D'inquiétantes rumeurs {PV : Ulric}

Les rumeurs courraient de plus en plus vite en ce moment : le prince qui avait visité Klaas, et maintenant c'était au tour de son frère... L'héritière était venue chez lui et d'autres rumeurs plus dangereuses traînaient aussi... Sur la façon dont il avait réussi à avoir le titre de maître de la forge... Teinté de sang. Mais bon, les rumeurs disaient aussi que notre ministre ne méritait pas sa place, qu'il était une personne exécrable et pourtant il ne pensait pas cela être la vérité. Peut-être pas un mensonge entier car il n'était pas tellement sociable mais…

Quoi qu'il en soit le voilà à présent sortant de l'ascenseur, se dirigeant vers Draümstadt. Ce n'était pas la première fois qu'il venait ici mais la maison de son aîné était reconnaissable entre mille : de belles arches et fenêtres, un beau jardin qu'on voyait de loin. Et des serviteurs. Oh Luwen en avait aussi... C'était surtout de serviteurs personnels dont il manquait. N'est-ce pas ?

Une fois arrivé il toqua à la grande porte. Ce ne fut évidemment pas son frère qui lui ouvrit. Les serviteurs commençaient à prendre l'habitude de sa présence même s'il discernait toujours de la crainte et peut être même un peu trop de politesse à cause de celle-ci. Trop de faux semblant. Ha il avait horreur de cela, comment son frère pouvait-il le supporter ? Ou se faisait-il simplement des idées ? Enfin il n'était pas là pour faire le procès de cette pauvre personne qui ne semblait que vouloir vivre. On l'installa dans le salon et il se contentait de patienter, assis tranquillement sur une chaise. On lui promis aussi de lui apporter quelque chose à boire.

« Je vais prévenir le maître.
- Faites donc, allez-y. »

Lüwen hocha la tête et le laissa s'en aller. A vrai dire il aurait pu se rendre tout seul au salon et dire au servant de chercher de suite son frère mais il craignait de lui faire avoir une crise cardiaque alors il avait simplement préféré le laisser tranquille.

Le regard du ministre se tournait comme bien souvent en direction du jardin ou parfois, quelques gens s'affairaient à le rendre encore plus magnifique qu'il l'était encore. Puis sur les diverses décorations de cette salle. Tout était impeccable, comme toujours.

Ulric observait depuis la fenêtre de son bureau, situé au deuxième étage, son frère, Lüwen, remontait l’allée séparant la maison de la rue, traversant en ligne droite le jardin. Il avait les couleurs de l’automne. Les fleurs y étaient plus rares mais il restait bien entretenu. Le maître des lieux n’y accordait plus la moindre importance depuis longtemps et l’aurait laissé dépérir s’il n’avait eu à entretenir les apparences, étaler sa richesse pour plaire aux bourgeois, aux nobles, impressionner tous ces cloportes désireux de lui manger dans la main. Il était rare qu’il n’en profite. Il y avait toujours quelque chose à faire. C’était une visite de courtoisie, une rencontre officielle, un entretien avec des fournisseurs, un débat fastidieux avec des employés revendicatifs. Il passait le plus clair de son temps à la Forge et n’était chez lui en journée qu’à de rares occasions. Ce n’était jamais le même jour, jamais aux mêmes heures. Tout dépendait des nécessités du moment. Cette fois, Ulric De Clèves avait dû passer de longues heures à revoir ses comptes, les listes d’inventaires. Bientôt il devrait apporter l’or à son père adoptif, lui prouvait que tout se portait à merveilles, qu’il progressait et pouvait faire encore plus en restant encore un temps dans le Centre. Il en profitait également pour chercher des erreurs commises et des failles invisibles où, si besoin était, il pourrait s’engouffrer. Sa rencontre avec le Meneur lui avait ouvert les yeux sur un point : si des troubles se préparaient, il devait pouvoir se défendre. S’il devait tomber, il devait avoir des armes et de l’argent cachés de tous. Cette précaution était nécessaire lorsque l’on jouait à un jeu aussi dangereux que le sien.

La venue de Lüwen coïncidait avec le moment qu’il avait choisi pour prendre une pause, se changer les idées. Il se demandait pourquoi il était venu, cette fois. Ils se voyaient parfois et c’était presque toujours le ministre qui descendait de son perchoir alors qu’il pouvait convoquer n’importe qui dans son bureau d’un trait de plumes. Cela avait toujours amusé Ulric, sans qu’il ne soit jamais sûr du pourquoi. Sachant qui venait perturber le calme des lieux, il passa sa veste verte, la fermant soigneusement, retrouvant ses allures de rodeur, puis quitta la pièce. Il descendait les dernières marches quand il vit l’un de ses serviteurs sortir du salon et ouvrir la bouche en le voyant. Ulric le fit taire d’un simple et sec « Je sais. » avant d’ajouter sur un ton moins élevé, afin que seul le serviteur ne l’entende « Apportez-nous… Deux honeymoon, des pâtes de fruit et de la pâte d’amandes. ». C’était bien là un choix stratégique : une boisson sans alcool que son frère ne saurait qu’apprécier, accompagnée de douceurs. Lui qui aimait le sucré ne saurait résister à l’appel du miel et du fruité. Une belle façon d’apaiser son cadet ou le mettre dans de bonne disposition. D’ailleurs, se demanda Ulric, était-ce une forme de corruption d’un ministre que de lui servir des mets qu’il apprécie ?

Sans plus attendre, le Maître de la Forge poussa la porte du salon, lentement. Un discret grincement s’éleva, signe que le moment de sortir la burette d’huile approchait. Au besoin, il le rappellerait à ses employés mais jusque-là il y en avait toujours eu un pour y penser. Son frère était une fois de plus non loin de la fenêtre qui ouvrait sur le jardin et admirait désormais la décoration, qui n’avait changé depuis sa dernière visite. Ulric le regarda, un pâle sourire aux lèvres. Il n’avait pas l’air furieux, ce qui était une bonne chose.

« Eh bien que me vaut le plaisir de cette visite cher Lüwen ? Que puis-je pour mon frère ? Ou mon ministre peut-être ? » dit-il d’un ton joyeux, montrant un plaisir à cette visite imprévue avant de s’installer dans l’un des autres fauteuils, faisant face à son frère. Il attendrait de connaître les raisons de sa venue pour tenter de lui tirer les vers du nez sur toutes sortes de sujets, des nouveautés de la cour aux sombres histoires qu’il faisait taire sans gaieté de cœur.

C'est en entendant la porte grincer que le ministre changea de cible d'observation. C'était bien son frère et non un serviteur qui passait le pas de la porte. Ulric avait l'air plutôt content de le voir, il avait un sourire sur le visage et le saluait plutôt amicalement. Comme souvent, au final. Lüwen n'avait pas pour habitude de lui apporter la mauvaise augure en général... Bon ce n'était pas le cas maintenant non plus. Il profitait juste d'une visite pour s'occuper de ces questions-là.

« Bonjour Ulric. Tu peux enlever la partie ministre de l'équation. »

Même s'il avait entendu ces rumeurs il ne venait pas en ces lieux en tant que ministre, mais bien en tant que frère. Après tout s'il avait pris la peine de se déplacer c'est bien que la probabilité qu'il ne sois pas coupable n’atteignait, à ses yeux, pas les cent pour cent.

« Je suis venu pour te rendre visite bien sûr. Bien qu'il y ait aussi une autre raison. Je vais attendre que nous soyons définitivement seuls. »

C'est-à-dire qu'ils ne soient pas coupés par la venue d'un serviteur qui viendrait leur apporter de quoi de sustenter.

« Autrement comment vas-tu ? Les affaires se portent toujours aussi bien ? »

Il voulait évidemment savoir si tout allait bien de son côté. C'était souvent la raison de ses visites. Ne pas perdre de contact et savoir si tout allait pour le mieux ou non.

Comme il s'en doutait, s'ils avaient commencé la conversation maintenant ils auraient pu être dérangés. Le serviteur de toute à l'heure toqua à la porte avant d'entrer pour leur apporter quelque chose à boire et à grignoter. Lüwen fit de son mieux pour ne pas mettre le petit mal à l'aise. Parce qu'il était tout sauf impoli le ministre ajouta un évident « Merci… » Le dit serviteur afficha une mine ouvertement surprise, certainement contre son gré et inclina la tête avant de les laisser. Lüwen haussa un sourcil. Était-ce la vue de la boisson et de la nourriture qui avait fait le rendre plus sympathique? Quel point faible... Alors que la porte de referma, tout en prenant son cocktail à la main, il annonça :

« Tu engages de drôles de gens… »

Avant de boire une gorgée. Ce n'était pas une critique, Lüwen était juste surpris de l'attitude du serviteur mais, contrairement à ce dernier, il ne l'avait pas montré.

Point de ministre cette fois ? Vraiment ? Le frère n’était-il point le visage le plus adapté pour espérer -vainement- qu’il se montre plus volubile ? Et quel était donc cet autre raison ? Que voulait donc ce cher Lüwen ?

« Et comme toujours ta présence m’est agréable. Je tâcherai de faire comprendre qu’il sera bon de ne pas nous déranger, sauf urgence. » répondit Ulric, haussant les épaules à la question de son frère sur la santé de ses affaires. La Forge tournait à plein régime, il n’y avait pas eu d’accidents depuis près de deux semaines et l’or affluait dans les caisses.

« Si elles n’étaient aussi florissantes, ne penses-tu pas que je demanderai à père de me rappeler auprès de lui ? » répondit-il avec humour avant de laisser de côté les aspects professionnels de sa vie. « Rien ne change. Je ne cherche qu’à faire prospérer mon entreprise, garantir l’avenir. L’on me réclame, l’on me sollicite. Je vais et viens, comme toujours. ». Il ne disait rien de ces dernières activités, difficilement avouables à un ministre, peu importe ses liens avec lui.

Le serviteur revint sur les entrefaites pour apporter les boissons et douceurs. La manœuvre devait avoir porté ses fruits car le tyran remercia le jeune homme, le surprenant. La scène était amusante, même aux yeux d’un homme comme Ulric qui ne riait guère souvent même s’il avait l’air de plaisanter aisément.

« Tu n’as pas idée… Mais si ces drôles font leur travail cela me convient. Souviens-toi de nos débuts dans la noblesse… Les bonnes manières n’étaient pas notre fort. Nous étions ignorants de tant de choses. Il t’a fallu combien d’années pour parfaire ce masque tyrannique et combien t'en faudra-t-il pour oublier que tu n’es qu’un idéaliste digne des grands révolutionnaires de notre belle ville ? Tu devrais d'ailleurs un peu plus montrer tes bons côtés. Le pouvoir c'est le mélange de la peur et de l'amour. » rétorqua Ulric. Puis l’amusement fut chassé par le sérieux, la gaieté par un visage sombre. Il était temps de savoir la raison de cette visite.

« Que désires-tu Lüwen ? J’espère que tu n’es pas là pour me parler une nouvelle fois de ces rumeurs sur mon accession à la Forge… Elles sont déjà vieilles de plusieurs années même si je suis toujours curieux de savoir quels racontars trainent parmi cette belle noblesse à mon sujet. ».

Sa façon d’aborder le sujet n’avait rien de surprenant. Il n’avait aucune raison de passer par des chemins détournés avec Lüwen. Il n’était pas un pion qu’il jouait. S’il avait besoin de quelque chose que seul Lüwen pouvait lui accordé alors il le lui demandait avec la plus délicate des politesses, et une boîte de pâtisseries. S’il n’obtenait gain de cause, il laissait simplement tomber. L’on ne se joue pas de la famille. C’est une question de principe.

Il n'y avait pas beaucoup de gens qui trouvaient sa présence agréable alors c'était toujours bon à prendre. La plupart des gens étaient stressés. Il avait voulu cela et l'assumait, il en avait malheureusement besoin. Depuis qu'il avait décrété qu'il serait celui qu'il était actuellement, il devait être craint. Il devait être intransigeant pour que les personnes en dessous ne souhaitent pas marcher sur ses plates bandes. Pour certains, cela avait l'effet escompté, pour d'autres pas du tout mais les transformations ne prenaient pas dans les 6 mois, non, il fallait bien plus de temps.

Il comprenait bien évidement aussi que son frère doive le quitter si urgence il y avait, si un client important arrivait, et il se contenta de hocher la tête. Il n'était pas assez doué pour dire la réciproque mais il n'en pensait pas moins. Et ça il était sûr qu'il le savait. Tout se passait donc bien pour son commerce, et à chaque fois, Lüwen était content de l'entendre. Ha et très content de recevoir ses sucreries aussi.

« Je ne suis pas sûr qu'il te rappellerait si tel était le cas. Il a toujours été strict après tout. »

Enfin, peut-être car il avait tout de même réussi par le passé ? C'était bien possible. Mais ils n'étaient pas là pour débattre de cette question.

Ha la nostalgie. Les débuts de Lüwen dans la noblesse, toute une aventure. Et dans le lot, niveau bonne manière, peut-être que Lüwen était le pire, car il avait bien du mal à feindre un sourire qui n'était pas sincère. Il soupçonnait son frère d'y être bien meilleur. Au moins, on ne le targuera pas d'homme politique menteur. Enfin, du moins, il ne fausse promesse, car comme l'annonçait clairement Ulric, aux yeux des citoyens, le ministre était un tyran.

« Je ne l'oublierai pas. Et quels bons côtés, selon toi, devrais-je montrer à l'assemblée ? »

Il n'était pas en recherche de compliments, mais bien d'avis. Il ne devait néanmoins pas se montrer trop clément ou l'on aurait des doutes sur lui.

Ho, les affaires sérieuses commençaient enfin. Pendant qu'il parlait, il bu une autre gorgée de sa boisson et piqua bien évidemment une pâte de fruit. Et pourtant ce n'était pas une discussion qu'il appréciait, même s'il était maladroit il était clairement plus à l'aise sur l'autre côté de la discussion.

« A vrai dire les rumeurs vont en s'intensifiant de temps en temps. Déjà, je voulais t'en informer, mais je voulais savoir si, d'une façon ou d'une autre, celles-ci ne pouvaient pas contenir un peu de vérité. »

Il y avait les bonnes et les… mauvaises rumeurs.

Lüwen avait raison. Si ses affaires ne se montraient plus florissantes, il perdait toute chance de pouvoir prétendre à revenir dans la noblesse, du moins pas en étant rappelé par Charles De Clèves. Toutefois ni l’un ni l’autre ne comptait débattre sur ce sujet ô combien peu passionnant, tellement arpenté qu’il ne réservait plus aucune surprise.

« De l’attention. Montrer que tu n’es pas qu’un prétentieux dans son perchoir d’argent, que tu fais plus que penser à cette ville. Tu vas sans doute me dire que c’est dangereux de nos jours que de vouloir agir mais il est plus dangereux de ne rien faire, de se montrer trop patient comme nous en avons la bonne et mauvaise habitude. Un conseil : face à une foule coléreuse ne parle pas de temps. Ecoute là et trouve la meilleure façon de répondre à leurs attentes. J’ai appris cette leçon récemment… ». Il connaissait si bien Lüwen qu’il avait retiré toute flatterie, ne laissant que le conseil brut. Puisqu’il aimait tant que l’on soit direct avec lui, Ulric ne s’en priverait pas. Il n’était pas un noble à ménager.

Ce point écarté, les questions sérieuses commencèrent. Les rumeurs étaient la cause de cette discussion. Lesquelles ? Ulric ne le savait pas encore. Il y en avait trop à son sujet pour qu’il ne puisse deviner avec si peu de détails. Il craignait que sa rencontre avec le Meneur ne soit passé inaperçu. C’était la seule chose vraiment dangereuse pour lui, à cette heure.

« Si tu commençais par me dire de quels rumeurs il s’agit, je pourrais peut être répondre. Ne crois-tu pas ? » demanda calmement Ulric qui n’accordait que peu d’importance à son verre, ni ayant bu qu’une petite gorgée avant de le reposer sur la table basse en bois rouge. « Comme je dis toujours : il y a toujours une part de vérité, même dans le plus grand des mensonges. ». Ce n’était peut-être pas toujours vrai mais cela se vérifiait souvent, du moins selon l’expérience d’Ulric. Il fixait désormais les yeux rouges, impassible. Nulle n’aurait su deviner ce qui se passait dans sa tête à cet instant. Sa crainte était enfouie sous un manteau de certitude, d’assurance sans faille. Ulric laissait le soin de porter les premières accusations à son frère. Il ne ferait qu’y répondre. Ainsi il n’y aurait aucun risque de confirmer ce qui n’était qu’un soupçon, révéler ce qui était dissimulé, invisible. Il n’aimait pas agir de cette façon avec Lüwen, recourir aux mêmes méthodes traitresses que lorsqu’il devait côtoyer la cour mais la prudence était mère de toutes les vertus.

Comment ça il avait l'air prétentieux ? Lui qui en plus n'aimait pas cette attitude. Enfin, il supposait que pour une partie de la population c'était en effet ce dont il avait l'air : un arrogant ministre qui était imbu de sa position. C'était une réalité qu'il devait prendre en compte. Même si parfois il entendait des choses qui ne lui plaisaient pas, il aimait discuter avec Ulric, d'autant plus depuis qu'il avait obtenu ce poste si convoité. La majorité des gens se perdaient en flatteries et ouvertement lui disaient que tout allait bien même si ce n'était pas le cas. Il fut néanmoins surpris par la… rapide confession d'Ulric ? De quoi voulait-il parler lorsqu'il annonçait qu'il avait appris une leçon ?

« Mon intention première n'est pas de leur montrer que je ne fais pas attention à eux, bien au contraire. J'en prends note. Je verrai comment je peux amener cela. Néanmoins que veux-tu dire par leçon ?... Que s'est-il passé ? »

Lüwen avait hésité sur la formule, il allait demander est ce qu'il s'est passé quelque chose ? , mais non, c'était la mauvaise méthode à adopter. Il devait demander directement de quoi il s'agissait sans passer par quatre chemins.

Cela se voyait aussi dans la façon avec laquelle il abordait les rumeurs. Les deux frères étaient francs, d'une moins, d'une certaine façon. Alors il allait respecter cette franchise. Tout et n'importe quoi pouvait courir. Des bruits comme des fonds de vérité.

« Pour te l'énoncer clairement les racontards disent que tu n'y es pas pour rien dans les accidents qu'auraient ceux qui auraient pu avoir le poste de maître de la forge. En sommes, que tu les aurai tué. »

A nouveau, il prit une gorgée de sa délicieuse boisson avant de continuer avec une sucrerie. Haa, on pouvait vraiment l'acheter avec de la nourriture, incroyable.

« Pour te dire directement ma façon de penser je crois que tu es un homme capable de tuer. Je sais ô combien tu convoitais ce poste. Après tout moi aussi je convoitais ce genre de choses. Néanmoins je ne sais pas exactement ce dont tu es capable, mais je trouverai aussi stupide de se débarrasser d'autant de gens et je ne suis pas certain de te voir élaborer un plan qui pourrait si facilement se retourner contre toi. »

Viens par là petite pâte d'amande, viens par là….

Utiliser le mot « leçon » n’avait sans doute pas été la meilleure idée. Il avait éveillé la curiosité de Lüwen et c’était bien normal. Il laissait entendre qu’un incident s’était produit. Ce n’était pas vraiment le cas ; c’était un simple constat tiré d’une rencontre qu’Ulric ne pouvait que garder sous silence. En une fraction de seconde il réfléchit à une parade, une manière de désamorcer la bombe sans avoir l’air de mentir.

« Rien de bien important. Une simple discussion qui a failli mal tournée avec des ingénieurs, suite à quelques retards de livraison. Ils étaient pressés par le temps, sans doute en vue de finir leur futile machine pour le Tag Der Toten… Ils n’ont pas apprécié de m’entendre leur demander de patienter. J’en ai tiré la conclusion que tu sais. ». Ce n’était pas tout à fait un mensonge. Il avait bien eu une discussion semblable avec deux ingénieurs, un peu trop prétentieux et orgueilleux, assez pour penser pouvoir s’adresser directement à lui pour des pièces des plus inintéressantes à construire sur le plan de la technique. Il leur avait demandé de patienter et de faire avec les délais de production avant de les inviter à quitter son bureau, chose qui n’était guère bien passée.

Puis Lüwen lui parla des racontars, vieux de quelques années maintenant. Qu’ils circulent encore amusaient presque Ulric, que son frère lui en parle que maintenant l’obligèrent à garder un masque détaché et impassible, pour ne pas éclater de rire. Heureusement qu’il maîtrisait à la perfection sa gestuelle corporelle.

« Lüwen… Cela fait combien d’années que l’on médit sur mon dos ? Il y a eu deux meurtres : un forgeron et le Maître de la Forge. Les autres n’ont connu qu’une fin tragique, commune. Des accidents. Il est vrai que cela m’a profité mais je ne fais que jouer de chance… » une chance toute orchestrée, un plan sans faille. Il n’y avait aucun témoin, aucune preuve. Et puis il était connu que le dernier Maître de la Forge n’avait pas acquis son poste de façon très honnête. A côté, Ulric avait eu, dans sa façon de procéder, tout d’un saint.

« Je suis déçu. Je te croyais plus doué pour trouver de bons prétextes pour venir piller mon garde-manger… N’aurais tu pu trouver quelques motifs plus frais ? Il y en a certainement… Par exemple tu pourrais tout me dire sur les sombres secrets du gouvernement ? Oh ! Je pensai t’apporter quelques pâtes d’amande ! Tu pourras les emporter puisque tu es là ! ». Ulric n’avait cette intention que depuis quelques secondes ; en fait, depuis que l’intérêt de son frère était porté sur la pâte d’amande. Il fallait bien voir s’il était toujours aussi aisément corruptible…

Lüwen se demandait si son frère lui disait actuellement la vérité. En soi, il n'avait aucune raison de mentir, mais l'utilisation du mot leçon suivi d'un «rien de bien important » n'allait pas vraiment avec. Ulric savait tout de même bien choisir ses mots. Mais bon. Dans tous les cas il avait à présent une histoire : une discussion ayant apparemment mal tournée. Cela se tenait, alors non, il n'avait pas plus de raison que cela de douter de son aîné alors il se contenta de hocher la tête.

« Je vois. »

Concernant la rumeur, il n'avait pas tort. Cela faisait un moment. Et l'on médisait sur le dos de notre ministre aussi (et cela était en partie sa faute). De toute façon même s'il pouvait se douter de quelque chose vis à vis des meurtres et des accidents, jamais il ne pourrait les lier à son frère. Et puis même voudrait-il le faire ? Cela serait bien difficile… Bien qu'il n'acceptait pas la mort de gens innocents, si ceux-ci l'étaient, quoi que même s'ils s'avéraient coupables d'autres crimes. Haa, on a dit idéaliste n'est-ce pas ? Quel beau tyran.

« Je suppose que je n'aurai pas d'autre réponse. Soit. Passons à autre chose. »

D'un, ça l'embêtait de devoir poser ces questions, de deux, c'était peine perdue, il n'aurait jamais sa réponse. S'il lui disait la vérité, la réponse était celle qu'il venait de formuler. S'il lui mentait il ne se trahirait jamais et sa réponse resterait la même. De toute façon, il ne soupçonnait pas vraiment quelque chose. Mais comme il l'avait si bien affirmé tout à l'heure il y a du vrai dans chaque rumeur.

A sa prochaine phrase il aurait presque pu se vexer. Pour de faux, bien évidemment. Il savait aussi jouer un peu la comédie de ce côté-ci…

« Humpf ! Comme si je n'avais que cela à faire que de pilier ton garde-manger. Même si j'avoue que cela est toujours autant délicieux. Tu ne m'achèteras pas avec de la pâte d'amande. En revanche si tu as des fraises… »

Simple plaisanterie bien évidemment. Ha il n'était pas doué avec le sens de l'humour mais il y avait quelques petites choses avec lesquelles il savait plus aisément jouer.

« Et non, tu te doutes bien que je ne peux te révéler cela. D'ailleurs. La prochaine fois que nous nous voyons tu n'auras qu'à venir. Mais préviens avant que je sois présent. »

Ce qui s'appliquait à l'un n'allait pas toujours à l'autre. N'est-ce pas ? Cela allait faire un peu de bruit dans les couloirs, mais bon, ils étaient frères.

Cette petite duperie n’était pas parfaite. Lüwen n’y croyait pas vraiment et s’il n’avait eu une certaine confiance en Ulric, elle ne serait sans doute pas passer aussi aisément. Il aurait cherché à creuser plus en profondeur, découvrir ce qui s’était réellement passé, ce qui n’aurait en rien arranger le Maître de la Forge car s’il ne doutait pas un instant d’avoir pris toutes les précautions nécessaires, il ne pouvait être absolument sûr que personne ne l’ait vu parcourir la ville en allant ou en rentrant de sa rencontre avec le Meneur.

La répartie de Lüwen à sa tentative de « corruption » lui arracha un véritable sourire. Il se doutait bien que le pêché mignon de son cadet n’était pas plus voué à porter ses fruits mais cela n’empêchait pas de le taquiner avec.

« Il doit bien y en avoir encore quelque part ! ». Ce n’était qu’une plaisanterie enfantine et très vite il retrouva son sérieux habituel. Lüwen qui lui proposait de venir à la Ville Haute, lui faire une petite visite. Ah qu’il était bien aimable… N’était-on pas mieux chez lui loin des bruits de couloirs ? Dans un lieu où aucune autorisation administrative n’était requise pour venir ?

« Eh bien je l’envisagerai. Et évidemment que je te préviendrais, ne serait-ce que pour m’assurer avoir une autorisation en bonne et due forme pour franchir la porte… Les gardes sont parfois têtus… ». Ulric ne relança pas le sujet des secrets du gouvernement, formule sans doute trop directe pour un ministre à la réputation d’incorruptible.

« Et sinon, tu n’aurais pas un petit début d’information sur les meurtres récents ? Si possible j’aimerai éviter de recourir aux journaux pirates. Il paraît qu’ils ne sont pas en vogue au palais… Ou peut-être quelques petites nouveautés ? Il doit bien y avoir quelque chose que tu puisses me dire qui ne soit pas un compliment sur les pâtisseries. Oh ! Aussi… Tu as fini par apprendre à te servir de ton épée ? Je n’ai pas souvenir que c’était très brillant… ». En fait, Ulric avait même jugé catastrophique les talents de Lüwen dans le domaine. C’était toute la différence entre eux : l’un avait développé un goût pour l’apparence, l’autre pour l’utile. Ca tenait presque du miracle qu’ils s’entendent aussi bien.

Ha, malheureusement l'on ne pouvait lui apporter des fraises. L'automne n'était pas la saison pour ça, il le savait très bien. Enfin, il suffisait d'en congeler, mais elles ne gardaient pas le même goût. Oui. Il s'agissait en effet des réflexions de notre ministre perdu dans sa gourmandise, dans la nourriture. Au moins cela avait eu pour effet de faire sourire sincèrement son aîné, ce qui n'était pas toujours facile en réalité.

Alors comme ça il avait déjà pensé à le visiter ? A vouloir venir en son domaine ? Ce n'était pas étonnant, et son frère semblait s'inquiéter d'une chose bien précise : la présence des gardes qui pourraient éventuellement ne pas le laisser passer, surtout quand on sait le savon que le ministre était capable de leur faire passer s'ils laissaient entrer des personnes sans autorisation.

« Rassure-toi sur ce point, ton nom est marqué sur la liste depuis un long moment. Et ils savent bien que si tu me fais un retour car tu ne m'as pas laissé entrer, ils en prendront pour leur grade. »

Sa réputation ne lui apportait pas que de mauvaises choses, bien au contraire… Ho. Voilà un changement de sujet bien clair. S'il avait des info sur les meurtres récents ? Il était au courant hein ? Bien sûr qu'il l'était. Il était un De Clèves et le Maître de la Forge.

« Malheureusement même moi je n'en sais pas grand-chose. J'ai du annoncer à la Mordkomission que la milice s'occuperait de l'enquête. Quelle idée stupide. » Il soupira. « Je ne contrôle pas la milice, c'est bien là le problème, je n'en sais trop rien encore. Mais j'ai l'intention de m'en mêler. La reine ne veut pas qu'on en parle mais… » Contre toute attente (ou pas) Lüwen fit un petit signe de la main clairement m'enfoutiste.

Il haussa cependant un sourcil à sa prochaine phrase : comment ça pas brillant à l'épée ? Bon certes, il ne rivalisait ni avec son frère, et encore moins avec son père mais…

« Je ne porterai pas d'arme si je ne savais pas m'en servir. Je ne suis pas aussi doué que toi mais je m'en sors. Je sais me défendre. »

Lüwen n'était bien sûr que faussement vexé. Heureusement qu'il avait l'habitude de son humour.

Ah Lüwen… Il parvenait toujours à prouver qu’il planait bien loin, quelque part au-dessus des nuages, possiblement quelques parts autour de la constellation du Gourmand. Il ne lui parlait pas des gardes de sa petite demeure, qui ne saurait guère le tenir en respect bien longtemps s’il avait décidé de passer la porte de son frère, mais bien de ceux protégeant l’accès à la ville haute.

« C’est de ceux de la porte de la ville haute dont je te parles… Pas de ton petit coin de paradis… Tu sais ? Ceux qui vérifient que les manants ne viennent pas chez les nobliaux… » lui rétorqua Ulric, d’un ton un peu moqueur, comme s’il prenait son frère pour un gamin un peu idiot. C’était le genre de plaisanterie qu’il aimait faire à l’occasion, pour provoquer quelqu’un qui ne risquait pas de réagir trop excessivement.

La discussion avait ensuite dérivée sur les meurtres. Ulric n’apprit pas grand-chose, sinon que son frère considérait bien stupide d’avoir déchargé la Mordkomission de l’enquête pour la refiler à la Milice. Un choix qui hurlait la magouille politique et l’implication de notables mais le contestait publiquement était plus que complexe. Voyant que pour une fois Lüwen ne semblait pas désirer jouer le petit chiot de la reine, Ulric esquissa un sourire. Il allait pouvoir le lancer un peu plus sur le sujet.

« Eh bien je me ferais une joie de t’aider… Tu as eu le plaisir de voir passer les journaux non officiels ou pas ? Je ne dis pas que je les ai eu entre les mains hein ! » fit Ulric avec un air entendu. Evidemment qu’il n’avait pas lu attentivement et pris en note un journal illégal… Ce n’était absolument pas dans ses habitudes de ne pas suivre les règles et n’en faire qu’à sa tête !

Ulric regarda son frère, se demandant s’il était sérieux avec son air vexé, prétendant savoir se servir de son épée, lui qui n’avait dû lui porter que trois véritables coups de tous leurs échanges. Puis il se dit qu’il n’avait pas tort en disant que s’il n’était pas aussi doué que lui, il restait plus capable que d’autres.

« Tu n’as pas tort. Tu restes une quiche de bonne qualité ! », insulte sympathique dans un champ lexical parfaitement adapté au léger problème avec la nourriture de ce cher Ministre. Elle fuit suivie d’une question plus neutre, dénuée de plaisanterie, qui n’avait plus grand-chose à voir avec le domaine de l’escrime ou des meurtres. « Je m’étais dit, il y a quelques jours de cela, qu’il serait intéressant d’investir dans les faubourgs, histoire d’améliorer un peu la vie des mineurs. Cela ne pourrait qu’améliorer la productivité je pense, puisque s’ils mangent mieux et sont mieux soignés, l’on aurait plus de travailleurs solides et donc un meilleur rendement. De même, aider au financement de l’extraction, favoriser la sécurité des mines ça ne me semblerait pas idiot… Tu penses que ce genre de choses serait acceptable par nos chers pairs ? ». Ulric était curieux de connaître l’avis de son frère sur le sujet et comptait bien faire murir l’idée dans son esprit pour qu’il la diffuse un peu autour de lui. Il ne pourrait pas l’accuser d’être à la solde des mineurs ou des révolutionnaires, il ne faisait que présenter une possibilité d’amélioration du commerce.

Ha, il s'était trompé. Bon. Soit. Cela arrivait à tout le monde non ? Surtout devant une pâtisserie ? Comment ça ce n'est pas une excuse ? Heureusement qu'il était avec son frère. Enfin, c'était précisément parce qu'il était avec lui (et avec de la nourriture) qu'il se relâchait un tant soi peu. La pression, la réputation, le regard. Après il n'était pas très différent en privé et en public mais c'était tout de même un sacré challenge dans la vie de tous les jours qui lui plaisait, il fallait bien l'avouer.

« Et bien ceux de la porte de la ville haute seront avertis aussi cher manant de frère. »

Il avait évidemment repris ses mots pour lui retourner la moquerie. Au passage il fini la pâte d'amande et bu un petit peu son cocktail. Ha. C'était parfait. Comme une petite pause.

Contre toute attente son frère lui annonça de but en blanc vouloir l'aider et lui signifiait aussi d'un sous entendu qu'il pouvait lui passer un journal non officiel. Du moins c'est ce qu'il comprenait.

« J'ai du mal à m'en procurer. Je ne passe pas inaperçu. Alors si par hasard… Tu pourrais… »

Inutile de terminer sa phrase, Lüwen la laissait en suspend. Les deux s'étaient très bien compris et il était futile d'en dire plus.

« Et fait attention à ce que tu dis ou je t'embroche. »

La scène était plutôt amusante, Lüwen pointait la petite fourchette à trois dents vers Ulric toujours avec son air on ne peut plus sérieux. Et c'était certainement ce détail qui aurait pu en faire rire plus d'un.

« Je suppose qu'il n'y a qu'une quiche pour avoir déjà pensé à investir dans les Faubourg et chez les miniers pour améliorer leurs conditions de vie. Mais bien évidemment, si cela arrive un jour, cher frère, ladite quiche ne se fera pas voir du cuisinier. Ou elle finira brûlée. »

Une belle petite métaphore filée à l'oral comme on n'en fait plus. Lüwen avait déjà pensé mille fois à cette idée et il était actuellement en réflexion sur comment la mettre en place. Personne ne faisait quelque chose. Lui avait de l'argent, des moyens et de la volonté alors il n'allait pas laisser faire cette différence des classes.

Se voir retourner la moquerie par son frère amusa Ulric, même s’il ne le manifesta que par un très léger haussement d’épaules. C’était une répartie assez facile à faire, pas de quoi s’esclaffer. Plus surprenant était que son frère, censé ne pas encourager la lecture des journaux pirates, souhaitait au contraire qu’il lui en procure. Piège ? C’était une chose envisageable mais pas d’un gamin en extase devant les sucreries.

« Eh bien… Je verrais si des petits détails intéressants apparaissent… L’on est d’accord que tu agis en vue d’aider à lutter contre les fausses informations divulguées par les détracteurs du pouvoir en place ? ». Comment ça l’excuse était bidon ? Un ministre ne peut-il pas prendre à cœur d’assurer la paix au sein de la ville en connaissant toutes les cartes ? Ce n’était pas une question en fait, juste une des nombreuses justifications plus ou moins crédibles que balançaient le Maître de la Forge à tour de bras pour ne pas se faire accuser de prendre un parti qu’il n’aurait pas dû.

La conversation avait ensuite dérivée sur les talents d’escrimeur de Lüwen et évidemment celui-ci avait réagi lorsqu’il l’avait traité de quiche, le menaçant avec une fourchette alors que son accusateur avait un air sérieux. La scène était drôle d’un point de vue extérieur, et en interne elle était assez plaisante à voir. Ulric regrettait que Lüwen ne puisse voir à quel point il était ridicule, ce qui était toujours mieux qu’être grotesque puisque, théoriquement, il avait le sens du ridicule et savait donc qu’il agissait tel un plaisantin.

Ulric prit ensuite quelques secondes pour réfléchir à la métaphore. Selon lui, investir pour améliorer le quotidien des mineurs demandait à ne pas se faire prendre ? C’était d’une idiotie crasse, la preuve que cette ville marchait sur la tête et était juste bonne à se faire refaire le portrait à grands coups de fusils. Finalement, le Meneur avait raison en disant que la révolution était la seule solution envisageable. Si l’on ne pouvait plus prendre soin de sa ville, sans se faire accuser de trahison et se faire mettre dans une geôle ou dans un four, c’est que le problème était plus profond que quelques politiciens corrompus et quelques péteux.

« Je vois ce que tu veux dire… Finir brûler pour avoir cherché à améliorer la ville d’une manière des plus honorables est vraiment la preuve que certaines personnes ne réfléchissent guère souvent… ». Il insultait ouvertement la caste dirigeante et il s’en moquait. Il n’avait pas peur que son frère le délatte, ce ne serait pas vraiment dans son caractère, normalement…

« Et selon toi, avoir le soutien des héritiers aiderait ? Après tout, si les deux se montraient favorables à cette idée, il y aurait plus de difficultés à mettre en œuvre des représailles… Ah tiens… Améliorer les conditions des mineurs et des autres habitants de la ville pour aider à lutter contre le marché noir ? Ca serait une bonne façon d’avancer la chose aussi ! Après tout, si l’on trouve si l’offre légale est plus intéressante, l’on a plus besoin de la contrebande… ». Nouveau plan, nouvelle idée mise à germer dans l’esprit de Lüwen.

« L'on est d'accord. »

Ou pas. Enfin, en sous-entendu ils étaient déjà d'accord. Après, des réelles fausses informations pouvaient se trouver dans les journaux pirates. Et puis, s'ils avaient d'autres informations sur les meurtres alors ce n'était pas une mauvaise chose d'en lire. Il voulait savoir la façon dont les informations étaient amenées. La presse ici était beaucoup trop contrôlée de toute manière, cela ne pouvait pas permettre à tout le monde de s'exprimer. De ce qu'il en savait personne n'avait osé dire qu'avoir confié l'enquête à la milice était une erreur. Personne n'oserait insulter les décisions de la reine.

« Oh je crois justement qu'ils réfléchissent trop. Mais pas pour tous. »

L'on avait besoin des mineurs car l'on avait besoin du saltz. C'était une évidence. Mais si l'on avait tellement besoin d'eux pourquoi ne pas les féliciter pour leur travail ? Parce que cela serait leur donner des moyens de prendre les rennes. Trop améliorer leurs conditions de travail et ils auront la force de se rebeller. Ce que la royauté voulait évidemment à tout prix éviter pour conserver, statut et richesses. Le plan était pour que les riches restent riches et confortables.

« C'est possible. Néanmoins je ne préfère pas me mentionner en public pour ce genre d'action. »

Et oui. Il devait conserver sa réputation, il faudrait qu'on lui fasse confiance, surtout ceux qui sont actuellement pour la reine, pour pouvoir savoir ce qu'il se trame et agir en sens inverse de l'autre côté. Doucement, Lüwen reposa le cocktail. Il avait tout terminé et ses neurones filaient à vive allure. Il se leva.

« J'ai besoin de réfléchir. Je pense que je vais te laisser. Merci. »

Le remerciement valait autant pour les informations, pour l'amusement et pour les idées. Il savait à présent dans quelle catégorie de personnes ranger son aîné. La rébellion était-elle de famille ? Qu'en penserait son père ? Devait-il vraiment s'intéresser à son avis ?

« N'oublie pas de passer chez moi. »

Lüwen connaissait la sortie. Après toutes ces années il n'était pas nécessaire de l'accompagner, il n'en avait pas besoin.

La discussion touchait à sa fin, se terminant non pas tant faute de temps pour discuter mais bien parce que les deux hommes n’avaient plus rien à se dire. Oh bien sûr, ils auraient pu se mettre à discourir sur le cours du charbon ou les derniers ragots sur la famille royale mais ce n’était pas dans leurs habitudes.
Ulric avait désormais une meilleure idée de la position de son frère sur l’échiquier politique : le pion qui espérait devenir le fou mais qui n’osait qu’à peine avancer d’une case. Il était peut-être plus malin qu’Ulric pour cela qui n’hésitait guère à agir. Ce dernier regarda son frère poser son verre, signe que son départ était proche, ce que ses paroles confirmèrent.

« Eh bien réfléchi. Je tâcherai de passer par chez toi lorsqu’il me faudra verser ses dividendes à père. Sinon je trouverai bien une autre occasion. » lui répondit Ulric en quittant son siège, menant son frère jusqu’à une sortie qu’il connaissait pourtant par cœur depuis le temps. Ce n’était qu’une question de politesse comme ces simples mots qu’il lui dit aimablement alors qu’il franchissait le seuil de la demeure du Maître de la Forge : « Bonne journée et prends soin de toi. ».

Il ne le regarda pas partir, ce n’était que son frère. A peine s’était-il engagé dans l’allée que la porte se refermait et le Maître de la Forge retourner à son bureau pour s’occuper de ses affaires, se demandant combien de temps il faudrait pour que ses suggestions ne fassent leur chemin.

FIN

Fin de rp

De quoi parlent deux frères, lorsqu'ils se rencontrent à l'occasion ? De meurtre et d'espoir, de changement et peut-être même de révolution...

Les mauvaises idées germent dans leurs petites têtes... aider les Miniers ? Hum quelle idée pleine de grandeur d'âme...
Une idée qui risque de ne pas plaire à la reine.
Quid des héritiers ?

Sujet: Re: D'inquiétantes rumeurs {PV : Ulric}

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