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 Un rocher dans un océan déchaîné

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Luxis Reise
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Luxis Reise
Luxis Reise
Luxis Reise
MessageSujet: Un rocher dans un océan déchaîné   Un rocher dans un océan déchaîné EmptyMar 9 Avr - 14:36

Nous aimons nous perdre dans ces quartiers souillés par la misère. Au premier regard, nous n’attirons pas tant l’attention… Mais quand les prunelles s’éternisent sur notre silhouette, peut-être se perdent-elles dans le tissu riche constituant notre pantalon plaquant nos fines jambes. Notre haut à manches longues est constitué d’un coton doux, élégamment brodé au niveau de nos manches et de notre col. Une ceinture, accrochée à l’une de nos hanches joliment dessinée, descend sur la cuisse de la jambe opposée. Nous gardons un haut de forme sur nos cheveux épais, sombres et bouclés, dont les courbes cascadent jusqu’à nos épaules, mettant en valeurs le dessein de notre gorge blafarde. Notre main aux ongles longs s’appuie sur une canne qui ne sert qu’un but esthétique. Comme toujours, nous optons pour des couleurs sombres. Celles qui mettent en valeurs nos yeux.

Un soupir s’arrache de nos lèvres. Actuellement, nous n’avons pas tant de préoccupations que de préparer les robes de quelques femmes dont les exigences nous ennuient. Nous n’avons pas la patience d’endurer leurs caprices et une promenade nous aidera à nous changer les idées. Nous laissons nos yeux parcourir les silhouettes, fantômes qui traversent les allées. Des visages fugaces, des expressions vivaces. Des vies qui grouillent autour de nous, comme des fourmis, de la vermine qui nous dégoûte… Et qui pour autant, suscite tout notre intérêt. C’est avec une curiosité glacée que nous nous amusons à frôler certains corps, pour que leur parfum nous assaille les narines. Pour les voir se mouvoir de sorte à nous éviter, pour les admirer lorsqu’ils nous contournent, pour laisser leurs défauts nous saisir d’une horreur curieusement fantasmée. Oh, qu’est ce que ce nez est hideux, quels sont ces yeux troublés, ces lèvres tordues… Comme si l’humanité avait besoin de tous ces visages pour la représenter, comme si les différences étaient réellement bienvenues pour nous identifier. Tous ces changements ont tendance à nous assaillir, nous attaquer. Nous nous sentons comme encerclés. Par toutes ces expressions, ces rires, ces soupirs, ces mains, ces yeux qui nous fixent, non, reprenons nous, reprenons nous.

Et ce qui nous raccroche à la réalité, c’est un pas que nous connaissons. C’est un visage que nous avons déjà pu détailler, ce sont des cheveux que nous nous sommes déjà amusés à décorer d’un ruban sombre. C’est une moue semblable à la nôtre, une allure androgyne se rapprochant de la nôtre, un regard que nous apprécions. La surprise nous prend. Et notre pas s’accélère. Nous avons besoin de le voir, il s’est arraché à nous alors que nous commencions à nous accrocher à lui, il est un repère dans ce chaos de difformités. Il est là, fragment de pureté dans cet écrin de misère qui grouille. Etoile filante ayant traversé notre vie, l’ayant éclairée le temps de quelques mois avant de s’évanouir dans l’obscurité. Et son nom franchit nos lèvres alors que nos talons claquent le sol, alors que nous arrivons à sa hauteur, jusqu’à nous glisser devant lui.

_ Ithier Bôso…

A ce nom, un sourire s’épanouit sur nos lèvres. Notre visage si méprisant en temps normal se pare d’une malice légèrement supérieure, nos yeux se plissent avec langueur et nous glissons à nos lèvres nos doigts parfaitement manucurés.

_ Nous n’aurions pas crû vous retrouver ici… Comment vous portez-vous ? Avez-vous trouvé un maître qui vous paye aussi grassement que nous ?

Un rire s’échappe de nos lèvres et pourtant, c’eut été une terrible jalousie qui nous prenait le cœur. Nous nous étonnons presque de cette douleur qui se rappelle à nous, ce manque, ce silence qu’il a creusé par son absence.

Nous nous étions attachés à lui.

Un repère dans la nuit.


Dernière édition par Luxis Reise le Lun 15 Avr - 12:30, édité 1 fois
Ithier Bôso
Valet
Ithier Bôso
Ithier Bôso
Ithier Bôso
MessageSujet: Re: Un rocher dans un océan déchaîné   Un rocher dans un océan déchaîné EmptyJeu 11 Avr - 20:27

L'une des principales raisons de ses réserves et de son attitude très droite, très distante, c'était qu'il se refusait à un quelconque lien. Alors il n'offrait qu'une façade lisse et assez froide. Se faisant passer pour quelqu'un de sans intérêt que nul n'avait pas envie de côtoyer. Il se fondait avec facilité dans la foule, s'effaçant, s'immergeant, arrachant les parcelles de sa personnalité pour ne laisser qu'un genre de robot sans avis et sans jugement.
Valet il était, valet il resterait.
Jusqu'à partir d'ici.


Mais parfois, ses efforts ne se montraient pas suffisants, malgré tout ce qu'il mettait en œuvre, parfois, sa vraie personnalité transparaissait quelque peu. Et celle-ci changeait tellement de celles des autres qui l'entouraient qu'elle subjuguait, attirait, attachait.
Rares étaient ceux qui avaient pu entrapercevoir cela. Et encore plus rares étaient ceux qui avaient eu l'opportunité d'en profiter un tant soit peut. La disparition comme mode de vie, art et métier. L'attachement comme moteur, phobie et essence.
Très peu pouvaient se targuer d'avoir connu le jeune homme plus de quelques semaines, quelques mois peut-être. Parce qu'inévitablement, le temps crée des liens que le valet s'efforçait de briser dès qu'ils devenaient trop solides.
Ce mode de fonctionnement ne plaisait pas, il en avait conscience, mais c'était celui-ci qu'il avait acquis depuis des années, alors il ne s'en déferait pas facilement. S'il était encore capable de changer.


Quelques semaines plus tôt, quelques mois peut-être, il avait été engagé comme valet par Ulric de Clèves. L'avantage avec cette personne c'est qu'elle n'avait pas l'air sujette à l'émoi et à l'épanchement. Il trouvait donc peu de risque que son maître – puisque c'était ainsi qu'il devait l'appelait, même si intérieurement cette formulation ne cessait de le faire grimacer – s'attache à lui.
Il n'était là que pour travailler, effectuer des tâches, aider. Il enchaînait les missions sans discuter, sans s'ouvrir, sans se dévoiler. Ce qui semblait parfaitement convenir aux deux parties.


Lors d'une de ces missions, le garçon avait dû se rendre dans les rues commerçantes de la ville pur y faire quelques achats qui n'avaient pas l'air franchement importants. Un cabas, une liste, un stylo. Les doigts qui rayent un à un les composant de la liste, jettent les achat dans le cabas et teste la marchandise. Il n'était certes pas question de ramener de la piètre qualité à son employeur.
La foule ne le dérangeait pas, n'éveillant qu'en lui une certaine méfiance. Il s'agirait de ne pas se faire voler ses affaires. Il aurait été navrant de dévoiler l'une des facettes de sa personnalité juste pour quelques bouts de pain. Car oui, contrairement à ce que son apparence pouvait dévoiler, l'individu avait quelques facultés pour se défendre. Même s'il aimait à se faire passer pour plus faible qu'il n'était. L'effet de surprise avait toujours du bon.
Aussi, plutôt que d'avoir à guérir, il préférait prévenir.


Ses yeux, d'un surprenant émeraude, sondaient les environs quand ils ne scrutaient pas d'une attention incomparable les produits. Son corps, comme mû d'un radar, évitait sans peine les passants et les sources de problèmes.
Oui. Sans aucune peine, il se fondait dans cette foule. Par son air effacé, par ses vêtements neutres, sans aucune personnalité, aucun signe distinctif. Comme toujours, ses habits flottaient, ne marquaient aucunement ses longues jambes, son buste fin ou ses épaules étroites.
Cela parfaisait son aspect androgyne.


Pourtant, cet banal accoutrement ne parvint pas à repousser le nouveau venu.
Alors qu'il s'apprêtait à faire demi-tour, décidé à rentrer chez De Clèves, un homme pas si inconnu que cela l'aborda sans grande cérémonie.
Ce qui n'était pas vraiment étonnant au vu de l'identité du personnage.
Quand nous parlions plus haut des très rares êtres vivants à avoir distingué une once de la personne qu'était Ithier, cela faisait référence – en partie – à Luxis.
En effet, plusieurs mois durant, il avait travaillé pour lui, à ses côtés, pour confectionner les atours des dames de la cour. De par son pays natal, le jeune homme avait développé de bonnes connaissances et compétences en tissus, broderies et autre fanfreluches. Et, bien que ces dernières années il eût quelque peu perdu la main, en une semaine au service du couturier, tout était revenu.


Un léger sourire, plus sincère que les rictus polis qu'il offrait habituellement à ceux et celles qu'il croisait, éclaira son visage, laissant transparaître un infime instant son potentiel de beauté.
Mais le sourire s'effaça bien vite pour ne redevenir qu'une expression convenue et ordinaire.
C'était ben ce sourire, le problème. Il était preuve et témoin d'un certain attachement, de cet attachement qu'il refusait d'avoir envers quiconque pouvant être catégorisé en tant qu'humain. Cela avait été la raison de sa démission et de sa candidature chez Ulric.


- Maître Reise. Je me porte fort bien, comme vous pouvez le constater. Et vous, comment vous portez-vous ? Je n'ai pas à me plaindre de mon nouvel employeur. Ce peut-être un métier moins créatif que celui que vous m'eûtes confié, mais il reste tout de même bien payé.


La politesse restait toujours la même. Il restait plus aisé de contrôler ses mots que son faciès.

Luxis Reise
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Luxis Reise
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Luxis Reise
MessageSujet: Re: Un rocher dans un océan déchaîné   Un rocher dans un océan déchaîné EmptyLun 15 Avr - 12:31

Ithier.

Notre voix l’a fait s’arrêter. Nous sommes soulagés de voir qu’il ne s’est pas contenté de nous ignorer et l’esquisse de sourire que nous avons perçu suffit à nous satisfaire. Ithier est – et pourrait être plus beau encore, s’il acceptait de dévoiler autre chose que ce masque figé. Un peu de vie dans son regard, sur son visage si maîtrisé, un peu de spontanéité lui permettraient d’éclairer toute cette pauvre rue de sa beauté. Nous le considérons comme l’un des êtres les plus magnifiques que nous avons eu l’occasion de voir, nous apprécions ce physique androgyne qui fait écho au nôtre. Nous avons apprécié son intelligence et son habileté, l’étendue de ses connaissances et la maîtrise de notre science. Nous aimions son corps, que nous aurions aimé mettre en valeurs par des tenues plus adaptées. Dessinant ses longues jambes effilées, marquant son torse fin, révéler la puissance et la grâce de sa silhouette naturellement élancée.

Ithier avait tant de potentiel. Nous aurons pu l’élever à nos côtés. Au lieu de cela, il a préféré nous quitter et s’abandonner à une vie que nous espérons… Bien moins plaisante. Nous aimerions tant qu’il revienne travailler. Il constituait une ancre pour notre âme en dérive, une main à laquelle nous raccrocher, un repère pour nous rassurer. Il était digne de confiance et nous avons été surpris plus d’une fois par son jugement ou ses conseils, toujours adaptés. La réponse d’Ithier ne nous convainc qu’à moitié et une petite moue franchit nos lèvres. Oh, nous ne connaissons que trop bien ce serrement de cœur, accompagné d’une certaine chaleur… Nous sommes jaloux. Jaloux de ne plus l’avoir. Il nous est toujours difficile de comprendre que les êtres vivants ne sont pas des objets que l’on se contente de posséder. Il faut les entretenir, les satisfaire, veiller à ne jamais les blesser. Malheureusement, les interactions sont nombreuses et chaque être est un casse-tête d’une terrible complexité. Nos connaissances quant aux normes sociales nous évitent bien des écarts, néanmoins, l’empathie est une qualité dont nous manquons. C’eut été probablement l’une des nombreuses raisons justifiant nos maladresses, quand nous nous exprimons. Nous avons tendance à ne penser qu’à nous, quitte à empiéter les autres.

D’ailleurs, voilà que nous avançons pour nous écarter de la foule. Notre main gantée, par réflexe, effleure le bras de notre ancien serviteur pour l’inviter à nous suivre. Nous n’avons pas réellement remarqué son bagage… Nous sommes soulagés de l’avoir retrouvé. Enfin, un visage connu, dans ce lieu où tous les autres faciès ne semblent qu’être un masque. Nous vivons entourés d’ombres, cernés par l’obscurité, noyés dans des pulsions où la réalité ne nous est plus accessible… Mais où des points d’accroche nous ramènent les pieds sur terre, les yeux non plus troublés par des fantasmes inventés par notre âme dérangée.
Notre visage habituellement si inexpressif est éclairé d’un sourire sincère. Nos yeux clairs étincellent, dévoilant leur cœur où le bleu et le vert se mêlent en un ballet passionné. Dans notre course rapide pour le rattraper, quelques boucles longent notre visage. Nous nous sommes maquillés, par habitude, et nous glissons du bout de nos doigts manucurés une mèche sombre derrière notre oreille. Nos yeux pétillants détaillent les traits de la créature qui nous a si agréablement surpris et à laquelle nous avons fait l’erreur de nous attacher. Probablement car nous voyons, au travers de son apparence, quelques petites choses qui faisaient écho à ce que nous renfermons. Une crainte dans l’attachement, qui nous pousse à dominer, et lui, à s’enfuir. Une beauté prête à s’ouvrir, mais que l’on garde fermée, pour ne l’offrir qu’aux plus méritants. Un talent créatif n’attendant qu’à s’exprimer. Un esprit vif et acéré. Mais, pour notre part, une émotivité difficilement maîtrisée, une instabilité qui, sans repères, n’est qu’une répétition que nous sommes contraints d’écouter, de subir chaque jour.

_ Nous nous portons très bien. Nous sommes soulagés de te voir. Nous nous demandions quelle folie t’a poussé à nous quitter !

Nous laissons échapper un rire, bref, que nous concluons par un sourire un peu plus froid. Il nous a quittés. Le réaliser est comme un coup de poignard et la joie si présente s’efface soudainement, nos yeux sont comme deux billes glacées, comme celles que l’on met aux borgnes. Pour leur donner un semblant de vie. Nous détournons les yeux, notre main va pour saisir l’une des siennes. S’il se laisse faire, nous nous contentons de l’observer, s’il se dégage, nous n’insistons pas. Nos prunelles reviennent détailler sa tenue, que nous trouvons bien dommage sur un corps comme le sien.

_ Ton départ soudain nous a inquiétés. Que s’est-il passé pour que tu nous quittes ?


Etait-ce de notre faute ? Ce que… ces gens nomment « folie », est-ce ce qui l’a poussé à fuir ? Pourtant, n’est-il pas habitué à ce tord de notre esprit ? Une telle créativité ne peut venir que d’un geyser d’idées, d’émotions et de pensées qu’un seul cœur ne peut pas contenir. Nous nous considérons comme plusieurs, bien que nous parlions, vivions tous à l’unisson. Prenons-nous trop de place ? A force de solitude, nous commençons à nous dire que nous sommes peut-être si présents que personne n’arrive à survivre dans nos ombres, comme dans une forêt où un grand chêne engloutit toute la lumière et tue les arbres aux alentours ?
Nous espérons que la faute n’est pas la nôtre.


Dernière édition par Luxis Reise le Dim 10 Nov - 18:49, édité 1 fois
Ithier Bôso
Valet
Ithier Bôso
Ithier Bôso
Ithier Bôso
MessageSujet: Re: Un rocher dans un océan déchaîné   Un rocher dans un océan déchaîné EmptyJeu 8 Aoû - 12:35

Un instant, le serviteur hésita à suivre son ancien maître. Certes, le temps ne lui était pas compté et Ulric ne l’attendait pas avant la nuit, mais le temps passait et ses recherches ne progressaient que faiblement. Il aurait fort apprécié profiter de cette après-midi libre pour se rendre à nouveau à la bibliothèque ou dans l’une des pauvres librairies perdues ça et là dans les rues environnantes. Rien de fabuleux et de suffisant pour étancher sa soif de connaissance et de fuite, mais tout de même mieux que de désespérer à l’idée de rester bloqué plus dans cette ville.
Pourtant, laissant tomber cette opportunité, Ithier préféra la compagnie du tailleur à celui de libraires grognons et insupportablement ignares. Ce choix n’était sûrement dû qu’au désir de ne pas s’attirer les foudres de Luxis. Pour l’avoir côtoyé plusieurs mois, le jeune valet savait le caractère peu amène qu’il pouvait avoir.
Bien entendu, ce n’était en rien poussé par l’étrange lien qu’ils avaient lié et qu’il s’était empressé de savamment couper en quittant son service.

Quelques secondes, l’émeraude de ses yeux s’attarda sur la délicatesse du visage ami avant de se détourner, tant par pudeur que par habitude. Il n’était pas de coutume qu’un servant s’attarde à échanger des regards avec des plus hauts placés.
Et comme toujours, son regard ne pouvait rester aussi inexpressif que ses traits. Le sourire qu’il avait si vite et si parfaitement effacé se reflétait toujours, bien malgré lui, dans ces iris traîtres.

Alors qu’il se perdait à détailler consciencieusement les remous de la foule non loin, ses sens se brouillaient un peu, tant retenus par les jacassements incessants des humains voguant à leurs occupations que par le rires sans humour de son interlocuteur, par les effluves étouffantes de sueur que par la fragrance délicate du créateur, par les mouvements brusques retenant l’oeil que par le ballet gracieux des boucles ébènes du couturier et par le brassement de l’air que par l’effleurement sur sa main.
Main qui ne se déroba pas. Jamais, ce genre de contact physique ne l’avait dérangé. Pas dans ce genre de contexte et pas avec ce genre de personne. Main qui, au contraire, se relâcha, facilita le contact et l’étreinte offerte. Et ses phalanges chétives qui pressèrent un instant ces autres, les caressant juste une seconde, comme par réflexe, de cette peau trop douce pour du cuir d’artisan, trop fragile pour des doigts de couturier. De cette peau qui s’était à plusieurs reprises, malgré son expérience, fendue lors du travail.
Un seul infime mouvement avant de se statufier à nouveau, les yeux toujours respectueusement éloignés.

- Il n’y avait nulle raison de vous inquiéter, maître.

Si la folie se tapissait peut-être quelque part dans l’esprit bouillonnant de l’artiste, celle-ci ne représentait rien dans la balance qui avait poussé le serviteur à quitter son maître. De biens pires démences se cachaient dans ce monde. Certaines auxquelles il s’était confronté par le passé, d’autres auxquelles il se confronterait dans le futur.
La douce vésanie du tailleur ne témoignait que d’une intelligence qu’il admirait presque autant qu’il la redoutait.
Plus que le simple attachement, c’était cette intelligence qu’il avait fui mais qui, également, l’avait retenu longtemps. Une intelligence qui s’exprimait dans les vêtements qu’il réalisait et qui l’avait mené là où il se trouvait désormais. Couturier de la Reine. Un poste prestigieux s’il en est.

- Je vous ai quitté par devoir. Des rumeurs couraient quant à la relation qui nous liaient. Rumeurs qui auraient entaché votre réputation. Le devoir d’un valet est de protéger son maître quoi qu’il arrive, peu importe les sacrifices. Mais entretenir une liaison avait votre valet n’aurait fait que nuir à votre image. Il m’a semblé préférable de couper court aux ragots.

Il ne s’agissait là que d’une vérité. Rares étaient les personnes admises aussi longtemps qu’il l’avait été, auprès du prestigieux tailleur. Les rumeurs à la cour n’étaient jamais bénines et pouvaient toucher tant les plus basses classes que les plus hautes.
Ithier s’en serait voulu, si sa simple présence avait fini par attirer des ennuis à Luxis. Alors, se servant un peu de cela comme excuse, l’homme décida de s’éloigner afin de les tuer dans l’oeuf, ces potins et ces liens. D’une pierre deux coups.
Luxis Reise
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MessageSujet: Re: Un rocher dans un océan déchaîné   Un rocher dans un océan déchaîné EmptyDim 10 Nov - 18:51


Il accepte de laisser sa main accueillir la nôtre. Avec lenteur et sensualité, nos doigts s’étirent, se referment lentement et fermement sur sa main que nous caressons du bout du pouce. Nous savourons avec délice la rencontre de nos dermes qui se pressent, éveillent notre chair. Comme un chat, nos yeux se ferment à demi, nos cils longs dévoilent nos prunelles étincelantes et nous apprécions cette agréable sensation qui remonte en nous, comme une caresse offerte. Ses phalanges si chétives, sa délicatesse, nous invite à approcher sa main de notre visage et nous caressons sa paume du bout de nos lèvres, c’est un simple effleurement. Nos lèvres s’entrouvrent et nous cherchons le parfum de son derme, cette saveur sur nos papilles, avant que nous ne redressions nos prunelles vers lui. Nous aimons son doux visage de porcelaine. Nous avions tant désiré mettre en valeurs ses traits extraordinaires… tant de finesse, tant de délicatesse, tant d’élégance dans sa silhouette ! Ses longs cils, sa bouche pulpeuse dont les lèvres sont élégamment dessinées, comme la chair bombée d’un fruit gorgée de soleil que l’on peut rêver de croquer… Il a un charme unique, auquel nous avons le désir de nous abandonner. Cette sensation délicieuse évoque en nous une certaine extase, alors que ce plaisir n’est autre que notre fantasme.

_ Aucune raison ? Le monde est si brutal, si sale autour de nous, Ithier. Il serait aisé de gâcher la beauté de tes traits. Il suffirait d’un mauvais coup… D’une blessure qui déchirerait ta peau de nacre…Nous ignorons quelles sont les tâches que l’on te demande, actuellement, mais nous espérons de tout cœur qu’elles sauront épargner ta silhouette, ta posture ou ton allure. Malheureusement, bien des employeurs ne partagent pas notre goût pour l’esthétisme, ce serait un terrible gâchis que l’on te maltraite ou que l’on te néglige. Tu as tant de potentiel Ithier. Tu aurais pu être notre fierté !

La douleur traverse notre voix, alors que nous plantons nos yeux dans les siens, avant de laisser nos paupières soigneusement saupoudrées d’une poudre noire élégamment parcourue d’étoiles argentées. Comme le voile pudique dissimule le spectacle d’un corps dénudé, dans l’un de ces riches cabinets, celui de notre cœur mis à nu, que nous dissimulons d’un clignement de paupières avant d’unir nos prunelles aux siennes. Les émotions se sont effacées, mais il persiste cette attirance unique que nous entretenons pour lui. Il nous a tant inspirés. Il est difficile d’oublier l’une de ses Muses ou de simplement l’écarter, plus encore quand il nous est donné l’occasion de la croiser, de la toucher, de la contempler. Dans ces vêtements qui, à nos yeux, sont une insulte à notre talent. Comment peut-il accepter porter de telles guêtres après ce que nous avons pu lui offrir ?

_ Par devoir ?

Surpris, nous le relâchons. Notre main remonte jusqu’à nos lèvres, que nous effleurons du bout des doigts alors que nous nous plongeons dans une profonde réflexion. Son inquiétude plisse nos yeux, un sourire redresse le coin de mes lèvres, jusqu’à laisser échapper un bref pouffement amusé. Nous l’invitons à nous suivre d’un geste de la main, avant de nous avancer, à la lisière de la foule. Notre allure, nos yeux glacés, suffisent à ce que l’on s’écarte sur notre chemin.

_ Nous vous remercions pour votre dévotion, Ithier. Il est rare que des êtres humains acceptent l’idée même du sacrifice…  Et vous l’avez fait pour nous. Nous aimerions vous récompenser pour tant de servitude de votre part. Et n’ayez crainte, Ithier. Notre Majestueuse et Illustre, tant Aimée Reine, par son incroyable intelligence, est en capacité de comprendre l’attrait d’un créateur pour sa Muse. Nous sommes une créature alimentant bien des ragots, mais aucun de ces mensonges n’a su salir notre réputation ou nous destituer aux yeux de notre Magnanime Majesté. Car elle sait plus que quiconque ouvrir les yeux sur notre génie, sur notre esprit à foison et tout ce que nous sommes prêts à lui offrir. Vous avez été une réelle source d’inspiration, pour nous, Ithier et nous avons crainte… que vous n’alimentez encore notre imagination. Malgré votre nouveau travail, nous sera-t-il possible de vous recevoir ? Nous pourrions nous retrouver quelques fois autour d’une tasse de thé… Il vous serait préférable d’acquérir de quoi entretenir votre derme et vos cheveux. Allons-y de ce pas. Considérez qu’il s’agira d’un cadeau d’adieu de notre part. Pour vous remercier d’avoir pensé à nous. Bien que nous aurions apprécié en discuter avant votre départ si précipité.

Nous prenons un chemin que nous connaissons, en direction de boutiques que nous avons l’habitude de côtoyer. Nous y achetons de nombreux cosmétiques, dont des crèmes protectrices ou encore, celles réparatrices que nous appliquons sur notre peau fragile avant d’aller nous offrir à Morphée. Nous souhaitons l’entretenir, combien même n’avons-nous plus la chance de le posséder. Nous le regrettons. Sa présence nous manque, bien qu’il nous soit difficile de l’accepter…
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