Voulez-vous voir ma... réserve de thé ?

La petite réunion que William avait organisé pour la haute sphère de cette charmante vile avait été un succès. Les idées qui y avaient été lancés avaient commencés à s’engranger, lentement… un peu trop lentement au goût du Maître mais il ne pouvait pas faire bien plus que ce qu’il avait annoncé. Plusieurs familles avaient fait le déplacement… Même si certains absents étaient malheureusement à déplorer, mais il s’en était douté.

C’est donc avec une certaine surprise qu’il avait reçu, le lendemain, un jeune page qui avait demandé à le voir. Un petit jeune, tout à fait charmant aux yeux de William, mais qui avait eu bien du mal à arriver jusqu’à lui avec ses bégaiements incessants et sa mine effrayé. Mais l’érudit l’avait tout de même reçu, avec une certaine surprise mêlée d’une curiosité, qui fut récompensée lorsqu’il posa sur les yeux sur le petit message du serviteur qui le laissa… pensif de longues minutes.

Ça pour une surprise…

Enfin, inutile de faire attendre le garçon plus longtemps, le pauvre était déjà complètement décomposé. Le maître avait donc pris sa plume ainsi qu’un petit morceau de papier pour offrir sa réponse, qu’il tandis au jeune homme avec un sourire avant de le laisser repartir.

Lettre cachetée:

Un mois avait passé depuis cet évènement. Axel avait, depuis, appris que lui-même était atteint de cette épidémie qui semblait ravagé toute la ville, sans se soucier de toucher les pauvres ou les riches. Le rouquin vivait la nouvelle de sa condition avec une simplicité des plus étonnantes et, mis à part les précautions qu’il prenait pour éviter au maximum de contaminer ses clients ou ses amis, sa vie n’avait que peu évoluer, au final.

Bon, peut-être que William était un peu plus sur son dos que d’habitude, ou passait le voir plus régulièrement, mais il se contentait de le rassurer. Après tout, il avait la chance d’avoir de quoi diminuer son mal être à portée de main, quelle que soit l’heure du jour ou de la nuit. Et à part la fatigue qu’il avait du mal à réduire, il maîtrisait plutôt bien le reste. Mais le maître érudit était un père inquiet, quoi de plus normal… Et en plus des nouvelles régulière qu’il prenait, il en profitait également pour se renseigner sur la venue, ou non, de l’homme qui l’avait contacté indirectement quelques mois plus tôt.

Il avait bien évidemment prévenu l’herboriste qu’il risquait de recevoir un visiteur bien particulier, et les raisons de sa venue, d’ici quelques temps mais… le temps passait et il n’y avait eu aucune nouvelles de l’homme. Axel avait beau ne pas l’avoir oublié, la chose avait fini par se ranger dans un tiroir de son esprit. Le ministre pointerait le bout de son nez s’il en avait envie, ou alors il avait juste voulu se faire bien voir de William, pour une raison ou pour une autre. Il prenait les choses telles qu’elles venaient.

Et aujourd’hui avait été un jour comme les autres. Des clients, de l’activité, assez épuisante pour son corps malade. Il était d’ailleurs en train de finir de ranger et nettoyer la boutique désormais vide, vérifiant ses petites serres à l’étage, refaisant le stock de ses étagères, jeter un dernier coup d’œil sur ses comptes et ses commandes des prochains jours… La petite pancarte sur la porte indiquait bien qu’il était fermé mais il n’avait pas encore verrouillé la porte.

Il y a un petit mois de cela, le ministre avait reçu une missive tout ce qu'il y avait de plus normal en apparence, une invitation, ce qui était plus surprenant était qu'elle venait d'un maître érudit qui demandait sa présence et qui désirait aide et donation pour pouvoir endiguer l'épidémie. N'ayant pas souhaiter montrer à tous ses réelles intentions politiques il avait fait envoyer Angelo pour lui demander de se voir en privé. L'érudit, William, n'y avait pas répondu favorablement – il se doutait bien des raisons-, mais l'avait invité à venir chercher du thé- et plus-, dans une petite boutique de thé. Bien que très intéressé par la proposition notre cher ministre n'avait pu s'y rendre dans l'immédiat… Travail, enquêtes, maladie et couple, voilà les raisons de son retard… Il espérait juste qu'on ne lui en tienne pas rigueur.

C'est habillé comme à son habitude, chemise, pantalon et belle veste, portant ses lentilles si reconnaissables que le ministre, accompagné de Nishiki se rendait à la fameuse boutique. Il était un peu tard, mais Lüwen avait du terminer quelques dossiers, il se sentait plus en forme et bien évidemment, en avait fait un peu plus. Mais ce n'est pas vraiment les préconisations d'un repos, n'est-ce pas… ? Enfin, cela n'était jamais autant que durant ses journées de travail réelles de toute façon…

Une fois arrivé sur place il s'avérait que la boutique venait de fermer, selon les horaires indiqués…. Hmmm… Cela questionnait le ministre qui s'était déplacé. Pour  autant la porte n'était pas verrouillée… Autant tenter ? De toute façon, si l'herboriste ne voulait pas le recevoir, et bien il repartirait… Bien qu'il soit plus cohérent et pertinent pour Lüwen de venir enfin de journée, lorsqu'il y avait le moins de clients et surtout…. Qui oserait dire au ministre de quitter les lieux en échappant ainsi à une vente ?

Poussant la porte des lieux, les senteurs vinrent déjà plaire à ses sens. «  Bonsoir.  » Le crépuscule était déjà bien tombé dehors, vu l'heure et l'hiver… «  Je suis venu me procurer du thé, entre autre.  » N'est-ce pas ? «  Mais vu l'heure tardive, et votre volonté de fermer l'établissement je peux repasser un autre jour si jamais vous étiez occupé.  » Ministre ou pas, client ou pas, notre ami n'avait pas assez d'ego pour imposer sa présence. Les journées incroyablement longues et les gens...incroyablement chiants, il connaissait aussi. Nul doute qu'il devait croiser…. Tout type de clients… Et que l'envie de se reposer pouvait bien être présent.

Le marchand entendit la petite clochette de la porte avant de voir qui était passé par la porter. Par un simple réflexe, il ne jeta qu’un coup d’œil rapide à travers les petites étagères pour vérifier qui venait de rentrer alors que la pancarte affichait clairement que la boutique était fermée. Deux personnes, s’il en croyait les silhouettes qui s’avançaient vers lui. Soulevant le carton qu’il était en train de répertorié du sol pour le ramener dans l’arrière-boutique, il en profita pour venir à la rencontre de ses invités retardataire, s’apprêtant à gentiment leur faire remarquer qu’il était un peu tard pour faire des emplettes…

Et quelle ne fut pas sa surprise quand il se retrouva face à une visage qu’il avait pourtant attendu depuis quelques temps. Son visage garda son sourire aimable et  l’émeraude de son regard son calme mais il haussa un sourcil étonné. Il fallait avouer qu’en plus, on accueille pas un ministre sous son toit tous les jours… Enfin… Vu sa réputation, il avait tout de même toute une clientèle réputée mais elle ne faisait en général pas le déplacement elle-même. Et le ministre de l’intérieur était… très proche de l’image qu’il s’en était faite et qu’on lui avait décrite. Propre sur lui, jeune – un peu trop, si lui demandait son avis -, original… Il n’avait pas l’habitude de voir quelqu’un qui avait la même couleur que ses cheveux… Mais au niveau des yeux.

A sa petite remarque sur l’heure tardive, le rouquin secoua doucement la tête en allant rapidement poser son carton sur le comptoir quelques pas plus loin, avant de s’épousseter rapidement les mains et de revenir vers ses deux clients.

« Monsieur De Clèves. Je me demandais si vous passeriez. » Il lui tendit une main avec un sourire bien plus amical que commercial – ce qui était souvent le cas chez lui de toute façon. La pique était dénuée de toute méchanceté et paraissait plus amusé qu’autre chose. « Ne vous inquiétez pas, vous ne me dérangez aucunement. Entrez, je vous en prie. Axel Rosebury, pour vous servir… Enfin, vous devez déjà le savoir. Appelez-moi Axel. »

Le rouquin tendit naturellement la main à la personne en peu en retrait… Amusant, son visage lui disait vaguement quelque chose, mais il aurait bien été incapable de se souvenir d’où… Si ce n’était pas qu’une impression de son cerveau. Il s’était attendu à ce que le ministre ne se déplace pas seul mais son… garde du corps, il supposait, avait tout à faire la carrure de l’emploi. Ça donnait le ton. Il les laissa entrer plus loin dans la boutique tandis qu’il allait fermer à clefs l’entrée principale des lieux. Au moins, il serait sûr que personne ne viendrait les déranger. Il toussa légèrement dans son coude avant de faire volte-face.

« J’ai cru comprendre que vous aviez des choses à me dire. Souhaitez-vous un thé pendant que nous discutons ? Que buvez-vous d’habitude ? Venez, installez-vous. »

Il allait devoir s’en faire un pour lui vu sa gorge de toute façon, alors autant en faire pour tout le monde. Repassant devant eux, il les invita à le suivre en les emmenant derrière la porte de l’arrière boutique. La pièce, spacieuse, était séparée en deux parties principale : son bureau de travail facilement identifiable, et ce qui ressemblait à un petit salon confortablement aménagé avec un grand canapé d’angle et quelques fauteuils traînant autour d’une table basse. Sur les murs, de grandes étagères de livre et de paperasses diverses liées à son métier et sa passion… Sauf pour un mur, recouvert par un épais rideaux d’une teinte bordeaux.

Il laissa ses deux invités entrer et s’installer dans la pièce en allant faire chauffer de l’eau avant de sortir une théière et trois tasses qu’il disposa sur la table. En voyant que le garde du corps n’avait visiblement pas l’intention de s’asseoir, le rouquin l’invita d’un geste, au cas où ce dernier n’aurait pas compris que l’invitation tenait également pour lui, mais il se heurta à un refus poli. Eh bien, s’il voulait poireauter debout, c’était son problème, pas le sien.

Le temps que l’eau chauffe et qu’il puisse faire son thé, il s’installa dans un des fauteuil, croisant naturellement les jambes, regardant son interlocuteur dans les yeux. Il ne se sentait ni particulièrement menacé par le ministre, ni particulièrement stressé de devoir lui parler… C’était même plutôt le contraire, vu qu’en réalité, c’était plutôt lui qui avait besoin de ses services.

« Monsieur Geissler, enfin, William… » Quelle idée de tous porter le même nom, franchement. « … m’a indiqué que je pouvais peut-être vous aider sans me préciser exactement de quoi il retournait. » Un détail qui n’était pas tout à fait vrai, en réalité, mais des plus plausibles. Après tout, tout ceci avait l’air plutôt… délicat pour le ministre. « Mais vous allez pouvoir m’en dire plus. »

Le propriétaire de l'établissement balaya d'un geste de la tête l'interrogation du ministre concernant le fait de rester ou non. Il n'avait pas l'air outré par la présence tardive du ministre ou bien ne le montrait juste pas. Comme il s'en doutait, Lüwen n'avait aucunement besoin de se présenter, il était reconnu de suite. Il lui serra d'ailleurs aussi la main et ne prit pas mal la petite réflexion, bien sûr qu'il allait venir, il était un homme de parole, il lui certifiait vocalement ne pas être dérangé et se présenta. Lui aussi connaissait déjà son identité. Le ministre n'avait pas pour habitude de se rendre dans un endroit inconnu et avait un peu investigué avant. Méfiance naturelle, d'autant plus accentuée par les événements passés…

«  Enchanté, Axel. Voici mon majordome, Nishiki Wolffhart.  »

Et garde du corps de temps en temps, puis amant.. Oui, bon, il était mieux de présenter l'homme avec sa fonction officielle n'est-ce pas ? Lüwen remarqua la toux et n'en dit rien. Malade aussi ? Elle n'épargnait personne… Sauf son amant…

«  Oui, nous serons plus à l'aise. Je bois toutes sortes de thés, vert, noirs, blancs, à la vanille, aux jasmins, aux fruits… Faites-moi simplement découvrir celui que vous désirez.  »

Et bien, il y avait un petit côté commercial à cette entrevue, le ministre serait bien heureux de pouvoir repartir avec du bon thé, et se faire cet homme comme client c'était… s'assurer une rente à vie ? Oui, un peu, vu sa consommation de thé… Autant au travail qu'à la maison…

Lüwen entra donc tranquillement dans l'arrière boutique, Nishiki à ses côtés, observant curieusement les lieux, des livres attirèrent son attention avant qu'il ne se pose dans un fauteuil plutôt confortable. Le ministre remarqua l'effort que fit Axel pour tenter de faire s'asseoir Nikishi mais c'était bien peine perdue… Il était beaucoup trop professionnel pour cela… Ce qui n'était pas une mauvaise chose, loin de là. Le ministre remarquait d'ailleurs que l'herboriste n'avait pas l'air particulièrement stressé à l'idée de lui parler, ou de le rencontrer, qu'il n'avait pas l'air de lui faire des courbettes. Il ne tarda pas à lui poser des questions concernant ses intentions.

«  En effet. Dans ce cas je vais vous dire ce que je lui ai écrit. Je l'ai informé vouloir coopérer avec lui dans la plus grande discrétion, pour éradiquer l'épidémie, et ce, pour toutes classes sociales. Et je désirerai que ma donation soit totalement privée. Etant donné qu'il m'a redirigé vers vous, j'aimerai savoir ce que vous pouvez éventuellement faire pour moi, et surtout, pour ceux malades et ceux qui ne le sont pas encore.  »

Les mots, les ambitions exprimées ici n'étaient pas totalement le même discours qu'en public mais… L'on pouvait s'en douter.

Comme presque à chaque fois qu’il poser la question sur ce qu’aurait souhaité boire son interlocuteur, ce dernier lui répondit qu’il pouvait bien faire ce qu’il voulait, une fois de plus. Ah… Un jour peut-être il trouverait quelqu’un qui ne lui serve pas cette réponse toute cuite. Mais bon, c’était sans doute la face cachée du métier qui voulait ça. Après tout il fallait bien qu’il arrive à laisser sa petite trace sur ses clients… Même si le ministre en était un particulier puisque la raison de sa présence ici était… bien lointaine que simplement partager une boisson chaude en discutant autour du feu d’un feu de cheminée.

Installé dans l’arrière boutique, l’herboriste y invita donc son invité. Le garde du corps, enfin, majordome, il pouvait bien appelé ça comme il voulait, s’était placé derrière son employeur, près du mur recouvert de son grand rideau. Un homme prudent. Le rouquin incita ensuite le ministre à lui raconter les véritables raisons de sa venue pendant que l’eau se portait tranquillement à ébullition. Une manière simple de vérifier la teneur de ses propos, puisqu’il savait en réalité très bien le message qu’il avait envoyé à William. Et en effet, l’aristocrate affirma à nouveau sa volonté de vouloir aider… les malades et ceux qui ne l’étaient pas encore. Si la discrétion qu’il demandait ne surprenait pas vraiment le rouquin – il ne serait pas ici sinon –, la manière dont il formula ses propos, elle, lui tira une pique de curiosité.

Les malades et ceux qui ne le sont pas encore.
Est-ce que l’épidémie était la seule chose qui motivait cet homme, ou ses intentions allaient-elles plus loin ? Ou bien n’était-ce qu’une manœuvre politique comme une autre ? Une question des plus basiques mais dont la réponse déterminerait finalement bien des choses au cours de leur échange. Qu’est-ce que le rouquin pouvait détester tous ces petits jeux maniéré… Mais il n’y avait pas vraiment le choix, dans cette ville, quand on souhaitait réussir quelque chose.

« Puis-je vous demander pourquoi être passé par William ? Je sais d’expérience que l’université accepte les dons anonyme, tout comme une enveloppe se glisse bien facilement sous les portes, surtout par les temps qui courent. »

Mais à la place, le ministre avait choisi de contacter directement le maître érudit suite à son appel général lorsqu’il avait organisé cette grande réunion. Axel n’y avait pas assister, mais il savait de source sûre que les habitants de l’université planchaient de pieds ferme sur le sujet, portés en autre par le prince héritier lui-même. Mais faire passer de l’argent pouvait être une chose bien aisé… Quand on connaissait les bonnes personnes.

Le rouquin se releva en entendant l’eau bouillir et alla la chercher pour la verser dans la théière en fonte, dans laquelle il mit ensuite un petit sachet d’une préparation maison. Un charmant mélange qu’il s’était concocté depuis qu’il était malade pour aider ses poumons à rester le plus sains possible. Du thym, un peu de plantain et d’orties agrémentés de quelques morceaux de réglisse dans un ensemble agréablement odorant.

« Et pour répondre à votre question… Eh bien si je ne suis pas médecin, mon métier m’a naturellement amené à verser dans l’art thérapeutique, que j’essaie au maximum d’offrir à tout le monde dans cette ville, malades ou non. Il se trouve aussi que je travaille en collaboration avec de nombreux pratiquants : des hommes de science naturellement, mais également avec des ingénieurs. »

Et puis il connaissait aussi bon nombre de contrebandiers, tueurs à gages en tout genre, voleur, miniers, révolutionnaires… La liste était plutôt longue mais gardons pour le moment le côté purement professionnel, n’est-ce pas ? Tant qu’il ne saurait pas réellement les désir de l’homme en face de lui, il n’allait pas lui lancer tout son petit commerce au nez, même s’il amorçait très, très doucement la chose. Avec un sourire, il lui servit finalement une tasse de thé, avant de remplir celle de son second invité, qui ne bougea pas pour autant, puis la sienne, qu’il récupéra en se rasseyant confortablement à sa place en se raclant légèrement la gorge.

« Et ce que je peux faire pour vous dépend essentiellement de votre volonté. Vous pourriez juste faire parti de mes bienfaiteurs, ce qui m’aiderait à distribuer mes préparations au plus grand nombre. Je tiens cependant à vous prévenir que je ne limite pas mes actions à cette simple épidémie. Et comme je vous l’expliquais, je suis en relation avec beaucoup de monde, qui aurait grandement besoin d‘un coup de pouce financier et avec qui je peux me charger de transactions disons… discrètes, et personne ne soupçonnera jamais votre implication. »

Une proposition déjà un peu plus étrange. Illégale ? Pas vraiment. Juste un échange de service réciproque et qui finalement, arrangeait bien tout le monde. Ah ne pas douter qu’il avait plusieurs des ces "bienfaiteurs" dont il semblait parler, William le premier… Mais il n’était pas vraiment le seul. Tranquillement, le rouquin sirota une gorgée de son thé, curieux, même si son visage ne laissait entrevoir que ce calme professionnel de l’homme qui propose simplement ses services comme il avait proposé une tasse de thé.

Rapidement l'herboriste posait des questions plus précises, notamment sur pourquoi il avait contacté précisément William alors que l'Université aurait accepté un don. L'homme avait l'air intéressé par ses propos de façon général, du moins c'était l'ambiance qu'il notait, certes il y avait ce côté politiquement correct qui faisait actuellement barrière mais Lüwen n'avait pas l'impression d'être devant quelqu'un de m'enfoutiste.

«  Je collabore déjà avec un médecin pour pouvoir aider les malades qui ne peuvent pas se payer de soins. J'ai remarqué William lors de son appel, et je me suis renseigné sur lui.  »

Ceci était une évidence, le ministre n'envoyait pas de lettre douteuse à un homme qui pouvait l'être. Et si Nishiki ne savait pas que Lüwen était le bienfaiteur de Jonathan, c'était à présent le cas. Il comprenait peut-être pourquoi il lui avait demandé de le fournir en miel et thym qu'il avait utilisé pour lui.

«  J'ai communiqué avec lui quand j'ai eu la certitude qu'il s'agissait d'un homme de confiance. Si je n'ai pas contacté directement l'Université c'est précisément car la confiance manque, et, que je préfère savoir directement qui peut l'utiliser pour aider plutôt que de lâcher de l'argent qui pourrait être utilisés à des desseins que je n'appuie pas.  »

Le ministre laissait Axel aller chercher le thé. Lorsqu'il revint avec l'odeur qui se dégageait de la théière lui donnait déjà envie. Axel, selon ses propres dires, avait l'air d'être un homme bien avec quelques connaissances qui pourraient certainement être utiles. Lui aussi voulait venir en aide à tout le monde. Certes il pouvait mentir, mais que deux hommes qui avaient une bonne réputation mentent à ce point, ne fallait-il pas être parano pour ne pas les croire ?

Finalement, après l'infusion le ministre eut son thé. Il aurait voulu lui dire de ne pas servir Nishiki, que de toute façon le majordome ne prendrait pas le thé. Pourtant il devrait car l'odeur était aussi agréable que le goût et il ne pouvait pas ne pas se permettre une remarque dès qu'il l'eut goûté.

«  J'aime beaucoup le thé.  »

Futur client sans aucun doute. Mais revenons donc à nos moutons moutonneux, parlons affaires. L'herboriste lui proposait directement qu'il devienne son bienfaiteur mais le mettait néanmoins en garde qu'il ne parlait pas que de cette épidémie. C'était une bonne chose. Son aide ne se terminera pas avec la fin de celle-ci.

«  Je n'ai pas l'intention de faire tenir mes actions uniquement durant l'épidémie, au contraire. Si cela peut aider un certain nombre de personnes alors je pourrai envisager de faire parti de vos bienfaiteurs à long terme. Même chose pour certains autres de vos connaissances, et oui de préférence, des transactions discrètes. Ma volonté, si on peut l'exprimer ainsi serait de briser cette frontière entre les gens qui sont en haut, et ceux qui sont en bas.  »

Une belle métaphore pour dire que les classes sociales, il ne les voyait aucunement d'un bon œil, au contraire… Il devait maintenant voir comment Axel réagirait à ses propos et s'il était fiable et de confiance.

L’herboriste eut un léger sourire en coin quand le ministre lui annonça s’être renseigné sur William – et sans doute sur lui au passage, et hocha simplement la tête aux explications du ministre. Évidemment qu’il l’avait fait, comme n’importe qui d’un peu censé qui souhaite faire ce genre de petite magouille, aussi gentillettes soient-elles. Parce que c’était bien comme ça qu’il pouvait décrire la demande du ministre, enfin de compte. Mais s’il se trouvait ici aujourd’hui, c’est que la couverture de William était toujours suffisamment travaillée pour ne pas trop éveiller les soupçons et le faire passer pour un homme de confiance. Tout comme leur lien de parenté. Oh, il l’était, ce n’était pas un soucis, mais pas forcément dans les domaines où on l’attendait.

Il laissa son invité goûter le thé, comprenant rapidement que la troisième tasse qu’il avait servi resterait sans doute pleine, mais ce n’était pas bien important. Le ministre eut l’air d’apprécier, lui faisant même une petite remarque à laquelle il répondit d’un sourire aimable.

« Je vous remercie. »

C’était toujours bon à entendre, même si cette préparation était des plus basique, enfin de compte, puisqu’elle était faite essentiellement pour apaiser la toux. Une de ses grandes ventes ces dernières semaines, mais ça n’étonnerait personne, n’est-ce pas ?

Son invité eut l’air plutôt… sensibles à ses paroles. Il ne prit mal aucune de ses proposition, ne montra pas non plus de signes de réactions négatives. C’était même plutôt le contraire vu ce qu’il lui répondit. Des paroles plutôt encourageante mais dont la dernière phrase laissa le rouquin… pensif.

« Voilà une ambition bien compliquée... » Un murmure amusé qu’il laissa échapper avant de prendre le temps de boire une gorgée de son thé, sans quitter des yeux l’homme en face de lui.

Briser la frontière, hein ? L’intention était noble… en apparence, tout du moins. Le rouquin y croyait-il ? Non. Enfin, il voulait bien lui laisser le bénéfice du doute et croire que c’était bien ce qu’il voulait. Mais il ne pensait pas que briser ces frontières soit réellement une bonne chose, voir était complètement impossible dans cette ville, du moins de son point de vue. Il faudrait toujours des travailleurs, des pauvres gens qu’on envoyait dans les mines, tout comme il faudrait toujours des dirigeants… C’était le fonctionnement même des choses, et vouloir le changer radicalement… était bien utopiste, mais Axel mettait ça sur le dos de la jeunesse du ministre. Briser ce système, c’était risquer de détruire la ville. Par contre, le rendre plus équitable et plus juste… C’était ce que lui et William s’efforçaient de faire.

C’était amusant comme les paroles du ministre lui rappelaient celles de Morgan, mais de l’autre côté du miroir. Le miniers était prêt à tout détruire pour ses idéaux, raser complètement cette ville sous le couvert d’avoir un monde plus juste. Le rouquin se demandait des fois si son ami des mines ne souhaitait pas simplement inverser les rôles dans une vengeance futile sous le couvert de l’équité. Mais il était dur de discuter avec lui sans le braquer, et l’herboriste se contentait de le surveiller les quelques fois où ils se croisaient.

« Pour être franc avec vous, Monsieur De Clèves... » Et il allait l’être, du moins, autant que faire se pouvait. « Je ne pense pas qu’un seul homme puisse, à lui tout seul, changer les choses. Le système qui nous fait vivre est injuste, mais il serait beaucoup plus simple à plier et à ajuster qu’à simplement briser. » Mais ce n’était bien sûr que son humble avis d’homme se heurtant à la misère au quotidien. Mais la question n’était pas sur ce débat des plus politique, n’est-ce pas ?

« Mais par chance, il se trouve que vous n’êtes pas le seul à vouloir agir, ce qui me laisse bon espoir. Je m’échine depuis de nombreuses années à apporter mon aide à ceux qui en ont besoin, essentiellement grâce à des personnes telles que vous. Cependant, vous comprendrez bien que, mis à part William, je ne peux vous révéler qui a choisi de me faire confiance. »

La confidentialité, tout ça, tout ça… c’était important, dans ce petit milieu très réduit. Quelque chose qui tenait à cœur beaucoup de personne, dont le ministre en face de lui, qu’il n’avait cessé d’observer d’un regard sérieux et d’une maturité bien différent de celui qu’il avait quand ils étaient entrés. De toute façon, il ne pouvait pas vraiment en révéler plus, enfin… Pas pour le moment. C’était à Lüwen de prendre sa propre décision. Il finit doucement sa tasse pour la reposer sur la table avec un sourire.

« Je crains de vous avoir dit tout ce que je pouvais. Tout cela est bien mystérieux, n’est-ce pas ? » Prudent bien plus que mystérieux, d'ailleurs. Il eut un léger rire. Et encore… Le ministre devait être bien loin du compte. « Prenez le temps qu’il vous faut pour réfléchir. Et puis, vous savez où me trouver. »

Compliment sur le thé passé, la conversation devenait bien plus sérieuse, il y avait de quoi. Et le ministre avait parfaitement conscience que son ambition n'était pas vraiment réalisable en l'état… Voire même pas du tout, mais ne pas voir haut c'était se créer des barrières. A voir trop haut, peut-être serait-il déçu de la finalité, mais au moins il était certain qu'il pourrait apporter quelques changements, majeurs ou non. Déjà, la simple idée de pouvoir permettre à des gens d'être soignés peu importe leur classe et leur argent lui plaisait.

Au murmure de son vis à vis il ne dit pour le moment rien, préférant continuer dans les explications et réagir un peu plus tard. Ce qui arriva, et Axel lui donnait franchement son avis concernant la situation. Il lui confirma ce qu'il aurait pu penser des intentions de William, rendre les choses plus juste plutôt que de tout casser hein ? C'était une bonne idée. Certes, insatisfaisante pour le ministre car il y aurait toujours une certaine disparité, mais, cette dernière était essentielle malheureusement. Il le savait, mais ne pouvait pas s'empêcher de penser d'essayer d'autre choses.

«  Vos intentions me semblent de bonne augure pour cette ville. Et je comprends que vous ne puissiez en parler. Je n'aimerai pas non plus que mon nom sorte aussi facilement.  »

N'était-il pas triste que pour faire le bien il faille faire des choses illégales et devoir se cacher ? C'était bien le plus gênant pour le ministre dans l'histoire. Lüwen n'était pas du genre à rire en public mais il haussa au moins les épaules d'une façon un peu légère.

«  Je vais réfléchir, oui, je reviendrais vous voir avec une réponse.  »

Finissant sa tasse le ministre prit la deuxième et eut un regard pour Nishiki. Gaspiller n'était pas son fort.

«  Pour parler de la deuxième raison de ma venue, j'aimerai vous acheter du thé. Celui-ci par exemple. Et qu'avez-vous comme mélange de thé noir ? En avez-vous avec des fruits ?  »

Genre, des fraises. Pas le droit au café, une tasse par jour, maximum, mais le thé noir, il pouvait un peu plus.

Ce que proposait Axel était-il vraiment illégal ? Pas vraiment, du moins, pas dans ce qu’il annonçait, en tout cas. Après tout, il lui avait juste proposer de le financer, d’une certaine manière, il n’y avait rien de mal à ça. Ce qu’il ferait des fonds par contre… Enfin ça, peu nombreux étaient ceux qui savait réellement ce qu’il en faisait. Même s’il ne mentait pas : il faisait tout pour essayer d’aider les autres, et surtout les miniers, qui étaient ceux qui avait plus besoin d’un peu d’aide dans leur vie. Et plus le temps filait, plus ces pauvres gens étaient dans la misère et plus la contrebande coûtait cher. L’épidémie n’avait rien améliorer de ce côté là, c’était même plutôt l’inverse.

Le rouquin se contenta donc d’un sourire au petit commentaire sur ses intentions. Bien évidemment que son interlocuteur comprenait qu’il ne puisse pas dire de nom, il n’en attendait pas moins, mais c’était une petite piquer de rappel qui, il l’avait appris, ne faisait jamais de mal dans ce genre de discussion. Et pas seulement pour mettre l’autre personne en confiance.

« Prenez votre temps. »

Après tout, ce n’était pas comme si des gens mourraient tous les jours, n’est-ce pas ?
La petite pensée lui tira un sourire ironique. Elle n’était pas dirigée particulièrement contre le ministre, mais plutôt généralisé à cette ville où tout le monde semblait se complaire à fermer les yeux sur tout ce qu’il se passait. Même ses propres effort étaient teintés de cette contradiction après tout. Lui aussi vivait dans la tranquillité du centre ville pendant que d’autres agonisaient au fond d’une mine. Et pourtant il fallait bien des gens extérieurs pour leur venir en aide…

L’échange de regard entre les deux hommes ne lui échappa pas même s’il n’en fit aucun commentaire. Ce genre de discussion était toujours un peu délicate, mais il avait fait son possible pour paraître le moins louche et le moins menaçant possible. Ce qui avait visiblement fonctionner puis que le serviable personnage n’avait pas bougé d’un iota. Le ministre prit même le soin de boire son thé. Il avait au moins fait un heureux dans l’histoire et ce dernier enchaîna même sur la potentialité de repartir avec quelque chose. Le visage d’Axel retrouva son aspect habituel quand il était dans son rôle simple d’herboriste, accueillant et chaleureux et il hocha simplement la tête.

« Bien sûr. Je peux vous faire sentir si vous voulez, venez. »

Le rouquin se releva avec souplesse pour ramener son client dans l’enceinte de la boutique même… Et passa les minutes qui suivirent à lui expliquer avec soin ce qu’il pouvait avoir à lui proposer, avec lui avoir gentiment posés quelques questions sur ses habitudes en matière de thé. Il lui en fit sentir plusieurs jusqu’à ce que l’homme n’arrête son choix et le rouquin se chargea de lui préparer un petit sac avec ce qu’il lui avait demandé, plus quelques échantillons pour la route. Il lui offrit le tout – non de par son statut mais parce que c’était son cadeau de bienvenue à tous ses clients - et il lui précisa bien ce fait.

Il les laissa ensuite simplement repartir après avoir déverrouillé la porte qu’il referma à double tour derrière eux et s’attela à finir de ranger la boutique, pensif. Le ministre semblait différent des bruits qui pouvaient courir sur lui et Axel se demandait ce qu’il ressortirait de leur échange… Mais il ne s’en faisait pas vraiment et de toute façon, il en entendrait parlé bien assez tôt.

Non bien sûr que non, ils n'avaient pas tout leur temps, il ne pouvait pas vraiment le prendre. Il avait l'impression d'entendre une pique de la part de son vis à vis... Cependant il pouvait bien se laisser un jour ou deux pour réfléchir. Déjà, car il n'était pas homme à donner des moyens d'une heure à l'autre, juste après une discussion, et parce que l'affaire de trahison dans sa propre maison l'avait rendu encore plus suspicieux qu'à l'accoutumée. Peut-être que son majordome aurait d'ailleurs un avis sur la question et qu'il pourrait lui donner ses impressions. Certainement qu'un deuxième avis serait utile au ministre.

«  Je vous donnerai une réponse rapidement.  »

Pour le moment cela se dirigeait vers un oui mais il n'était pas... Homme à agir dans la précipitation.

Vint ensuite la deuxième partie de la raison de sa venue. Que l'invitation à acheter du thé ici soit vraie ou pas Luwen voulait tenter l'expérience et se laissait aller à sentir les divers mélanges d'herbes, de fleurs, de fruits et de plantes... Le ministre craqua sur un petit thé noir à base de fleurs et surtout... De fraise. La délicieuse odeur l'avait fait craquer. Au moment de régler il s'avérait qu'il n'y avait rien à faire. Cadeau de bienvenue? Cela était toujours agréable. Il appréciait d'ailleurs la précision de lui offrir car il était un nouveau client car sans il n'était pas sûr qu'il aurait accepté...

Et bien sûr que Nishiki se proposa le premier pour porter le petit paquet. Il salua poliment l'herboriste avant de s'en aller, plutôt pressé de se poser. Une fois rentrés à la demeure et posé dans le divan qui devait l'accueillir à chaque rentrée, Lüwen demandait à son majordome.

«  Que penses-tu de lui ?  »

S'il le voulait, Lüwen lui fit signe de s'asseoir à ses côtés.

Nishiki avait suivi Lüwen a cet étrange rendez-vous chez un herboriste après que le ministre ne lui ait rapidement expliquer les tenants et aboutissants de son histoire. Si l’attention de son compagnon le laissait de marbre, ou plutôt, il n’avait rien contre, bien au contraire, les conditions dont il avait eu ce rendez-vous l’avait rendu… Suspicieux. Bien heureusement, il n’avait pas eu à insister trop longtemps pour l’accompagner. Et la rencontre s’était passé… bien calmement. Bien évidemment il n’avait pas participé – ce n’était pas sa place – mais avait eu à loisir d’observer interlocuteur de Lüwen… dont le visage lui avait dit quelque chose à l’instant où il l’avait vu.

Il avait mis de longue minutes avant que sa mémoire n’arrive à replacer l’allure assez caractéristique de l’herboriste è il n’avait pas un visage qui passait réellement inaperçu. Et comme on pouvait s’y attendre, c’était au Chabanais qu’il avait déjà eu l’occasion de le voir, à quelques reprises… Comme la moitié de cette ville, sans doute Un homme qui n’avait pas dû faire de vague, vu qu’il aurait été bien incapable de se rappeler de son nom de visu si on ne lui avait pas rappelé, et qu’il avait eu du mal à s’en souvenir. Ce qui était plutôt bon signe, en soit.

Ils rentrèrent finalement assez rapidement, et pas les mains vide. Était-ce étonnant que le ministre rentre avec du thé, d’autant plus à la fraise ? Non. Et ça avait amusé le majordome, même s’il n’en avait rien montré. Et ils étaient ainsi rentrés en silence jusqu’à la demeure. Laissant Lüwen se débarrasser de ses affaires, Nishiki alla rapidement ranger les achats du soir avant de revenir dans le salon et venir s’asseoir à côté de son amant, puisqu’il y était gentiment invité. Un geste un peu singulier: il n’y avait personne… Lüwen croyait-il qu’il allait encore rester debout ? Enfin, la questions qu’il lui posa le laissa un instant songeur. Il avait l’habitude de se forger des opinions rapides sur les gens, son travail avait voulu ça, mais exprimer ses ressentis était toujours un peu complexe. Il vint poser une main sur la jambe de son compagnon.

- Il a l’air sincère… Et sûr de lui. Un peu trop peut-être. Il te vendait ses services comme il t’a vendu du thé.

Ce qui était assez perturbant en soit… Surtout que le marchands n’avait pas prit la peine de définir réellement en quoi consister ces fameux services. Et le valet n’était pas certain que la confidentialité qu’il avait mis en avant en soit réellement la raison… Après tout, il savait ce que c’était de tenir des discussions axés sur des choses, ou des gens en l’occurrence, à la teneur sensibles mais… Il aurait mit sa main à coupée qu’il y avait autre chose.

- Et puis, même si tu devais accepter, en l’état, tu ne saurais même pas réellement ce qu’il fait. Ça pourrait être n’importe quoi. Je n’aime pas ça.

Direct et franc. Il avait toujours été prudent et méfiant. Il l’était encore plus depuis la mort d’Elena. Encore plus depuis que sa relation avec Lüwen avait pris un tournant un peu différent. Et oui, ça l’inquiétait. La position du ministre était déjà bien délicate et, même s’il pouvait comprendre les raisons qui le poussait à ça, il n’était pas forcément vraiment d’un avis positif quand à ce petit marché.

A pérsent assis l'un à côté de l'autre il était bien moins compliqué de discuter, surtout dans le calme de la demeure. Même s'il devait avouer que la petite animation quotidienne lui manquait un peu. Les quelques maladresses d'Angelo, les demandes, les discussions entre les employés. Pour autant il appréciait ces moments avec Nishiki et une fois qu'il ne serait plus malade ils devraient trouver un compromis… Ou renforcer l'insonorisation des murs… Qui l'étaient déjà assez bien tout de même.

Il rougit un peu lorsqu'il posa sa main sur sa jambe, croisant son regard. Lüwen fût ravi que Nishiki ait eu la même impression que lui. Axel lui avait semblé vraiment calme, trop, peut-être, et à vrai dire ce dernier n'avait pas tenté de l'émouvoir avec les personnes qui souffrent, mais avait expliqué une ambition un peu plus grande. De plus l'herboriste ne lui avait pas vraiment demandé de l'aide en soi. Etait-il dans le besoin d'aide, d'ailleurs ? Certainement mais il n'avait ressenti que peu d'inquiétude. Néanmoins le ministre n'en avait pas plus montré.

«  Oui, je suis d'accord. A vrai dire je n'ai pas eu vraiment l'impression qu'il ait eu besoin de moi.  »

C'était même l'inverse. D'autant qu'il n'avait pas semblé ni stressé par son entretien ni par la personne en face de lui, qui était pourtant ministre et ce n'était pas tous les jours qu'il entrait dans son commerce. Lüwen appréciait autant que déppréciait la chose, cela le renseignait sur l'individu, qui était soit calme soit… juste manipulateur ?

«  En effet, pour le moment je n'en ai aucune idée. Et c'est dérangeant. Bien que ce soit William qui me l'ait conseillé, et je ne le connais pas non plus, je n'ai pas envie que cela soit utilisé à mauvais escient…  »

Avec Jon par exemple, il savait qu'il aidait des gens, parce qu'il connaissait cet homme. Il savait comment il fonctionnait, il connaissait ses valeurs. Il n'avait pas besoin de savoir si son argent servait à faire des opérations, acheter des médicaments ou à le nourrir, car dans tous les cas, cela lui permettait de tenir. Axel lui avait néanmoins parler de distribuer des préparations à qui ne pouvais pas se les payer.

«  Je verrai, je réfléchirai ou je ferai un test.  »

Toussant un peu, le ministre mis sa tête en arrière par la suite et soupira.

«  Je pense que je vais me reposer un peu…  »

Il ne prit pas plus de temps pour enlever ses vêtements et se mettre en tenue de lui avant d'aller rejoindre son lit… Et d'y inviter son oreiller préféré s'il le voulait bien…