Conférence et autres joyeusetés (pv Lydia R Steiner)

Conférence et autres joyeusetés  

La pause au cours d’une conférence était toujours un moment de soulagement pour Klaus Armitage Grüber, et ce que le sujet soit des plus inintéressants ou, au contraire, des plus intéressants. Il n’aimait tout simplement pas se retrouver enfermer dans la même salle que des collègues stupides à l’esprit étriqué et des nobles et bourgeois à l’intelligence limitée à sa plus simple expression : celle d’une vieille mouche tournant autour d’un tas de détritus. Pourtant il n’était pas totalement déçu de ce qu’il avait entendu. Il regrettait juste que l’ingénieur en chef du projet présenté ne soit pas allez plus loin, qu’il n’ait pas cherché à se servir de son générateur alimentée par le Saltz à d’autres fins que de faire actionner une presse. Certes, il ne s’agissait que d’une démonstration mais elle n’était pas impressionnante, encore moins nouvelle. Il y avait au moins un effort pour augmenter le rendement tout en diminuant la quantité de matière combustible et pour cela il avait su capter son intérêt. Hélas, encore une fois, il y avait d’immenses pertes, entre les vapeurs et les reliquats de combustion et personne ne semblait s’intéresser à leur réutilisation. Klaus avait pourtant suggéré de se servir des vapeurs en annexant une simple, mais pourtant bien efficace, machine à vapeur, augmentant les capacités de l’engin initial ou permettant d’alimenter un second, et de raffiner convenablement le Saltz plutôt que de l’utiliser sous une forme qu’il estimait grossière, encore trop brute et pleine d’imperfection. Mais comme cela arrivait souvent, c’était une action plus couteuse et donc moins intéressantes économiquement. Après ce n'était que la première moitié et il restait encore d'autres sujets à présenter, d'autres questions à poser.

Une fois hors de l’amphithéâtre aux sièges inconfortables, il se dirigea vers le petit buffet pour prendre une coupe d’un alcool quelconque, avant de circuler entre les visages connus et pourtant anonymes, s’arrêtant parfois pour échanger des politesses d’usages avant de repartir. Parfois il voyait une de ses conquêtes, parfois un regard furieux. Généralement c’était ceux d’êtres trompés ou rejetés. Il ne voyait pas avec qui discutait, encore moins de quoi. La conférence était le sujet de tout le monde et par conséquent il se refusait à l’aborder sans raison. La banalité n’avait d’intérêt.

Il se retrouva ainsi à côté d’une jeune femme, peut être même une adolescente à la chevelure brune ou rousse -difficile à dire avec l’éclairage artificiel-, des yeux magnifiques, vêtue d’une façon qui la mettait en valeur. Rien ne garantissait de ses capacités intellectuelles mais, physiquement, elle avait de quoi être assez agréable pour pousser Klaus à lui adresser la parole, à lancer une discussion des plus anodines avec des pensées moins anodines.

«C’était une présentation... Intéressante… Enfin si on arrive à imaginer des usages à cette machine imparfaite… Il aurait été plus intéressant de faire un générateur raffinant son propre carburant, afin d’utiliser chaque stade, chaque forme du Saltz… »

Usage de banalités, certes mais il avait fini par constater que les louanges sur la beauté physique au premier abord faisaient fuir la gazelle. Et puis il ne pouvait pas se comporter comme un mal appris au milieu d’une bande de rapaces avides du moindre ragot. Il fallait un peu de finesse jusqu’à trouver un peu de calme et discuter plus librement. Il n’avait pourtant pas encore décidé de ce qu’il souhaitait obtenir de cette discussion ; dans tous les cas elle tromperait temporairement son manque d’entrain pour le reste.

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Conférence et autres Joyeusetés

Après des heures de démonstrations venant de l'ingénieur, une pause s'imposa, non pas que j'en avais besoin, mais c'était ainsi. Si je pouvais, je serais restée encore des heures à écouter, à observer ce que l'on nous présentait, cela pouvait sembler étrange, mais j'aimais ça. Comparé à certains dont la seule envie était de partir d'ici et de rêver à ce que tout soit déjà terminé, avaient ils mieux à faire? Trouvais ceci intéressant? Ou tout simplement trop ailleurs pour s'y intéresser? Je ne le savais pas, après tout c'étaient eux, pas moi.
Mais voilà, la pause était là, et je me levais donc en préparant mes affaires pour aller rejoindre les autres. Fin, les rejoindre, c'était un bien grand mot, quand, quand on est comme moi, aller vers d'autres personnes étaient hyper compliqué et stressant. Mon regard se posait sur les visages que je croisais, écoutant certains discuter, si je pouvais, j'aurais été dans un des groupes pour discuter moi aussi, mais malheureusement je n'en avais pas le courage, pas encore du moins. Pour mon confort, j'optais le retrait, un verre d'eau à la main en réfléchissant à ce que je venais de voir, d'entendre, mais surtout, je songeais à mes petites bêtes à la maison avec Philéas. Dinah était un peu cassée, et j'espérais qu'il puisse la réparer.

Un long soupir discret sortit de ma bouche, et je remis une mèche de cheveux correctement avant de sentir à côté de moi une présence, une présence qui dura bien trop longtemps pour que cela soit que de passage. Le coeur battant, je relève la tête pour croiser le regard d'un jeune homme, qui venait de m'adresser la parole et dont je ne connaissais pas le nom, ni le visage d'ailleurs. Ok, c'était panique à bord, que pouvais je faire? Le nier et fuir? Non, je n'étais pas comme ça, je devais affronter le dialogue.

"-Hum...oui! Je trouvais ça intéressant aussi, même si elle restait primitive, avec la technologie de maintenant, je m'attendais à plus aussi! j'ai hâte de pouvoir voir la suite de la journée et peut être dans le futur, voir l'avancée sur sa mâchine!" Je lui souris timidement en buvant un coup dans mon verre en espérant ne pas le faire fuir. Je n'osais pas trop parler, ni trop donnée d'idées, ni de faire part de mes pensées, mais il avait totalement raison.. La question qui me trottait cependant en tête était pourquoi un garçon comme lui venait me parler à moi? Il était beau et intelligent, y avait pleins de groupes avec qui il aurait pu parler de la machine en jouant le félin prédateur.

"-Au fait..je m'appelle Lydia!" Dis je dans un petit sourire. Philéas m'avait poussé à être plus sociable, alors je tentais la carte de la présentation.

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Conférence, un bon mot pour qualifier l’assistance ?

Lydia… Lydia… Il avait déjà entendu ce nom, ailleurs, pour une autre personne. Il ne le trouvait pas moins ravissant, adapté à cette drôle petite créature sur laquelle il avait jeté son dévolu éphémère. Ses paroles ne laissaient entrevoir ses pensées, son attitude annonçait son manque d’aisance pour communiquer mais ce n’était pas une raison pour fuir. Les volubiles étaient trop souvent des idiots sans intérêts.

« Enchanté de faire votre connaissance. Je me nomme Klaus. » il n’avait aucun intérêt à préciser son nom d’érudit ; s’il devait donner plus d’informations pour que l’on puisse l’identifier, il n’avait qu’à donner son métier.

« Les grandes révolutions sont rares. La plupart, sous couvert de nouveautés, ne font que proposer des jouets pour enfants... »

Le côté basique de la machine -il n’osait parler d’invention tant le terme lui paraissait galvaudé en l’espèce- passait, il pouvait bien parler de ce qui, selon lui, pourrait, ou même devrait, en être tiré. Il pensait même déjà réfléchir à la question de son côté, en consultant des ingénieurs plus apte à mettre en pratique ses idées, dérobant d’une certaine façon l’idée du conférencier du jour alors qu’il aurait été furieux de voir son propre travail se faire dérober de la sorte.

« Il n’empêche qu’il y a quelques idées, même si à une échelle aussi réduite l’on ne se rend pas compte des possibilités. Et l’on ne peut que déplorer l’invention d’une machine qui dégagera encore et toujours des vapeurs toxiques, sans rien pour en atténuer les effets.  Dans le cas présent, vu sa taille, c’est à peine si l’on n’a plus respiré de particules de Saltz que si nous passions près des faubourgs mais à grande échelle c’est là le genre de chose qu’il vaut mieux avoir loin de chez soi. Les fumées de combustion, l’eau contaminée du système de refroidissement de la chaudière… Et ne parlons pas du fait que nous n’avons jusqu’alors pas mis la main sur un matériau apte à contenir sans risque ce minerai. »

Un peu de conversation sur la machine ne faisait pas de mal. Soit c’était une idiote, et il n’y aurait qu’un joli minois à toucher du bout des yeux dans le pire des cas, soit il y avait derrière un esprit plus évolué et une personne des plus savoureuses à découvrir.

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