Un doigt de fer pour une volonté de fer (Gael)

Le premier réflexe quand on va mal quel est il ? Pour Locke ce n’était surement pas de se réfugier chez ses parents. Il avait disparu des mois mais il avait strictement aucune envie d’aller leur dire qu’il était toujours vivant. D’autant plus vu son état qu’il lui faudrait justifier. Malgré tout…Il n’avait pas cinquante endroits ou aller. Aucune connaissance réellement fiable…. C’était étrange de sortir de cet espèce d’asile dans lequel il avait été enfermé et de se retrouver aussi seul. Il ne s’était jamais senti seul, il n’avait jamais pris conscience à quel point son cercle était restreint, sans doute que sa vie de solitaire ne l’avait jamais dérangé. Mais là il était réellement mal en point, physiquement comme psychiquement.

N’ayant pas la force d’aller voir dans son ancien squatt comment était devenu l’endroit. Dès mois…des nouveaux arrivants, qui sait…il pouvait s’être passé tellement de chose. Non il alla juste vérifier dans un endroit connu de lui seul s’il avait toujours ses liquidités, une fois assuré que ses réserves étaient intact il avait loué une chambre miteuse dans une auberge de bas fond. Ça lui prit une force telle qu’il s’écroula sur le lit pour sombrer pendant de longues heures. Il n’était pas prêt de retrouver sa force d’antan. Il se sentait comme un papi épuisé après avoir réussi à marcher plus de 5 minutes. Lui faudrait un déambulateur limite.

Il resta un bout de temps dans cette chambre, se forçant à faire des exercices toute la journée, poussant ses limites le plus loin possible jusqu’à défaillir et manquer de tomber dans les pommes. Il se sentait faible…tellement faible. Mais la haine était la meilleure des flammes pour ne pas sombrer dans l’alcoolisme et autre drogue. Il avait gardé le flacon de sélidoine mais il n’y touchait pas aussi grande la tentation soit elle de faire disparaitre toute cette douleur.  Il s’attendait à chaque heure à voir la porte s’ouvrir et débarquer son ancien bourreau. Il n’osait parler à personne, se limitant aux besoins strictement nécessaire et vitaux. Il les voyait une fois endormi, et éveillé aussi ils étaient toujours là. Tel un traumatisme puissant et profond dont il n'arriverait à se débarrasser que le jour ou il les aurait tué.

Enfin quand il commença à se sentir prêt -autant qu'on peut l'être dans son état-, peu à peu…. Il commença à sortir de sa chambre, se contentant des clients de l’auberge, d’écouter ici et là les conversations. C’était étrange de revenir à la vie, c’était loin tout ça…comme si il s’était passé des siècles. Il entendit d’étrange chose comme la mort d’une ancienne connaissance…. Ça ne l’affecta pas pas plus que ça ceci dit mais il se demanda malgré tout ce qui s’était passé. Il réussit à choper un de ses journaux clandestins… se remettre au gout du jour. Le monde avait continuer de tourner mais dans le fond…Draumbell restait ce qu’elle était. Si autrefois il se serait interrogé un peu plus sur les cadavres trouvés ici et là…ou de la rumeur d’une épidémie… aujourd’hui cela ne l’intéressait que peu. Il n’avait qu’un seul objectif détruire et tuer celui qui l’avait mis dans cet état.

Un objectif qui demanderait du temps…. Il eut soudain la révélation qu’il ne pouvait continuer seul. Il avait besoin d’aide si il ne voulait pas rester un handicapé à vie. Il avait fait des progrès mais ça lui paraissait tellement insuffisant et puis il avait l’impression de stagner. S’avouer qu’on a besoin d’aide est un coup pour l’orgueil. Il ne s’en serait jamais arrivé là si il n’était pas tombé sur….rien que cette pensée le fit de nouveau vibrer de rage. Il lui fallait s’endurcir, prendre des coups…Quoi de mieux que des combats clandestins ? Comme première sortie c’était plutôt sympa non ? Enfin pour ça il allait devoir recontacter deux trois personnes.  Ça incluait de revenir d’entre les morts, même en limitant le contact…. Il ne doutait pas que cette info ferait le tour. Un jour à l’autre il fallait bien revenir. Il ne pourrait rester éternellement dans cette crasse, l’aubergiste était déjà bien bon de pas poser trop de questions.

L’ancien voleur prit le temps de préparer son retour. Hors de question de se montrer sous un mauvais jour, de dévoiler ses faiblesses. Le paraitre…le faire semblant. C’est important dans un tel milieu. Désolé de décevoir ceux qui avaient pu se réjouir de sa mort/disparition. Il ne se connaissait pas trop d’ennemis mais quand même…  dans un monde sans pitié il ne se faisait pas d’illusion et puis la crédibilité et sa dignité aussi. Tant de chose. Mais avant tout un bon bain une nouvelle tenue avant de s’y replonger ça ferait pas de mal.

Il s’écoula encore un temps avant qu’il ne refasse surface à sa manière, une chance pour lui il connaissait un contrebandier pouvant l’introduire pour aller voir les combats et ce dernier était toujours bien vivant. Y a des gens increvables. Il se pensait lui-même increvable mais c’était avant que la chance ne tourne. Il était surement un voleur trop orgueilleux il faut l’avouer. Il avait réussi à esquiver les questions de son absence, se contentant de dire qu'il avait bossé sur un gros coup en dehors de la ville. Peu importe que ça soit vrai ou pas, l'essentiel était qu'on pense qu'il était toujours dans les affaires n'est ce pas ?

Ceci dit, même du temps ou il était vaillant….le corps à corps ne faisait pas parti de ses aptitudes. Il n’excellait que dans un domaine, le lancer de poignard. Il lui faudrait apprendre…. On pouvait tuer quelqu’un à distance mais il désirait faire souffrir l’ennemi. Et puis…il avait un charmant garde du corps avec une bonne masse…Une très bonne masse. La mère de l’ennemi….était surement le plus grand danger que l’homme lui-même. A les voir se castagner…. Il serait à terre dès le premier coup. On apprend en tombant, en se relevant et en recommençant. Malgré tout…s’y préparer ça éviterait d’être complètement suicidaire.

Lockhard qu’on appelait autrefois les mains vives retourna plusieurs fois dans les souterrains à l'aide de son contact regarder les combats. Observer est instructif….s’exercer le serait encore plus. A force d’y trainer il finit par entendre un nom. Il n’en avait besoin d’un seul… si ce dernier faisait l’affaire. Restait à le trouver, la chance voulu qu’il apprit que ce dernier était justement présent pour regarder le combat qui s’annonçait.  Il s’installa à côté de lui. Il y avait toute sorte de personne dans ce genre d’endroit, de sorte que garder des gants ou sa capuche ne paraissait absolument pas louche, c’est pas comme si ça pullulait de racaille.  

Il regarda le premier round en silence, avant de finir par murmurer pour que seul son voisin entende ses paroles, sans toutefois tourner la tête vers ce dernier.

« Mon petit doigt me dit que quelqu’un pourrait m’aider à battre ce molosse. S’il réussit cet exploit je deviendrait son homme. Mais encore faut il être prêt à relever le défi ? »

Surtout…le molosse…dix points d’avance…et Lock….handicapé n’ayant jamais combattu. Bonjour le challenge haha. Il faut viser haut dans la vie, l’audace y a que ça qui paye. Et puis… le seul avantage qu’il voyait à son état c’est qu’on le sous estimerait. Le jour ou il arriverait à battre ce type là qui était sur le ring…ce jour là…il serait prêt à passer à l’étape deux d’un vaste plan qu’il formait dans sa tête. Il y aurait bien des combats avant celui là, bien des échecs aussi….mais il y arriverait. Jamais partir défaitiste quelque soit l’ampleur de la tache. Ceci dit…. Le sieur assis à côté de lui ne pouvait imaginer à quel point la tache serait ardue. Mais bon chaque chose en son temps. Il y avait été cache, sans même s’annoncer, restait à voir s’il acceptait le défi ou non. Il était prêt à payer….de biens des manières. Ne jamais sous estimer la détermination, il n’y a pas de plus grande volonté de fer.

La volonté est le fer de lance de la réussite et la ténacité est l'acier trempé qui consolidera le tour.

Direct…..est une qualité que Locke appréciait. Surtout…. En ce moment, il n’avait pas envie de passer par dix milles détours. Il n’avait pas l’envie de s’amuser. Droit au but ça passe ou ça casse comme on dit non ? Néanmoins avant de répondre au charmant jeune homme au côté duquel il s’était assis il reprit son observation du combat devant eux. Il ne devait pas douter de ce qu’il était en train de faire, jamais. Il n’y avait pas de place pour le doute dans la vengeance qu’il préparait. Elle demandait toute son énergie, toute sa concentration. Ce n’était pas pour faire machine arrière même si…ouais ok il était quand même méga impressionné par les combats. A ses débuts, il s’était parfois fait choper et il avait pris quelque coup. Se sachant pas de taille à affronter son adversaire il avait choisi l’esquive voir la fuite. Si un jour il devait monter sur le ring, il n’y aurait pas de fuite. Il lui faudrait bien apprendre à encaisser.

« Simple. Faites de moi un des meilleurs combattants, je saurai payer ma dette quelque soit le prix. »

L’ancien voleur s’exprima posément. Lui Lock les mains vives avait envie de se mettre au combat. Et pourquoi pas ? Il était agile. Il avait appris vite étant jeune. Il apprendrait de nouveau…. Même si son corps était comme un bout de bois, il ne renoncerait pas. Et il savait que l’apprentissage serait difficile et long. Beaucoup plus difficile que d’avoir appris à voler. Il avait quelques beaux coups à son actif. Cela dit il n’était pas encore parvenu à voler la couronne. Son but ultime il y a…. quelques temps. Oui tout ça paraissait loin. Ce n’était plus sa priorité désormais. Peut être une fois ce pu** de sa*** de médecin à la noix mort il y reviendrait. Il reprendrait contact avec la belle Agnès mais en attendant…. Il devait rester concentré n’est ce pas ?

« Je comprendrais que … l’ampleur de la tache vous fasse peur, mais quand on fait parti des meilleurs j’ai pour philosophie de penser que rien n’est impossible. »

Histoire de passer un peu de pommade. Du moins…Si Emery faisait réellement parti des meilleurs. C’est ce qu’on disait du moins…ça restait à voir. Bon y avait l’option qu’il pourrait ne pas vouloir s’emmerder de l’anguille qu’il était mais ça…. Sérieusement un peu de challenge dès fois c’est pas mal et puis il lui laissait le choix du prix. Quelque soit le prix. Il l’avait dit il le pensait. Quand on a rien à perdre on s’en fout un peu l’engagement qu’on devra prendre. De l’argent ? Il en trouverait quitte à voler son propre beau père si il le fallait. Oui il était prêt à beaucoup de chose.

Il glissa une main dans sa poche et senti ses dés si familier autrefois. Ils avaient repris leur place mais il ne les avait pas encore lancé depuis son retour. Avant il prenait toutes ces décisions aux dés. C’était peut être bien la première décision qu’il prenait sans avoir lancé ces dés. Une décision qui lui était propre, d’apprendre à combattre. C’est étrange comme un évènement peut vous changer. Il le fit rouler lentement entre son pouce et son index. Il ne pouvait pas laisser influer le hasard des dés dans sa vengeance. Il avait toujours fait confiance au résultat, au destin des dés comme il disait. Mais ces derniers l’avaient trahis en l’emmenant dans ce plan foireux, en laissant le médecin le soigner. Il avait fait 5…. Il se souvenait avant de perdre conscience chez l’homme la bas…il avait fait 5. Il se força à inspirer chassant le souvenir de sa mémoire et retirant la main de sa poche lentement.

« Alors qu’en dites vous ? »

Rien ne brisera sa volonté.

Poker face…rappelle toi le poker face Locke. Il était capable de jamais rien montrer de ses émotions, ça devait pas avoir disparu en quelques mois. Non…non pas disparu. Il avait du garder son visage fermé face au médecin, se retenir mille fois de lui cracher dessus de lui hurler qu’il allait le buter. Alors quoi…il allait pas montrer que lui donner l’ordre d’aller sur le ring le faisait….comment dire. Non mais ça sortait d’où ? L’envoyer comme ça sans préparation. C’était du suicide pur et simple. Un suicide oui….. mais ce type n’était pas n’importe qui il devait avoir conscience de ce qu’il lui demandait. Un test alors…..Si Dieu décidait de tester sa volonté, il lui montrerait qu’elle allait rester intacte chaque jour ou serait encore en vie sur cette terre. Il ne vivait que pour tuer celui qui lui avait permis de survivre.

« Bien. Mais je ne vois qu’un seul choix ici. »

Choisir un adversaire. Il pouvait choisir son prof ? Quitte à montrer le pire de lui-même. Au moins le gars saurait à quoi s’en tenir avec le voleur. Mais ça signifiait aussi ne pas tenir plus de dix secondes. Il pourrait choisir….un gars lui paraissant pas bien gros. Mais bon…l’habit fait pas le moine. Choisir le plus évident ne signifiait pas que c’était un bon choix. Réflexion faites lui demander de choisir était bien plus compliqué que de lui demander d’aller sur le ring. Il tourna enfin sa tête pour observer le combattant assis à côté de lui. Qu’attendait il exactement ? C’était ça la question à se poser. Si il pouvait rentrer dans sa tête…ça faciliterait bien les choses.

« Vous. »

Il eut un bref sourire en coin. Allons… avant d’en venir là…il fallait qu’il devienne son « élève ». Il aurait jamais cru redevenir l’élève de quelqu’un un jour, il se démerdait depuis si longtemps seul…. Enfin… il fallait qu’il accepte. Il préférait partir de l’hypothèse qu’il dirait oui. Dans le cas contraire et bien…il avisera à ce moment. Si ce joli minois devient son maitre, il passera chaque jour, chaque mois à essayer d’abimer cette belle face. Charmant programme en perspective non ?

« Mais nous savons vous comme moi l’issu d’un tel combat… ceci dit un jour l’élève finit toujours par dépasser le maitre. En attendant… je vous laisse le choix, soyez assuré que je ne me défilerai pas. »

Il allait morfler grave sa mère mais … ok il avait des couilles c’était bien la seule chose qu’il pouvait montrer. Des mois qu’il s’entrainait à combattre la douleur pour se relever, pour marcher, pour éviter de boiter, pour retrouver de la souplesse….il avait au moins ça, la douleur nuit et jour….une de plus une de moins il la supporterait bien mieux qu’on ne pouvait le penser. Lutter contre un tel fleau, forcer son corps chaque jour à se dépasser jusqu’à perdre conscience. Il ne faisait que ça…enfin de compte ça ne serait qu’une épreuve de plus sur le ring. Peut être ça serait une humiliation, peut être ne tiendrait il pas dix secondes mais… il tiendrait jusqu’à voir le noir l’envahir. Il se releverait chaque fois malgré la douleur le sang ou autre. Il lacherait pas l’affaire. Voila ce que verrait Gael. Peut être pas un gros tas de muscle mais une putain de volonté ça oui.

Réplique facile. Trop facile. Il avait tendu une perche ok….et Gael l’avait saisie pour lui renvoyer dans sa face qu’il ne deviendrait pas un bon combattant s’il ne savait pas choisir. Il eut un léger rictus. Non ça le touchait pas. Il aurait même pu éclater de rire mais il se retint garder son visage de marbre. C’était trop évident, trop simple. Franchement pouvait mieux faire non ? Il pouvait choisir n’importe qui c’est sur mais allons…disons qu’il reconnaissait la qualité de son futur de lui choisir le bon adversaire non ? C’était pas sympa de laisser la voie au mentor. C’était son putain de futur rôle après tout. Quitte à faire dans le bas de gamme il allait lui renvoyer la balle einh. Bim bam boum. A croire qu’il était venu jouer au ping pong au lieu de combattre. C’est un match comme un autre après tout.

« Si un mentor n’est pas capable de choisir un adversaire à son élève c’est sans doute qu’il est trop médiocre pour ça, or je cherche le meilleur. »

On l’aurait mal informé visiblement. Dommage….vraiment. Il n’avait plus qu’à chercher quelqu’un d’autre. Ou pas…. Il fit mine un instant de regarder dans la salle chercher meilleur choix avant de se retourner de nouveau vers le jeune homme. Ça faisait longtemps qu’il avait pas eu….un semblant de conversation avec quelqu’un pouvant l’amuser. Il y avait eu le médecin, à qui il ne servait à rien de causer puis l’aubergiste mais uniquement pour payer la chambre, la bouffe, un verre…. Ça faisait du bien ce micro bout de sociabilté. Les réflexes revenaient tout seul. Pas besoin de chercher. C’était naturel. Il n’avait jamais eu la langue dans sa poche et ne s’était jamais écrasé face à quelqu’un. Ah ça non, pas même face à Meyners. Il avait toujours su tirer parti de toutes les situations même les plus pourries.

« Le seul qui me face perdre mon temps ici c’est toi. Alors…. T’accepte ou te dégonfles ? »

Ou comment inverser les rôles en moins de deux minutes. Il était passé volontairement au tutoiement. Retournement de situation. Vraiment ça aurait pu être comique. C’était lui qui avait besoin de Gael pas l’inverse mais que voulez vous…les habitudes ont la vie dure. Et puis il voulait pas d’une lopette comme mentor mais quelqu’un avec un caractère d’acier. L’élève avait bien le droit de tester le maitre aussi après tout. Donnant donnant. Quitte à faire un partenariat, il fallait que les deux y trouvent leur compte sinon ça e servait à rien il était bien d’accord. Et si Monsieur n’était pas capable de s’encombrer d’une tache trop difficile pour lui…autant le dire tout de suite. Il n’avait pas de temps à perdre non plus. Son temps était précieux.

Oh le petit…le…trou du….****. Locke le regarda s’éloigner le visage froid. Se dégonfler comme ça mais quel….quel. Non….il devait garder sa rage pour le médecin. Ce merdeux en valait pas la peine. Néanmoins….il allait lui prouver que contrairement à lui…il se dégonflait pas. Il irait jusqu’au bout. Il se releva lentement et se dirigea vers l’homme chargé de faire rentrer les combattants sur le ring. Il échangea deux trois mots avec lui. Après un hochement de tête il disparu là ou se préparait les combattants. Il se prépara mentalement et physiquement attendant son tour. Franchement peu importait le résultat, peu importait que Gael soit vraiment parti ou soit quelques part. Peu importait qu’il regarde le match qui allait suivre. Au moins il aurait eu le courage de le faire.

Enfin il entendit son nom. Plus exactement son nouveau nom. Il ne pouvait pas combattre comme Lock les mains vives. Non…ça c’était réservé au voleur. On annonça doigt de fer contre poing d’acier. Ah super adversaire….y avait de quoi rire. Il rit jaune intérieurement. Il avait pas réellement choisi. Il avait juste demandé à combattre donné sur surnom et le gars avait fait le reste. Dieu sait sur qui les gens allaient parier mais espérons que ça soit sur poing d’acier. Il retira ses gants et la tête haut monta sur le ring pour faire face à son adversaire. Se mettre à nue ainsi. Il le ressentait comme ça. Il n’avait enlevé une seule fois son gant devant quelqu’un depuis…depuis qu’il était sorti. Il s’efforça de ne pas regarder son doigt de fer pour ne pas être direct déconcentré.

Mine de rien ça faisait beaucoup à assumer d’un coup. Mais c’était sans aucun doute un mal nécessaire. Un cap à passer. Il fit le vide dans son esprit. Essayant de visualiser le peu qu’il savait. Le peu qu’il avait observé aussi. Il prit position n’écoutant pas le bruit de la salle, juste le sifflet signalant le top départ.

En position défensive il tourna sur le ring face à poing d’acier. Esquiver. C’était le seul truc qu’il savait faire. D’ailleurs il réussit à esquiver le premier crochet. Le mouvement lui envoyer une douleur fulgurante dans le dos. Pas besoin de prendre de coup pour avoir mal…inspirer, expirer. Il allait l’énerver à tourner comme ça et parer ses coups. Il fallait qu’il attaque, tente un truc…. Un direct du bras avant. C’était ce qu’il y avait de plus classique. De toute façon il ne connaissait aucune de ses autres techniques. Et sa force physique ne le ferait pas tenir longtemps alors autant mettre le paquet tout de suite plutôt que de retarder l’échéance.

Sans prévenir il se jeta sur le gars tentant de lui casser la machoire. Très certainement cela surprit son adversaire qui s’attendait à voir doigt de fer continuer de tourner comme un idiot. Mais bon..c’était un adversaire qui avait l’expérience, qui avait déjà combattu et il enchaina direct avec un méga coup l’envoyant valser en arrière.

La vache. Il se rattrapa sur la corde du ring. Son équilibre était..encore précaire. Il eut pas le temps de trop faire autre chose que son adversaire déjà sur lui enchainait direct pour le mettre à terre et taper taper taper. Il tenta tant bien que mal de parer et d’en renvoyer un par réflexe. Bordel…fallait qu’il le repousse, qu’il se redresse. Qu’il tienne plus que 10 secondes, c’était son challenge tenir au moins une minute. Quitte à avoir la tronche en sang il lui donna un coup de boule, total improvisation. Au moins il essayait de se défendre. Se donner un laps de temps pour se détourner et reprendre une position en face. Il refusait d’être le mec passif qui se laissait défoncer. Nul doute que les seuls paris qu’il pouvait y avoir sur sa personne c’était le temps qu’il tiendrait.

Doigt de fer tint très exactement 57 secondes. La fin du match ? Ah bah inconscient. Un gars du venir le chercher une fois que poing d’acier fut déclaré vainqueur. En réalité il dépassa la minute mais ça c’était juste le temps qu’on arrête poing d’acier. Une minute et 3 secondes. Le réveil allait être difficile mais… il avait réussi son propre défi.

Quand Lock tomba ce fout….tout simplement le trou noir. Est-ce que vous avez remarqué que quand on tombe dans les pommes on a les yeux qui se ferment ? On ne tombe pas en arrière comme stupéfié les yeux ouverts, ce explique certainement le noir. D’ailleurs quand on se réveille les yeux sont toujours fermés et il fait toujours nuit. Quand on tombe c’est juste le néant le vide, il n’y a rien. Du moins rien que le jeune voleur puisse se souvenir, en revanche le réveil ce fut autre chose. Y avait la douleur, le truc qui vous a assommé et potentiellement vous lance quand vous reprenez conscience. Mais surtout la conscience qui se réveille pour Lock ce fut comme un cauchemar.

Il avait passé tellement de mois à sombrer pour se réveiller toujours dans la même chambre avec des poupées figées qui vous regardent nuit et jour, avec la voix douce de la mère du diable qui va vous torturer, avec l’image de l’ogresse penchée sur vous. Alors oui…son cœur s’emballait, il était de nouveau la bas n’est ce pas ? Il n’en était jamais sorti ? Le médecin allait rentrer et lui lancer de nouveau de belles nouvelles ? Son crane….il avait expérimenté de lui mettre un bout de plaque de fer à la place des cheveux ? Il finirait homme mécanique. Non non non…ça donnait pas spécialement envie d’ouvrir les yeux au contraire…plutôt envie d’hurler, de vomir de…tout pour ne pas retourner dans ce cauchemar.

La gifle, la voix…. Il ne percuta pas sur le moment que ça pouvait être quelqu’un d’autre. Il ouvrit soudainement les yeux au bord de la panique pour voir….euh…non il n’était pas chez le médecin. Son souffle s’était certainement accéléré, c’est le cas quand le cœur s’emballe tout seul. Il prit une profonde inspiration, les évènements se remettant en place. Le ring…Gael Emery oui. Oui…bien sur. Jamais il n’avait été si content de voir quelqu’un à son réveil. Qu’importe la personne la personne du moment que ce n’était pas ses anciens bourreaux, en l’occurrence le sieur Emery c’était comme voir un ange après les derniers évènements vécus.

« Combien ? »

Il n’avait pas vu le temps. Quand on se prend un méga coup qui vous fait tourner la tête vous n’avez pas forcément les yeux. C’était important à ses yeux de savoir combien. Il s’était lancé le défi de tenir la minute et voilà qu’on lui sortait qu’il avait tenu de moins. Il sera légèrement le poing, furieux contre lui-même. Putain quel faible il faisait. Le voleur se redressa brusquement. Un bien mauvais plan dans son état, sa tête se remit à tourner. Pris de vertige et d’une vague de nausée il tint cependant le choc ravalant la bile qui lui montait dans la gorge et respirant profondément. Il était hors de question de retomber dans les vapes juste parce qu’il s’était redressé trop vite. Surtout quand les réveils étaient aussi….compliqué là haut dans les troubles de son inconscient.

Il regarda la main de Gaël et hocha la tête. La prochaine fois il ne tomberait pas dans les choux. Il était favorable à ça, s’éviter de se retrouver comme ça. Il finit par prendre la main pour la serrer d’une poigne ferme, ou qui se voulait comme tel du moins. Et bien voilà…au moins avait il quelqu’un pour l’aider malgré sa piètre performance. Il y avait du bon dans le mal.

« On commence quand ? »

Tant qu’à faire. Il s’était dit que s’il tombait il se releverait et il recommencerait. Pourquoi prendre du repos ? Faut battre le fer quand il est chaud. Qu’importe son état, la gueule qu’il devait avoir. Il était partant motivé. Il relacha la main de l’homme et se mit en position assise avant de se relever plus prudemment qu’il ne s’était redressé retenant la grimace. Il avait mal partout mais ce n’était pas pire que les douleurs quotidiennes de ces derniers mois. Au fond…on s’y habitue presque à cet état permanent.
 

57 secondes… 57 SECONDES ? Putain à 3 secondes près il l’avait sa minute. C’était quoi 3 secondes ? Rien du tout ? Suffisait juste de tenir un peu plus sur ses pieds, d’encaisser mieux un micro laps de temps ? C’était…nul…ouais voilà tout simplement nul. Il en était pas loin ok mais…il avait pas fait une minute le verdict était là, impitoyable verdict. Lock hocha légèrement un brin la tête en guise d’acquiescement. Il l’avait un peu là en travers de la gorge mais bon il ne pouvait pas s’improviser combattant du jour au lendemain malheureusement. Même en étant au mieux de sa forme il ne l’avait jamais été alors bon… mais Gael allait y remédier n’est ce pas ? C’était le but en tout cas.

Quand ce dernier lui exposa les détails de son futur entrainement l’ancien voleur eut un bref rire. Premier rire depuis….bien longtemps, un bref rire mais …un rire tout de même. Ça n’avait rien de joyeux mais il trouva très drôle l’idée qu’il allait « le détester ». Il se leva et posa une main sur l’épaule du jeune homme. Allez avant de partir il allait lui faire une confidence. Il n’y avait aucun risque qu’il le déteste même au bord de l’article de la mort.

« Crois moi…je ne te détesterai pas. »

C’était une affirmation, il était sur de lui. La seule personne qu’il haissait s’appelait Neil K. Grüber et c’était bien largement suffisant. Il n’avait pas de place pour détester quelqu’un d’autre. D’ailleurs il n’avait pas de place pour un autre sentiment tout court quelque qu’il soit. Son âme, son cœur était rempli de haine, le tout tourné vers un seul et même être. Presque malsain non ?

Sur ces bonnes paroles, ils se reverraient donc près de la gare pour l’entrainement. Il avait enregistré les jours et il n’avait grand-chose d’autre à foutre que de l’y attendre, et le ring le samedi. C’est clair qu’il allait être cabossé en permanence mais peu importe. Son apparence était le cadet de ses soucis. Le fils du marchand était mort, le voleur en lui aussi… que l’homme au doigt de fer soit amoché… il se forgerait une autre réputation ainsi. Il espérait bien qu’il finirait même pas faire un peu peur sur le ring. Au début surement pas mais avec le temps qui sait ? Le temps et un bon coach. Restait à savoir si ce dernier se révélerait à la hauteur ?.