il ne s’endormait pas complètement.

Les minutes passèrent dans cette paresse agréable. Dans un état un peu second et sans jamais cesser ses caresses, Shiki essayait de se reposer mais… Malgré la couette dans son dos et le corps chaud de son compagnon contre lui, son corps était régulièrement parcourus de frisson désagréable de froid qui l’empêchait de complètement se laisser aller. Ses cheveux encore humides n’aidaient pas non plus à se réchauffer de l’averse glaciale qui l’avait transi. Et après de longues minutes d’hésitation supplémentaire – il n’avait ni la réelle envie de bouger de là où il était ni de déranger son amant qui semblait passablement bien installé – il finit par pousser un léger soupir après un énième frisson un peu plus fort que les précédents. Sa main remonta doucement sur la hanche de son amant, comme pour le prévenir qu’il allait bouger et il vint embrasser sa tempe avec douceur.

- Je vais aller me passer un peu sous l’eau.

Un murmure doux, pour ne pas trop déranger son repos dans le cas où il souhaitait rester coucher le temps qu’il aille en effet se mettre un peu d’eau chaude sur la peau avant de réellement attraper quelque chose. Pas besoin de deux malades dans la même maison.

- Si tu veux me rejoindre, c’est la porte d’en face. Je t’ai aussi sorti des vêtements.

Enfin, il se doutait qu’il ne le ferait pas, mais il glissait tout de même l’information, au cas où. Après un dernier baiser, il se détacha en douceur avant de se relever pour sortir de la pièce, poussant la porte derrière lui pour le gêner le moins possible avec la lumière. Il ne lui avait pas précisé mais Lüwen était évidement libre de faire comme chez lui. Ce n’était pas comme si l’appartement était immense, de toute façon. Et à part la chambre, qui emmagasinait à elle seule la plupart de ses affaires – quelques instrument de musique, quelques photos de sa famille, la petite étagère avec la photo d’Elena, le journal du jour de sa mort et sa broche – il n’y avait pas grand-chose à observer.

Laissant la porte de la salle de bain ouverte, il alluma l’eau chaude avant d’enlever ses vêtements. Les siens et ceux de Lüwen était en train de décher dans la pièce mes les pauvres étaient encore dégoulinant. Entrant dans sa douche, un belle douche à l’italienne en céramique noire qu’il avait fait refaire en arrivant pour la faire plus… à sa taille, il soupira longuement en sentant l’eau chaude qui lui paraissait pourtant brûlante en coulant sur sa peau.

Ainsi même avec ces petits bouts de gras qui commençaient à pointer le bout de leur nez, il plaisait tout de même à son compagnon ? C'était bon à entendre. Non pas qu'il doute de son physique, enfin, à vrai dire Lüwen n'est pas vraiment du genre à penser à son apparence physique, excepté pour le fait de l'entretenir.. Après savoir si on le trouve ou s'il se trouve beau ou laid… Ce n'est pas vraiment son problème… Nishiki n'a pas l'air de le trouver particulièrement laid, donc il suppose qu'il passe…

«  Et bien, je n'ai jamais pu m'en rendre compte vu que j'étais inconscient.  »

Loin d'être un « je ne sais pas » froid, c'était surtout un « essayons une autre fois quand je serai conscient », ce qui n'allait certainement pas déplaire à son valet… Mais pas aujourd'hui, le porter devait l'avoir suffisamment fatigué pour qu'il le lui dise.

Finalement, après cette petite touche d'humour Lüwen se permettait de fermer les yeux et se laissait prendre dans les bras de Nishiki, s'installant paisiblement contre son corps, sans avoir trop chaud.

Après un certain temps il pouvait sentir la main de Nishiki venir sur sa hanche, mais aussi le corps du majordome frissonner. Avait-il froid ? Il hocha la tête quand il lui disait qu'il pouvait le rejoindre et pour les vêtements. Une fois qu'il fut dans la salle de bain, il se demandait s'il ne pouvait pas préparer du thé pour le réchauffer un peu. Et cela lui ferait sans doute du bien aussi. Alors il allait à la porte, toujours en sous-vêtements, ne pensant pas qu'en une vingtaine de seconde il pouvait déjà s'être dénudé.

«  Nishiki, est-ce que tu as du--  »

Du thé. Et le voilà maintenant tout pivoine. Le ministre lui aussi avait envie de se doucher mais il était bien gêné à l'idée de voir son amant entièrement nu, et en plus, à la lumière, sans aucune couverture pour cacher quoi que ce soit…

«  Désolé !  »

Pourquoi s'excuser, hein ?

Il avait à peine profité de l’eau cinq seconde qu’il entendait Lüwen l’appelait pour lui demander… Et bien pas grand-chose finalement puisqu’il était entrer dans la pièce sans se méfier et que bien sûr, il ne s’attendait pas à le trouver sous la douche. Pourtant avec le bruit de l’eau, il aurait pu mais… Visiblement non.

Sa réaction ne se fit pas attendre et, outre la couleur rouge habituelle qui vint teinté son visage, il se dépêcha de s’excuser. Comme s’il avait fait quelque chose de mal. Nishiki retint un soupir et se contenta d’un léger sourire.  La timidité de Lüwen était attendrissante la plupart du temps et il savait bien qu’il ne devait pas le prendre pour lui, mais d’autre fois… Enfin ce n’était pas bien important.

- Dois-je conclure que mon corps fait si peur à voir pour que tu t’excuses ?

Il avait prononcé sa phrase sur le ton de l’humour et pourtant, une petite intonation différent de d’habitude s’était glissé dans sa voix, mais après tout, ça pouvait bien se mettre sur le compte de la fatigue. Pas qu’il ait un complexe particulier avec son corps, encore qu’avec sa perte de poids récente ce n’était pas certain.

Nishiki coupa l’eau rapidement pour attraper la serviette qu’il avait pendue en hauteur sur le mur de douche et se l’accrocher rapidement autour de la taille comme si de rien n’était. Il sortit ensuite de la douche et vint lui voler un baiser rapide avant de se reculer, histoire de ne pas complètement le tremper avec ses cheveux dégoulinant.

- Qu’est-ce que tu voulais me demander ?

Parce que bon il était bien venue pour quelque chose d’autre que l’admirer visiblement, même s’il n’avait pas fini sa question. Ah, la douche avait définitivement été plus courte que prévue, c’était bien dommage…

Quand on a tendance à allumer l'eau un petit moment avant d'y rentrer pour attendre qu'elle chauffe, l'on a pas forcément l'habitude de penser que les autres ne font pas pareil. Et puis, le ministre était fatigué. La remarque qu'il lui fit par la suite, concernant son corps n'était pas… Elle n'était pas pareille que d'habitude. Devait-il supposer qu'il l'a pensait en partie vraie… ? C'était précisément parce que son corps l'attirait qu'il était aussi rouge… S'il s'excusait c'était simplement parce qu'il ne l'avait jamais vraiment vu ainsi, un simple réflexe de personne coincée… Et le ministre était bien coincé. Déjà lorsque le majordome était torse-nu il rougissait encore un peu…

«  Oh, euh n-non… Pas du tout… Au contraire…  »

Ces derniers petit mots avaient été plus murmurés qu'autre chose mais étaient tout de même audibles… Alors qu'il n'avait que débuté sa douche, Nishiki coupa l'eau et mis une serviette autour de la taille… Avant de l'embrasser. Lüwen s'en voulait tout seul. Il aurait pu fouiller la cuisine, en vérité, mais il est vrai qu'il n'était pas le genre à fouiller dans les affaires des autres. Il aurait pu attendre qu'il ait fini mais il voulait lui faire plaisir sans qu'il le sache. Nishiki avait stressé, il l'avait aidé et avait bien le droit de se détendre sous la douche.

Bon et bien il devait arranger cela, n'est-ce pas ?

«  Je… pourrais faire ça plus tard. Tu devrais profiter.  »

Ce n'était pas grave si ce n'était pas une « surprise ». Doucement, il mis sa main au niveau des hanches de son compagnon pour le pousser et le mener vers l'intérieur de la douche, sous la douchette. Il prit aussi sa serviette pour la redéposer, oui, le voilà tout nu, et voilà un Lüwen rouge mais il allait faire avec car il allait devenir encore plus rouge en enlevant son propre sous vêtement et en ouvrant l'eau lorsqu'ils étaient tous les deux en dessous. Pivoine, il n'osait pas forcément dire quoi que ce soit. Lüwen espérait juste qu'il ne lui en veuille pas trop longtemps.

La réponse de son compagnon, aussi murmuré soit-elle, suffit à chasser ses mauvaise pensées et c’est paisiblement qu’il lui offrit ce baiser rapide, même s’il n’y offrit aucune réponse – et il n’y en avait aucune à donne, de toute façon. C’était… toujours agréable de savoir que quelqu’un appréciait votre corps. Surtout quand il e trouvait que la personne concernée était la première concernée, après tout.

Un courant d’air sur sa peau lui donna la chair de poule qu’il avait réussi à perdre pendant ces quelques précieuses secondes sous la douche alors qu’il attendait la réponse de Lüwen qui… n’avait pas l’air d’être moins gêné malgré le fait qu’il se soit couvert. Nishiki pencha légèrement la tête sur le côté en l’observant, les sourcils légèrement froncé. Se sentait-il à nouveau mal ? Il allait revenir poser une main sur son front mais finalement, son compagnon lui annonça que… quoi qu’il ait prévu de faire pouvait attendre.

Et quelle ne fut pas sa surprise quand Lüwen le repoussa doucement vers la douche. Agréable surprise, cela dit au passage. Il se laissa faire sans ronchonner – pourquoi dirait-il non après tout - et… il s’était peut-être attendu à ce qu’il le laisse là finir sa douche mais non. Non, ce fut lui qui lui enleva sa serviette, tout comme il finit de se dévêtir avant d’allumer l’eau au-dessus de leur tête. Les premières gouttes froides lui tirèrent un nouveau frisson avant de retrouver la chaleur agréable de l’eau sur ses épaules qui s’affaissèrent presque instantanément.

Il vint glisser un doigt le long de la joue de Lüwen pour lui faire un peu relever la tête, se penchant un peu au-dessus de lui pour lui éviter le jet d’eau dans les yeux. Il l’observa quelques instants, cherchant une quelconque trace du fait qu’il aurait pu se forcer à faire ce qu’il venait de faire… Avant de venir l’embrasser, bien plus longuement, laissant sa main glisser sur son cou, ses épaules, ses hanches…

- Merci.

De le laisser prendre sa douche, mais surtout, d’avoir eu ces quelques gestes. C’était… plus qu’apprécié. Le valet espérait juste qu’il ne s’y était pas trop senti obligé, pour une raison ou pour une autre… Et que la gêne encore inscrite sur son visage finirait pas disparaître. Il se demandait ce qu’il trouvait le plus embarrassant dans tout ça, être dénudé lui, ou se retrouver avec quelqu’un d’autre nu avec lui. Sans doute un savant mélange des deux.

- J’espère que le spectacle est agréable… Parce que moi j’apprécie beaucoup.

Lüwen n'était pas totalement sûr qu'il puisse rester là après l'avoir dérangé. Ce n'était pas l'attitude de Nishiki qui était en cause mais bel et bien la sienne. Il avait eu l'impression d'avoir été blessant d'une certaine façon et se mettait la pression tout seul si bien qu'une petite broutille devenait un gros problème en peu de temps. Il fut autant surpris quand il lui toucha la joue et le faire relever la tête. Nishiki n'avait pas l'air fâché, et les joues du ministre rougirent encore lorsqu'il l'embrassa tout en protégeant ses yeux de l'eau. Il posa doucement sa main sur le haut de sa hanche avant que ce baiser ne prenne doucement fin. Au tour de ministre de chercher la moindre petite trace d'agacement chez Nishiki mais il n'en était rien car, au contraire, il venait de le remercier.

Le regard du ministre retrouva un peu plus de son brillant et de sa quiétude lorsqu'il lui dit ce tout petit mot. Il avait l'air soulagé et soupira, profitant à présent de l'eau qui coulait sur son corps mais aussi de la situation dans laquelle il était. Le stress pouvait s'en aller.

La gêne elle, en retour arrivait de plein fouet sur son visage quand il lui disait apprécier le spectacle, et donc, par définition, son corps, espérant que la réciproque était vraie aussi. Le rougissement suffit à répondre en partie mais pour combler tout à fait la réponse Lüwen posa une main légèrement fébrile sur le torse de son amant. Les mots lui étaient encore difficiles, les gestes aussi mais, moins. Il le caressa, doucement, flattant les courbes avant d'aller l'enlacer en fermant un peu les yeux. La tension était descendue d'un coup et il avait de la chance d'avoir cet homme-là. Un peu de douceur de la part du ministre pour une fois n'était pas une mauvaise chose.

«  C'est moi qui te remercie.  »

Nishiki avait beaucoup de patience pour le supporter, c'était une aubaine.