Ce soir là ce n'était pas le Maître de la Forge ou Ulric De Clèves qui arpentait les ruelles sombres et sinistres de Draümbell. Non, c'était le comploteur, l'être féroce qui trahissait les siens, les nobles, la monarchie pour assurer une vision d'un avenir possible.
Il avait reçu une missive, un message d'un "partenaire" fraichement découvert. Une personne que bon nombre de ses clients aimeraient connaître, pour l'arrêter, le torturer et l'éliminer. Il avait rendez vous avec le Chant de la Mine, dans les faubourgs. Ce n'était pas un entretien qu'il pouvait mener librement mais il ne pouvait pas le manquer pour autant. L'homme sous le masque était déjà méfiant et pour acquérir sa confiance il fallait consentir à quelques sacrifices, à quelques preuves de bonnes volontés.
Ulric était donc vêtu non de soie mais de laine grise pour mieux se fondre dans l'obscurité et d'un pourpoint de cuir épais pour dévier les lames. Sous son manteau, des lames, trop belles pour un simple voleur, trop classique pour quelqu'un de sa stature (quoi que la qualité était bien là) pour sa défense. C'était une précaution, risquée en cas d'arrestation, de bon sens en cas d'agression. Il avançait, silencieux, suivant un chemin maintes fois empruntées, jusqu'à l'entrée d'un souterrain qu'il observa longuement, attendant la certitude qu'aucun milicien ou policier ne lui tomberait sur le dos. Il ne pouvait être arrêté en un tel endroit. Lorsque le doute se dissipa, il s'élança et disparut dans les profondeurs, allant jusqu'au point de rendez vous avec le passeur. Il avait retenu le chemin, la dernière fois, mais il ménageait cette engeance, ne souhaitant pas frustrer ceux qui pourraient un jour lui être d'une utilité certaine, et qui permettaient à son alliance avec le chant de la Mine d'exister. Il fallait bien des mains pour transporter des marchandises d'un côté de la ville à l'autre.
Il ne parla toutefois pas de tout le trajet. Une somme d'argent, un signe de tête sous le masque, c'était tout ce qu'il fallait.
Une fois dans les faubourgs, Ulric se rendit jusqu'à la petite bâtisse abandonnée où il devait retrouver le jeune trublion. Il ne traînait pas, forçant son corps à avancer malgré sa santé déclinante. La maladie ne le lâchait pas et l'absence de soins connus l'inquiétait assez pour qu'il ait effectué des donations en ce sens. Il n'était pas versé dans les arts médicinaux pour aider intellectuellement. Il pouvait forger des équipements, faire forger d'autres, appuyer une demande du corps médical et faire jouer de son influence pour que les autorisations requises soient accordées mais c'était bien tout et ce n'était qu'un pas ridicule dans la quête du remède. Toutefois, ce soir, la maladie n'était que le cadet de ses soucis.
Il trouva la maison. Ce n'était pas bien loin d'où il était né et cela l'amusait. Quelques pas de plus et il verrait sans doute sa mère naturelle, inconnue dont il ne se rappelait que vaguement le visage. Il entra, refermant la porte derrière lui, avant de faire le tour du propriétaire. C'était rapidement fait, la bâtisse étant petite. Une cuisine, une salle à manger. Il monta à l'étage, entendant la respiration d'une personne avant de voir la silhouette du Chant. Il avait dû arriver en avance.
"Salut à vous." s'annonça t il. Il se rapprocha de l'homme, afin de réduire au possible sa voix et ne pas se faire entendre de passant indiscret. L'isolation phonique n'était pas la cause de la réputation des bâtiments locaux. "Que se passe t il ?"
Un mot, c'était bien beau mais le fait de devoir se voir n'éclairait pas. Ulric remerciait toutefois le ciel de n'avoir eu des indications précises quant à l'objet de la visite car il n'était pas à l'abri des yeux indiscrets.
Dernières images 
