Toc toc, c'est pour une disparition svp.

Le bureau était plongé dans le noir le plus total.
La seule petite source de lumière provenait du dessous de la porte qui menait au couloir. Alors autant dire que y'avait pas du tout de lumière du coup.
La pièce dégageait une odeur de café et de cigarette froide.
Un seul bruit, celui de la respiration longue et calme du Lianten.

Caïn avait la tête engouffrait dans son écharpe, posée sur le bureau. Il dormait profondément.
Même s'il était 15 heures oui.
Presque deux jours qu'il n'avait pas fermé l’œil, et voilà qu'enfin il avait réussi à se trouver quelques petites minutes pour se reposer et dormir.

Il était presque à jour dans ses dossiers et rapports. Faut dire que de contrôler l'ensemble des papiers fournis par la branche entière de la Mordkomission prenait du temps, beaucoup de temps. Et c'était loin d'être sa seule tâche. Sans comptez ses rapports constant qu'il devait lui-même faire au Leiter.

C'est pas une vie je vous dis, c'est pas une vie.
De ce fait, il profitait de chaque secondes de tranquillité ou il pouvait faire une pause et dormir paisiblement sur son bureau. Il avait depuis longtemps abandonné l'idée de rentrer chez lui et de dormir sur un lit, un vrai.
Mais bon, au final le bureau n'était pas si mal, question d'habitude.

Mais le sommeil fut de courte duré puisqu'on frappa à sa porte. Pensant à un rêve, ce n'était pas ces quelques coups qui allaient le réveiller. Par contre lorsque la porte s'ouvrit, laissant entrer de la lumière et entendant une voix, là c'était une autre histoire.

« Gnn... »

Grognant comme un ours mal léché, Cain releva doucement sa tête pourtant si bien installé de son écharpe, gardant cependant son menton posé sur celle-ci.

« Kescecé ? »

Il venait de se réveiller, alors l'articulation n'était pas encore au rendez-vous. Et puis il ne voyait rien d'autre qu'une silhouette en contre jour.
Ses cernes à lui en revanche se voyaient très bien. Elles descendaient presque jusqu'aux joues. Ses cheveux en bataille étaient encore moins discipliné que d'habitude.

La veille, une soirée mondaine des plus banales avait eut lieu et pas d'agression cette fois-ci. Malgré tout, dans les discussions si... Intéressantes de certains nobles le ministre avait eu l'oreille... Et le fils Brunswick la voix. Déjà, Lüwen s'était étonné de le voir ici en pleine forme et non pas en prison mais l'argent était un motif tout à fait valable pour sortir de prison de nos jours... Ensuite, c'était les propos de cet homme qui avaient attiré son attention « Hmm. Je e vous ai pas dis… Vous vous souvenez de cette rouquine du bordel ? On pouvait pas les toucher, juste regarder… Et bien je ne lui ai pas laissé le choix, et disons que j'ne fais pas que regarder maintenant .~  »

Bien entendu de tels propos l'avaient rendu curieux, suspicieux… Quel en était leur signification exacte  ? La demoiselle, comme toutes celles travaillant au Chabanais, était loin d'être noble alors dans doute que l'on s'en fichait... En comparaison, sa propre agression n'avait pas été révélée mais il était certain que les journalistes se seraient jetés dessus tels des vautours. Posant sa plume sur son bureau le De Cleves avait décidé d'aller visiter la caserne aujourd'hui. Il avait prit cette décision la veille quand il avait entendu le Boris parler de ces choses… Et puis il n'y avait rien de louche à ce que le ministre passe au commissariat.

Quittant les bâtiments ministériels, Lüwen se rendait à la caserne, sa sacoche à la main. Depuis quelques jours le ministre avait une toux qu'il évitait de montrer en public. Il savait bien jouer la comédie mais ce n'était pas toujours simple de contrôler quelques toussotements. À nouveau dès qu'il entrait à l'intérieur ce fut un peu l'effervescence. Impossible de venir ici sans être remarqué. Certains avaient encore à l'esprit le fait qu'il avait lui-même annoncé qu'ils devaient oublier l'enquête, d'autres étaient passés à d'autres choses.

Le ministre ne prit pas la peine de se faire annoncer, il était au delà de ce genre de protocole et préférait aller directement dans le bureau du Lianten. Il en profita pour déposer, dans le bureau au fond à gauche, un thermos de café qui se trouvait dans sa sacoche à Klaas, Lüwen s'apprêtait juste à ouvrir, déposer, fermer vu ni connu, mais non, il était en vie derrière les dossiers et sous la fumée. Ce dernier lui indiqua simplement qu'il devait le voir. Lüwen hocha la tête et partait simplement en direction de sa cible du jour : Cain Abberline.

Toquant à la porte du Lianten il n'entendait aucune réponse. Il trouva cela étrange comme il était apparemment présent. Lüwen fini donc par ouvrir la porte. Le lieu était dans le noir et pourtant c'était bel et bien un grognement qu'il venait d'entendre. Une sieste ? Bizarrement, il ne pouvait que comprendre, et ce n'était pas la première fois qu'il le voyait ainsi même si en plein milieu de la journée… enfin… il ne lui jetterait pas la pierre… il l'aurait bien fais aussi.

«  Bonjour, Monsieur Abberline. Comment allez-vous ?  »

Il ferma d'office la porte pour que personne n'entende ce qu'il avait à dire.

«  Je viens vous voir pour une affaire.  »

Le ministre n'attendait pas son autorisation pour asseoir, et, comme pour se faire pardonner du dérangement il sortait de sa sacoche le second thermos qu'il déposa devant Caïn.

«  Pour vous. Je me suis dis que cela vous serait… utile.  »

Douce attention ou… manipulation ? Peut-être un peu des deux, non ? Au moins, il y avait bien une certitude : c'était certainement l'un des meilleurs cafés de tout Draumbell.

Ha, une voix connue.
Celle de ce cher ministre, Lüwen, l'annonceur de cette saleté de nouvelle pour l'enquête du Découpeur.
Est-ce que Caïn lui en veut toujours ? Oui. C'est certain.
Il aurait aimé être averti à part et en premier, pour ne pas être prit au dépourvu devant ses hommes et passer pour un con.
Sur ce coup, le ministre avait manqué de finesse. Mais bon...
Lüwen était avant tout un ancien Sarken sous ses ordres et il avait toujour fait du bon boulot.

Caïn avait autrefois été un peu jaloux de Lüwen, tout simplement parce que le De Clèves avait été le binôme de Nickolas, et que tout c'était si bien passé. Comment ne pas se remémorer des souvenirs ? Cette amitié si forte, mais finalement détruite.

Bon, Caïn appréciait quand même le ministre alors il se retenait de râler lorsque celui-ci alluma la lumière et vint s'installer naturellement, détruisant officiellement son sommeil.
Baillant et se frottant les yeux, ses cernes venaient de s’accentuer.

« Bonjour Lûwen. Qu'est ce qui t'amène ? »

Trêve de banalité, les deux étaient des hommes occupés et il ne faisait aucun doute pour le Lianten que le ministre s'en foutait totalement de savoir qu'il avait des soucis de dos, de stress.

C'était sans surprise que Lüwen lui annonça une affaire, car pourquoi d'autre viendrait-il hm ? Mais ça devait être assez important pour le ministre pour qu'il se déplace et souhaite confier une enquête au Lianten lui-même.

Mais avant tout, le café.
Le café de Lüwen.
Le café des bourges.
Les yeux de Caïn se posèrent sur le thermos et d'une main experte, il l'ouvrit.
Haaa, qu'elle délicieuse odeur. Lüwen savait comment parler au Lianten.

Gentillesse ou tentative de manipulation ? Il s'en foutait bien, il avait du café.
Il versa le liquide dans sa tasse sale, et en prit une seconde qu'il remplissait également mais pour Lüwen, lui posant le mug devant lui.

« Tu devrais venir plus souvent. »

Si c'était pour lui apporter du café de qualité, Lüwen pouvait même passer tous les jours.

« Parle moi de ton affaire. »

Se craquant la nuque, Caïn prit les papiers nécessaire à l'ouverte d'enquête, attendant les renseignements du Ministre.

Bien sûr la lumière allait agresser les yeux de l'enquêteur, mais bon, devait-il patiemment attendre qu'il se repose et se réveille pour lui parler de son affaire ? Luwen avait d'autres choses à faire. Un autre jour, peut-être aurait-il été plus avenant. Enfin, de toute façon le Lianten n'avait pas l'air de lui en tenir rigueur -ce n'était pas la première fois-, et le ministre avait ramené du café.

Comme il s'en doutait le Lianten ne répondit pas à sa question de politesse et lui demandait directement ce qu'il l'amenait : il allait  droit au but. Pourtant le ministre aurait réellement voulu savoir comment ça allait. Enfin, il n'était pas là pour parler de ses humeurs… Et peut-être que cet homme ne voulait pas lui parler, ce qui était aussi tout à fait compréhensible. Après tout, tous les deux étaient au boulot.

Pour autant Cain fut bien heureux qu'il apporte du café et l'en remercia en lui faisant comprendre qu'il devait revenir plus souvent et lui offrit une tasse. Haa, il aurait pu le garder pour lui ! Mais bon, Lüwen pris quand même la tasse, cela serait impoli de refuser et il avait tout de même un peu de politesse derrière ses lentilles.

«   Merci. Je crains que je ne vous surcharge si je viens tous les jours.  »

Après cette petite touche d'humour ou appelez cela comme vous voulez, nous voici enfin sérieux. L'affaire qui amenait le ministre.

«  Afin d'éviter d'incriminer quelqu'un tout de suite je préfère poser quelques questions. Avez vous des affaires de disparition récentes ? Cela concernerait une jeune femme, rousse qui a travaillé au Chabanais. Je sais que ce n'est pas beaucoup pour le moment, mais, pourriez-vous regarder ?  »

Certes, il était son supérieur mais il avait besoin de la coopération de Cain. Ce dernier semblait avoir mal pris pour l'enquête alors... Il ne voulait rien brusquer une seconde fois.

Chose rare, un petit sourire bien que fatigué avait percé sur le visage du Lianten.
C'est qu'il en avait de la chance, ce petit ministre, que de voir le chef sourire et pas tirer la gueule !
Un vrai privilégié.
En même temps, il lui apportait du café alors Caïn aurait pu lui baiser les pieds. Enfin, façon de parler.

Il écoutait donc l'affaire de Lüwen tout en hochant la tête lentement.
Son regard se tourna vers une grosse pile de dossiers vert posé sur le bureau, les affaires pas encore traitées.
C'est qu'ils en avaient beaucoup, des affaires, et avec un quart de ses hommes malade, et bien la Mordk n'avait pas beaucoup d'effectif comparé aux enquêtes.

Il releva quelque dossiers pour un prendre un, qu'il tira pour le dégager.
Ha voilà, Julianna Ghione, 25 ans, ancienne danseuse du Chabanais.

« Julianna, la disparition a été signalé par son conjoint. Le signalement date de quatre jours. »

Il soupira. Quatre jours, c'était beaucoup. Qui sait ou était cette femme à cette heure. Fugue et changement de vie, ou kidnapping ?
Normalement ce genre d'affaire n'attend pas plus de deux jours avant que quelqu'un se penche dessus.
Mais bon, le manque d’effectif tout ça tout ça...
Tout ses hommes étaient déjà bien occupés.

« Une... amie à toi ? »

Le ministre avait donc fréquenté le Chabanais ?
Hé bah, Caïn qui pensait qu'il était puceau ce p'tit gars, comme quoi.

Puis il posa le dossier, de toute façon peu garnis.
Il prit sa tasse et bus quelques gorgées. Oh, sans doutes les meilleures depuis un moment.
Un très long moment.
Décidément, ce cher ministre devrait passer plus souvent.

« Parle moi un peu de tes suspicions. »

Parce qu'il ne faisait aucun doute qu'il en avait.

Malgré la situation et ce qu'il s'était passé avec l'affaire du découpeur, le ministre eut le droit à un petit sourire. C'était un plaisir pour lui de le voir sourire en dépit de tout cela, et de voir sourire les gens même si ce n'était pas grand-chose.

Revenant à ce qui l'amenait ici, le ministre venait de donner quelque chose de très succin au Lianten. A vrai dire cela ne l'étonnerait pas s'il disait ne rien avoir de tel, voire, avoir trop d'affaires, mais apparemment non, ce dernier était toujours aussi efficace. Il souleva la pile de dossiers avant d'en prendre un. Ainsi, cette jeune femme existait vraiment, et en plus il semblerait qu'elle ait réellement été enlevée il y a quatre jours de cela. Etait-ce une coïncidence ? Non, c'était trop gros pour cela…

«  Non, je ne la connais pas. Néanmoins mon majordome actuel a travaillé là-bas. Nishiki Wölffhart.  »

Peut-être le nom lui disait-il quelque chose ? Peut-être même d'ailleurs que Nishiki était au courant ? Pourquoi, si c'était le cas, ne lui avait-il rien dit ? Pour ne pas l'inquiéter, certainement, c'était la première raison qui lui venait en tête. Cet homme avait déjà tellement fait pour lui, et s'était tellement dévoué à sa personne qu'il ne pouvait pas laisser passer cela. Nishiki devait être très inquiet pour sa collègue voire amie. Et ses autres collègues aussi. Il refusait catégoriquement de laisser ces dames du Chabanais avec un autre drame sur les épaules.

Comme il pouvait s'y attendre Caïn lui demandait de développer ses suspicions. Et Lüwen n'allait pas se gêner pour donner un nom. Prenant le dossier il l'ouvrit d'abord, en effet pas grand-chose. Rien n'avait encore été entamé. Le ministre ouvrit sa veste et sorti un bout de papier.

«  Hier je me trouvais à une soirée quand j'ai entendu Boris Brunswick dire exactement ces mots : ''vous vous souvenez de cette rouquine du bordel ? On pouvait pas les toucher, juste regarder… Et bien je lui ai pas laissé le choix, et disons que je ne fais pas que regarder maintenant''  »

Prononcer ces mots avec sa propre bouche lui tira un frisson. Brr. Quelle ignominie. Comment quelqu'un pouvait-il…. Avec tout ce que laissait sous-entendre ces propos…

«  Il est peut-être passé sur votre bureau, j'avais demandé son arrestation. Mais je suppose que sa famille a vite payé pour le faire sortir. Il ne me plaît pas, il est du genre arrogant, mais pour dire cela il doit clairement penser qu'il est intouchable et… C'est hors de question qu'il le soit. Je veux qu'on le file et qu'on retrouve cette femme.  »

Cette affaire devait atterrir au plus vite dans les mains d'un enquêteur, c'est à dire, maintenant. D'autant que l'auteur était identifié, il en était certain.

Aucune idée de qui était ce type, Nishiki Wölffhart.
En même tant s'il devait connaître tout les mecs de la ville, il avait pas fini.
Alors Caïn se contenta d'hausser les épaules en venant boire une nouvelle gorgée de son délicieux café.

Lorsque le ministre lui parla de Boris Brunswick, le Lianten se contenta d'hocher la tête.
Bien sur que ce nom lui était familier, c'était un fils à papa.
Il l'avait vu passé, mais sans plus.
Caïn ne savait pas vraiment pourquoi il avait été arrêté, mais bon, le papa Brunswick avait versé une bonne liasse de billets, et le Lierter avait accepté de relâcher le fils.
Tous des vendus ici...

Et puis les paroles dîtes par Lüwen étaient pas bien compliqué à comprendre.
Si c'était vrai, la piste de Boris était un bon plan.
Encore savoir si c'était vrai ou pas.
Mais Lüwen n'était pas un menteur, et Caïn avait assez confiance en lui.

« Je vois. Il va falloir que je monte un dossier sur lui, et que je récupère quelques informations. Tu comprends bien que je peux pas débarquer chez lui avec seulement des suppositions. »

Puis Lüwen était de la maison, il connaissait les procédures.
Et savait que Caïn était à cheval dessus.

« On va remplir une déposition. Tiens, tu marques ce que tu as entendu, où est quand, l'heure, les personnes présentes pouvant attester, ou alors des noms de ses amis. »

Tout en parlant le Lianten avait sorti une feuille à remplir, qu'il déposa devant le ministre.
Le témoignage du ministre lui-même suffirait.
Enfin, ce serait beaucoup plus simple pour avoir un mandat.

« Repasse demain, j'aurai tous les documents nécessaires sur Boris. Et aussi ses anciens dossier. C'est pas sa première visite en taule. Mais là, si on parle d'un kidnapping, je peux t'assurer que même son père pourra pas y faire grand chose. »

Pour que Lüwen se déplace lui-même ici, c'est que l'affaire lui tenait à cœur.
Caïn avait beau lui en vouloir encore au fond de lui, il n'était pas trop rancunier.
Surtout lorsqu'une vie était en jeu.

« Je vais confier l'affaire à Nickolas, je lui expliquerais les précédents de Burnswick. Je superviserais l'affaire. »

Autant dire qu'il ne fallait pas s'inquiéter, que Caïn allait faire passer ça pour une priorité.

A peine eut-il les informations que Caïn commençait à lui dire ce qu'il allait faire. Il n'y avait aucun doute, il faisait confiance au ministre et à ses paroles, et ceci était une très bonne chose. Il avait néanmoins totalement raison : il ne pouvait pas aller chez les Brunswick dans la minute pour aller chercher dans leur demeure. Il devait se préparer avant. Du moins s'il menait personnellement l'enquête, Lüwen n'en savait encore rien.

«  Je comprends tout à fait, je connais la procédure.  »

Et puis, comme Caïn le ministre avait toujours été assez procédurier contrairement à un certain autre enquêteur qui avait été son collègue… Il n'attendait que le papier pour faire sa déposition. Il savait déjà ce qu'il devait noter dessus mais certainement que par habitude, Caïn l'avait listé tout de même. Le ministre n'était pas assez susceptible pour le prendre mal, au contraire, il allait pouvoir être utile à cette jeune femme, sa famille et ses amis.

Prenant sa plume le ministre écrivait -tout aussi bien que d'habitude-, la date, le lieu, l'heure de la soirée, l'heure à laquelle il avait entendu les propos ainsi que les noms des deux hommes avec qui Boris avait partagé ces paroles. Bien entendu il l'oublia pas les précieuses phrases. Toujours faire attention à qui est à côté de soi, très cher Boris. Une fois que ce fût fait il signa la déposition en bonnes et dues formes et la donnait à Caïn. Il n'y avait normalement rien à modifier, le ministre était coutumier de l'exercice depuis des années.

«  Très bien, je reviendrais demain. J'espère en effet que l'on pourra le stopper une bonne fois pour toute. Il ne me dit rien qui vaille.  »

C'était Nickolas que le Lianten avait choisi pour s'occuper de l'affaire. Etait-ce car les deux étaient amis ? Le pauvre devait crouler sous les enquêtes, encore plus avec ce qu'il lui avait demandé de faire… Le découpeur… sa propre agression…

«  Je compte sur vous. Je vous remercie.  »

Finissant son café, le ministre se leva et tendit la main à son vis à vis.

Remplir le dossier fut rapide. Lüwen était de la maison, il connaissait la procédure.
C'était plus par habitude qu'autre chose que le Lianten lui avait énumérer tous les renseignements nécessaires à l'ouverture d'un dossier.
Le temps que le ministre remplisse, Caïn c'était resservi un café.
Ô café.

« Tu le connais personnellement ? »

Car ça faisait quand même plusieurs fois que le ministre parlait de sa méfiance envers le fils Burnswick.
Alors peut-être qu'ils se connaissaient plus que Lüwen voulait laisser le croire.

Le Lianten ne se leva pas.
Et puis quoi encore ?
Mais il prit la main de Lüwen et la serra, en hochant la tête.

« T'en fais pas. »

Après tout c'était son boulot de gérer les affaires comme celle-ci.
Et puis il allait confier l'enquête à Nickolas.
Grosse tête de poire, mais travailleur efficace.

Ha, Cain n'avait pas tort de lui poser des questions mais le ministre connaissait-il personnellement cet homme ? Non, pas vraiment, pourtant il l'avait déjà rencontré par deux fois, et à ces deux fois, il y avait eu conflit, dont le dernier s'était soldé par son arrestation. L'on pourrait penser qu'il y avait quelque chose contre lui.

«  Je l'ai rencontré un soir, il était saoul, sortait justement du Chabanais car il avait eu un mauvais comportement envers les dames. Ce jour là j'ai aidé à maîtriser ses compagnons. Notre deuxième rencontre était à mon travail. Il demandait expressément de fermer un établissement sous des prétextes fallacieux. Vous pourrez lire cela plus en détail dans les notes que j'ai laissé dans le dossier pour son arrestation.  »

A présent Caïn avait toutes les cartes en main pour comprendre les liens qui unissaient le ministre et l'accusé.

Lüwen ne s'attendait pas à ce que le Lianten se lève, de toute façon il allait rester bosser. Il lui serrait la main.

«  Je ne m'en fais pas, j'ai confiance.  »

Il faudrait juste que le temps soit leur allié pour que cette demoiselle ne soit pas retrouvée pas le coeur arrêté…

Lüwen s'en alla donc, retournant à son travail ministériel, la tête un peu ailleurs sans forcément le montrer.