Au voleur ! {PV : Nishiki}

Célestin parut surpris de sa réaction mais en même temps, Nishiki lui-même avait été surpris de ses paroles. Surprise en chaîne ! Le majordome s’expliqua cependant bien rapidement pour ne pas créer un qui-pro-quo désagréables pour tous les deux. Et visiblement, à la réponse du jeune serviteur, son avis était plutôt partagé. Oh oui, il imaginait très bien la bonne ambiance qu’il devait régner dans leur maison… Quelle angoisse et quelle pesanteur cela devait être à supporter au quotidien. Et il était certain que les parents étaient pires que Boris et déjà celui-là était une calamité sur pied… Il ne l’avait pas montré mais quel petit plaisir cela avait été le jour où il avait débarqué dans le bureau de Lüwen.

- Quelque soit la tâche que tu fais, si la maison n’est pas saine, le travail n’a rien d’agréable non plus. Et les Brunswick n’ont rien de sain. Tu n’as pas à te sentir mal qu’ils t’aient renvoyés. Ils y perdent bien plus que toi. Tu as travaillé pour eux pendant longtemps ?

A tous les coups, ils devaient du genre à mettre des gens à la porte à tour de bras pour un oui ou pour un non… il aurait été prêt à parier qu’il n’y avait pas beaucoup de femmes dans au service de la famille… Ou qu’elles avaient intérêt à avoir un fort caractère pour renvoyer le fils dans les roses… Ce qui revenait au premier point.

Penser à ça lui fit avoir une pensée pour Juliana et, l’espace d’une petite seconde, son visage s’assombrit, faisant vaciller son sourire. Si ça se trouve, il s’inquiétait pour rien, elle aurait très bien pu en avoir marre de sa petite vie et tout plaquer pour partir ailleurs, avec un homme plus riche ou avec plus d’intérêt. C’était ce genre de femme, à l’époque du Chabanais. La perspective ne lui plaisait pas beaucoup, humainement parlant, mais il préférerait encore ça plutôt que d’apprendre qu’elle était morte quelque part dans les rues de la ville. Il se passa une main dans les cheveux, chassant ses pensées. Elle était débrouillarde, elle devait aller bien. Il l’espérait.

- Je te comprend. J’ai connu l’indifférence, la rancune et l’amitié… Et travailler avec des personnes que tu apprécies, et qui t’apprécies en retour reste le meilleur que je puisses te souhaiter.

Sa voix vibra un instant d’une vieille douleur autant que d’une douceur certaine. La rancune de certains membres des Függer avait été tolérable, l’indifférence l’avait tout autant laissé de marbre et l’amitié… Quelles années heureuses il avait pu passer aux côtés d’Elena. Quand le travail devenait non plus une simple obligation, ni même une passion mais simplement agir parce qu’on voulait être là pour l’autre. Une sensation qu’il éprouvait aussi pour Lüwen et qui le laissait autant effrayé qu’étonné, parfois.
La question du jeune homme le sortit de ses pensées, le ramenant sur terre et lui faisant perdre le sourire inconscient qui avait fleuri sur son visage. Il observa de longues seconde Célestin avec perplexité, sa question l’ayant complètement prit au dépourvu… Et dont il ne comprenait pas vraiment l’intérêt, en fin de compte. Pourquoi son physique le dérangerait ? Il était atypique, certes, avec sa peau pâle qu’il mettait sur le compte de son errance dans les rues et de sa maladie, ses yeux clairs et ses cheveux blancs… Il était loin de se douter de la maladie profonde du jeune garçon. Il avait connu des personnes à l’allure bien plus farfelue.

- Je ne vois pas ce qui me dérangerais… Pourquoi cette questions ?

Célestin ne pouvait qu'être d'accord avec Nishiki. Même lui, simple linger avait compris que la maison avait des problèmes, que les gens ici le regardaient mal, que les domestiques n'avaient pas vraiment de rapport si ce n'était une frêle compétition pour satisfaire au mieux leur maître… par pur égoïsme. Il approfondissait encore plus ses paroles en lui disant que clairement, heureusement, au final, qu'il avait été renvoyé et s'interrogeait sur la durée de son contrat.

«  J'ai travaillé presque trois ans pour eux.  »

C'était plutôt long, au final, du moins, on pouvait avoir l'impression, toujours au même poste, et sans connaître personne, et viré de cette façon. Dans les faits, c'était un temps plutôt court, parce que beaucoup de domestiques, une fois qu'ils avaient trouvé leur place, ne quittaient plus leur maître ou leur maison… Mais les Brunswick n'avaient jamais eu l'intention d'utiliser les véritables compétences de Célestin.

Pour autant lorsqu'il parlait des différents sentiments qu'il avait traversé, Nishiki ne semblait pas très bien… Avait-il posé une question dérangeante ? Célestin hocha la tête, la conclusion était juste et il lui fit un sourire pour essayer de le réconforter… Il tapota doucement son bras, prudemment, parce qu'il n'avait pas l'habitude. Même s'il aimait bien rassurer… S'il quelqu'un comme lui était en capacité…

Décidant de poser une question… très personnelle notre serviteur au chômage l'interrogeait sur son aspect physique… La question était mignonne comparé à ce qu'il pensait de cette apparence. Trop maigre, trop petit, trop blanc et laid. Tout ce blanc le rendait terne, du moins, il trouvait, il ne pouvait pas exposer ses yeux qui auraient pu faire une différence s'ils n'étaient pas aussi clairs… Comparé aux Vaneghen il était clairement… grossier… Du moins c'était son propre avis sur la question. Pour autant Nishiki ne comprenait pas, ou faisait semblant ? Ou bien c'était juste qu'il ne se rendait pas compte… ? Ou le pensait-il tout pâle car malade ? Au contraire la toux le rendait un peu rouge…

«  Euh...Et bien… Je suis albinos… C'est pour ça que mes cheveux sont blancs, tout comme ma peau et que je supporte pas le soleil… Je veux dire… Je ne fais pas très présentable… comme personne…  »

Peut-être qu'il avait été différent de d'habitude et que c'était pour ça qu'il l'avait abordé ? Sa détresse ? La nuit ?

Trois ans… Que ça pouvait sembler long, trois ans à faire maltraiter et rabaisser à la moindre occasion. Il avait eu bien de courage de rester aussi longtemps. Enfin, il ne pouvait rien dire… Beaucoup de personne n’osait pas quitter leur emploi, de peur de ne rien retrouver, de tomber sur pire… Lui-même serait sans doute resté chez les Függer quand il était plus jeune si Elena n’était pas venu le chercher. Les tares de la jeunesses, sans doute… Aujourd’hui il n’hésiterait pas une seule seconde si jamais son employeur et lui ne s’entendait pas. Heureusement, ce n’était pas le cas.

- Tu as bien du mérite.

Quand Célestin vint poser une main sur son bras, il lui sourit, un peu par par réflexe, pour le rassurer. Était-il si lisible que ça ? Ce n’était pourtant pas ce qu’il voulait. Il en avait assez de causer du soucis aux autres… S’il ne pouvait même plus essayer d’aider quelqu’un sans que ça ne déteigne, il allait sérieusement falloir qu’il se reprenne. Encore plus.

Célestin précisa ensuite sa question face à son incompréhension. Il était… albinos ? Oh… Oh ça expliquait des choses, oui… il n’aurait jamais deviné et pourtant, maintenant qu’il lui disait, ça lui semblait des plus… logique. Comme quoi les cheveux blancs n’étaient pas qu’une lubie parmi d’autre… il s’était plutôt bien planté de ce côté là. Il lui offrit cependant un nouveau sourire. Malade ou pas, ça ne lui changeait pas grand-chose à lui en fin de compte… A part qu’il était un peu plus content encore d’avoir pu le sortir de la rue pour une nuit.

- Être malade ne change pas la personne que tu es ni ce que tu es capable de faire. Et puis, on a tous ses propres problèmes, je ne vois pas pourquoi tu me dérangerais… Porter un jugement sur ce genre de chose est stupide.

Il était plutôt mal placé pour faire la moindre critique. Même si ses problèmes n’étaient pas naturellement visibles, comme on pouvait le dire régulièrement, personne ne peut être parfait. Il suffisait de trouver chaussure à son pied et, finalement, les personnes prêtent à employer des gens à problèmes n’étaient pas forcément si rare que ça. Il suffisait de voir toute la bande qu’il y avait au Chabanais… Peut-être que si un jour il arrêtait son métier… Enfin… Ce n’était pas prêt d’arriver non plus.

- Tu ne devrais pas te prendre la tête avec ça. Croire en toi, savoir ce que tu sais faire, et ce que tu veux faire… ça n’a rien à voir avec ton apparence.

Et puis l’apparence ça se travaille de toute façon. Savoir se mettre en valeur ou se faire discret, s’adapter à la situation… Tout était question d’adaptation.

Du mérite ? L'espace d'un instant Célestin se demandait pourquoi. Il n'avait pas fait grand-chose, certes il les avait supporté mais en vérité ce n'était pas pire que la « maison » dans laquelle il vivait avant, c'était même mieux, au moins, ce n'était pas trop hypocrite. Cela dit avec la description des Brunswick que lui avait fait Nishiki il comprenait d'où venait ces mots et il ne pouvait pas lui dire que les Vaneghen étaient pire. Cette famille de serviteurs était célèbre et il ne pouvait pas l'insulter au risque qu'il lui demande pourquoi. Il n'avait pas envie qu'il sache qu'il était l'un de leurs enfants… Aussi abandonné qu'il soit. Voire il n'avait pas envie qu'il sache qu'il ait été abandonné. D'ailleurs Célestin se demandait l'image que Nishiki avait de lui, s'il pensait juste qu'il n'avait plus de famille et essayait de faire ce métier pour s'en sortir ? Peut-être. Il ne pouvait pas laisser aller sa curiosité.

«  Oh… Euh… Merci…  »

Mais un compliment était toujours bon à prendre et faisait toujours plaisir. Surtout à notre petit serviteur dont l'estime de soi diminuait au fur et à mesure des nuits qu'il passait dehors.

Nishiki avait une façon bien différente de penser des autres personnes. Enfin, lorsque l'on vous a éduqué à vous dire que vous n'étiez pas une personne présentable à cause de votre apparence… quoi de plus normal… que de trouver cette attitude gentille… très différente de la majorité..

«  Pourtant vous n'êtes pas beaucoup à penser ainsi… Mais ça fait plaisir de l'entendre.  »

Même s'il n'irait plus se considérer comme une tâche du jour au lendemain, les compliments eux étaient plaisant bien qu'il les relativisera toujours dans sa tête.

Soudainement, le petit se mis à bâiller. Il rougit un peu. C'était gênant alors qu'ils étaient en train de discuter.

«  Oh, désolé… Je crois que je suis fatigué…  »

Pour autant il n'allait pas dire qu'il allait dormir, il ne pouvait pas faire comme chez lui mais il était conscient qu'il n'allait plus tenir très longtemps. Et puis il avait l'impression que le canapé était de plus en plus confortable. Il se passa doucement sa main sur ses yeux fatigués. Il était tard.

- Ce peut-être parce que nous sommes aussi peu nombreux qu’il y a autant de problèmes… Enfin… Il y a plus de personnes qui sont d’accord avec cette mentalité que ce que tu ne penses.

On était parfois agréablement surpris des gens qu’on pouvait rencontrer, même quand on ne s’attend à rien de particulier. Mais il avait évolué dans des cercles qui mélangeait les hommes et femmes ouvertes d’esprit avec ceux à l’esprit des plus fermées sur leur condition de vie. La proportion n’était au final pas si mauvaise qu’elle en avait l’air… Mais étonnement on rencontrer plus facile des gens hautains, bien plus susceptibles de se mettre en avant et d’attirer les regards ou l’attention. c’était ainsi.

Quand Célestin se mit à bailler, Nishiki se rendit compte qu’il devait lui tenir la jambe depuis un petit moment. Avec un sourire, il se releva pour aller ranger la trousse à pharmacie dans la salle de bain. Il en profita pour attraper un oreiller dans sa chambre au passage et l’envoyer doucement à Célestin pour compléter les couverture qu’il avait ramené. Et tout en lui parlant, il sortit un papier et un crayon sur lequel il commença à écrire d’une écriture rapide, italique et penchée.

- Ne t’excuse pas, j’aurais dû te laisser dormir plus tôt. Je dois juste sortir cinq minutes, j’ai un message à faire envoyer à un ami… ça ne devrait pas prendre plus de cinq minutes. Mais dors sans soucis, j’essaierais de ne pas faire trop de bruit en rentrant.

Un sourire et il plia le petit morceau de papier qu’il mit dans un coin de sa poche. Il attrapa un vieux blouson accroché non loin de la porte avant de faire exactement ce qu’il avait dit : sortir le temps de quelques minutes. L’avantage de traîner dans le coin la nuit, c’était qu’il savait exactement où trouver ce dont il avait besoin : un petit messager avec lequel il avait souvent eu l’occasion de travailler avec Elena à qui il glissa ses note pour l’envoyer chez son ami. Au moins, il serait au courant qu’il ne viendrait pas ce soir et que ce n’était pas la peine de le recontacter, il serait au rendez-vous le lendemain.

Une fois le message confié en de bonnes main, il remonta dans son appartement, évitant avec tact les marches de l’escalier un peu grinçante tout comme il ouvrit sa porte dans le plus grand des silences. Après prit garde d’éteindre toutes les lumières – il allait faire attention maintenant – il se glissa jusqu’à sa chambre où il ferma la porte et… attendit. Allongé sur son lit, il se força à essayer les exercices de respiration de Jonathan, qui lui permirent de faire quelques dizaines de minutes d’un sommeil léger mais sans plus. Entre son inquiétude et le fait qu’il écoutait un peu si jamais Célestin bougeait… Enfin, une nuit assez banale. Et au moins la vu de la fenêtre le changer de la demeure de Lüwen.

Mais la nuit se passa sans le moindre problème. Il traîna un peu au levé, essayant de faire glaner quelques précieuses minutes à son invité avant de finalement se lever pour aller prendre sa douche, n’allumant la lumière de la pièce qu’une fois la porte fermé. Il resta un petit moment sous l’eau chaude, ses pensées un peu ailleurs, avant de sortir pour retourner dans le salon… Ah le jeune homme avait l’air de dormir comme un loir. Nishiki soupira en se passant une main dans ses cheveux déjà attaché, déjà dans sa tenue de travail. Il hésita un instant à le laisser là et profiter de l’appart une journée mais… Le petit allait sans doute refuser de toute façon. Il s’approcha donc pour venir poser une main sur son épaule pour essayer de le secouer avec douceur.

- Célestin ?

Le jeune homme regardait Nishiki se lever et ranger, apparemment il comptait le laisser dormir. Célestin se souvenait que lorsqu'il l'avait intercepté dans la rue, Nishiki lui avait dit être occupé, mais pas trop pour ne pas venir le voir. Devait-il faire quelque chose à la place de l'accueillir ? Voir quelqu'un ? Cet ami justement ? Mince, avait-il fait une bêtise ? Mais non, il ne l'aurait pas emmené ici sinon… Soit, il hocha la tête.

«  Pas de problème, de toute façon je ne pense pas m'endormir aussi rapidement.  »

Le serviteur disposa l'oreiller correctement et se couchait donc sur le confortable canapé avant de mettre la couverture. Il était au chaud, confortable, passa sa main sous l'oreiller, se blotti et ferma les yeux et… n'entendait même pas Nishiki rentrer : il dormait déjà, épuisé de cette journée mais aussi de celles précédentes.

Jamais le petit serviteur n'avait dormi aussi profondément. Sa nuit ne contenait aucun rêve, du moins aucun dont il se souvenait néanmoins elle était tellement revigorante, il toussait un peu mais rien qui pouvait trop l'encombrer, il avait apprit les positions qui étaient plus compliquées pour dormir malade et s'y était fait.

Au petit matin, le bruit de l'eau qui coulait ne le réveillait pas, il dormait paisiblement. Pour autant, il fini par entendre une voix, sentir quelque chose qui le tirait de son sommeil peu à peu, ouvrant les yeux, la vision encore floue il se demandait ce qu'il se passait, où il était et dès qu'il fût en état, il sursauta pour s'asseoir… Ha oui… La maison de Nishiki, son canapé, la couverture, qu'il ramena d'ailleurs contre lui… Il mit quelques secondes avant de se rendre compte de tout ça.

«  Oh, je… je suis désolé… ! J'au.. J'aurai du me réveiller tout seul…  »

Aucune lumière n'était présente, quelques rayons qui transperçaient les volets à quelques endroits permettait de voir tout de même. Peu étaient les gens à pouvoir observer les yeux si clairs de Célestin, il n'avait pas dormi avec ses lunettes.

«  Tu… Tu as… Bien dormi… ?  »

Sa première inquiétude de la journée : avait-il dérangé ?

Célestin se réveilla à la fois vite et lentement. Il émergea difficilement, la voix du valet ayant du mal à le tirer du sommeil. Mais il fut qu’il ouvrit les yeux, il se releva d’une traite, manquant de faire sursauter Shiki qui s’éloigna quelque peu pour éviter un coup de tête tout en gardant sa main sur son épaule. Il lui sourit alors que le jeune homme s’excusait à nouveau, soutenant son regard. Il avait pris soin de ne pas ouvrir les volets ni d’allumer la lumière et cela avait l’air de lui suffire vu qu’il n’avait pas remis ses lunettes. Et maintenant qu’il était assez près, il était vrai qu’il avait des yeux… d’un bleu très pâle. Pas étonnant que la lumière le blesse. Déjà que lui avec ses yeux gris, il galérait dès qu’arrivaient les beaux jours…

- Ça va, ce n’est rien ne t’inquiète pas. Tu avais besoin de dormir. Je vais devoir partir d’ici peu mais si tu veux continuer à dormir, je garde les clefs et il te suffira de claquer la porte.

Il savait d’avance qu’il refuserait sûrement mais au moins il n’aurait pas le remord de ne pas avoir proposer la chose. Ce n’est pas comme si le canapé allait s’abîmer parce quel quelqu’un dormait dessus quelques heures de plus. Il se redressa légèrement, évitant la position accroupie autant qu’il le pouvait quand Célestin lui demanda s’il avait bien dormi. Un nouveau sourire amusé fut accompagné d’un bref hochement de tête et répondit avec une légère plaisanterie.

- Autant que je le pouvais, je te remercie. Je ne retourne pas la question, le canapé avait l’air assez confortable…

Vu comment il avait l’air d’avoir voulu y rester… Enfin il comprenait, lui aussi y avait passé un nombre de nuit assez incalculable. Par que son lit était pris, parce qu’à force de traîner à jouer de la musique il s’était simplement endormi sur ses instruments à quelques reprises… Bref, il avait connu pas mal de monde, ce grand canapé usé mais toujours autant confortable.

- Tu peux reprendre une douche si tu veux… Il reste des gâteaux si tu veux grignoter. Plutôt thé ou café le matin ?

Oui il avait dit qu’il devait partir bientôt mais… C’était un bientôt relatif. Ce n’est pas comme s’il avait calculé son coup spécialement pour lui offrir une petite matinée tranquille, malgré l’heure… vraiment très matinale à laquelle il avait dû le réveiller.

Doucement Célestin reprenait ses esprits et s'excusa prestement. Ce n'était pas vraiment la bonne attitude de dormir plus longtemps que la personne qui vous hébergait et surtout qui… devait partir au travail. Il ne voulait absolument pas mettre Nishiki en retard, cela ferait mauvais genre envers son patron, un ministre qui plus est, certainement que, plus que tous les autres, ce genre de personne n'aimait pas les retards et pouvait sanctionner à cause de cela.

«  Oh, euh, je, ça.. ça ira, merci…  »

Il ne pouvait pas accepter cette proposition, par respect envers Nishiki et parce que de toute façon il n'oserait rien toucher et surtout pas dormir tout seul, car il n'était pas chez lui. Cela lui ferait vraiment trop étrange. Apparemment ce dernier avait d'ailleurs… bien dormi ? Ou peut-être, mais il avait l'air souriant alors c'était certainement un oui… Il était en effet inutile de retourner la question à ce jeune homme qui était déjà rouge, en effet, le canapé était confortable. Il hocha juste timidement la tête.

Cet agréable sauveur d'une nuit lui proposa encore une douche, des petits gâteaux, et même du thé ou du café, selon ses préférences. Bon, en général le matin c'était de l'eau et un peu de pain… Pour autant il n'était clairement pas contre une boisson chaude mais…

«  Ca ira pour la douche, merci… Je veux bien grignoter un peu et… un thé mais… Tu n'es pas obligé de… t'embêter je peux me le faire…. Mais… Tu n'as pas dit que tu allais bientôt travailler ? Je… Je ne vais pas te mettre en retard ? Je n'aimerai pas que tu te fasses gronder par monsieur le ministre à cause de moi…  »

Il ne savait pas quel ministre c'était mais un « monsieur » était toujours approprié quand on parlait de ce genre de personne…

- Bientôt oui, mais j’ai le temps de préparer un thé. Ne t’inquiète pas autant, je sais ce que je fais. Je ne serais pas en retard.

Tout en parlant, il mit l’eau à chauffer, récupérant la théière d’hier soir pour la rincer et refaire une tournée de thé. Bientôt ne voulait pas dire tout de suite et il était quelqu’un de prévoyant. Laissant l’eau chauffer tranquillement, il sortit deux tasses qu’il disposa sur la table avant de les remplir toutes les deux. Le paquet de gâteau y traînait encore Il s’installa sur une chaise, prenant son temps pour démontrer que rien ne pressait. Surtout s’il ne voulait pas reprendre une douche… Boire un thé ne serait pas la mort. Et puis même s’il était un peu en retard… Il serait rentré avant le lever de Lüwen, à moins de se refaire agresser sur la route.

- Tu as besoin que je t’accompagne quelque part ? Au fiat tu peux garder la couverture si tu veux. J’en ai d’autre et tu en auras plus besoin que moi.

Il ne voyait pas vraiment où il pouvait l’accompagner mais sait-on jamais… Les rues pouvaient encore être rempli d’énergumènes étranges, bourrés… Ou voir même les deux. Même si encore une fois il s’attendait à un refus poli du petit Célestin. Il espérait qu’il ait pu au moins l’aider un peu avant de le remettre à la rue… Il avait cette impression très désagréable de juste renvoyer une pauvre personne qui n’avait rien demandé dans le pire des endroits. Et c’était un peu le cas d’ailleurs.
Il prit le soin de laver rapidement et de ranger les affaires une fois qu’ils eurent finit ce petit déjeuner frugal avant de sortir de l’appartement pour redescendre dans la rue. Le vent frais battait les rues… Mais par chance, il ne pleuvait pas, malgré toute l’humidité qui surchargeait l’air. Par réflexe, il vint poser une main sur l’épaule du jeune homme, baissant les yeux pour l’observer. Non vraiment, ça lui faisait bien mal au cœur.

- N’oublies pas, si jamais tu as besoin de quelque chose un jour… Vient glisser un mot sous la porte.

Au pire il enverrait Fritz vérifier ça pour lui un peu plus souvent que lui, le monsieur lui devait bien ça. Après un dernier sourire, leur route se séparèrent et Nishiki s’engouffra dans le chemin qui le ramènerais chez Lüwen, le coeur un peu lourd et l’esprit encore bien surchargé.

Il avait le temps n'est-ce pas ? Non, ce n'était pas un mensonge, alors Célestin hochait la tête et le laissait préparer, l'observant, il avait certainement des gestes professionnels même chez lui, c'était toujours cela d'observé. Il se permit donc de manger quelques gâteaux en attendant, de quoi remplir un peu l'estomac, cela fera toujours cela à moins dépensé, même s'il avait quelques billets dans sa poche grâce à Nishiki…

Une fois le thé déposé Célestin le prit tranquillement pour commencer à boire. Quel plaisir le matin tout de même, quelque chose de chaud… Nishiki se proposait même de l'accompagner et voulait lui donner la couverture… ? Pour de vrai.. ? Bien sûr que c'était pour de vrai… Il en aura ben besoin, en effet, il faisait froid dehors…

« Oh… Merci beaucoup c'est tellement gentil… C'est incroyable… Et.. Je… Je n'ai pas besoin d'être raccompagné mais je… Je veux bien marcher… avec toi, du moins jusqu'à ce que je le puisse. »

Au final c'était notre petit blandinet qui voulait accompagner Nishiki. Finissant de manger il l'observait aussi faire la vaisselle. Notre SDF préparait ensuite ses affaires, rangeant consciencieusement la couverture au fond de son sac remettant ses chaussures, ses lunettes et son manteau. En partant, il n'oubliait bien évidemment pas le carton-maison-sol qui lui servait de cache-froid.

Une fois arrivé Nishiki posa sa main sur son épaule et il rougit. Célestin hocha la tête. De telles paroles, il ne les oublierait jamais et il hocha la tête. Il lui sourit aussi quand ils se séparèrent mais après quelques pas et quelques mètres franchit Célestin le rappela.

« Nishiki ! Merci beaucoup !! Travaille bien ! »

Le jeune homme lui fit un grand sourire et un grand salut. Il était content d'avoir pu avoir son aide et lui tenir compagnie.