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 Comme un tiraillement dans l'âme.

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Lukàs Von Rosen
Héritier Royal
Lukàs Von Rosen
Lukàs Von Rosen
Lukàs Von Rosen
MessageSujet: Comme un tiraillement dans l'âme.   Comme un tiraillement dans l'âme. EmptyDim 27 Oct - 1:36

***

Lorsqu'il se réveilla en sueur, après un cauchemar des plus... marquants, Lukàs ne s'attendait pas vraiment à trouver deux corps chauds et puants à ses côtés.
Effluves acres : chaleur, sueur, et tout un tas d'autres choses qu'il portait aussi sur lui, collées à sa peau et qui l’écœuraient. La nausée au creux de l'estomac il se redressa en grelottant, passant une main tremblante sur son visage trempé. Ses cheveux noirs lui collaient au front et il avait les lèvres sèches, la bouche pâteuse ; et un point douloureux derrière les globes oculaires.
Du dégout, de la honte, de la peur...
Et cette dernière ne s'arrangea pas lorsque que son regard croisa un miroir, le faisant sursauter et à moitié bondir du lit. Ses deux partenaires du soir – une femme et un homme, vu les culs qui dépassaient des draps – ne poussèrent qu'un vague grognement, sans s'occuper de celui qui se trouvait désormais au sol, le regard un peu fou, en fixant son double dans la vitre.
Cet autre lui, encore.
Ce fantôme sale et misérable qui venait le hanter, lui rappeler sa condition.
Lui rappeler ses origines.
Les cheveux noirs et les yeux noirs, le teint pâle, les cernes et l'ossature maigre : si loin des canons de la noblesse, si loin des bien nourris des étages...
Si loin de l'apparence d'un héritier.

Sentant son souffle s'accélérer il quitta les lieux, complètement nu. L'étage n'était pas désert - les serviteurs travaillaient déjà, malgré l'heure extrêmement matinale, et certains ministres s'activaient rapidement – et pourtant il traversait l'espace avec le regard lointain et hagard, le souffle cours et son fessier ferme bougeant au rythme de ses pas. Il était plutôt fin, le muscle sec, le ventre pas tout à fait assez musclé, les courbes un peu trop féminines sans doute ; mais ce qui choquait le plus ce n'était ni sa nudité ni sa démarche, mais plutôt l'air de profond égarement qui s'étalait sur son beau visage de poupée.
Il ne savait plus toujours où il était et sa tête lui faisait mal. Quelque chose battait contre son œil à un rythme lancinant, lacérant au passage des morceaux de cervelle, avec la violence d'un surin.

Il mit un très long moment à retrouver ses appartements, et personne n'osa l'aider.
Gaël n'était pas là, et il le sentait : Gaêl n'était pas venu le chercher, et il ne viendrait peut-être plus...
Parce que Gaël était entre les bonnes mains d'un des rares médecins en lequel il croyait, et il était si mal en point que le sommeil ne le quittait plus.

Pour oublier, l'héritier s'empara d'une petite bourse dans laquelle il rangeait de la poudre des Ailleurs, une drogue qu'on ne trouvait pas ici.
Mais la bourse était vide, et il se sentit tendu, serrant les dents jusqu'à blesser sa mâchoire.
Il en avait besoin.
Il devait oublier.
Il devait disparaître, lui et ce double terrifiant qui lui collait à la peau.

Et c'est ainsi qu'il se retrouvait, en plein début d'après-midi, à errer dans des lieux glauques où il n'avait toujours mis les pieds qu'avec Gaël, à des fins politiques.
Il savait ce qu'il cherchait : un oubli rapide, un soulagement immédiat.
Une destruction plus complète de cette identité parasite, qui le rendait à moitié fou.

***
Alaric Saldsal
Contrebandier
Alaric Saldsal
Alaric Saldsal
Alaric Saldsal
MessageSujet: Re: Comme un tiraillement dans l'âme.   Comme un tiraillement dans l'âme. EmptyDim 27 Oct - 10:06

Alaric s'ennuyait.

C'était le début de l'après-midi et pourtant, il n'y avait personne. Le lac était désert. À croire que ces derniers temps, tout le monde avait décidé de faire une pause dans la Sélidoine. Bien entendu, c'était faux. La moitié était tellement accro que l'idée ne les aurait même pas effleuré. Mais en attendant, Alaric était là, tout seul, et il s'ennyait. Il détestait s'ennuyer !

Ce n'était certainement pas le paysage qui allait le distraire. Premièrement, Alaric s'en fichait, ensuite, pour en profiter, il aurait fallu qu'il distingue ses propres pieds. Tout ce qui était à plus de un mètre n'était qu'une forme vague et indistincte.

Alaric siffla entre ses dents, furieux, et s'approcha du bord de l'eau. Il plongea ses mains à l'intérieur et la surface parfaitement lisse se troubla de quelques rares remous. Aussitôt, ses doigts se tétanisèrent sous la caresse glacée. Il ne s'en préoccupa pas : il releva ses mains en coupe et but l'eau qui se trouvait là. Elle coula dans son oesophage et était si froide qu'il pouvait en suivre le trajet.

Il allait boire de nouveau quand des bruits de pas l'interpellèrent. Aussitôt, il releva la tête et par réflexe, chercha à voir quelqu'un. Sans aucune réussite. Les formes se confondaient - il aurait dû avoir l'habitude, depuis le temps ! Mais si sa vue le trahissait encore une fois, ce n'était pas le cas de son ouïe : il y avait bien des bruits de pas, et ils arrivaient sur sa droite.

Machinalement, sa main coula à la cross lustrée du pistolet et il l'effleura distraitement. Mais il fit vite rassuré quant aux intentions de l'individu. Il suffisait d'écouter la régularité du pas, qui était un tant soit peu chaotique. Il savait d'expérience que les tueurs marchaient plus régulièrement que ça.

Il se détendit et se releva souplement. Il se tourna dans la direction des pas, distingua vaguement une ombre mouvante. Une fois qu'il en fut sûr, il ne la lâcha plus des yeux. Les personnes les plus dangereuses étaient toujours celles qui semblaient le plus inoffensives.

Petit à petit, la silhouette se profila avec plus de précisions. Révéla des cheveux noirs et, Alaric en aurait parié, une forme d'épuisement était gravé sur son visage. Il n'y voyait pas grand chose mais pas besoin d'être devin pour le savoir. Il suffisait de voir la posture de l'individu. De là partait tout le reste. Le langage corporel du corps, ce langage qui trahissait les plus grands - une lueur dans les yeux, un pli particulier de la bouche... Les signes étaient irréfutables à qui savait les lire.

Alaric avait passé des années à apprendre. À les étudier, à s'entraîner à les reconnaître malgré sa vue catastrophique. Il avait travailler jusqu'à réussir à les vaincre lui-même. Des années de travail mais, désormais, il se contrôlait à la perfection.

Alors quelques soient les intentions de cet homme - enfin, homme, il n'en était pas trop sûr, les traits étaient fins, quand même ! - il avait l'attitude avachie et désespérée qu'avait toujours les gens en venant le voir. Et maintenant qu'il était là, Alaric ne le laisserait pas partir sans qu'il n'y gagne au change.

Alaric le laissa approcher. Il s'appuya contre une paroi, sans le quitter des yeux. Ce fut seulement une fois qu'il eut le nez sur le nouvel arrivant qu'il le reconnut vraiment - quand on s'appelait Lukàs Von Rosen, on ne passait pas inaperçu, même quand on avait affaire à un malvoyant ! - et un sourire vint danser sur ses lèvres.

Il croisa les bras. L'héritier faisait une telle tête qu'on aurait dit qu'on venait de le déterrer. Alaric remarqua :

- Une petite envie de foutre votre vie en l'air, Votre Altesse... ?

En réalité, Alaric se fichait pas mal de son rang. En fait, le titre ne servait qu'à préciser qu'il l'avait reconnu. Il fourra ses mains dans ses poches sans en faire plus de cas. Il eut un court ricanement.

- ... de vous déréglez le ciboulot ou de vous enfoncer un clou dans un oeil ? Si je peux aider Sa Majesté à creuser sa tombe...

Il poussa sur son pied pour se redresser et se décoller du mur. Des fois, il y avait de mauvaises journées qui finissaient bien...
Lukàs Von Rosen
Héritier Royal
Lukàs Von Rosen
Lukàs Von Rosen
Lukàs Von Rosen
MessageSujet: Re: Comme un tiraillement dans l'âme.   Comme un tiraillement dans l'âme. EmptyDim 27 Oct - 10:44

***

On n'y voyait pas à un mètre et Lukàs mit un temps infini à se repérer, surtout vu l'état dans lequel il se trouvait actuellement. Le son de ses propres pas augmentait les battements de son cœur tandis que la panique le gagnait, l'étouffait à moitié.
Ce n'était pas du manque – les autres drogues prises n'ayant jamais provoqué la moindre accoutumance – mais de la simple peur, une peur qui lui tordait les boyaux et hantait ses jours comme ses nuits. Il avait su la maîtriser, à une époque, la tenir loin, la contrôler comme il contrôlait tout : son monde, son image, ses pensées, ses faits et gestes...
Mais plus maintenant. Plus depuis qu'un sale fils de pute s'était mis en tête de l'empoisonner. Oh pas le genre de poison qui vous tue, non, plutôt celui qui détraquait la tête au point de vous faire passer pour un fou.
Ce qu'il devenait, lentement... Parce que même s'il avait redoublé de prudence, même si le poison n'était plus avalé de manière régulière, il avait fait des dégâts probablement irréparables ; et tout ce qu'il avait mis en place ces dernières années, toutes ses stratégies, tout son jeu d'image, s'était effondré comme un château de carte.
Il ne maîtrisait plus rien.

Lentement sa vision s'adapta assez pour lui permettre d'avancer. Il avait fini par repérer la pompe de gestion des eaux, que les revendeurs utilisaient comme repère pour leur lieu de vente.

Merde... mais qu'est-ce qu'il foutait ? Sa pseudo vie de débauche l'avait souvent confronté aux stupéfiants mais celui qu'il convoitait maintenant appartenait à une toute autre catégorie.
Le genre de catégorie qui ne pardonne pas, qui tombe comme un couperet et s'installe pour tyranniser une vie.
Et alors ? Lui souffla une voix méprisante dans le coin de son esprit. Qu'est-ce que ça peut faire au point où tu en es ? L'opinion publique est contre toi, tes alliés s'écartent en te voyant sombrer, tout le monde veut voir ta sœur au sommet et toi en bas...Tout en bas. Le Reine a probablement donné l'ordre de te faire empoisonner et elle trouvera bien une solution pour se débarrasser de toi.
Et Gaël n'est pas là...
Tous tes efforts, tous tes sacrifices, ce masque immonde que tu portes au dessus de tes frasques de théâtre n'ont servi à rien.
C'était vain.
Inutile.
Tu n'as toujours été qu'un pantin.


Un peu perdu dans son monologue interne – encore une séquelle malvenue de ce qu'on lui avait fait ingérer – il faillit percuter quelqu'un, et se reprit juste à temps.
Se redressant maladroitement, il fixa l'individu collé au mur.
Immédiatement il ne l'aima pas mais qu'importait ? Il venait juste acheter de la sélidoine, pas faire ami-ami avec un contrebandier.

« Ma vie non, mais me faire foutre, je ne suis jamais contre ».
Même si ce n'était plus qu'une vaste blague, il essayait de maintenir ce rôle dans lequel il s'était lui-même enfermé : celui de l'héritier irrespectueux, accro au sexe, aux drogues, à l'alcool et aux soirées, inconséquent et immature.
A première vue pas un danger pour la couronne.
A première vue seulement.

« Rassurez-vous je n'ai pas vraiment besoin de vous pour ça, je m'en sors très bien tout seul. Et arrêtez avec ce sobriquet. Vous m'avez reconnu ? Félicitations... »

De l'ironie, évidemment... Difficile de ne pas le reconnaître étant donné que les journaux officiels étalaient ses frasques partout, empalaient sa mignonne petite figure en première page et avaient fait de lui LE personnage sulfureux à suivre...
Et il n'avait fait aucun effort pour cacher son apparence habituel en venant ici.

« Vous vendez, ou vous préférez bavarder devant une tasse de thé ? »

***
Alaric Saldsal
Contrebandier
Alaric Saldsal
Alaric Saldsal
Alaric Saldsal
MessageSujet: Re: Comme un tiraillement dans l'âme.   Comme un tiraillement dans l'âme. EmptyDim 27 Oct - 22:18

La lueur dans les yeux de l'héritier était étrange mais Alaric ne voyait pas assez pour l'analyser. Merde, mais pourquoi il faisait si sombre ici !? Alors certes, lumière ou pas il voyait flou mais l'obscurité n'aidait pas. Et là, on y voyait comme à travers un mur !

Sauf que pour une fois, il n'était pas tombé sur un drogué complètement défoncé, dont les neurones ne fonctionnaient moitié plus. Non, ce n'était pas un pauvre gars en manque qui lui aurait léché les bottes pour avoir sa dose. Là, c'était l'héritier. Et on avait beau raconter toutes sortes d'histoires sur lui - en le qualifiant de débauché et tout autre qualificatif sympatique - pour Alaric, Lukàs Von Rosen était surtout un homme qui savait cacher son jeu.

Ils se ressemblaient peut-être un peu, finalement. La seule différence, c'était que l'un se trouvait sur le devant de la scène, l'autre agissait dans l'ombre.

Et flinguait les vies de tous ceux qui atterissaient entre ses bras sans le moindre remord.

La réponse de l'héritier le fit sourire. Dans ses mots, tout n'était qu'ironie. Immense ironie. Alaric avait envie de rire. Mais d'un coup, il redevint sérieux, se releva avec une nonchalance telle qu'elle en devenait odieuse et déclara alors :

- Très bien, j'arrête si tu veux. De toute façon, ça m'énerve.

Envolé, le pseudo-respect - qui n'avait été que moquerie, au fond. Juste un moyen de l'énerver et de mesurer son niveau de désespoir... Ça avait parfaitement marché ! Alaric ne respectait personne, pas plus le premier drogué qu'il croisait que cet héritier - qui soit dit en passant semblait en bonne passe pour se flinguer les neurones aussi. Un de plus, il s'en fichait pas mal au point il en était. Il allait se remplir les poches, c'était tout ce qu'il voyait.

Alaric n'avait jamais pris aucune forme de drogue, et il ne toucherait jamais à cette merde. Il avait trop vu les résultats pour essayer. Cela ne l'empêchait pas de continuer à se faire de l'argent sur cela. C'est qu'il y avait de quoi devenir riche, sous tout ça ! La preuve était juste là, devant lui, à s'énerver :

- Vous vendez, ou vous préférez bavarder devant une tasse de thé ?

Alaric eut un sourire. Tant d'impatience à se détruire... Soit ! Ce n'était pas lui qui allait cracher sur la jolie petite somme qu'il allait obtenir.

- Oh, je vends, je vends.

Il se redressa et glissa les mains dans ses poches. Ses doigts rencontrèrent les sachets de poudre qu'il avait mis dans ses poches le matin. Il en avait largement assez pour que la fortune de cet homme ne suffise pas à tout payer.

- Mais je veux le fric avant de sortir la came. Question de principe. Je fais pas de transactions autrement. Cette petite merveille est beaucoup trop précieuse pour la gâcher.

Il croisa les bras de nouveau et se tourna vers le lac, comme s'il était attentif à quelque détail. Sauf que comme d'habitude, il ne voyait strictement rien.

- Je ne demande pas si un homme comme toi à de quoi payer.

Il revint vers lui et attendit. Sans donner de prix - et cela parfaitement volontairement. Il voulait encore tester un peu... et honnêtement, il ne risquait pas grand chose. Un héritier n'apprenait pas à se battre à la perfection et, tout compte fait, de si près, il y avait peu de chance qu'il rate sa cible. Et Alaric n'était franchement pas le genre à craindre de se servir de son arme. Il en avait une, ce n'était pas pour faire joli.

Il se rappuya contre le mur, apparemment détendu, en faisant tourné entre ses doigts un sachet de poudre couleur rouille. Il n'en restait pas moins prêt à réagir. Il était assez tourné pour voir les coups arriver si cela avait lieu.

La prudence était mère de sûreté, comme disaient ses parents. Il eut un sourire sombre.
Lukàs Von Rosen
Héritier Royal
Lukàs Von Rosen
Lukàs Von Rosen
Lukàs Von Rosen
MessageSujet: Re: Comme un tiraillement dans l'âme.   Comme un tiraillement dans l'âme. EmptyLun 28 Oct - 0:09

***


 Décidemment, la vie avait décidé de le mettre face à un miroir, ces derniers temps...
Entre le double qui hantait sa vie, et cette version bandit de lui-même, il ne savait plus vraiment comment se considérer, en se retrouvant plonger face à des attitudes si semblables aux siennes. Avait-il toujours l'air aussi nonchalant lui-même ? Aussi cynique et détaché de tout ?
Oui, sans aucun doute, en apparence du moins. Même l'ironie et la pointe de moquerie dans la voix résonnaient comme son propre timbre.
Le sentiment de vertige qu'il ressentait souvent le prit à nouveau, et une épaisse fumée sembla se placer entre lui et la réalité.
Comme un sentiment de... faux.
Tout était faux.

Si Lukàs maintenait le vouvoiement – par habitude et parce qu'on ne lui avait rien appris d'autre – sa voix restait cependant chargée de mépris, de dédain. La prétention qu'il feignait pour écarter autrui revenait lui coller à la peau, et il regardait cet homme de haut, alors même qu'il ne le connaissait pas, et qu'il ne se pensait pas le droit de le juger.
Une habitude encore... toujours ce costume de faux-semblant qui adhérait à sa peau au point de tout arracher, si on tentait de le retirer.

« Vous me prenez pour le premier camé venu ? Je ne suis pas un type en manque prêt à vous lécher la queue pour obtenir ce dont il a besoin, alors inutile d'appliquer vos petites manies usuelles. »
Un langage fleuri qui faisait rougir de plaisir les pintades qui finissaient dans son lit, et l'épinglaient comme le garçon bien élevé, mais que les terribles gênes des faubourgs ramenaient à sa condition première.
Encore une belle histoire pour les journaux.

« Cette petite merveille peut aussi se trouver chez quelqu'un qui fait moins le malin, et qui ne se sentira pas obligé d'asseoir sa petite autorité de bandit en imposant ses règles. Quelque chose à compenser mon cher ? »
Bordel mais à quoi jouait-il, au juste ? Il était simplement venu acheter de quoi se flinguer une bonne fois pour toute alors à quoi servait cet espèce de bras de fer ?
Il aurait pu avancer l'excuse de la prudence, la peur de se faire arnaquer par une racaille à la sauvette mais, soyons honnête, il avait simplement envie de pinailler, besoin de « jouer ». Le sourire caranassier et le regard glacial qu'il jetait sur l'individu le confirmaient d'ailleurs...
Il voulait frémir, se mettre en danger, ressentir quelque chose PUTAIN. N'importe quoi...

«  Intéressant cette position de défense... prêt à réagir en cas d'attaque, le dos protégé par le mur, l'apparence nonchalance pour inviter à porter le premier coup... vous avez peur que je ne m'en prenne à vous ? »
Ils étaient deux à pouvoir jouer au petit jeu du « je lis ta ligne corporelle ». Est-ce que ça lui servirait pour autant ?
Non...
Lukàs n'avait pas d'arme, ne savait pas vraiment se battre et ne se faisait pas d'illusions non plus sur sa force.
Autant dire qu'il se ferait battre sans le moindre doute : lecture corporelle ou non.

Pour le provoquer un peu plus il leva les mains.

« Je ne peux rien faire, j'ai mis mes gants blancs ».
Oui mais vas-y Von Rosen... continues à chercher la merde, c'est malin ça... Tu ne pouvais pas juste prendre ta foutue drogue et aller mourir plus loin ?

***
Alaric Saldsal
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Alaric Saldsal
Alaric Saldsal
Alaric Saldsal
MessageSujet: Re: Comme un tiraillement dans l'âme.   Comme un tiraillement dans l'âme. EmptyLun 28 Oct - 11:13

Peur, peur... Tout était relatif. Alaric préférait être prudent, voilà tout. Quand on ne voyait pas à un mètre et qu'on était contrebandier, on apprenait à l'être en toutes circonstances, même quand on avait affaire à un héritier richissime qui ne portait pas d'arme et qui n'était sûrement pas capable de se défendre tout seul.

D'un autre côté, Alaric évitait autant que possible les affrontements physiques. Alors ça n'allait pas être lui qui allait se jeter sur ce Lukàs Von Rosen en premier. Même contre lui, qui savait ?, il ne ferait peut-être pas le poids... Sans doute, même.

A bien y penser, un homme aurait pu être en train de le pointer en ce moment avec le canon de son arme, viser et se préparer à tirer, Alaric ne s'en serait même pas rendu compte. Rien de plus facile que de le tuer à distance. Il ne se sentirait même pas mourir. A ne pas voir les coups venir, on ne risquait pas de les éviter...

Alors, oui, pour toutes ces raisons, il se montrait prudent et avait appris à ne pas montrer son dos à n'importe qui. Même quand il n'y avait apparemment aucun danger. Parce que c'était ce apparemment qui était dérangeant, justement.

Alaric allait en rester à la joute verbale, c'était encore le mieux. Et quand bien même son interlocuteur parvenait à identifier le language du corps aussi - avec une bonne vue, ce ne devait pas être si difficile ! - il ne semblait pas en venir aux mains non plus. Juste menacer de changer de fournisseur, et parler de gants blancs.

- Mais je t'en prie, rétorqua-t-il en levant les mains en l'air, en serrant le sachet de Sélidoine entre ses doigts gauche. Vas voir s'il y a un autre bandit dans le coin pour t'en vendre.

Bien évidemment, Alaric voulait garder cette affaire sous sa botte. Parce qu'un héritier accro à la Sélidoine, ça lui rapporterait beaucoup ! Mais il n'en avait pas fini. Les autres dealers étaient tous ses adversaires. Entre adversaire, on ne se faisait pas de cadeau.

- Je vois d'ici les titres de journaux : Lukàs Von Rosen, la Sélidoine ouvre ses portes à l'héritier !. Je suis sûr que ça ferait la Une de tous ! Les journalistes s'en gonfleraient de fierté, ce serait le tout dernier scoop pour parler comme eux. Il n'y a pas à dire, c'est tout ce dont tu as besoin actuellement. Entre nous, tu ne trouves pas que tu fais déjà beaucoup parler de toi, ces derniers temps... ?

Il savait de quoi il parlait : les titres de journaux étaient la seule chose qu'il parvenait à lire. Et il y voyait souvent passer le nom de son interlocuteur, et dans des phrases de plus en plus péjoratives.

- Pas de doute à dire que à peine vendue, celui auprès duquel tu achèteras ira tout rapporter aux journalistes qui se feront un plaisir de l'écrire à la ville, et... ainsi de suite.

Les potins de la ville. Les dealers étaient nombreux qui, en plus de flinguer la vie des gens avec la drogue, allait s'en vanter devant les journaux.

- Je me doute bien que cette réputation qui te colle à la peau est voulue, mais... la Sélidoine. Penses-y un peu. On ne parle plus de simples drogues ou de sexe, là, ni même de fête de débauché.

Il lança en l'air le sachet de poudre, le rattrapa et haussa des épaules.

A vrai dire, il espérait bien que cet héritier n'allait pas céder si facilement. Ces joutes verbales étaient on ne peut plus revigorantes, bien plus à ses yeux que n'importe quel combat armé. Et puis, ça faisait bien longtemps qu'il n'avait plus exercé son esprit et sa langue à manier les mots.

Les mots, oui, ses chers, très chers alliés. Que ça faisait du bien de les retrouver ! Il fallait dire que ce n'étaient pas avec les camés défoncés ou les imbéciles qui courraient les rues qu'il aurait pu avoir une conversation évoluée.

Il n'allait pas le laisser partir comme ça, mais déjà, achever cette transaction.

- Alors remballe tes beaux gants blancs pour ne pas les salir, et dis moi combien tu as sur toi. Que je vois ce que je peux faire.
Lukàs Von Rosen
Héritier Royal
Lukàs Von Rosen
Lukàs Von Rosen
Lukàs Von Rosen
MessageSujet: Re: Comme un tiraillement dans l'âme.   Comme un tiraillement dans l'âme. EmptyLun 28 Oct - 12:27

***


 Quelle chance d'être tombé sur deux petits coqs, plus à l'aise avec les petits échanges de paroles, qu'avec le chant des poings...
Lukàs était un homme de logique, ou tout du moins l'était-il devenu avec le temps. Du petit garçon à fleur de peau, créatif et rêveur, il ne restait plus que quelques ruines fumantes, mises en place par la Reine pour le jeu du pouvoir. Par dessus ce champ de bataille, les adultes avaient reconstruit une ville pleine de raison, de réflexion, de calcul et bouffie d'orgueil.
C'était si simple de détruire un enfant, pour le modeler. Surtout lorsqu'il était aussi fragile et innocent que l'avait été Lukàs.
Très longtemps avant.

Nous pouvons donc nous accorder sur le fait que, un homme de logique tel qu'il aurait dû l'être, devait sans nulle doute faire marche arrière et trouver quelqu'un de moins arrogant, moins insolent aussi, quelqu'un de plus facile à manipuler pour obtenir ce qu'il voulait.
Mais Lukàs ne le fit pas. Parce que, chez lui, la raison cédait souvent le pas à la fierté, et que cette simple commande s'était transformé en bataille de principe. On le provoquait, on essayait de lui faire courber l'échine et il s'y refusait.
Même pour quelque chose d'aussi trivial, où ce genre d'attitude n'avait pas sa place.

Le sourire du jeu étira ses lèvres, remplaçant dans son sang la soif du vide, par la soif de lutte.
Une occupation somme toute moins dévastatrice que la drogue. Du moins sur le papier.

« Essayes-tu de me faire chanter ? C'est une sorte de menace ? »
Chez lui aussi le vouvoiement avait disparu face au tutoiement. Il les remettait à plat dans l'ordre de la parole : partant de la même base égalitaire, gommant les positions sociales pour ne laisser plus que les compétences verbales.

Écartant les mains pour indiquer qu'il n'était pas armé -parce qu'il ne savait pas que l'autre n'y voyait pas à un mètre – il s'approcha d'un pas, sa gorge laissant rebondir l'écho d'un rire sans joie, plein d'acidité.
« Les journaux sont à la solde de le Reine... et la Reine est du côté d'Agnès. Évidemment qu'ils ne font pas mon éloge, tu crois que je ne le sais pas ? Même si je sauvais des enfants d'un orphelinat en feu, et même si je devenais un héritier irréprochable, on trouverait toujours le détail qui blesse, le petit quelque chose qui jouerait contre moi dans l'opinion public. »
Un frisson le long de sa colonne, le cœur qui bat plus fort, le regard plus brillant.
Une forme d'excitation. Une forme de vie.

« Alors que le monde entier apprenne que cette pétasse m'a jeté dans les bras de la Dame Rouille c'est bien le dernier de mes soucis. »
La voix plus basse, un peu plus tremblante aussi, à cause de cette forme d'enthousiasme qui réveillait ce jeune corps trop souvent indolent.
« Un type comme moi qui vient te voir pour ce genre de chose, en sachant ce que ça fait, en l'ayant évité toute sa vie... tu crois vraiment qu'il s'occupe encore de ce qu'on peut dire de lui ? Je n'ai plus. rien. A perdre. »

Conclut-il en détachant avec soin les derniers mots.
C'était la première fois qu'il le verbalisait, le premier moment de sa vie où les mots claquaient avec une telle véracité ; avec la force de ce qui était resté ignoré trop longtemps.
Par peur.
Par espoir.

« Alors ta menace des journaux, la promesse de ne rien révéler, tu peux te les caler au cul, mon beau. »

***
Alaric Saldsal
Contrebandier
Alaric Saldsal
Alaric Saldsal
Alaric Saldsal
MessageSujet: Re: Comme un tiraillement dans l'âme.   Comme un tiraillement dans l'âme. EmptyMar 29 Oct - 11:09

- Essayes-tu de me faire chanter ? C'est une sorte de menace ?

Le petit héritier se décrispait, il commençait à prendre un peu plus de superbe et dans sa posture, il ressemblait déjà moins à un zombie. Il avait abandonné le vouvoiement à son tour - enfin ! Alors désormais, pour les départager, il ne restait que les mots.

C'était à celui qui réussirait le premier à faire plier l'autre. Et c'était un défi qui plaisait à Alaric. Faire plier les autres avait quelque chose de... grisant, donner ce sentiment de supériorité qui vous remplissait le ventre de joie.

Au moins, Lukàs ne semblait pas vouloir en venir aux mains non plus. Malgré tout, habitude acquise au fil des années, Alaric ne se décolla pas des murs. Il verrait mieux les coups arriver si cela devait avoir lieu malgré tout. En attendant, il avait une joute verbale à gagner ! Il plongea ses mains dans ses poches pour rajouter à sa nonchalance.

Ils étaient bien loin de la transaction, désormais. Lukàs bougea - Alaric crut distinguer qu'il écartait les mains - mais il ne vit pas ce qu'il montrait. Tout ce qu'il voyait, c'était des tâches blanches, sûrement les fameux gants blancs - qui s'écartaient du corps. Ca avait l'allure d'un signe de paix, mais seulement l'allure. Parce que les mots, eux, restaient secs et le rire était acide.

Les classes sociales avaient été retirées à partir du moment où Lukàs avait cessé de le vouvoyer. Il n'y avait plus d'héritier ou de contrebandier. Plus d'acheteur ou de vendeur. Simplement deux adversaires, qui n'avaient aucune attention de céder le premier.

- La Dame Rouille... La plus grande amie des désespérés.

Comme en écho à ses mots, l'autre déclara, en s'appliquant à détacher chaque mot les uns des autres pour rendre la phrase plus percutante :

- Je n'ai plus. Rien. A perdre.

- Oh, tu as l'air de ne plus avoir rien à perdre, en effet. Après tout, si tu veux te flinguer le ciboulot et revenir me lécher les bottes pour en avoir d'autre, libre à toi. Ca me fera plus d'argent.

Il fit une pause, eut un sourire et ajouta :

- Et tu apprendras, ce n'est pas moi que tu vas séduire en m'appelant "mon beau". Je ne suis pas comme tous ces imbéciles qui craquent dès le premier regard, oui dès que tu leur sort je ne sais quel joli petit nom. Mais vas-y, si ça te change, essaye encore, mon chou. On ne sait jamais...

Il lui adressa un grand sourire éclatant, un brin provocateur, et il lui fit un clin d'oeil charmeur.
Lukàs Von Rosen
Héritier Royal
Lukàs Von Rosen
Lukàs Von Rosen
Lukàs Von Rosen
MessageSujet: Re: Comme un tiraillement dans l'âme.   Comme un tiraillement dans l'âme. EmptyMer 30 Oct - 18:19

***


 Heureusement – ou malheureusement, qui sait ? - Lukàs avait souvent de l'applomb, et une force tranquille qui se dégageait de lui avec la tranquillité du lion au repos. On passe à côté sans y prêter attention quand soudain il se redresse, et bondit.
L'héritier n'était pas passif – ou du moins il ne l'était pas avant – et il avait cette assurance et cette confiance en lui qui expliquaient – en partie – l’enchaînement de damoiselles et damoiseaux dans son lit. Il n'avait pas que le titre d'héritier, il en avait aussi la carrure, l'allure, la force...
Même si elle s'était considérablement éteinte ces derniers temps.

« Tu tiens un discours bien paradoxal, l'ami... »
Puisque le sobriquet de « mon beau » - qui lui allait pourtant à ravir – n'était pas apprécié à sa juste valeur, autant en changer...
Celui-ci était tout aussi condescendant, cela dit.
« Depuis tout à l'heure tu parles de l'argent que je vais te rapporter mais c'est la seconde fois – peut-être même la troisième, je n'ai pas bien compté – que tu essayes de me mettre en garde... qui aurait cru que je tomberais sur un contrebandier avec un semblant de moral. »
Son sourire prit en intensité, dévoilant des dents impeccablement alignées, rendues saines par une nourriture en abondance, mais bien gérée. Dans ses orgies à lui, l'alimentaire passait souvent en second.
« Même si tu essayes apparemment de jouer les gros durs pour sauver les apparences. »
Il ne se leurrait pas, ce n'était probablement pas ce que désirait l'autre homme : le mettre en garde, jouer les bons samaritains. On n'en venait pas à vendre ce type de drogue quand on avait réellement une conscience.
Pas après avoir pu observer les effets qu'elle produisait.

« Je ne suis pas quelqu'un de très fidèle, ne compte pas sur moi pour revenir voir toujours le même re-fourgueur... »
Une manière tranquille de dire qu'il ne souhaitait pas revenir vers lui. Comme un idiot – ce qu'il était trop souvent – Lukàs pensait que les histoires sur la Sélidoine étaient exagérées, qu'il aurait assez de volonté et de force pour tester une fois et s'arrêter là, par la seule force de son bon vouloir.
Une part de lui savait sans doute que c'était faux, que ce stupéfiant ne pardonnait pas...
Une part de lui savait ce qu'il voulait : le vide, l'oubli, un endormissement plus fort et plus permanent, une raison de ne plus avoir à se lever.
L'autre part avait trop d'égo pour le reconnaître tout à fait.

A nouveau dans son rôle de l'insupportable prince vantard, Lukàs porta une main à son cœur – à nouveau – et prit l'air outré de celui que l'on vient de rejeter.
« Oh je ne suis pas à ton goût ? Comme tu es dur... je ne sais pas si je me relèverai après la manière dont mon cœur vient de se briser »
Bah voyons...

« Tu ne devrais pas trop me donner de petits surnoms, ça m'excite. »
Bah voyons... comme si la moindre petite chose pouvait encore « exciter » un corps qui avait déjà tout connu, tout essayé, et qui s'était lassé de tout.

« Trêve de plaisanterie. Je ne compte pas vider mes poches en plein milieu des souterrains et de toutes manière je ne suis pas assez idiot pour me trimballer ici avec de quoi te payer. Je veux ton prix. Et pas la peine de les gonfler pour ensuite le faire descendre en prétextant une ristourne : j'ai grandi parmi les marchands, je connais tous ces trucs de vautours ».

***
Alaric Saldsal
Contrebandier
Alaric Saldsal
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Alaric Saldsal
MessageSujet: Re: Comme un tiraillement dans l'âme.   Comme un tiraillement dans l'âme. EmptyJeu 31 Oct - 11:47

Après mon beau, Alaric avait le droit à l'ami. Ça en était presque décevant. Il s'était attendu à mieux avec cet héritier qu'on disait accro au sexe - quand bien même ce n'était qu'une vulgaire couverture.

Alaric eut un sourire. Mais quel contrebandier avait un semblant de moral, franchement ? En tout cas, ce n'était sûrement pas lui qui s'encombrait de remord. Il ricana :

- Oh, rassure-toi, je ne suis pas du genre à être comme ça. La morale, c'est pas pour moi. On vit beaucoup mieux sans. Je n'aime pas m'encombrer de sentiments inutiles.

Il eut un sourire sombre et ajouta, en laissant apparaître ses dents blanches :

- À ton avis, pourquoi je vends de la Sélidoine, hein ?

C'était une question purement rhétorique. D'ailleurs, il n'attendit pas la réponse pour la donner.

- ... parce que je m'en mets plus dans les poches qu'avec n'importe quel métier honnête. Alors, tu vois, ma morale, ça fait bien longtemps qu'elle s'est envolée. Je n'en ai plus rien à carrer.

Comme s'il en avait eu quelque chose à carrer un jour. Depuis qu'il était contrebandier, qu'il avait mis le feu et fait coulé le commerce de la famille Idanan, il se fichait bien de tout ce qui n'était pas lui. Ce à quoi on lui rétorqua :

- Je ne suis pas quelqu'un de très fidèle, ne compte pas sur moi pour revenir voir toujours le même re-fourgueur...

Alaric eut un petit sourire condescendant. Il était toujours appuyé contre la paroi rocheuse du souterrain et continuait de jouer avec le sachet de poudre couleur rouille. Il trouvait tour à tour que cet héritier était un homme intelligent et, immédiatement après, le dernier des imbéciles.

- Oh, laisse-moi te rassurer sur ce fait-là. Quand tu seras en manque, tu n'auras pas l'esprit à réfléchir. Tu repenseras à moi et tu reviendras m'en demander.

Il savait bien ce qu'il disait. Il travaillait dans le domaine depuis des années désormais. Il avait bien observé les effets de la drogue sur les gens, et ceux, encore pire, du manque. Ils réagissaient tous pareils, et même quand ils comptaient seulement essayer, ils finissaient toujours par revenir.

Enfin, pour une fois, il s'était prononcé trop rapidement. Parce qu'enfin, Lukàs répondit à sa provocation et cela lui tira un immense sourire :

- Ah, j'ai cru que tu n'allais jamais te réveiller et qu'on allait en rester là, mon chou, répéta-t-il alors avec un autre sourire, poussant la provocation jusqu'au bout.

Il eut un court rire amusé. Machinalement, il ouvrit le sachet de drogue et laissa la poudre couler entre ses doigts pour se répandre à ses pieds. Elle vint rougir ses chaussures, même si cela, il le devinait plus qu'il ne le voyait.

- Regarde-moi cette merveille, murmura-t-il avec un ton émerveillé. As-tu seulement idée de combien ça vaut ?

Non, sans doute aucune. Juste une vague idée du prix - comme tous les autres. La preuve arriva immédiatement après : voilà que son cher interlocuteur lui demandait le prix. Et si déjà le trève de plaisanterie l'avait fait sourire, il éclata tout bonnement de rien au reste de la phrase, qu'il écouta malgré tout jusqu'au bout :

- Je veux ton prix. Et pas la peine de les gonfler pour ensuite le faire descendre en prétextant une ristourne : j'ai grandi parmi les marchands, je connais tous ces trucs de vautours.

- Oh, tu connais tous ces trucs de vautours, vraiment ? Tu m'en vois ravi. Mais ce n'est pas ma manière de procéder.

Il jeta le sachet vide par terre, s'épousseta les mains pour retirer les derniers grains de poudre qui s'étaient coincés sous ses ongles et lui en lança un :

- Tiens, c'est gratuit pour la première dose.

Nul besoin de préciser que ce n'était pas par miséricorde. Il enchaîna en faisant mine d'examiner ses ongles - qu'il ne voyait pas net, soit dit en passant :

- Ceux qui gonflent les prix pour faire une ristourne ensuite sont des imbéciles. Ils n'ont aucune âme de vendeur, et visiblement, toi non plus, mon chou. Parce que tu vois, cette première dose gratuite, c'est ce qui suffit pour rendre drogué et addict.

Il ne remplissait pas ses sachets n'importe comment. Juste assez de Sélidoine pour rendre accroc et forcer à revenir lui en acheter d'autre. Il maîtrisait la situation à la perfection.

- Elle te suffira pour te mettre la tête à l'envers, et à éprouver le manque ensuite - ce terrible manque... Et alors, tu reviendras ici.

Il fit une pause, eut un sourire carnassier et conclut en se décollant du mur :

- Et alors seulement, je monterais les prix.

C'était une machine bien huilée. Monter les prix quand ces clients ne pouvaient plus se passer de l'acheter, voilà le véritable secret de la richesse. Et il n'éprouvait pas le moindre remord.

Quand il disait que sa morale s'était envolée...
Lukàs Von Rosen
Héritier Royal
Lukàs Von Rosen
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Lukàs Von Rosen
MessageSujet: Re: Comme un tiraillement dans l'âme.   Comme un tiraillement dans l'âme. EmptyJeu 31 Oct - 13:46

***


 Qu'on « disait »... tout était dans cette petite nuance. Oh à une époque il avait sans doute aimé ça, quand les choses étaient neuves, vivantes, et plus simplement nécessaires et mécaniques. Il était trop jeune, s'était laissé enfermer à son propre piège, et le sexe – comme tout le reste – s'était changé en besoin, presque vital, presque identique à celui de respirer. Pendant juste un instant il se sentait à nouveau exister, et pas seulement vivoter. Même si les personnes qui l'étreignaient n'avaient qu'une poupée de chiffon entre les mains – vivace et vicieuse, certes, mais une jolie poupée tout de même – lui sentait un petit cœur battre dans la carcasse de bois.
Et c'était déjà beaucoup.

Un homme avide : voilà ce qu'était son interlocuteur. Était-ce étonnant ? Non. Même si la ville reposait encore énormément sur le système du troc, les grandes ligues marchandes parvenaient de plus en plus à imposer leur système monétaire concret ; un système que les nobles et bon nombre d'habitant fortunés avaient vite adopté, et qui n'était encore que vaguement régularisé. La reine faisait une erreur en laissant cohabiter deux principes d'échange différents, et si elle ne réagissait pas très rapidement, une crise énorme ne manquerait pas d'éclater.
Et elle le savait probablement... En jouait.
Quelle fieffée salope...

La chute de la matière rouge le fascina, et il s'abîma dans le mouvement bref, mais hypnotique. Les couleurs de la poudre avaient de quoi fasciner : un mélange indescriptible, qui reflétait le peu de lumière présente dans les lieux.
Il comprenait mieux pourquoi tant d'Erudits se fatiguaient à tenter d'en décrypter les mystères. Le Saltz était beau, attirant, et dangereux... sous toutes ses formes.

« Je n'ai pas vraiment pour finalité de vendre quoi que ce soit »
Précisa-t-il tandis qu'on remettait en question ses capacités marchandes. Il avait quelques bases – pas les meilleurs en plus, apparemment, et contrairement à ce qu'il pensait – mais un héritier n'avait pas à s'occuper de ce genre de choses. Pas d'après la Reine, en tout cas...

« Je vois... c'est vrai que c'est plus malin comme ça »
Reconnut-il facilement tandis qu'il continuait à fixer la poudre étalée au sol, et le sachet vide entre les doigts du vendeur.
Puis une nouvelle lueur se mit à grandir dans son regard, accompagnant le sourire qui ne l'avait pas quitté. Ceux qui le connaissaient vraiment – autant dire Gaël... - auraient pu reconnaître ce regard là et comprendre aussitôt le sale coup que préparait l'héritier.
Toujours du jeu.

« Et si la première dose est « gratuite », toi... tu me coûterais combien ? »
Est-ce que c'était une demande parfaitement insultante ? Mais non enfin... on était à Draümbell, tout se monnayait ici.
Particulièrement les enfants – malheureusement – et le cul...

***
Alaric Saldsal
Contrebandier
Alaric Saldsal
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Alaric Saldsal
MessageSujet: Re: Comme un tiraillement dans l'âme.   Comme un tiraillement dans l'âme. EmptyVen 1 Nov - 12:43

Alaric glissa ses mains dans ses poches et le regarda. Il ne voyait pas grand chose mais il savait parfaitement donner l'illusion du contraire : il n'y avait aucun moyen que son interlocuteur ne le devine.

- Et si la première dose est « gratuite », toi... tu me coûterais combien ?

Il eut un sourire en coin et fit un pas en avant. Il distingua alors mieux ses traits. Il pencha la tête sur le côté, son sourire s’agrandit et il répondit :

- Je sais pas, tout dépend de toi.

Il fit une pause, s'approcha encore et il ne resta plus qu'à peine un mètre entre eux deux. Il lui adressa un clin d’œil lourd de sous-entendus mais ajouta ensuite, avec le même ton :

- Dis-moi jusqu'à où pourrait aller un héritier fortuné pour avoir un peu de chaleur humaine dans la froideur de son quotidien, et je verrais ce que je peux faire pour toi, mon chou.

Il fit mine d'examiner ses ongles, encore, comme s'ils étaient plus importants à ses yeux que son interlocuteur et releva finalement la tête.

- Bien sûr, tu as peut-être besoin d'un échantillon pour te rendre compte... ?

Ce n'était ni vraiment une question, ni une affirmation. D'ailleurs, il ne lui laissa pas le temps de répondre. Il termina de combler la distance entre eux - et enfin, il le distingua nettement en entier. Il leva les sourcils d'un air provocateur, la seconde d'après, il l'embrassait, comme ça, sans prévenir.

Il n'y avait rien de doux, d'amoureux - ou d'une autre bêtise dans le même genre - dans le baiser. Juste le jeu, la provocation et l'envie de gagner ce duel verbal. Bon sang, qu'est-ce qu'il s'amusait ! Il n'allait pas le laisser repartir comme ça, ça jamais.

Finalement, il recula, mais pas assez pour de nouveau le voir flou - ce qui, de fait, restait proche - et l'affronta du regard sans bouger. De nouveau, pas de douceur, ni rien d'autre.

- Alors, Lukàs Von Rosen, à combien monte votre prix ? Je ne vais pas me déplacer jusqu'au haut monde pour rien.

Il avait reprit le vouvoiement, mais pour aucune autre raison que provoquer davantage encore.

Provoquer, encore et toujours plus. Il tira ses gants de sa poche, les enfila avec application et continua :

- Je ne me suis pas présenté, d'ailleurs... Jerem ! Bien le bonjour, monseigneur.

Et il s'inclina exagérément, une main sur le cœur. Le jeune homme n'avait jamais rechigné à donner son nom, du moins le nom sous lequel on le connaissait en tant que dealer.
Lukàs Von Rosen
Héritier Royal
Lukàs Von Rosen
Lukàs Von Rosen
Lukàs Von Rosen
MessageSujet: Re: Comme un tiraillement dans l'âme.   Comme un tiraillement dans l'âme. EmptyMar 5 Nov - 15:06

***


Il était définitivement tombé sur un joueur, et pas le genre de joueur qui reculait face à la plus petite accroche ; non... plutôt le genre qui allait toujours plus loin, sans la moindre hésitation.

Il avait mis le doigt dessus : de la chaleur humaine, n'importe laquelle. Le petit mot doux ironique passa à l'as parce que le Prince sentait déjà l'excitation monter, cette envie du chasseur – ou de la proie ? - qui sent venir l'heure de la chasse.

Le baiser ne le prit pas par surprise – il utilisait trop ce genre de techniques pour se retrouver dépourvu. La chaleur des lèvres fit battre son cœur plus fort.
Fit battre son cœur tout court.
Il avait envie de l'attraper pour le garder contre lui, pour aspirer cette vitalité qu'il sentait contre la barrière de la chair.
Toute cette énergie qu'il n'avait plus.
Lui non plus ne cherchait ni douceur, ni amour, ni aucune autre bêtise de ce genre. Ce n'était qu'un échange mécanique et superficiel, comme tout le reste, mais une fois qu'il avait mis la langue dedans, il ne voulait plus en sortir. Une autre forme de drogue, encore moins satisfaisante, encore plus addictive et mauvaise pour la vision de soi.

Aucune réponse sur le prix : il mettrait ce qu'il fallait. Le baiser ne lui avait pas suffi et il vint chercher le second : plus brutal, plus bestial, dans cette nécessité d'arracher toujours plus de morceaux chez l'autre, avant de chuchoter, les sourire dément :
« Tu crois vraiment que je vais t'amener en haut ? »

Le petit jeu de l'autre ne l'intéressait plus, il n'avait plus ni contrôle ni civilisation et tout ce qui lui semblait superflu n'avait plus de place dans sa tête.
Bien sûr il serait dégoûté après, à la fin : quand l'horreur de son comportement – si éloigné de ce qu'il voulait être – lui reviendrait, et qu'il se sentirait sale et grossier.

Avec une certaine froideur – et une voix plus rauque – il lâcha :
« Je n'ai pas besoin de connaître ton nom. »
Ses nerfs vibraient, brûlaient sa peau. Il était maintenant prêt à se se mettre à genoux pour lécher cette poudre rougeâtre, avant de retourner ce dealer pour s'en satisfaire sans plus de cérémonie.
Une belle image n'est-ce pas ? Un futur monarque splendide.
Un roi sans couronne, et à la recherche de son âme.

« Comment prends-t-on la Sélidoine ? »
Comment la consomme-t-on, avant de te consommer toi, mon mignon ?

***
Alaric Saldsal
Contrebandier
Alaric Saldsal
Alaric Saldsal
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MessageSujet: Re: Comme un tiraillement dans l'âme.   Comme un tiraillement dans l'âme. EmptyMer 6 Nov - 22:20

Bien sûr, Alaric n'était pas naïf au point de croire qu'il finirait en haut. Il restait un simple contrebandier, poussiéreux qui plus est, à force de traîner sous terre. Il n'était sûrement pas assez bien sur soi pour avoir ce droit-là.

Mais tout compte fait, il s'en fichait. Même si cela lui aurait permis d'étendre encore plus son empire commercial, il finirait bien par trouver un moyen. Et il en avait un très bon devant lui, qui avait visiblement décidé de ne pas prendre que son paquet de Sélidoine gratuit. Vu la tournure que prenait les choses, il risquait de s'attarder un peu.

Le second baiser qu'ils échangèrent n'avait rien de plus amoureux ou doux que le premier. Juste, encore et toujours, ce besoin physique, cette action mécanique de deux corps rassemblés. Alaric ne cherchait rien de plus. Mais après tout, ça lui apporterait un peu de chaleur humaine, à lui aussi, car sa journée n'avait été jusqu'ici qu'un ramassis d'événements sans intérêt. Quoique... chaleur humaine. Il n'était pas sûr qu'il y ait grand chose d'humain dans ce genre de relation.

Ils n'allaient faire - parce qu'ils allaient le faire, évidemment - qu'accomplir un acte purement sexuel. Ça irait vite, trop vite sans doute, et leur laisserait un sentiment étrange de non-achèvement. Ensuite, ils repartiraient chacun de leur côté, comme si de rien, et Alaric entasserait l'argent avec le reste. Point.

Nul doute pour dire que cet héritier qui se trouvait en face de lui ne pensait pas à autre chose non plus. Pour ça, pas besoin de prénoms, pas besoin d'y voir non plus. Ça tombait bien parce qu'Alaric n'avait pas envie de se tuer la vue.

- Je te le dis juste pour que tu vantes mes mérites, rétorqua-t-il enfin, parce qu'il n'allait quand même pas rester sur un échec, plutôt mourir.

Et pour toute réponse, il y eut ça :

- Comment prends-t-on la Sélidoine ?

Alaric manqua de rire. Il vendait de la Sélidoine depuis des années maintenant et jamais on ne lui avait posé cette question. D'ailleurs, il ne se l'était jamais posé non plus... Mais s'il pouvait s'assurer que cet héritier prenne tout ici, ça lui permettrait d'être sûr de le revoir - et de gagner de l'argent. Encore et toujours l'argent. Mais il fallait bien un but dans la vie, pour ne pas finir comme celui qui lui faisait face, rongé de l'intérieur, prêt à sniffer la Dame Rouille à peine obtenue. Il préférait encore que sa drogue soit l'argent - toujours plus d'argent.

- Commence par ouvrir le paquet, expliqua-t-il comme s'il parlait d'un joli cadeau. Et respire la bonne odeur de la liberté après.

Il ajouta ensuite avec un sourire sombre, en faisant craquer ses doigts avec le plus grand naturel - une fois de plus :

- Dis-moi, ça t'arrive souvent de te taper des dealers dans des souterrains moisis comme celui-ci ? C'est vrai que c'est un cadre qui s'y prête à merveille... C'est que j'aurais presque froid.

Bon sang, il n'avait pas souvent poussé la provocation si loin - les autres lui en laissaient rarement l'occasion - mais c'était drôle. Et il fallait dire que pour une fois, il avait trouvé un adversaire à sa taille. Sauf pour les techniques commerciales mais bon... il y avait quelques ratés parfois.
Lukàs Von Rosen
Héritier Royal
Lukàs Von Rosen
Lukàs Von Rosen
Lukàs Von Rosen
MessageSujet: Re: Comme un tiraillement dans l'âme.   Comme un tiraillement dans l'âme. EmptyLun 18 Nov - 15:22

***


Parfois Lukàs se demandait qui était assez bien pour se retrouver là-haut, bien à l'abri, au sommet du grand escalier ou de l'ascenseur – pour les plus fainéants. Les fumiers qui vivaient dans les étoiles n'avaient pas plus le droit de citer là que les malheureux des poussières du bas.
Et lui ?
Lui n'avait sa place nulle part, ça lui paraissait de plus en plus évident.

Avant de s'y mettre, Lukàs suivit les consignes : pas tout – il n'était pas idiot, comprenait l'utilité de la juste dose – mais simplement la quantité qu'il considérait comme étant suffisante pour augmenter son plaisir et donner un peu d'intérêt à la relation.

Il répartit un peu de la poudre sur son pouce à plat et le monta jusqu'à ses narines : d'abord l'une, puis l'autre.
Patient, un peu intrigué, il attendit de « sentir » quelque chose, en répondant à la question sur le même ton un peu railleur, un peu loin, un peu déconnecté :

« Tu es bien curieux. Ne t'en fais pas, on va se réchauffer ».
Il n'y avait rien d'érotique ou d'excitant dans sa voix, et même lui semblait plus suivre un schéma qu'il était le seul à connaître, plutôt que de se diriger avec joie vers un événement qui aurait dû être unique.
Mais qui ne l'était plus depuis longtemps.
La mécanique.
Le jeu des pantins.
Scénographie malsaine des échanges risibles.
Comme le masque du clown, qui cache le sourire tombant des lunes basses.
Et la douleur. La faille, immense, un gouffre.
Le trou qui dévore.

Puis les mots disparurent, et les corps parlèrent.
Comme le supposait le trafiquant, les choses furent rapides, étreinte forte et brutale contre un morceau de mur, qui ne servait plus alors de protection mais d'appui, de support, pour un échange dépourvu du moindre sentiment.
Lukàs y prit du plaisir, de ce plaisir malsain qui se nourrit dans la souffrance morale et dans l'extase corporelle. L'Héritier était un bon amant, qui connaissait le chant des corps. Lorsqu'il les porta tous les deux à l'acmé, et que les « amants » se calmèrent, profitant de cet instant de vague après l'aboutissement de la danse.

Le dernier baiser fut plus doux. Toujours pas amoureux, mais lourd d'une certaine tendresse. La Sélidoine lui était enfin montée à la tête et aux nerfs ; il se sentait maintenant bien, un début de sourire aux lèvres face à un bien-être qu'il regrettait de ne jamais avoir rencontré auparavant.
Il aurait dû en prendre avant.
Et le sexe avait été meilleur, plus fort, plus intense. La drogue avait vibré sur ses nerfs comme sur les cordes d'un piano.
Une mélodie nouvelle, que son corps mélomane appréciait.
Du neuf, enfin.

Après un temps il finit par s'éloigner, se rhabiller un peu, essayer de reprendre son air habituel malgré le sourire factice qui continuait de s'incruster dans sa face, comme le rouge d'une baffe contre l'épiderme.

« Tu veux combien ? »
Très galant ça Von Rosen.

***
Alaric Saldsal
Contrebandier
Alaric Saldsal
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Alaric Saldsal
MessageSujet: Re: Comme un tiraillement dans l'âme.   Comme un tiraillement dans l'âme. EmptyLun 25 Nov - 13:22

- Tu es bien curieux. Ne t'en fais pas, on va se réchauffer.

Alaric haussa des épaules et ajouta machinalement, même si même avant de poser la question, il connaissait la réponse :

- J'en déduis que oui.

Ils ne parlèrent pas davantage. L'heure n'était plus aux mots, il y avait des choses qu'ils ne pouvaient pas exprimer et d'autres - comme ici - où ils ne servaient à rien. Parce que ce n'était tout simplement pas le sujet.

Alaric ne s'était pas trompé, en tout cas. Il n'y eut rien d'amoureux, pas le moindre sentiment d'une autre sorte non plus et ce fut rapide. En à peine quelques minutes, tout fut bouclé.

Quand leurs lèvres se rejoignirent une dernière fois, le baiser eut quelque chose de plus. Il n'y avait pas à se tromper : toujours rien à voir avec l'amour, mais c'était différent malgré tout. Un peu plus doux que les autres.

Peut-être que la Sélidoine commençait à faire de l'effet. C'était ce que disait son sourire, ce sourire factice qui resterait sur ses lèvres jusqu'à ce que le manque ne remplace son expression. Et qu'il revienne le voir.

Alaric se rhabilla en même temps que Lùkas qui souriait toujours comme un imbécile. Il en était à repasser sa ceinture quand la question vint, finissant de briser les quelques instants - en partant du principe qu'il y avait quelque chose à briser.

- Tu veux combien ?

Il eut un sourire amusé, qui continuait à être provoquant malgré que tout était fini avant même d'avoir commencé, et répondit alors, en parvenant à boucler sa ceinture du premier coup, simple coup de chance car il ne voyait pas les trous :

- Tu n'as pas répondu tout à l'heure quand je t'ai demandé jusqu'à où tu serais prêt à aller...

Il eut un sourire lourd de sous entendus et ajouta alors :

- ... mais ça ne fait rien, j'ai trouvé mon paiement tout seul.

Il prit le temps de laisser se déposer le silence pendant qu'il finissait de se rhabiller. Finalement, il déclara :

- Je veux que tu me fasses passer là-haut.
Lukàs Von Rosen
Héritier Royal
Lukàs Von Rosen
Lukàs Von Rosen
Lukàs Von Rosen
MessageSujet: Re: Comme un tiraillement dans l'âme.   Comme un tiraillement dans l'âme. EmptyMar 26 Nov - 12:52

***
     
Il ne s'y attendait pas à celle-là...
Il rattachait sa cravate lorsque la demande tomba, et il n'aurait probablement pas dû s'étonner : c'était logique. Un petit trafiquant, bloqué dans les bas-fonds... quoi de mieux qu'une occasion pareille pour se glisser dans les hautes sphères, là où les gens avaient les moyens de dépenser.
Cette demande révélait beaucoup sur le caractère de l'individu : opportuniste, ambitieux mais surtout malin...
Il avait des couilles, c'était le cas de le dire, et il ne s'en servait pas seulement pour les petits échanges physiques contre un mur.
Appréciable, mais problématique.

Tu t'es encore foutu dans la merde avec ta bite, Von Rosen.

« Tu penses que t'es le genre de vendeur qui peut être introduit dans la cité haute ? Ceux de la noblesse ont l'habitude de dopes un peu plus... classes. »

Surtout : est-ce que c'était une bonne idée de laisser la Sélidoine s'introduire dans le domaine des têtes pensantes ?
La Reine n'allait-elle pas anéantir cette tentative d'expansion ?
Hum justement... un bon moyen de faire chier sa « mère ». Et puis si ça ne marchait pas, elle écraserait elle-même.
Un nouveau sourire – purement carnassier cette fois – lui tira les traits et il demanda, comme pour confirmer sa pensée :

« Tu veux que je t'introduises comme dealer, ou comme pute ? »
Dites donc mon cher héritier... pas vraiment respectueux tout ça, on avait vu mieux tout de même ! Etait-ce les gênes des Miniers qui ressortait par dessus les dorures de l'aristocratie ?
Non... les habitants des Faubourgs étaient trop respectueux, trop plein d'humilité pour cracher ce genre de bassesse.
Il n'y avait que les ordures du haut pour parler de la sorte. Et malheureusement ils semblaient définitivement avoir déteints sur Lukàs.
Le Personnage bouffait le Réel.

« Plus sérieusement, qu'est-ce que tu penses faire là-haut, et qui te dit que j'ai les moyens de répondre à ta requête ? »

***
Alaric Saldsal
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Alaric Saldsal
Alaric Saldsal
Alaric Saldsal
MessageSujet: Re: Comme un tiraillement dans l'âme.   Comme un tiraillement dans l'âme. EmptyDim 1 Déc - 15:14

- Tu penses que t'es le genre de vendeur qui peut être introduit dans la cité haute ? Ceux de la noblesse ont l'habitude de dopes un peu plus... classes.

Alaric eut un haussement d'épaules plein de sous-entendus et il finit par déclarer :

- Ah ouais ? Ce n'est pas ce que j'aurais dit, moi, quand je vois ceux qui viennent me chercher de la came...

Le jeune homme eut un regard éloquent. Lukàs n'était sans aucun doute pas le premier noble à se flinguer avec la Sélidoine, pas le premier à venir le voir non plus. Le lieu de vie ne changeait rien aux faits : une dose suffisait à rendre accro. Ni plus ni moins.

- Ce n'était pas le milieu de vie qui fait de vous des gens meilleurs... remarqua-t-il, vous ne valez pas mieux et si on vous en propose, la Sélidoine représente la même chose pour vous que les autres. Tu es bien là, toi, et tu n'es pas le seul. Alors ne viens pas me la ramener avec ta soi-disante classe.

Il eut un ricanement plein de mépris, en réponse à la réplique insultante de cet héritier de pacotille mais il ne se démonta pas pour autant.

- Hum... les deux ? Après tout, la prochaine fois que tu viendras, on pourra peut-être remettre ça...

C'était toujours plus provoquant. Et il n'avait absolument pas peur. Un héritier défoncé ne devrait pas trop poser problème, même physiquement.

- Plus sérieusement...

Alaric fit mine d'éclater de rire.

- Plus sérieusement ? Parce que ce n'était pas sérieux, jusqu'à présent ?

- ... qu'est-ce que tu penses faire là-haut, et qui te dit que j'ai les moyens de répondre à ta requête ?

Alaric eut un rire amer et il haussa des épaules.

- Écoute, mon petit Prince, tu n'as jamais appris que l'on se renseigne sur le paiement avant... ? Je t'ai demandé jusqu'à où tu serais prêt à aller. Tu n'as pas répondu, ça veut dire que tu as accepté. Et bien voilà : c'est mon paiement.

Il s'approcha et ajouta, avec un sourire :

- Ce que tu peux faire ou pas, ce n'est pas mon problème. Tout ce que je te demande, c'est de te débrouiller pour me faire passer là-haut. Point à la ligne. Je t'ai offert mon corps, certes, mais c'était pas gratuit - et tu le savais. Cela dit, je serais bien curieux de savoir ce que tu me proposerais à la place...

Il ricana, parce qu'il voyait mal ce que ce Lukàs pourrait bien proposer pour remplacer cette demande-là. Mais pourquoi se priver de demander ? Il pouvait bien y avoir quelques surprises intéressantes...
Lukàs Von Rosen
Héritier Royal
Lukàs Von Rosen
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MessageSujet: Re: Comme un tiraillement dans l'âme.   Comme un tiraillement dans l'âme. EmptyMar 10 Déc - 15:50

***  
     
Trois points pour le petit bonhomme vendeur de poudre... C'est qu'il avait décidément des crocs ce grand méchant loup, et de la suite dans les idées. C'est vrai qu'il s'était mal exprimé aussi, il devait nuancer : OFFICIELLEMENT, les nobles ne prenaient pas des choses aussi fortes. Dans les soirées la Sélidoine ne circulait pas, on lui préférait des choses plus fines et moins dangereuses, moins addictives. La poudre Rouge gavait les veines dans le privé, dans le secret, comme un quelque chose de honteux parce que trop populaire...

Encore une remarque qui lui semblait juste. Lukàs conserva le silence, son corps de moins en moins tendu, son esprit de plus en plus vide et tranquille.
Puis il eut la solution, et le sourire carnassier revint à l'assaut, montrant sa dentition impeccable.

«Heureusement pour toi je suis un homme plein de ressources... »
Il valait mieux d'ailleurs, vu la situation délicate dans laquelle il se trouvait globalement. Son esprit et sa langue – peut-être aussi un peu ses talents dans un lit – étaient les armes les plus importantes de l'Héritier, et c'était d'ailleurs ces fameuses armes que son mystérieux empoisonneur avait visé.
De manière grandiose.

« Et il se trouve que je cherche un valet... »
Son cœur se serra – comme toujours – lorsqu'il pensa à Gaël. C'était une forme de trahison mais vu la pression qu'on lui mettait pour reprendre quelqu'un à ses côtés, il aimait autant avoir un homme de paille qui ferait chier tout le monde.
Une forme de vengeance.
Pour qu'on lui foute ensuite la paix.

Vu le caractère du gus c'était un coup à double tranchant, mais cet idiot lui rappelait irrésistiblement Gaël, et il ne s'entendait bien qu'avec ces personnes-là.
Alors quitte à faire...

« Et que le valet de l'héritier a facilement sa place dans la Ville Haute, et le temps de faire ce que bon lui semble... »

***
Alaric Saldsal
Contrebandier
Alaric Saldsal
Alaric Saldsal
Alaric Saldsal
MessageSujet: Re: Comme un tiraillement dans l'âme.   Comme un tiraillement dans l'âme. EmptyDim 15 Déc - 10:20

Alaric sentait que la drogue commençait à faire effet. Il n'y avait qu'à voir la posture de plus en plus détendue de Lukàs - pour ne pas dire molle. Le processus était déjà en marche et cet héritier n'avait même pas conscience de la galère dans laquelle il s'était mis. C'était pathétique, et ça le serait encore plus quand le manque le saisirait et qu'il serait prêt à lui lécher les bottes pour en avoir une nouvelle ration.

Pourtant, le sourire carnassier revint danser sur les lèvres de l'autre, preuve qu'il n'était pas encore totalement amorphe. En soi, cela arrangeait Alaric qu'il puisse encore utiliser ses capacités cognitives intelligemment. Il avait besoin de lui pour pouvoir passer en haut...

- Heureusement pour toi, je suis un homme plein de ressources...

En toute modestie... Mais après tout ? Existait-il seulement une personne là-bas qui soit restée modeste ? Cependant, Alaric ne dit rien - parce qu'il était bien curieux de savoir de quoi retournaient ces prétendues ressources.


- ... et il se trouve que je cherche un valet... Et que le valet de l'héritier a facilement sa place dans la Ville Haute, et le temps de faire ce que bon lui semble...

Là, Alaric manqua d'éclater de rire. Parce que ça avait été la dernière chose à laquelle il s'était attendu. Il se mordit les joues, une lueur clairement narquoise au fond des yeux.

Malgré tout, c'était une idée diablement intéressante. Certes, être la boniche personnelle de cet héritier de pacotille ne lui plaisait que moyennement mais il avait conscience de tous les avantages que cela lui apporterait inévitablement.

Il pourrait se déplacer comme il le voulait, comme un droit de passage permanent et cela, Lukàs venait lui-même de lui dire. De là, rien ne serait plus facile que de toucher les populations plus riches. Mais surtout, il serait aux premières loges pour voir ce prince devenir une loque accro - et ça aurait quelque chose de plaisant.

Il ne perdit pas de temps en fausse protestation. Il n'était pas d'humeur aujourd'hui.

- Très bien, Von Rosen. Mais j'ai quelques conditions à établir avant.

Qu'il ne croit pas qu'il allait marcher comme un petit chien à chacun de ses ordres. Il ne ferait rien de plus que l'essentiel pour conserver les apparences.

- Il est hors de question que je t'habille ou que je te donne la bectance. Ne crois pas que ton royal postérieur te donne plus de valeur à mes yeux.

Et le tutoiement était justement là pour le lui prouver. Pourtant, la seconde d'après, il faisait mine de s'incliner moqueusement :

- Alors, petit prince, quand est-ce que je prends mon service ?
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Comme un tiraillement dans l'âme.
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