Manfred Scheerdler

Je ressemble à...

Manfred a une taille normale, n'est pas très musclé et, bien que légèrement plus maigre que la moyenne, il n'y a rien de bien notable à dire sur sa stature. En soi, rien de bien inquiétant qui justifierait de se méfier de lui non plus... Sauf ses yeux.
Ses yeux, justement, c'est la première chose que l'on remarque chez lui et ce qu'il reste de son visage quand il est parti. Il faut dire que son regard est spécial et, au-delà de cela, quelque peu dérangeant. Tout ce qu'il voit, il semble le déshabiller couche par couche, pour déterrer quelque vile secret.
Chez lui, tout semble sombre. Même la lueur de ses yeux est sombre, aussi étrange que cela puisse avoir l'air. Cernés, enfoncés, marqués par le manque de sommeil - on dit qu'il ne dort pas tant qu'il n'a pas trouvé la solution d'un crime -, son regard est donc bien ce qui est le plus frappant chez lui. Si frappant que le reste n'a peut-être pas besoin d'être cité.
Cependant, pour ceux qui daignent pousser l'analyse un peu plus loin, alors il est essentiel de parler de ses cheveux. Plus longs que la moyenne, pas très fournis et très raides, ils sont rarement coiffés. Ils sont à cette longueur où on ne peut rien en faire : trop courts pour être attachés, trop longs pour ne pas être devenir gênants. Maints et maints fois, il lui a été proposé de les couper. A chaque fois pourtant, il refuse catégoriquement sans que personne ne comprenne pourquoi.
Manfred n'est pas laid mais quelque chose rend cette beauté un peu effrayante. Son nez est particulièrement long et il porte une courte barbe, pas toujours entretenue. Quant à ses vêtements, il est toujours cintré dans ses uniformes, planqué dans un long manteau marron. Son col est systématiquement relevé comme s'il cherchait à s'y cacher. Il porte en permanence sur lui une montre à gousset, très simple, qu'il consulte tellement souvent que cela en devient maladif.
Il s'est flingué les neurones avec la drogue, vous diront certaines mauvaises langues. Mais il n'y a pas que cela, ajoutent alors beaucoup à voix basses.
Ils ne pensent pas si bien dire. Environ une fois par semaine, l'espace de deux ou trois jours, il arrive chaque matin parfaitement soigné. Ses cheveux sont alors impeccablement peignés, sa barbe bien taillée, son uniforme est un peu moins serré et on en arrive presque à oublier son regard si particulier tellement il sourit. Et puis, plus les jours passent, plus il dépérit, jusqu'à sembler redevenir une loque.
Le cycle recommence la semaine d'après, et celle qui suit encore, si régulièrement que Manfred semble régler comme une horloge.

Je pense comme...

Les officiers de la Mordkomission sont tous droit dans leurs bottes, vous avez dit ? Manfred est tout, sauf droit.
Bien sûr, il fait un excellent officier. Jusqu'à présent, toutes les enquêtes de meurtres qui lui ont été confiées ont été résolues. Il a une logique implaccable et a la discipline dans le sang. De plus, très minutieux et méthodique, il ne laisse passer aucun indice. Pour son travail, assurément qu'il n'y a rien à redire. Et pourtant...
Si je vous disais que Manfred Scheerdler, qui a su résoudre tant de sombres affaires mettant en scène pour la plupart du temps des tueurs en série, en était un lui-même ? Cela semble ridicule, complètement improbable mais malgré tout, c'est ici la pure vérité.
Manfred Scheerdler a tué exactement trente-quatre personnes depuis le début de sa carrière de tueur - si on peut appeler cela une carrière. Il est considéré comme l'un des plus grands tueurs de l'histoire, sans que personne ne sache qui c'est : en effet, sa satanée manie de ne laisser aucune trace derrière lui, sinon le corps, empêche de trouver le coupable. Sans compter qu'avec son métier, il est instantanément retiré des possibles coupables. Un enquêteur ne peut être tueur ! dit-on tous.
Ses crimes sont très reconnaissables, bien qu'imprévisibles. Extrêmement réguliers, il est possible de prévoir l'heure exacte à laquelle le meurtre aura lieu. Cependant, les lieux et les victimes semblent totalement aléatoires et sans rapport aucun. Pourtant, Manfred répond à un schèma très strict. En effet, sa fatalité se ressent jusque dans le choix de ses victimes - tueurs en série comme lui, handicapés à vie, malades... tous sont des désespérés ou des cas perdus.
Les dépouilles qu'il délaisse à sa suite sont très propres. S'il n'y avait pas cette tâche de sang très nette sur le ventre des morts, il serait possible de penser qu'ils dorment.
Depuis plusieurs années maintenant, le meurtre fait partie intégrante de la vie de Manfred. Il n'a jamais touché à la moindre miette de drogue et pourtant, à sa manière, il y est devenu accro. Un drogué de plus dans cette maudite ville - mais un drogué spécial, qui semble tuer par obligation, comme une seconde manière de respirer.
En grand insomniaque, il dort très peu et il est réglé comme une horloge. Il se lève chaque matin à la même heure et ses journées sont rythmées à la seconde près. Il a par ailleurs un besoin maladif de connaître l'heure exacte et sa célèbre montre à gousset n'a jamais un quart de seconde de retard. Mais Manfred ne pas pour autant retirer tous les aléas de la vie et, au moindre événement inattendu, Manfred se sent totalement perdu.
Il est également très lunatique. Bien que régulièrement de bonne humeur, alors très enthousiaste, souriant et agréable, il lui arrive aussi d'être l'opposé de ce caractère : intriguant, sombre, voire froid.
Parallèlement à tout cela, et peut-être étonnamment, Manfred est un bon père de famille et ses enfants l'adorent. C'est vrai que parfois ils le trouvent un peu étrange - sa manie de l'ordre surtout - mais il leur offre toujours des cadeaux et leur raconte des histoires le soir. De plus, il est très patient et se fâche très rarement. Il n'a jamais levé la main sur sa famille, sauf une fois pour giflé sa fille qui avait dessiné sur les murs.
En grand maniaque, sa plus grande peur est le désordre. Il aime que tout soit parfait. Plus que cela : il en a besoin. Ce n'est certes pas le grand luxe chez lui mais tout est toujours impeccable. C'est à peine si on ne peut pas manger par terre tant le sol est propre. Cet attachement à l'ordre devient contradictoire quand on constate avec quel manque de soin il s'occupe de sa propre personne.
Bien que plusieurs fois, on lui ait proposé de monter les échelons, Manfred a toujours refusé l'offre. Ces refus répétés lui valent autant de respect que de mépris de la part de ses collègues. Pour les uns, c'est preuve d'une grande modestie, pour les autres, cela s'apparente à un manque d'ambition flagrant. Les uns comme les autres font erreur : ce n'est ni de la modestie, ni un manque d'ambition. Juste une routine bien huilée qu'on ne souhaite pas changer...
Vous l'aurez compris : Manfred déteste le désordre et le changement. Sa situation lui permet très bien de vivre et il s'en suffit. Travaillant parfois sur ses propres crimes, il devient alors facile de brouiller les pistes.

Niveau de force (de 1 à 10) : 6/10.
Malgré son métier qui nécessite pourtant une certaine forme physique, Manfred n'est pas très musclé. Non pas qu'il ne soit pas puissant mais tout simplement, sa force est beaucoup trop aléatoire pour être davantage quantifiée. En effet, il alterne grande puissance - souvent pendant qu'il tue ou durant ses enquêtes où l'adrénaline coule dans ses veines - et moments de faiblesse, une fois que l'action est retombée où il n'est alors plus qu'une loque.

Capacités de combat (de 1 à 10): 8/10.
Bien sûr, les armes sont un sérieux soutien pour le combat et en tant que Horrizier de la Mordkomission, il en possède quelques-unes. De plus, malgré sa force variable, il reste très entraîné et a souvent participé à des combats où il sortait victorieux.

Charisme (de 1 à 10) : 3/10.
Vous l'aurez compris : Manfred n'en impose pas beaucoup. Physiquement, on ne peut pas dire qu'il semble puissant. Quant à l'aspect autoritaire, il n'est pas très présent non plus. Pour ne rien aider, il attire le regard, mais pas dans le bon sens du terme. La bizarrerie de son comportement, son caractère changeant et son absence de volonté pour monter dans les échelons lui font perdre toute sa crédibilité.

Niveau d'éducation : 7/10.
Sans vraiment savoir d'où il les tient exactement, Manfred a quelques notions en anatomie. Ceci explique donc la propreté des corps après les meurtres. Il sait exactement où découper pour ne pas salir le sol et où appuyer pour rendre ses victimes incapables de se défendre.

Niveau d'intelligence (de 1 à 10) : 6 + 2 = 8/10.
Pour enquêter sur des meurtres, et retrouver toujours les coupables, même les plus insaissables, demande une grande intelligence. Sûrement que sa propre manière de penser lui permet de mieux comprendre les pensées des tueurs.

Sa femme, Irène Scheerdler : Jeune femme aussi blonde que le blé, il l'a rencontrée neuf ans plus tôt. Leur relation a très vite évolué et bientôt, ils étaient mariés et Irène portait un enfant. Au total, il est père de deux enfants. Bien que pas toujours d'accord sur l'éducation de leurs enfants - comme tout couple qui se respecte - ils restent très complices et s'entendent à merveille. Irène est très amoureuse de lui et ignore tout des actions de son mari. D'ailleurs, malgré tout son amour pour lui, si elle l'apprenait, ce serait catastrophique pour leur relation

Ses enfants, Alice et Elias Scheerdler : Alice et Elias, respectivement âgés de 5 et 8 ans et qui ressemblent tous les deux terriblement à leur mère, adorent leur père autant qu'il les aime lui-même. Celui-ci les élèvent très bien et est d'une douceur étonnante. Il leur lit régulièrement des histoires et leur apporte de petits présents. Il est extrêmement patient et ne se fâche jamais - sauf quand quelque chose est mis en désordre.

- Manny, chéri ! Attends ! Tu n'as pas pris ton manteau, tu vas attraper la Mort !

Irène fit irruption à son côté, le grand manteau de son mari dans les bras. Elle avait couru pour le rattraper et elle en était toute essoufflée. Ses cheveux blonds formaient un halo pâle dans la nuit, réhaussé par la lumière blanche de la Lune. Elle était sortie pieds nus, en vêtement de nuit, soucieuse de lui rapporter son par-dessus à temps.

Manfred se tourna vers elle, sans dire mot, et enfila son manteau. Une fois mis, il retrouva le poids familier sur ses épaules, les pans du tissu qui descendaient contre ses genoux.

Machinalement, Manfred jeta un coup d'oeil à sa montre à gousset. Encore cinq secondes et il serait en retard. Irène poussa un soupir et son souffle forma une petite volute blanche dans l'air. Elle frissonna et serra son châle autour de ses épaules.

- Manfred, tu es certain de vouloir sortir ce soir ? Il fait froid et avec la maladie qui rôde, ce n'est pas très prudent. Je me fais du souci pour toi, Manfred.

Elle voulut se blottir dans ses bras pour se réchauffer et, sans nul doute, pour l'inciter à rester avec elle. Mais pas ce soir. Manfred la repoussa sans broncher et souleva encore une fois le couvercle de sa montre. Les cinq secondes étaient passées, puis encore cinq autres. Il était en retard. Il referma le capot dans un petit clop qui sonna bizarrement.

Irène recula et baissa la tête vers ses pieds nus. Elle avait compris le message et elle hocha la tête.

- Oui, bien sûr, ton travail passe avant tout... Je comprends. Le bien de la cité est important.

Elle lui adressa un sourire. Manfred regarda l'heure encore une fois : il avait dix secondes de retard. Puis onze, et douze, et treize. Il referma et rouvrit le couvercle plusieurs fois pour contenir la pression qui montait.

Irène fit finalement demi-tour vers leur petit masure et lorsque la jeune femme s'arrêta sur le pas de la porte pour lui adresser un petit signe de main, Manfred était déjà reparti.

Dix-sept. Il avait dix-sept secondes de retard. Heureusement, il savait où il allait et la maison n'était pas très loin. En pressant le pas, il y serait à l'heure.

Habituellement, il mettait trois minutes neuf à faire le chemin. Aujourd'hui, il en mit à peine deux minutes vingt-deux. Il s'arrêta à quelques centimètres seulement de la porte. Lentement, très lentement, il chercha la poignée. Elle était froide contre sa paume. Son coeur battait à ses tempes, l'adrénaline lui brûlait les veines. Il avait hâte de lire la peur dans les yeux de sa victime. Hâte de voir cette lumière qui s'allumait avec la certitude de la mort.

Hâte de tuer. Purement et simplement. A la seconde exacte, Manfred tourna la porte et la poussa. A minuit quatorze précisément, le sort de sa trente-cinquième victime était scellée.

La maison était sombre, plongée dans l'obscurité, et provenait du lit un ronflement sans pareil. Manfred s'y approcha à pas de loup et observa l'homme qui dormait silencieusement dans l'ombre. Il tira son arme, un petit poignard de qualité et, après avoir repoussé les couvertures, il l'appuya sur le ventre de sa victime. Juste une petite pique qui le réveilla.

- Que ... ?

Il n'eut pas le temps d'en dire plus. L'homme voulut se dégager mais Manfred fut plus vif. Une petite pression au niveau de la nuque et ce ne fut plus qu'une poupée désarticulée, incapable de bouger ne serait-ce que le petit doigt.

Manfred pencha la tête sur le côté en reconnaissant la lumière caractéristique dans les yeux de l'autre. Celle de l'homme qui a compris sa fin inévitable. Manfred approcha ses doigts de ses lèvres. Dans l'ombre, sa peau pâle ressortait très claire et il avait l'allure d'un fou - un fou dangereux.

- Chut, je vais t'aider, chuchota-t-il doucement, comme s'il était en train de broder un enfant, ce qu'il faisait machinalement par ailleurs.

Il vérifia sa montre à gousset et ajouta, avec un sourire presque rassurant :

- Patiente encore juste huit secondes. Tu iras bientôt beaucoup mieux.

Avis de décès

Nom : Lölhel
Prénom : Tristan
Âge : 44 ans
Sexe : Masculin
Profession : Aucun profession reconnue. Déclaré par plusieurs médecins inapte au travail pour cause d'un retard mental important.
Cause du décès : Sans aucun doute : un meurtre.
Détails particuliers : Retrouvé dans son lit le lendemain, comme en repos. Une unique tâche de sang sur le ventre, blessure visiblement provoquée par une dague.