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 Consultation médicale { Jonathan

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Edouard Pikes
Meneur Rebelle
Edouard Pikes
Edouard Pikes
Edouard Pikes
MessageSujet: Consultation médicale { Jonathan   Consultation médicale { Jonathan EmptyLun 3 Juin - 11:04


Il se faisait tard, pour quelqu'un comme lui : la dure journée qu'il venait d'affronter était enfin finie. Edouard avait eu le temps de passer par le stand de la gentille Jade qui lui avait offert quelques pommes avant de prendre le chemin indiqué par Gaius pour se rendre chez le médecin.

Si personne n'avait été mis au courant de son mal, Edouard n'y serait pas allé, honnêtement. Il aurait préféré ne pas gâcher une seconde pour plutôt s'occuper de sa tante ou plus pauvre que lui. Il aurait eu également du mal à faire confiance à un inconnu qu'il ne connaissait pas du tout pour l'ausculter et avait entendu trop d'histoires sur des médecins douteux qui officiaient soit-disant pour les pauvres pour se rendre chez celui-ci en toute quiétude. D'ailleurs, si Gaius ne le lui avait pas recommandé, Edouard ne s'y serait sans doute jamais risqué.

Les petites rues qui menaient à son offices étaient sombres et bourrées de monde, Pikes les connaissait bien pour avoir déjà fouler ce sol maintes et maintes fois : ce médecin s'était établi entre les mines et chez lui. C'était exactement le trajet qu'il faisait le matin et qui permettait de voir toute la misère qui régnait dans les mines. Ce trajet qui l'obligeait à regarder en face cette femme qui était trop fatiguée par sa vie, ses enfants, pour faire autre chose que se lever du sol et vivre à nouveau. Ce trajet où les hurlements des enfants résonnaient comme une malédiction, un « non » collectif au fait de vivre ici. Lorsqu'il circulait dans cette rue infernale, Edouard était plus que motivé à l'idée de faire quelque chose pour eux, même se sacrifier : c'était impératif, une seule vie ne valait pas trop cher contre les leurs à tous.

Arrivé devant l'échoppe que Gaius lui avait indiquée, une habitation qu'il n'avait jamais trop remarquée et dont la devanture était rouge, Edouard s'arrêta trois secondes et épousseta sa casquette d'un geste de main. Il n'aimait pas se présenter tel qu'il l'était actuellement, la peau sale et pleine de sueur du à cette journée épuisante à la mine, mais s'il ne le faisait pas, il ne tarderait sûrement pas à recevoir un sermon bien placé de la part de Gaius – et le jeune homme avait beau faire quelques centimètres de moins que lui, il savait qu'il n'hésiterait pas à l'engueuler pour avoir fui devant cette porte.

Que lui avait-il dit, déjà ? De frapper et d'entrer ? Qu'il y avait une petite file d'attente déjà formée à l'intérieur ? Edouard s'exécuta, frappant deux petits coups secs sur la porte avant de se glisser dans la maison.

L'entrée était déserte, il n'y avait pas signe de la moindre présente, si ce n'était qu'il entendait des pas et des sons étouffés dans les pièces à côtés. Son regard descendit sur les chaises et il ne tarda pas à s'y asseoir, épuisé par cette journée de travail – pour un peu il s'y serait endormi. L'odeur qui traînait dans l'air était celle de la maladie et, patientant un peu, il croisa les bras et tenta d'observer les environs.

Au bout de combien de temps ses yeux se fermèrent-ils tous seuls ? Edouard ne sut le dire...En tout cas, sa tête dodelina, sa respiration devint irrégulière et un sommeil sans rêve aucun l'engloutit.
Jonathan R. Grüber
Docteur
Jonathan R. Grüber
Jonathan R. Grüber
Jonathan R. Grüber
MessageSujet: Re: Consultation médicale { Jonathan   Consultation médicale { Jonathan EmptyMar 30 Juil - 22:25









Cette petite boutique lui coûte une bouchée de pain. Et combien même lui aurait-elle valu une fortune qu’il n’aurait pas hésité à investir. Glissée entre deux grandes bâtisses, la devanture est discrète, étroite, ce qui n’empêche pas, habituellement, à ce que de longues queues s’étirent dans la rue. Parfois, c’est même une foule qui s’agglomère devant sa porte, avant même que l’aube ne s’est levée – au point où il lui est parfois difficile d’entrer. Son nom se fait connaître et se murmure dans les tréfonds de la Mine : cela fait des années que Jonathan R. Grüber, affectueusement nommé « Le Clodo », prend soin des plus misérables… Si Edouard avait demandé quelques informations à son sujet à Morgan, peut-être avait-il appris que Jonathan avait été le premier Erudit à plonger dans les Mines. Non pas en recherche de cadavres, comme certains médecins légistes, mais pour y chercher des survivants, coûte que coûte. Et en ces temps d’épidémie, Jonathan est l’une des figures les plus connues luttant contre la maladie. Au point d’offrir à de nombreuses familles des remèdes qu’il ne fait pas même payer… Des remèdes suffisamment efficaces pour qu’on accepte de lui faire confiance. Malheureusement, les plus pauvres n’ont guère l’embarras du choix… Par miracle, Jonathan fait bien son travail, assez en tous cas pour que le nombre de morts soit significativement réduit là où il exerce – et là où il ne travaille pas, ses pieds ne tardent pas à l’y mener.

Depuis quelques jours, d’ailleurs, ses dernières visites l’ont essentiellement porté au chevet de ses patients. Il a parcouru les différentes rues dans tous les sens – les enfants se sont habitués à sa présence. Lorsqu’il passe, on sourit, on le salue, on vient même à sa rencontre pour échanger quelques mots, bien souvent, un geste chaleureux. Jonathan se sent bien, ici. Et face à toute cette misère, lui, il a appris à y voir la force de caractère, la bonté des cœurs malmenés, la beauté dans les sourires édentés de quelques personnes âgées, l’innocence dans les mains des enfants qui se faufilent dans ses poches trouées, la tendresse et la reconnaissance de quelques cœurs bourrus, de mains pataudes qui écrasent ses épaules malingres. Sous son manteau rapiécé, son pantalon aux genoux troués, ses chaussures abîmées, ses mitaines rongées, il est difficile de croire que Jonathan renferme des origines nobles… Elles se révèlent, parfois, dans le choix de ses mots ou ses intonations de voix. Mais elles s’effacent derrière ses sourires timides, son visage usé, rongé par une barbe de quelques jours, ses yeux bleus délavés, cachés sous de longues mèches rousses ponctués de gris.
Il n’est rentré qu’en fin d’après midi. Une jeune femme l’attend, dans sa boutique. D’un geste de la main, Jonathan l’invite à le suivre. Par miracle, un examen rapide lui annonce qu’elle ne présente aucun signe de l’épidémie… Mais qu’une vie l’habite. La joie, l’espace d’un instant, éclate dans le petit cabinet où la jeune femme finit par se jeter au cou du docteur. Qui, stupéfait, s’effondre sur sa chaise et se retrouve à la tenir dans ses bras, ébété. Elle s’écarte, dans un rire, esquisse un pas de danse et Jonathan finit par sourire à son tour. Après quelques mesures de précaution soigneusement expliquées et rédigées, il raccompagne la jeune femme à l’extérieur. Il ouvre la porte de son cabinet, rejoint la salle d’attente et son regard est immédiatement attiré par l’enfant – non, l’homme ? Il a l’air si freluquet, comme de nombreux Mineurs – installé sur sa chaise. La jeune femme, sans un mot, sort mais salue le médecin d’un petit geste de la main. Jonathan rend son salut et la suit du regard alors qu’elle traverse la rue – il fait nuit, il veut s’assurer à ce qu’elle n’ait pas de difficultés le temps de rejoindre sa petite chambrée, en face de la sienne.

Jonathan revient doucement vers l’inconnu. Il hésite puis, en douceur, lève une main pour la poser sur l’épaule du garçon. Une simple pression de ses doigts, il ne le secoue pas, il se contente de serrer à peine pour l’éveiller.

_ Bonsoir… Jeune homme ?

Il l’a interpellé d’une voix douce. Pour ne pas le presser, il le relâche, se recule d’un pas pour saisir une chaise et s’installer près de lui, lui laissant le temps d’ouvrir les yeux, d’émerger de ses rêves. Il est probablement épuisé, ce garçon. Une triste vision que Jonathan a l’habitude de côtoyer. Comme ceux dont le corps est rompu par les gestes réguliers, ceux qui s’effondrent de sommeil alors qu’il leur parle, ceux encore si faibles qu’ils en viennent à frôler le malaise lorsqu’ils se lèvent… L’inconnu est assez pâle, d’ailleurs, Jonathan retire sa mitaine. Il découvre sa main couverte de corne, usée comme celle d’un travailleur. Avec douceur, et un certain paternalisme, la main de Jonathan écarte quelques mèches de l’inconnu pour se déposer sur son front. Puis il relâche son front et lui tend la main.

_ Pardonnez mes manières, je… Je voulais simplement vérifier si vous aviez de la fièvre, je suis vraiment navré, en ces temps d’épidémie c’est… c’est un vrai réflexe. Je me nomme Jonathan R. Grüber, je suis médecin. Enfin j’imagine que vous le savez ou vous ne seriez pas ici. Comment puis-je vous nommer et qu’est ce qui vous amène, jeune homme ?


Un sourire éclaire son visage, de nouveau. Ses traits se relâchent, la fatigue est toujours présente, mais la bienveillance se réinstalle dans son regard. Ses yeux délavés reprennent vie, alors qu’ils détaillent avec attention le jeune homme, traquant tous signes de maladie sur son visage souillé par la terre…



Dernière édition par Jonathan R. Grüber le Dim 17 Nov - 14:10, édité 1 fois
Edouard Pikes
Meneur Rebelle
Edouard Pikes
Edouard Pikes
Edouard Pikes
MessageSujet: Re: Consultation médicale { Jonathan   Consultation médicale { Jonathan EmptyDim 4 Aoû - 21:41


Si son corps se trouvait sur cette petite chaise, il n'avait pas la force de faire un mouvement de plus et attendait la moindre minute tranquille pour s'endormir. Chaque pause, chaque instant de paix était gagné sur son sommeil si agité depuis qu'il était rempli de cauchemars et de rêves fiévreux. Ces micro-siestes n'étaient pas vraiment reposantes, mais il ne pouvait pas s'empêcher de les faire, il se sentait tellement...accablé par le travail dans la mine.

Actuellement, il était plongé dans un sommeil sans rêve. Il ne sentit ni le médecin sortir du cabinet avec la précédente patiente, ni celui-ci commencer à l'ausculter, alors qu'il était toujours si prudent, voire paranoïaque au quotidien. Une voix le fit toutefois bouger dans ce sommeil si profond, ses yeux remuèrent sous ses paupières, il se concentra pour tenter de comprendre ce qu'on lui disait. Quelques minutes plus tard, il avait eu de la peine à comprendre ce que cet homme lui disait, mais il pensait en avoir compris l'essentiel. Il releva la tête, enleva les cheveux qui s'était mis devant ses yeux, un peu étourdi par le fait d'avoir fait une courte sieste. Par politesse, il enleva son béret.

« Edouard Pikes. Je travaille dans les mines, comme vous pouvez vous douter...Un de mes amis, que vous devez connaître, m'a... », il toussota, « ...disons convaincu d'aller vous voir. Il s'agit de Gaius Keegan. Rien de sérieux, je pense, les poussières de la mine sont un peu irritantes, mais il s'inquiète. »

Edouard sourit. Il n'avait pas pour habitude de se laisser être au centre de toutes les pensées, après tout, son but était que le Chant de la mine le soit, pas lui. Il n'avait pas non plus l'habitude d'aller voir le médecin et était même carrément méfiant : la seule raison qui faisait qu'il restait ici, après tout, c'était le fait que Gaius l'ait incité à venir ici. Il regarda un peu plus en détail le médecin, décidant s'il pouvait lui faire confiance ou non : les cheveux ébouriffés, des vêtements non repassés comme l'étaient ceux des nobles et des cernes – en étaient-ce ? - achevèrent de lui faire se dire qu'il préférait être soigné par ce petit gars que par l'un de ces énergumènes en blouse blanche.

À vrai dire, il ne savait pas bien s'il devait ou non se lever et proposer au médecin d'aller dans son cabinet. Étant donné qu'il s'était assis, là, juste à côté de lui, il ne bougea pas et le ferait s'il lui demandait de le faire. Il se doutait qu'il devait avoir des outils spécifiques dans sa remise et rêvait de faire un métier semblable au sien – si seulement il était né dans une bonne famille.

« Je tousse beaucoup. Beaucoup, c'est un euphémisme. Je n'arrête pas de tousser et ai beaucoup de mal à dormir. Je ne suis pas idiot, je les vois, les malades de l'épidémie, et je sais faire des liens. Je sais que je vais mourir, je n'ai pas de quoi me guérir, j'espère juste que je ne suis pas contagieux. »

Il avait la voix dure, résignée. Il n'avait pas envie de mourir, il avait tant de choses à faire...mais plus tôt il saurait la nouvelle, mieux il pourrait s'organiser pour les faire. Les ouvriers des mines méritaient tellement mieux que ce qu'ils avaient l'habitude de vivre.
Jonathan R. Grüber
Docteur
Jonathan R. Grüber
Jonathan R. Grüber
Jonathan R. Grüber
MessageSujet: Re: Consultation médicale { Jonathan   Consultation médicale { Jonathan EmptyDim 17 Nov - 14:11








Il a l’impression que la mine est avide des jeunes gens…  Il doit ouvrir les yeux. Vu les conditions de vie actuelles, il est difficile de vieillir, quand on n’a pas l’argent de se payer des soins, un toit sur la tête ou à manger pour tous les repas. Jonathan, depuis des années à présent, offre ses soins gratuitement, c’est ce pourquoi son cabinet n’est jamais vide, même les jours où il n’exerce pas et où il travaille dans son laboratoire. En ces temps d’épidémie, Jonathan ne cesse de courir entre son bureau, les Mines ou de parcourir les hautes sphères de la société pour s’assurer à ce que le plus de personnes soient soignées. A cela s’ajoute la terrible disparition de son assistante, disparition à laquelle il n’a toujours aucune explication. Mais il préfère écarter sa pensée d’un clignement d’yeux, il ne doit pas s’égarer.

Le jeune homme s’éveille, il écarte quelques mèches, dévoilant ses yeux bien trop sombres pour un garçon de son âge. Il s’attendrit de le voir retirer son béret, un geste empli de politesse et de respect ; bien qu’il y soit habitué, il est toujours soulagé de se voir respecté. Réciproquement, Jonathan écoute le jeune homme sans l’interrompre. Le rouquin ne paye pas de mine, par son apparence, elle est d’ailleurs à double tranchant ; certains vont se sentir plus à l’aise alors que d’autres vont rechigner à se laisser soigner par un homme à l’allure négligée… Qui plus est en cette époque où Jonathan est complètement dépassé, il a d’autres priorités que tailler sa barbe ou s’offrir le loisir d’heures de sommeil réparatrices. Il dort le strict minimum, pour ne pas commettre d’erreurs stupides.

Alors qu’Edouard décrit ses symptômes, dans l’esprit du médecin, ils sont progressivement liés les uns aux autres. Malheureusement, bien trop rapidement, il se doute de l’origine. Il masse songeusement sa nuque de sa main avant de cligner des yeux aux derniers mots du garçon. Dans un geste paternel, sa main saisit fermement celle, usée, du mineur. Jonathan plante ses yeux clairs dans ceux du garçon, qu’il détaille attentivement, l’espace de longues secondes, avant de reprendre la parole.

_ Edouard Pikes, je vous remercie d’être venu me voir. Si vous étiez tant convaincu de votre mort, vous n’auriez pas l’effort de venir jusqu’à moi. Je suis médecin, je traite de très nombreuses personnes, la majorité de mes patients sont atteints de l’épidémie comme on l’appelle… Je ne nie pas que certains, les plus faibles d’entre eux, ont pu périr. Cependant, je travaille actuellement sur un remède et j’ai de quoi soulager vos symptômes. Mais nous travaillerons ensemble. Je vous  offre ma science et tous les moyens que nous possédons pour vous soigner. En échange, faîtes de votre mieux pour suivre mes prescriptions et pour ne pas baisser les bras. Les médicaments sont plus efficaces si l’on souhaite vivre et croyez moi… De ce que vous m’en décrivez, actuellement, vos symptômes sont encore peu prononcés. Venez avec moi, je vais vous examiner.


Jonathan le relâche et l’invite à passer dans la pièce voisine… Quand on y entre, il y a un bureau, une grande armoire renfermant de nombreuses fioles, dont une réfrigérée dont la porte scellée empêche d’en voir le contenu. Il y a une table d’examen, une balance, ainsi que de nombreux appareils de mesure. Le bureau est rudimentaire, à l’image du quartier dans lequel il s’est installé, bien qu’il y ait deux fenêtres dont les jolis rideaux colorés apportent un peu de joie à cet endroit… Il y a aussi de nombreuses plantes en pots, que le médecin s’efforce d’entretenir, récupérant parfois leurs feuilles ou leurs racines pour confectionner ses remèdes.

_ Ne vous inquiétez pas pour les soins… Ici, ils sont offerts. Beaucoup de personnes n’ont pas les moyens de se payer un médecin ou un médicament, je préfère que vous gardiez votre argent pour vous acheter de quoi manger, cela fait partie du processus de guérison. En ces temps d’épidémie, quelques Nobles ont accepté de reverser des dons dont je profite pour payer le matériel dont j’ai nécessité. Depuis quand votre toux a –t-elle commencé ? Est-ce une toux sèche, qui vous use la gorge, ou une toux grasse, où vous sentez que vous pouvez racler votre gorge ? Sentez-vous une gêne respiratoire, comme un voile lorsque vous inspirez de l’air et expirez ? Commencez par vous assoir, je vais écouter votre souffle. Avez-vous déjà connu telle toux par le passé, avez-vous eu des gênes respiratoires pendant votre enfance comme des bronchites régulières, de l’asthme… ?

Jonathan, comme à son habitude, est particulièrement bavard. Il est connu pour ça. Il tapote la table d’examen pour inviter Edouard à s’y installer, avant de récupérer, dans sa caisse, un stéthoscope qu’il glisse autour de son cou. Il récupère, aussi, de quoi mesurer sa tension et sa température, avant de revenir près du jeune homme. Il l’invite à redresser son haut et applique son stéthoscope le long de son dos maigre. Il ferme les yeux pour écouter son souffle, ainsi que le battement de son jeune cœur. Il enchaîne par la mesure de sa tension, puis dépose sur son front un thermomètre pour évaluer sa température en fronçant songeusement les sourcils.

_ Quand vous me dîtes que vous avez du mal à dormir, comment est-ce que cela s’exprime ? Des difficultés pour s’endormir car vous toussez, ou pour d’autres raisons, à moins que vous ne vous éveilliez régulièrement la nuit ? Expliquez moi… Et depuis quand date cette insomnie, depuis le commencement de la toux, avant ou après… ? Plus vous serez précis, plus je pourrais adapter la médicamentation si elle s'avère nécessaire.

Jonathan est un homme consciencieux. Ne vaut-il pas mieux un homme qui parle beaucoup qu’un autre dont les mots coûtent aussi chers que les minutes passées au côté de ses patients ? Son bavardage est gratuit, comme le nombre de minutes qu’il passe auprès de ses patients et qu’il ne prend pas même la peine de compter…


Dernière édition par Jonathan R. Grüber le Jeu 13 Fév - 10:06, édité 1 fois
Edouard Pikes
Meneur Rebelle
Edouard Pikes
Edouard Pikes
Edouard Pikes
MessageSujet: Re: Consultation médicale { Jonathan   Consultation médicale { Jonathan EmptyLun 16 Déc - 16:12


C'était au moins cela de rassurant, être entre les mains d'un inconnu juste conseillé par un homme de confiance. Car Gaius était au moins cela à ses yeux : un homme de confiance. Il restait cependant un jeune garçon très influençable, aussi Edouard restait-il sur ses gardes, pas très confiant à l'idée de se faire tripoter par un médecin inconnu qui faisait peut-être des petites expériences cheloues dans le coin d'une rue.

Le timbre de sa voix était, en tout cas, rassurant, mais il se voulait aussi hypnotisant, et c'était également pour cela que chacun des pores de la peau d'Edouard Pikes se tenait alerte. Prêt à partir en courant d'ici, même s'il n'avait pas beaucoup de forces, même s'il avait à tout prix besoin d'un traitement gratuit.

Même il ne semblait pas encore voulu le tuer, c'est pourquoi Pikes ne fit aucun mouvement, à part celui de le suivre dans son cabinet, surveillant bien la porte, la fenêtre, détaillant de ses yeux chaque petit détail de la pièce qui aurait pu le trahir à ses yeux. Mais non, rien, la pièce semblait être tout ce qu'il y avait de plus modeste, avec des murs en mauvais état et un air qui flottait évoquant la maladie. Il ne put lui-même retenir une grosse quinte de toux, puis, releva les yeux vers un médecin présent. Souleva légèrement les cheveux qui lui cachaient le visage, ceux-là même qui étaient crasseux à cause de son travail dans les mines.

Pour quelqu'un qui connaissait l'héritier Von Rosen, à ce moment, la ressemblance semblerait être impressionnante. Pikes n'en avait cependant pas conscience, il tentait juste d'essuyer la sueur qui s'était accumulée sur son front et, d'ailleurs, il relâcha bien vite ses cheveux trop longs et coupés irrégulièrement qui reprirent leur place initiale.

« Tout ce que vous avez dit, oui. Depuis près d'un mois, peut-être, je ne sais pas ? Depuis la fête de l'autre jour, enfin le mémorial. Je dors terriblement mal à cause de la fièvre, de la toux, ce n'était pas le cas avant. »

Il fit une légère pause pour retrouver son souffle, pause pendant laquelle il se frotta les bras, refroidis par l'absence de pull ou de couverture pour le réchauffer.

« Et puis répondre à vos questions de tout à l'heure, non, rien de tout cela. Je ne saurais pas du tout qualifier ma toux, vous l'avez entendue ? Parfois, je crache du sang. Je refuse d'inquiéter mes proches, ce serait un comble. »

Il avait une rébellion à mener, un peuple à conduire à la victoire. Ce serait assurément un comble que le leader de la rébellion s'effondre sur scène, victime d'une crise de toux. Un comble.


Jonathan R. Grüber
Docteur
Jonathan R. Grüber
Jonathan R. Grüber
Jonathan R. Grüber
MessageSujet: Re: Consultation médicale { Jonathan   Consultation médicale { Jonathan EmptyJeu 13 Fév - 10:07









Instinctivement, le médecin tend l’oreille au son de la quinte de toux. Sèche ou grasse ? Malheureusement, sa gorge semble déjà complètement irritée et cette constatation lui arrache un discret soupir préoccupé. Ses yeux bleus, délavés, reviennent un instant dévisager la pâle figure de son interlocuteur, avant qu’il n’écarquille quelques secondes les paupières… Une hallucination ? Décontenancé, il prend quelques secondes à se reprendre. L’espace d’un instant, il a crû reconnaître l’Héritier. Il préfère baisser le regard : avec l’âge, sa vue n’est plus ce qu’elle était… Peut-être devrait-il envisager de s’acheter une paire de lunettes ? Las, il préfère masser ses paupières. Il y a tant de mystères dans cet univers et l’instinct de Jonathan s’est affolé : il a peur d’avoir mis le doigt dans un sale engrenage. Malheureusement, les bâtards ne sont pas rares dans la noblesse, il est bien placé pour le dire. Et que se permet-il donc d’imaginer ? Non, c’est un souci de vue, ce garçon n’a rien à voir avec Lukàs. Son esprit se retrouve confronté à deux pensées opposées, une rationnelle qui l’invite à la prudence, et cette part étrangement innocente, qui souhaite comprendre cette étrangeté, élucider ce mystère ! Un instant, ses pensées s’égarent nerveusement sur la surveillance de la Garde… Et sur les rebelles que Jonathan a bien trop tendance à aider. Il sait qu’un jour, ses convictions se retourneront contre lui. Qu’au mieux, on le tuera. Il ravale nerveusement sa salive.

_ Concentre toi, Jonathan.

Il se le murmure, avec habitude ; il a tout d’un vieil homme qui radote, bien qu’il n’ait qu’une quarantaine d’années… mais dans un univers comme le leur, il peut être considéré comme âgé. Ses mains abîmées se frottent songeusement alors qu’il retire ses mitaines, découvrant son derme maculé de cicatrices. Etonnant, pour un médecin – pas tant que ça, au final, quand sa main se glisse dans les machines pour récupérer quelques morceaux de chair arraché ou qu’elle s’égare sur le visage d’un homme saisi de spasmes pour retirer sa langue de ses mâchoires serrées. Il s’efforce de balayer toutes ces pensées intrusives et se focalise sur la voix du jeune homme plutôt que son aspect physique. Il est souffrant. Depuis un mois. Pourquoi n’a-t-il pas consulté avant ? Comment a-t-il pu laisser la maladie envahir ses bronches ? La réponse est sous ses yeux, mais il a toujours des difficultés à admettre. Il est douloureux de reconnaître que les soins ne sont offerts qu’aux plus… méritants. Comme dans cette société foncièrement et viscéralement corrompue, une méritocratie dont le fonctionnement s’appuie sur des injustices inacceptables. Quelles intelligences sont reconnues ? Quelles qualités sont mises en avant ? Pour Jonathan, cette alchimie complexe ne permet pas d’extraire une essence bénéfique, non, on n’en tire qu’un jus noirâtre, ce n’est que le pire de l’humanité qui se trouve une place dans cette société. Les plus sournois, les assassins, les manipulateurs, les toxiques… Certains ministres font exception, mais ils sont si rares que Jonathan se refuse à les considérer comme une généralité.

_ La fièvre indique que votre organisme lutte contre une infection… Par mesure de prudence, je puis vous conseiller de porter un masque pour éviter de propager la maladie à vos proches.


Pourquoi Jonathan n’en porte pas ? Car Jonathan s’efforce de servir de cobaye. Toute la journée, il est confronté à des personnes malades, atteintes de cette Epidémie et jusqu’à présent, il n’a présenté aucun symptôme. Est-il un porteur sain ? Non, son organisme parvient probablement à produire des défenses immunitaires suffisantes pour lutter contre la pathologie. Le médecin retrousse ses manches, découvrant ses avant-bras couverts de bleus. Il ne cesse de se pincer, pour rester éveillé, ainsi que de prélever son propre sang pour travailler sur la conception d’un remède… Ou, au moins, d’un vaccin. Il cherche avidement, dans la population, des personnes qui partagent cette incroyable résistance, tout en prélevant le sang des malades pour y mener ses expériences. Malheureusement, il aura bientôt besoin de cobayes humains et cette idée suffit à le saisir d’horreur. Il déteste ce type d’expérimentation et a tout fait pour les éviter, mais plus le temps passe, plus il s’y retrouve confronté.

La tension du jeune homme est assez basse… Il apparaît épuisé. L’état de santé catastrophique des mineurs est une des raisons pour lesquelles Jonathan souhaiterait rejoindre les rebelles. Il ne peut pas accepter que dans un monde civilisé comme le leur, certains meurent d’épuisement, de faim ou de manque de soin. C’est une aberration.

Le fait que sa fièvre dure dans le temps indique probablement la présence d’une bactérie… Comme le développement de ses symptômes. Mais un prélèvement va s’avérer nécessaire. A force d’examens, Jonathan pense avoir commencé à isoler la bactérie responsable de la pathologie… Il doit encore en parler à ses collègues et se pencher sur le développement des soins.

_ Pourrais-je vous prélever un peu de sang ?

Il demande, d’une voix douce. Selon sa réponse, il préparera son matériel. Il tire une chaise pour s’installer devant Edouard. L’annonce est toujours complexe à faire. Prudemment, il se redresse et repose ses mains sur ses cuisses, alors que ses yeux bleus rejoignent ceux d’Edouard. Son cœur bat plus fort, dans sa cage thoracique.

_ J’ai crainte que vous ne soyez atteint de l’Epidémie. C’est une maladie… extrêmement contagieuse, il est primordial que vous veilliez à bien vous couvrir la bouche et à vous laver les mains assez régulièrement. Le prélèvement sanguin me permettra de confirmer ou non mon hypothèse. Quoi qu’il en soit, cette épidémie… touche les bronches, la respiration, ce sont comme des… petits microbes qui viennent infecter votre organisme et la fièvre a pour objectif de les éliminer, mais la chaleur de votre organisme est insuffisante pour les tuer. Parfois, cette chaleur peut même participer à leur développement. Quoi qu’il en soit, cela vous épuise, à long terme, et les insomnies que vous présentez ne font qu’accentuer votre fatigue et le développement des symptômes. Je vais vous donner un traitement… Que vous allez devoir suivre avec assiduité. Pendant deux mois, je vais vous demander de prendre 4 pilules tous les jours. Une de chaque couleur.

Jonathan sort d’une armoire 4 petits bocaux en verre. Dans chacun, des gélules de couleurs différentes. Rose, rouge, blanche et verte. Isoniazide, éthambutol, streptomycine, et pyrazinamide. Des noms bien trop complexes pour être accessibles à un jeune homme comme Edouard. Un soupir s’arrache de ses lèvres. Beaucoup de mineurs ne savent pas lire, Jonathan n’a pas le choix que d’opter pour des moyens plus aisés d’accéder aux soins… Ces gélules coûtent très chers, il les créé lui-même mais plus le temps passe, moins il peut passer du temps à son laboratoire. Il se doit de partager ses tâches avec certains de ses collègues. Le financement, aussi, est important. La conception de ces antibiotiques est extrêmement coûteuse et il a l’impression de ruiner leur Ministre. Préoccupé, Jonathan se rapproche du jeune homme pour poser les gélules devant lui.

_ Cette Epidémie est… terrible. Terrible. Elle demande un traitement très sévère et exige une assiduité réelle pour la prise des médicaments. Quand vous constaterez que vous n’aurez pas assez de médicaments pour tenir plus de quelques jours, revenez me voir pour renouveler votre traitement. Il faudra le tenir pendant 2 mois, puis nous referons un point sur l’évolution de vos symptômes. Normalement, ils devraient vous permettre de reprendre quelques forces et vous reposer convenablement….

En effet, Jonathan avait demandé à ce que l’on ajoute aux médicaments quelques vitamines, qui ne devraient pas avoir d’incidence sur le traitement. De la vitamine C, un peu de fer, de cuivre et de magnésium, de quoi pallier l’épuisement et de compenser l’extrême carence de ces mineurs. Cela explique en partie le coût du traitement et d’ailleurs, Jonathan, préoccupé, glisse une main le long de son visage en un geste épuisé.

_ Ne partagez pas votre traitement… Il est préférable que je vois… les personnes concernées pour savoir si ces médicaments peuvent leur être adaptés. Comme j’ai pu vous le dire, je ne fais pas payer les consultations et j’essaye d’éviter de faire payer les soins… en échange, je souhaite à ce que mes… consignes soient respectées. Vous pourriez rendre malade l’un de vos amis si vous vous permettez de lui donner votre traitement.

Il connaît les mineurs. Il sait qu’ils peuvent parfois s’oublier… Et dans un acte de générosité, se sacrifier. Mais avec la maladie, cela n’est pas possible. Aucun risque ne doit être pris.
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