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 Une prescription de sourire

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Nishiki Wölffhart
Serviteur
Nishiki Wölffhart
Nishiki Wölffhart
Nishiki Wölffhart
MessageSujet: Une prescription de sourire   Une prescription de sourire EmptyMar 30 Avr - 19:59

Nishiki avait profité d’une des journées de présence des autres domestiques à la demeure pour demander à Lüwen la permission de prendre son après-midi. Outre que du coup il savait qu’il n’était pas seul, ça évitait les potentiels dérapages de comportement, même si pour l’instant, ça allait plutôt bien. Ce dernier avait accepté sans le moindre problèmes, d’autant plus qu’il lui avait expliqué que c’était pour passer voir Jonathan. Ce genre de chose, demander un peu de temps, ne lui était pas arrivé bien souvent depuis qu’il travaillait… En réalité c’était bien la première fois. Il faut dire qu’il n’était pas vraiment du genre à lâcher le boulot. Qui n’était plus vraiment un boulot, certes, mais tout de même.

Après avoir déjeuné sur place, il s’était donc changé dans une de ses tenues plus décontractés : entendons par là qu’il avait juste abandonné la cravate et les cheveux attachés avant de prendre congé. Tant qu’à faire, il en avait profité pour faire quelques courses au passage te faire un saut par chez lui, histoire de refaire quelques stocks dans ses placards avant de prendre la route du bureau de Jonathan avec un magnifique gâteau au chocolat dans les bras – au moins, il savait où aller les acheter depuis le temps. Et puis, bêtement, marcher lui faisait du bien. Pas que passer du temps avec Lüwen le dérange, mais… S’il avait repris le sport de manière générale, il n’avait toujours pas repris la course à pied et ça lui manquait, au fond. Même s’il ne voyait pas vraiment comme il allait pouvoir reprendre avec tout ça, mais de toute façon, il n’en était pas encore question.

Et puis, il était content d’aller voir son ami, dans un contexte un peu différent d’une simple consultation, cette fois. Ça faisait un moment qu’il se disait qu’il devait le faire, même si le médecin était déjà repassé pour vérifier l’état du ministre à quelques reprises, mais ce n’était pas la même chose. Il espérait qu’il allait un peu mieux… et qu’il prenait aussi un peu plus de temps pour se reposer. Il aurait la réponse bien assez vite de toute façon. De toute façon, le valet l’avait bien évidemment prévenu de sa visite, histoire de ne pas débarquer alors qu’il était en pleine consultation, ou tout simplement pas à son bureau. Avec un peu de chance, il n’y aurait pas d’urgences pour les déranger.

Il arriva à l’université en début d’après-midi. Cela faisait bien longtemps qu’il n’avait pas mis les pieds à l’université et en avait presque oublié l’activité grouillante autant que bruyante des lieux. Heureusement qu’il connaissait le chemin… Et qu’il était grand, ce qui lui permettait la plupart du temps de voir ce qu’il se passait au-dessus de la foule. Il fila donc son chemin en direction du bureau de Jonathan, faisant appel à sa mémoire pour se remémorer le trajet. La densité s’amenuisait heureusement au fur et à mesure qu’il approchait des bureaux. Cherchant un peu la bonne porte, il finit par toquer à celle où était apposé la pancarte au nom de son ami et, poli, attendit une réponse avant d’entrer avec un sourire détendu.

- Salut Jonathan. Je ne te dérange pas ? Tu vas bien ?

En quelque pas, il vint enlacer doucement son ami en guise de bonjour avant de lui tendre la petite boite de carton qui contenait le gâteau avec un sourire un peu plus grand encore. Il n’était jamais venu les mains vides jusqu’ici et ce n’était pas aujourd’hui qu’il allait commencer.
Jonathan R. Grüber
Docteur
Jonathan R. Grüber
Jonathan R. Grüber
Jonathan R. Grüber
MessageSujet: Re: Une prescription de sourire   Une prescription de sourire EmptyJeu 2 Mai - 17:46










Se voir confié la tâche d’élaborer un remède ou tout du moins, un vaccin par William lui-même est une nouvelle terriblement réconfortante. Comme un signe que tout son investissement n’est pas vain, qu’on accepte de reconnaître son travail et son implication. On lui donne les moyens, enfin, de mener son étude de la manière la plus efficace possible. Jonathan a déjà fait appel à ses collègues médecins et chercheurs, pour voir ceux prêts à s’investir. Les moyens financiers, les dons d’Aristocrates pour la plupart, dont le généreux Lüwen, sont aussi une grande aide pour Jonathan qui en a profité pour acheter de nombreux matériaux mais aussi, s’offrir quelques petites mains pour l’aider à confectionner des vaccins encore expérimentaux. Il prend très à cœur la mission qui lui a été confiée et l’encouragement de ses pairs l’a aidé à reprendre courage. Il ne se sent plus seul dans son combat. Soulagé, il s’est autorisé plus de repos. Il se sent moins fatigué et a repris du poil de la bête – et deux bienvenus petits kilos qui redonnent un peu de son épaisseur naturelle à son tour de taille. Finies, les idées noires. Il parvient de nouveau à croire en un avenir et ressent de nouveau cette bénéfique capacité d’agir, celle qui lui manquait durant tous ces mois.

Jonathan est dans son bureau… Qui équivaut presque à un appartement. Quand on passe le seuil de la porte, on entre dans une pièce dont le plafond est en hauteur, maintenu par des poutres. Une lumière chaleureuse entre par des fenêtres fines, toutes en hauteur, dont les vitraux représentent des plantes entremêlées. Un vieux bureau en bois, un fauteuil, des chaises, sont posés devant. Une boîte de chocolats et une autre emplie de sachets de tisanes sont posées sur le bureau, accompagnant de grandes feuilles parcourues de croquis ainsi que de notes prises par Jonathan. Sur la droite, derrière des paravents, Jonathan y a installé une salle d’examens. Une table d’observation, ses appareils de mesure variés, des armoires dont les portes de verre dévoilent de nombreuses fioles renfermant de précieux traitements ou médicaments. Il y a aussi une douche rudimentaire, cachée dans un renfoncement du mur et isolée d’un rideau, un plan de travail doté d’un robinet. A la gauche de son bureau, un rideau végétal fait de plantes tombantes dissimule l’accès à une bibliothèque, si emplie que des piles de livres se trouvent par terre, ainsi qu’un lit et une grosse caisse renfermant son peu d’affaires personnelles. Jonathan se trouve devant la porte, son violon bien placé sous son menton. Cela fait des mois qu’il ne se permet plus de jouer… Et pourtant, alors que le soleil perce entre deux nuages, voilà que le médecin prend le temps de jouer une mélodie grave. Lente et douce, non pas joyeuse, mais d’une tendre mélancolie. Jonathan a fermé les yeux. Il se laisse porter par la musique. La caresse de l’archet sur les cordes produit cette vibration discrète, ce son langoureux, qui lui arrache des frissons sous l’émotion. Il aime cet instrument si expressif. Autrefois, dans sa jeunesse, il en jouait sous le regard bienveillant de sa mère. Des airs endiablés, des mouvements passionnés alors qu’il dansait dans le salon pour la faire rire. Pour s’amuser. Un de ses rares moments de liberté.

Avec le temps, sa musique a changé. Peut-être moins scolaire, bien qu’au prix de l’improvisation, il prenne le risque de commettre des fausses notes, des accords dissonants. Une imperfection probablement plus personnelle, dans laquelle Jonathan retrouve toute son expression. Sincère, parfois maladroite, mais toujours bien attentionnée. L’homme fredonne entre ses lèvres l’air auquel il pense, ses doigts guident l’archet, jusqu’à produire la mélodie recherchée. Pour l’occasion, il a attaché ses cheveux roux en arrière, découvrant totalement son visage et les nombreuses, timides, tâches de rousseur qui ornent ses pommettes, descendent discrètement le long de ses joues, jusqu’à se perdre dans sa barbe. Dans ces moments là, le médecin négligé disparaît. C’est un homme, aux origines Nobles, qu’une quarantaine bien conservée. Un homme dont la réelle beauté se trouve dans ce sourire discret et rêveur qu’affiche ses lèvres, dans ses traits soulagés, dans ces cernes profondes qui creusent ses yeux, dans ses mains usées, dans cette simplicité spontanée. Alors que la musique s’élève, il sent ses tensions s’évader, ses yeux clairs s’ouvrent et se perdent dans la beauté du vitrail, il esquisse même un pas ou deux. Nishiki entend probablement le chant du violon, se mourant dans un dernier gémissement plaintif quand on toque à la porte – Jonathan a sursauté. Le médecin repose son instrument sur le bureau et se précipite pour ouvrir la porte.

Il sait que Nishiki vient… Et il l’accueille d’ailleurs d’un immense sourire. Spontanément, sa main vient trouver son bras, s’y appose tout en douceur dans une pression trahissant son affection.

_ Nishiki… Ca me fait plaisir de te voir. Je prenais justement une petite pause, en t’attendant. Installe toi ! Je nous prépare du thé ? J’ai aussi des tisanes…


Voilà que Nishiki l’enlace. Surpris, Jonathan se fige mais se blottit docilement contre lui, reposant ses deux mains dans son grand dos. Il le lui frotte avec douceur, comme si cela pouvait suffire à dénouer ses puissants muscles. Son nez fourré contre son torse, il se sent comme un gamin avant de se reculer d’un pas sans plus quitter son sourire, replaçant une mèche farouche derrière son oreille. Et il lui tend la boîte.

_ Nishiki, il ne fallait pas ! Garde un peu ton argent pour toi, allons !.. Mais ça me fait très plaisir. Ca sent le chocolat. C’est du chocolat ? Oh bon sang ça fait une éternité que je n’ai pas mangé du gâteau, je vais nous préparer de quoi accompagner tout ça ! Je t’en sers une part ? Au moins une petite ! Il faut que tu manges et le sucre fait du bien. Comment est-ce que tu vas toi ? Et Monsieur le Ministre, comment est-ce qu’il se porte ?

Il retrouve son bavardage habituel, rejoignant son bureau pour y poser le gâteau. Il écarte ses notes, les classe rapidement avant de les ranger dans son tiroir. Il s’éloigne dans la pièce voisine, ressort avec des coupelles, des cuillères et un couteau. Il pose le tout sur le bureau et ouvre la boîte avec l’impatience d’un enfant ayant son cadeau de Noël… D’ailleurs, ses yeux s’écarquillent sous la joie et un soupir d’envie s’arrache de ses lèvres mordillées. Un gourmand comme lui, on ne le refait pas. Il leur sert une part, puis repart faire chauffer de l’eau pour une tisane tout en reprenant son rythme effréné de paroles.

_ Je vais très bien, bien mieux ! Le colloque s’est très bien passé ! Nous avons eu des échanges vraiment pertinents et l’on m’a plus ou moins confié la tâche de confectionner un remède. Bon, d’accord, j’ai toujours travaillé dessus mais cette fois, c’est officiel et qui dit officiel, dit bien plus d’aides ! C’est un vrai soulagement ! J’ai enfin l’impression d’avancer !


Tous ces changements l’aident à ne pas penser à Amandine et sa disparition… En revenant, voilà que déjà, il prend une cuillère de sa part de gâteau. Le chocolat noir explose sur sa langue, diffusant ses arômes entêtants, ça lui monte au nez, il adore ça. Comme la texture épaisse qu’il perçoit, avant de l’avaler avec gourmandise et s’assoir sur son fauteuil dans un sourire comblé. Il a l’impression que c’est la première fois depuis des années qu’il peut se poser avec son ami… Et profiter.


Dernière édition par Jonathan R. Grüber le Lun 20 Mai - 21:00, édité 4 fois
Nishiki Wölffhart
Serviteur
Nishiki Wölffhart
Nishiki Wölffhart
Nishiki Wölffhart
MessageSujet: Re: Une prescription de sourire   Une prescription de sourire EmptyJeu 2 Mai - 20:03

Nishiki entendit mourir les dernière note de ce qu’il reconnu être le violon de son ami lorsqu’il frappa à la porte. Et d’ailleurs le médecin en tarda pas avant de lui ouvrir la porte pour l’inviter à entrer. Il est toujours un peu surpris quand il met les pieds dans le bureau du médecin… qui ne ressemble pas vraiment à un bureau médical, en réalité. Mais il aimait cette petite ambiance chaleureuse que Jonathan a réussit à L’embrassade de Nishiki en guise de réponse à son salut est bien spontanée, et amicale autant que naturelle pour lui. Pour une fois qu’il le revoie dans de bonnes conditions, pour l’un autant que pour l’autre il en profite… Il lui rendit d’ailleurs son sourire, plein de cette chaleur simple en enthousiaste.

- Je veux bien un thé, s’il te plaît.

Il avait fini par s’y mettre, bon gré mal gré… Il faut dire qu’avec Lüwen qui ne buvait quasiment à longueur de journée, dur de ne pas prendre le pli, au moins un peu. Même s’il préfère toujours un bon verre d’eau, simple, quand il a le choix… Mais accepter un thé ferait plaisir à Jonathan et au fond, et comme ça ne le dérangeait pas… Autant accepter, n’est-ce pas ?
A la réaction de Jonathan lorsqu’il lui tendit la petite boite avec le gâteau, Nishiki ne put s’empêcher d’éclater d’un rire léger, fortement amusé par la réaction, si naturelle et enfantine du médecin et hocha simplement la tête pour répondre à sa question tout en allant s’installer sur une des chaises libres de la pièce, prenant bien garde à ne déranger aucune affaire au passage. Il sourit un peu plus à la petite pique de remarque du médecin sur le fait qu’il devait manger. Il commence doucement à se remplumer… La reprise du sport, et le contexte plus… calme de la maison l’incite à manger plus normalement.

- Et ça me fait plaisir de te l’offrir, ne t’en fais donc pas pour moi. Et j’en partagerais un petit bout avec toi avec plaisir aussi.

Il devrait savoir depuis le temps que l’argent n’est pas vraiment un problème, d’autant plus quand il offrait des choses… Le valet n’avait jamais été dépensier, outre pour sa mère et sa famille, mais à force, il emmagasinait… Et ce n’était certainement pas une simple confiserie qui allait le mettre à la rue. Nishiki observa le médecin rapidement ranger ses affaire, sortir de quoi grignoter, préparer son thé… Il avait l’air d’aller mieux que la dernière fois. Dans sa posture, les traits de son visage, jusque dans sa manière de parler… Et ça lui faisait du bien de le voir comme ça.

- Lüwen va… bien, dans l’ensemble. Des jours avec et des jours sans, tout dépend de la fièvre, mais il se repose… Enfin, il essaie.

Et moi j’essaie qu’il essaie.
Parce que le ministre non plus n’était pas très doué pour se ménager, n’est-ce pas ? Enfin, Nishiki faisait ce qu’il pouvait pour essayer de limiter la casse… Et il avait l’impression de s’en sortir plutôt bien. Son sourire s’est d’ailleurs fait un peu plus doux à la mention du ministre…

- Et pour ma part je vais bien. Pas de fatigue particulière, pas de fièvres… Et j’ai repris l’entraînement, un peu. Ça me fais un bien fou.

A petite dose, bien sûr, et en faisant attention, mais c’était déjà pas mal et ça avait le mérite de le dérouiller et de lui changer les idées plus qu’autre chose. Des étirement, du renforcement… Des choses qu’il pouvait faire en restant dans la maison, en général pendant que son compagnon était plongé dans ses dossiers, ce qui lui laissait tout le temps du monde. Il ne tarderait sans doute pas à reprendre un peu la course à pied… Enfin… Encore faudrait-il qu’il se trouve un créneau pour ça. Et ça, c’était plus compliqué. Il lui était un peu plus difficile d’aller vadrouiller en plein nuit…

Le valet attrapa l’assiette avec la part de gâteau avec un sourire et un petit remerciement. Son ami lui confirma qu’il va mieux en effet… tout comme il lui annonça ses nouvelles responsabilités. Et il ne pouvait s’empêcher d’être content pour lui. C’était une sacré reconnaissance de son travail et Nishiki pensait sincèrement qu’il le méritait… même si ça devait encore lui faire un peu de travail en plus, en effet…

- Tu as meilleure mine en tout cas… Je suis soulagé. Et je sais que je ne pourrais pas faire grand-chose, mais si jamais je peux t’aider, quelle que soit la manière… n’hésite pas à me le dire, d’accord ? Tu sais où me trouver si tu en as besoin.

C’était malheureusement un domaine bien trop éloigné de ses propres compétences pour qu’il sache réellement en quoi il pouvait aider, mais proposer son aide lui paraissait… bien normal. Et puis s’il pouvait aider tout le monde… Autant ne pas s’en priver… Du moins, si ça n’était pas trop contraignant vis à vis de son travail. Mais bon comme il était presque sûr de ne pas pouvoir aider, malgré toutes ses bonnes intentions, il n’était pas vraiment inquiet.
Tranquillement, il prit une première bouchée du gâteau dans l’assiette… Ah oui, il était vraiment bon, il ne s’était pas trompé dans son choix. Et puis Jonathan aussi avait l’air d’apprécier, alors c’était parfait.
Jonathan R. Grüber
Docteur
Jonathan R. Grüber
Jonathan R. Grüber
Jonathan R. Grüber
MessageSujet: Re: Une prescription de sourire   Une prescription de sourire EmptyLun 13 Mai - 14:21









A ses mots, Jonathan retrouve un sourire sincère. Ses traits sont plus détendus, il a repris courage. Son regard, d’ailleurs, révèle une motivation renouvelée. Le médecin est un phénix, dont les cheveux roux flamboyants ne sont qu’une étincelle quand l’on voit le brasier qui l’habite. Cette chaleur puissante qui le pousse à toujours aimer et aider, cette bienveillance naturelle qui se dégage de ses gestes, de ses mots, et cette détermination sans failles qui l’aide à toujours se redresser. Combien même serait-il à genoux. Combien de fois Jonathan a pu ramper, se traîner au sol, pour finalement se relever et avancer, même si ce n’eut été que d’un pas ou deux, s’écrouler puis recommencer. Car la vie est faite de chutes, de coups durs, qu’il faut endurer jusqu’à pouvoir se redresser. Et cette fois, Jonathan ne s’est pas relevé seul. Le soutien de ses amis, Nishiki et Lüwen, lui a permis de se ressaisir. Sa cuillère plonge dans le gâteau pour en prendre une autre bouchée gourmande qui lui arrache un autre soupir comblé. Un des seuls plaisirs qu’il peut s’offrir.

Pas de fatigue ? Pas de fièvre ? Jonathan abandonne sa chaise et sa main usée trouve par habitude le front de son ami, ce front traversé d’une cicatrice qu’il dessine de la pulpe de son pouce. En effet, pas de chaleurs particulières. Nishiki est d’une nature particulièrement résistante, ce n’est pas la première fois qu’il s’en fait la constatation. Est-il porteur d’un remède ? Jonathan fronce songeusement les sourcils, plongé dans ses réflexions, il revient prendre une cuillère de son gâteau, la glisse entre ses lèvres avant de se glisser dans la pièce voisine où une machine remue continuellement sa dernière prise de sang – la sienne. Un sang qu’il a commencé à observer avec un microscope alors que d’autres poches isolées renferment du sang contaminé. Jonathan revient dans la pièce où se trouve son ami et fait les 100 pas dans son bureau, par habitude. Jonathan tient rarement en place mais actuellement, ses gestes sont lents et assurés, signe qu’il s’agit plus d’un signe de réflexion que d’anxiété empressée.

_ Si ça ne te dérange pas… je vais de suite faire un prélèvement sanguin. Peut-être es-tu résistant à l’Epidémie… Cela fait des jours que tu côtoies un malade sans être atteint. J’espère trouver un remède en m’appuyant sur le sang des personnes résistantes ou, au moins, un vaccin… Je dois trouver une solution. J’ai pris aussi de mon sang, je n’ai encore aucun symptômes bien que je passe mes journées entouré de personnes souffrantes. La semaine prochaine, penses-tu que tu pourras venir, à jeun, afin que je puisse faire un autre prélèvement ? Par prudence. J’ignore encore si cela va apporter d’importantes modifications mais par prudence, il vaut mieux que nous privilégions plusieurs prélèvements à des durées de temps espacées.

Jonathan retire ses mitaines usées et va se laver consciencieusement les mains dans un évier dans la pièce voisine. Il récupère une mallette, différente de celle en cuir, faite d’un tissus bien plus propre, même, neuf. Il l’ouvre, découvrant des seringues et des fioles soigneusement désinfectées. Il récupère une compresse, un peu de pommade anesthésiante qu’il applique sur la compresse avant de s’approcher de Nishiki.

_ Peux tu soulever ta manche, Nishiki ? Je ne devrais pas en avoir pour longtemps.

Il applique soigneusement la compresse anesthésiante. Oh, pour un grand homme solide comme Nishiki, il n’y en a pas besoin mais Jonathan souhaite faire les choses bien. Il sait où le piquer, où les veines sont les plus faciles à atteindre. Avec sa douceur et son expérience caractéristiques, il noue un garrot au dessus du coude de son ami, jusqu’à permettre aux veines d’être plus visibles. Récupérant sa seringue, il se contente d’un prélèvement rapide, avant de presser la compresse contre sa peau et défaire le garrot. Il attend que Nishiki repose ses doigts sur la compresse avant de la relâcher. En un geste rapide, il vide la seringue dans la petite fiole qu’il va ranger dans la salle voisine, à côté des fioles de son propre sang. Jonathan revient et range son matériel, se nettoie encore les mains avant de revenir près de son ami. Il s’assoit même sur le bord de son bureau, face à son ami, peu habitué à utiliser son fauteuil en réalité.

_ Je pense que nous avons réussi à développer une certaine résistance, qu’il serait intéressant d’examiner… Peut-être est-ce une histoire d’anticorps ? Il faudra que je me penche sur la question. Comment va ta famille ? Sont-ils… tous en bonne santé, comme toi ?

En ces temps d’épidémie, une famille entière épargnée pourrait presque tenir lieu du miracle… A moins qu’ils ne possèdent tous un gêne leur permettant de lutter contre l’épidémie ? Il en vient à se dire qu’il devrait lancer des historiens à la recherche de cette fichue épidémie, voir parmi les listes des morts si la famille de Nishiki a été elle aussi atteinte… Si elle existait à cette époque et s’il y a belle et bien eu une épidémie dans le passé. Beaucoup de « si », dans cette histoire. Jonathan est persuadé que, pour sa part, il a développé l’immunité à force de côtoyer les malades – après tout, il a eu une période d’épuisement, était-ce lié au système immunitaire de son corps qui se mettait en marche ? Les hypothèses vont à toute allure dans son esprit, alors qu’il récupère la part de gâteau pour la finir.

Une silhouette se glisse dans le bureau. Le chat roux, comme son maître, s’avance d’une démarche chaloupée. Quand on ne connaît pas Jonathan, son aspect débraillé et ses yeux délavés peuvent lui offrir une allure illuminée… totalement appuyée par son chat. Véritable gueule cassée, survivant des sciences douteuses d’un chercheur à l’esprit dérangé, l’animal affiche un faciès effrayant. Un nez déchiré, une gueule tordue, un œil borgne, la queue cassée et une oreille coupée. Pourtant, l’animal se montre confiant et aimant, probablement aidé par la patience de son maître. Affectueusement nommé « Caramel », le chat vient sagement se frotter aux jambes du médecin en ronronnant. L’animal, bien dressé, sait qu’il n’a pas le droit de s’égarer dans la pièce de soins que Jonathan s’est réservé. L’homme sourit mais termine son gâteau et part chercher ses mitaines. L’animal, patient, s’assoit et attend, dignement installé, observant Nishiki de son seul œil. Malgré son allure abîmée, une certaine aura princière se dégage du chat qui plisse son œil valide à la vue de ce grand humain dont les jambes empiètent sur son territoire. Jonathan revient et soulève doucement le chat, qui s’installe dans ses bras en ronronnant. Le médecin sourit puis redresse les yeux vers Nishiki.

_ Ca me fait beaucoup de bien que tu sois venu… Te voir ici, ça me change les idées. Je te tiendrai au courant de l’avancée de mes travaux. Je suis content que tu aies repris l’entraînement, qu’est-ce que tu arrives à faire pour l’instant ? Est-ce que tu as retrouvé toute ta mobilité avec ta jambe ? Depuis ce temps, elle devrait être fonctionnelle, si elle est un peu raide, n’hésite pas à t’échauffer davantage.

Il n’ose pas lui demander s’il se sent mieux… psychologiquement. Pas encore, pas de suite, c’est un sujet toujours un peu difficile à aborder, mais qu’il lui semble impossible d’ignorer. Il veut être sûr que Nishiki… ne souffre pas de stress ou d’anxiété, bien que son attitude actuelle semble indiquer un bon état thymique, mais Jonathan est incapable de contenir ses inquiétudes et ses préoccupations.


Dernière édition par Jonathan R. Grüber le Lun 20 Mai - 14:15, édité 1 fois
Nishiki Wölffhart
Serviteur
Nishiki Wölffhart
Nishiki Wölffhart
Nishiki Wölffhart
MessageSujet: Re: Une prescription de sourire   Une prescription de sourire EmptyMar 14 Mai - 13:57

En voyant Jonathan se lever pour se rapprocher de lui et venir poser une main sur son front, Nishiki ne put s’empêcher de sourire un peu plus, relevant ses yeux gris vers le médecin sans pour autant chercher à arrêter son geste. Ce dernier avait l’air bien pensif et le valet ne pouvait que se demander s’il ne le croyait pas, ou s’il était simplement suspicieux d’autre chose.

- Vraiment, tu ne devrais pas t’inquiéter, Jon. Je me sens bien et tu sais que je te le dirais si j’avais le moindre doute.

Un petit caillou jeté dans une mare, mais tout de même important du point de vue du jeune homme, même s’il savait que, tout comme lui, le médecin est en proie aux soucis et à l’inquiétude facile. Il l’observa faire les cent pas, la tête légèrement péchée sur le côté en un air interrogatif. Il s’interrogeait bien sur l’idée qui avait pu germer dans l’esprit de son ami pour le plonger dans cet état de réflexion… Une question dont il eut en partie la réponse lorsque l’érudit lui demanda simplement s’il pouvait lui prélever du sang, avec une petite explication du pourquoi… Il ne s’attendait pas réellement à ce que Jonathan lui demande quelque chose.

- Non. Non bien sûr que ça ne me dérange pas.

Une réponse un peu empressée, surprise aussi. Mais il ne voulait pas revenir sur ses paroles, ni que son ami ne prenne son étonnement pour un refus. A sa demande, il enleva rapidement sa veste et le vêtement étant près du corps pour simplement relever sa manche, il déboutonna sa chemise pour libérer son bras droit, le plus pratique pour lui mais aussi et surtout, le moins marqué par ses quelques batifolages de ces derniers jours.
Il le laissa lui faire un garrot, autant silencieux et pensif que légèrement tendu même si son visage reste calme. Shiki savait que ce n’était pas grand-chose mais étonnement, il n’a jamais été vraiment à l’aise avec ce genre de chose. Peut-être parce que sa peau avait toujours tendance à réagir un peu fort à ce genre de choses bégnines…  Il se força néanmoins à rester le plus immobile tranquille le temps que Jonathan fasse son travail avant d’appuyer sur la compresse avec un soupir discret.

- Je reviendrais te voir la semaine prochaine, sans aucun problème. Tu penses vraiment qu’il s’agit d’une question de simple… résistance ? Tu côtoie des malades au quotidien, mais j’ai passé toutes ces dernières semaines presque enfermé, même avant que Lüwen ne tombe malade…

Une légère aigreur et un regret faisait vibrer un peu sa voix tandis qu’il remettait simplement sa chemise.. L’enfermement forcé de sa guérison n’avait clairement pas été le moment le plus joyeux de son existence et les conditions dans lesquelles cela était arrivé, aussi bien temporellement qu’émotionnellement, n’avait pas arrangé les choses et avait laissé ses traces, même si tout cela état maintenant derrière lui.

Malgré les dire de Jonathan, il avait cependant du mal à croire qu’il puisse être spécial, d’une quelconque manière, trop persuadé qu’il était d’être simplement passé entre les gouttes de cette maladie jusqu’à maintenant. Et pourtant, son ami avait l’air de porter un réel espoir en ses idées. Un espoir des plus communicatifs. Et puis, s’il avait l’occasion d’aider les autres, d’aider Lüwen, il n’était pas à quelques piqures près, ou même bien plus. Ses mots, comme toujours, n’était pas simplement des paroles en l’air.

- Ca fait un moment que je n’ai pas parlé à tout le monde. Akiko toussait la dernière fois que je l’ai vu, mais elle m’a assurée que ce n’était rien… Je les appellerais dès que j’en aurais l’occasion.

Le temps et, encore une fois, les circonstances n’avaient pas fait bon ménage… Mais la réalisation soudaine de sa famille, d’une de ses sœurs qui serait potentiellement atteinte lui tira un froncement de sourcils inquiet alors qu’un matou roux rentrait dans la pièce pour s’installer sur les genoux de son propriétaire. C’était plutôt rare de voir un animal survivre dans la ville, bien trop toxiques pour eux mais la pauvre bête avait l’air d’en avoir vu de toutes les couleurs. Le valet soupira légèrement et se passa une main dans les cheveux. Il espérait qu’il se faisait des idées, et qu’elle l’aurait tout de même prévenu si jamais c’était le cas… Il en aurait le cœur net bien assez vite. Cela dit, la pensée lui coupe un peu la faim. Depuis des mois, il avait l’impression de courir après tout, d’oublier, de se laisser déborder. Ça ne lui ressemblait pas et il essayer de raccrocher les ficelles come il pouvait, mais c’était comme si quelque chose venait toujours éloigner le bout du fil.

- Si tout ça se finit un jour, j’essaierais de passer plus souvent, ou qu’on se prenne le temps d’un déjeuner de temps en temps… Ca me manque de ne pas pouvoir passer plus de temps avec toi. Et ne t’inquiète pas pour ma jambe, tout à l’air d’aller bien. Je fais essentiellement du gainage ou des exercices de souplesse et d’entretien. Lüwen malade, je n’ai pas vraiment eu l’occasion de reprendre la course.

Il avait toujours quelques états d’âme à le laisser seul, au cas où la fièvre reviendrait, ce genre de choses… Même si prendre l’air pourrait lui faire le plus grand bien mais il n’arrivait pas à s’y résoudre, poussé par son empathie naturelle et cette affection qui avait dépassé le simple stade de l’amitié. Même aujourd’hui, il était venu essentiellement parce qu’il savait qu’il y avait des gens avec lui à la demeure.
Son regard se posa sur l’instrument, toujours sur le bureau du médecin et son sourire s’élargit légèrement, un peu plus détendu et il se redresse un peu sur sa chaise.

- Je crois bien que je t’ai interrompu en arrivant… Tu veux que je t’accompagne ? J’ai toujours mon vieil harmonica.

Souvenir de son père, qu’il gardait toujours dans une poche, au cas où une occasion se présente.
Jonathan R. Grüber
Docteur
Jonathan R. Grüber
Jonathan R. Grüber
Jonathan R. Grüber
MessageSujet: Re: Une prescription de sourire   Une prescription de sourire EmptyLun 20 Mai - 14:16









Les mots de Nishiki le font sourire d’un air penaud. Oh oui, il sait que le grand gaillard l’aurait alerté… Mais c’est devenu un réflexe, en ces temps d’épidémie. Jonathan n’y fait même plus attention. Il a une pensée pour ce collègue croisé la veille ; un des rares qui lui tend la main… Et sa propre main a fini sur son front pour prendre sa température. Un moment de maladresse social, un de plus sur une liste déjà trop longue. A la vue de son bras, Jonathan avait à peine réagi – à la fois, le médecin était observateur sur certaines choses, pas sur d’autres. Son détecteur de maladies allait s’inquiéter de rougeurs, d’hématomes aux aspects étranges, pas de marques bénignes comme une égratignure ou un simple bleu. Quand Nishiki fait part de son enfermement, Jonathan sent la tristesse poindre dans son cœur, bien qu’il ne baisse pas les yeux. Sa main paternelle revient se poser sur son épaule, avant de relâcher le chat qui s’impatiente. L’animal retombe au sol et rôde près de Nishiki pour humer son odeur, alors que Jonathan se lave les mains, avant de revenir près de Nishiki pour s’asseoir à côté de lui. Il fait mine de vérifier à ce que la petite plaie ne saigne pas, tamponnant la compresse jusqu’à la lui enlever.

_ Certaines résistances sont innées, Nishiki. J’ai pu développer la mienne en côtoyant des malades… Pour ta part, peut-être l’as-tu simplement dans le sang. C’est un des facteurs expliquant qu’une même maladie n’a pas toujours la même importance selon la personne touchée… C’est aussi ce pourquoi, pour bien exercer mes soins, je m’interroge sur les antécédents, le rythme de vie, la personne en elle-même. Plus j’en sais, plus mes soins seront adaptés. Et pour t’avoir connu pendant des années, tu n’as jamais été… réellement souffrant, si l’on écarte ton insomnie. Tu as toujours été de nature résistante, que ce soit face aux infections ou aux maladies. Je suis soulagé qu’une fois encore, ton corps ait été capable de trouver les capacités de résister face à l’épidémie. Et pour ta famille, si cela peut te soulager, je peux m’y rendre dès demain… Je fais le tour de la ville pour récupérer des malades et chercher des personnes résistantes.

Jonathan le propose, avec sa douceur habituelle, car il craint à ce que Nishiki hésite à le lui demander. La dernière fois, il n’avait pas été très aimable quand il était allé voir son ami et le Ministre… Il en gardait une certaine honte mêlée de culpabilité, bien que dans les faits, il n’ait rien fait de mal. Mais il savait que sa réaction pouvait toucher un cœur sensible comme celui de Nishiki et il ne veut pas qu’il hésite à faire appel à lui. Jonathan a repris du poil de la bête, il sait ce qu’il doit faire et il n’est plus seul pour agir.

_ Tout ça se finira, Nishiki. Un jour ou l’autre, ça se terminera. Comme tous les orages, toutes les nuits, ont une fin… Parfois, elle met longtemps à venir. Plus encore en ces temps de souffrance où les heures sont des années et les mois, des éternités. Mais ce qui compte, c’est que chaque moment gagné nous rapproche de la finalité. Que nous avançons, tous les jours, et je te jure, je te le promets, je vais tout faire pour trouver un remède. Rien ne nous empêche de nous voir… De passer du temps ensemble.

Les mains de Jonathan recueillent tendrement les grandes mains de son ami, si grandes que les siennes paraissent minuscules, mais il serre précieusement en leur sein ses doigts épais, les caresse du bout de ses pouces dans un sourire chaleureux. Ce sourire aimant, plein d’amour, que seul Jonathan sait avoir. Ce sourire qui s’épanouit totalement sur son visage, plisse malicieusement ses yeux clairs, met en valeurs ses taquines tâches de rousseur. Il n’a plus l’air de cet homme âgé et usé, mais révèle en cet instant toute sa force, celle d’un jeune homme au cœur généreux, plein d’espoir et d’affection. Un père rassurant et bienveillant, le savant curieux. Un homme profondément aimant. C’est l’amour qui l’a poussé dans ces études, l’amour qui lui donne l’envie d’aider, l’envie de soulager. L’amour qui le fait avancer et qu’il offre éperdument.

_ Je serais toujours là pour toi, mon grand, tu le sais ? N’hésite pas. Même si je suis occupé, tu peux venir me parler. Tu peux m’écrire un courrier. J’aurais toujours du temps pour toi. C’est important pour moi que tu le saches. Et je m’excuse encore pour la dernière fois, je n’avais pas assez mangé, pas assez dormi… J’étais vraiment dans un sale état, mais c’était passager, je me sens bien mieux maintenant. Je suis de nouveau… là. Donc n’hésite pas…

Nishiki se redresse et Jonathan en fait de même. L’homme sourit, récupérant son violon qu’il installe paisiblement. Nishiki a toujours aimé la musique… Jonathan aussi. Quand il était enfant, Jonathan avait déjà joué pour lui. Il se souvenait de sa fratrie qui l’accompagnait. Un précieux partage. Il se souvient de ces enfants aux mines réjouies, à l’innocence encore présente, dont les rires sincères l’avaient empli de bonheur. Jonathan ferme les yeux et repose l’archet sur les cordes de son instrument, sa posture change, légèrement. En cet instant, on retrouve l’adolescent aux origines Nobles… Celui qui a fini par totalement renié la famille dont il était issu, tant dans sa mentalité que son allure. Sauf en cet instant, où son dos est droit, sa tête, haute, ses cheveux roux soigneusement dégagés de son visage.

_ Commence, Nishiki. Je suivrai.

Sa voix n’est qu’un murmure, dans le paisible silence de son bureau. Jonathan attend avec impatience le commencement de la mélodie. Son cœur bat avec une force tranquille dans sa cage thoracique. Chacun de ses mouvements alimente ses veines d’un sang riche et pétillant de joie. Il guette la musique, ce souffle de l’âme, s’unir. Pour un moment d’empathie, d’échanges, sans mots ou gestes maladroits, sans un visage pour trahir l’émotion, seulement le son, le sentiment à l’état pur, une sensation qui emporte les sens. Pas seulement l’ouïe, mais sentir son corps réagir au rythme, aux intensités, aux tonalités.

Pour lui, c’est un moyen de discuter sans barrière. De s’offrir sans avoir à se voir ou se dénuder, livrer son âme à nue, sans craindre une blessure, un mot de travers, une maladresse, non, simplement se laisser porter et ressentir. D’ailleurs, Nishiki commencera peut-être mais il sait que leur mélodie finira probablement improvisée, portée par toutes ces choses qu’ils ne peuvent pas dire, qu’ils n’arrivent pas à dire. Ces sentiments fragiles – ou au contraire, si forts qu’ils en menacent l’équilibre. Si vulnérables que des mots les gâcheraient ou si violents que les formuler blesserait.

La musique est, pour ces êtres sensibles, la voix de leurs émotions, un pansement sur leurs blessures, un aveu discret et pudique.


Dernière édition par Jonathan R. Grüber le Mar 9 Juil - 11:13, édité 1 fois
Nishiki Wölffhart
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MessageSujet: Re: Une prescription de sourire   Une prescription de sourire EmptyMar 28 Mai - 11:37

La main chaude et réconfortante de Jonathan sur son épaule le fit sourire, comme toujours. L’affection du médecin à son égard l’a toujours touché, depuis l’enfance, quand il n’était déjà qu’un gamin désireux de bien faire et déjà bienveillant pour son âge. Un attachement qui avait grandi avec lui et que le grand homme lui avait toujours rendu. Et aujourd’hui, avec Elena disparue et mis à part sa famille, Jonathan devait sans être la personne qui le connaissait le mieux, en qui lui-même avait le plus confiance.

- Comme quoi, je ne pouvais pas avoir la santé et le sommeil. Et merci pour ta proposition Jon, mais ne change pas tes plans pour moi. Je dois prendre des nouvelles de toute façon et je leur dirais de te contacter directement s’ils ont besoin.

Nishiki essayait d’en plaisanter, de relativiser sur sa propre santé et sur le reste comme il avait toujours pu le faire. Un moyen pour lui de contenir les inquiétudes qui parsemaient son quotidien depuis des années. Après, l’essence même de son travail consistait à s’inquiéter des choses à la place des autres pour en tirer parti… Même si, dans le fond, ce n’était pour lui qu’un prolongement naturel de son propre caractère prévenant et que la frontière entre ce qu’il devait faire te ce qu’il voulait faire se faisait de plus en plus flou au fil des années. Essayer de rire de tout, de rien était la pierre qu’il avait trouvée pour ne pas se laisser envahir par les choses. Même si certaines choses étaient bien plus simples à tempérer que d’autres parfois.

Les mains de Jonathan qui vinrent attrapé les siennes le tirèrent un peu de ses pensées. De sa famille, de ses amis – combien étaient malades ? Trop à son goût, lorsqu’il commençait à mettre les noms bout à bout et encore, il n’avait forcément de nouvelles récentes de tout le monde. Mais le sourire du médecin, son regard bleu confiant redonnait un peu d’ardeur et de vrai à son propre sourire et à la lumière de ses iris gris.

Tout se finira. Il en était bien conscient, d’une manière ou d’une autre. Il suffisait d’être patient – le second mot qui définissait parfaitement sa vie. La promesse du médecin ne fait qu’amplifier un peu le sourire du majordome, qui était de toute façon loin de remettre en doute la force avec laquelle Jonathan se plongeait dans son travail. Shiki connaissait – et admirait – sa conviction et son dévouement, fort et toujours présent depuis aussi longtemps qu’il s’en souvienne. Plus d’une fois, le valet s’était interrogé sur lui-même quant à la force qu’il avait dans ses convictions, se demandant qui de son père ou de Jonathan avait le plus laissé son empreinte de ce côté-là. Sans doute un subtil mélange des deux.
Nishiki serra à son tour les mains du médecin lorsque celui-ci s’excusa, secouant légèrement la tête.

- Ne t’excuse pas. Je sais que tu fais de ton mieux. Tu l’as toujours fait et j’ai confiance même si je suis inquiet. Mais on a tous nos moments de faiblesse… Je suis vraiment… content de savoir que tu vas mieux. Et si jamais tu sens que tu retombes un peu, passe me voir, d’accord ? J’ai déjà une tête de mule dont je dois m’occuper mais si je dois passer te voir tous les jours surveiller que tu manges te dors correctement, je le ferais et tu le sais.

Encore une fois, ce petit trait d’humour malgré sa voix plus ferme derrière la plaisanterie. Ce n’est qu’à moitié une plaisanterie et au fond, il aurait bien été capable de faire ce qu’il annonçait, s’il avait le moindre doute sur la santé de son ami.

En voyant son ami attraper son violon, Nishiki l’observa un instant avant de sourire, récupérant son harmonica dans une de ses poche, l’époussetant rapidement. Petit objet fétiche et vieux grigri sans lequel il ne sort quasiment jamais. Il hésita un instant, cherchant sur quoi pouvait se porter son choix. L’improvisation n’était pas un problème en général mais ces temps-ci ce n’était pas vraiment son fort et il n’avait pas envie de plomber l’ambiance. Son regard se porta à travers une des fenêtres de la pièce. Il sourit pour lui-même, s’auto-donnant une pichenette mentale avant de porter l’instrument à ses lèvres.
Il se prenait beaucoup trop la tête, parfois.

Nishiki débuta sur quelques notes d’une ancienne chanson qu’il avait déjà pu partager avec son ami, quelques années auparavant. Un air léger autant que joyeux, qui suit cette petite mélodie connu avant de se laisser aller à une simple improvisation au fur et à mesure des notes. L’oreille attentive aux accords de son ami, le regard perdu dans sa contemplation de la fenêtre, l’esprit du majordome se libérait peu à peu de toutes ses pensées nuisibles pour ne laisser qu’un esprit aussi blanc qu’apaisé. C’était peut-être ce qui lui manquait le plus dans le sport. Pas l’effort en lui-même, mais ce qu’il engendrait, ce tri inconscient dans ses actions et pensées de la vie quotidienne.

Quelques minutes, dizaines de minutes, plus encore dans ce petit moment d’harmonie simple mais si précieux, jusqu’à ce que le majordome commence à sentir son souffle légèrement fatiguer. Il s’arrêta sur quelques dernières notes avant d’écarte le petit instrument de ses lèvres dans une longue expiration. Prenant quelques secondes pour profiter du silence – autant dans la pièce que dans sa tête – il soupira légèrement et se passa une main dans les cheveux.

- C’est toujours autant un plaisir de jouer avec toi. Je ramènerais ma guitare la prochaine fois, ça sera sans doute plus agréable à l’oreille.

Nishiki rit un peu. Il fallait être réaliste après tout : le son d’un harmonica n’est pas forcément au goût de tout le monde, même si lui a appris à l’apprécier depuis son enfance et que c’est avec cet instrument qu’il se sent le plus à l’aise en général.
Jonathan R. Grüber
Docteur
Jonathan R. Grüber
Jonathan R. Grüber
Jonathan R. Grüber
MessageSujet: Re: Une prescription de sourire   Une prescription de sourire EmptyMar 9 Juil - 11:16









Un rire s’échappe des lèvres du médecin. Oh, il n’a pourtant pas l’impression de s’oublier… Excepté en moment de crise et encore, il arrive toujours à s’endormir à son bureau ou encore, à grignoter entre deux consultations. D’où ses kilos superflus, dus à un rythme totalement décalé lorsqu’il s’agit des repas. Son corps emmagasine tout ce qu’il avale pour ces périodes de jeun où à force de côtoyer des malades, il ne trouve pas le courage d’avaler quoi que ce soit. Impressionnant comme la sensibilité peut perturber le fonctionnement du corps humain… Il serait fou de dissocier le fonctionnement cérébral du fonctionnement du corps, de séparer ce que ressent le cœur et de ce qui s’exprime physiquement. Jonathan est bien l’un des premiers de sa profession à s’intéresser aux pathologies somatoformes, comme cette femme qui se couvrait d’eczéma dès que son mari passait le seuil de la porte. Oh, et au diable le travail !

Les notes commencent. Familières. Rassurantes. Chaleureuses et réconfortantes. Les yeux fermés, Jonathan se laisse porter. Comme la madeleine de Proust, le chant fatigué de l’harmonica éveille chez lui la reviviscence d’une après-midi d’été, dans une petite chambre où le souffle encore timide de l’enfant donnait naissance à ce chant fluet. Et où son violon, bien plus grave, venait l’accompagner. Le soutenir lors des moments de faiblesse, pour murmurer lorsqu’il prenait de la force, jusqu’à danser quand les notes s’enchaînaient, cascadaient, virevoltaient. Il gardait le souvenir de la fenêtre au travers de laquelle des rayons dorés se glissaient, se perdant sur sa peau, se noyant dans ses cheveux roux, toujours aussi flamboyants malgré les années. De cet enfant avec qui il partageait sa passion, de cet homme qu’il était devenu mais dont le cœur restait toujours… empreint d’une innocence que les années avaient tendance à raréfier. Mais non… Nishiki restait toujours ce garçon serviable, au cœur bien plus gros que le corps, aux sentiments sincères, intenses, mais maladroits, comme un mer qui menaçait toujours de le faire chavirer… Et lui voyait seulement le risque de noyade, pas le fait qu’il ait toujours réussi à s’en sortir, jusqu’à présent. Que cet océan pourrait, peut-être, le submerger… mais que ça ne durerait qu’un instant. Car Nishiki avait beaucoup de force en lui. Pas seulement physique, mais il avait ce cœur capable de résister à des tempêtes. Il l’avait vu fléchir, mais Nishiki avait toujours réussi à se redresser. Il suffisait d’être présent pour lui. De lui montrer qu’il comptait, que ses sentiments avaient de l’importance. Ils se ressemblaient.

Quand l’harmonica finit par s’éteindre, le violon pousse encore quelques notes. Comme un dernier salut, une dernière révérence, avant que Jonathan ne laisse simplement l’archet caresser les cordes. Sans un bruit, une seule caresse, qu’il finit par cesser en fermant les yeux. Le silence emplit les lieux. On ne perçoit que leur souffle, lent et serein. C’est si calme. Jonathan laisse ses yeux bleus s’ouvrir et parcourir ce bureau, qu’il pourrait pourtant explorer à l’aveugle s’il le souhaitait. Il se sent reposé, comme après une douche brûlante et une bonne nuit de sommeil, l’esprit apaisé, les muscles soulagés de ces courbatures qu’il accumule.

_ J’aime beaucoup le son de l’harmonica… Mais je serais ravi de t’entendre jouer de nouveau de la guitare. Quand est-ce que tu comptes te mettre au chant ? Je suis sûr que ta voix pourrait plaire.


Jonathan sourit avec douceur, ses yeux se plissant de tendresse, avant qu’il ne range précieusement son violon. Il l’effleure du bout des doigts.

_ Le violon était le plaisir coupable de ma mère. Elle trouvait… Que c’était un instrument des rues. Mon père ne s’intéressait pas tant à la musique, il ne s’est jamais vraiment préoccupé de mes passions de toute façon. Je suis… Content de pouvoir partager ça avec quelqu’un.

Il l’a avoué, presque avec pudeur, avant de détourner les yeux et glisser une main abîmée dans ses cheveux roux pour les discipliner. Oh, l’époque où il n’était qu’une brindille, dont les cheveux roux tombaient sans cesse devant les yeux, semblait si lointaine à présent. Quoi qu’aux côtés de Nishiki, il en oubliait l’âge et ses tourments.

_ Je vais devoir me remettre au travail d’ici peu… Peut-être souhaites-tu à ce que nous allions nous promener ou… veux-tu me servir d’assistant ?


Un sourire taquin éclaire le visage du médecin, avant qu’il ne vienne refermer ses bras autour de la taille creusée de Nishiki, réfugiant son visage contre son torse solide. Il tapote son dos, comme lorsqu’il était enfant, bien qu’à présent, ce sont des muscles développés qu’il perçoit sous ses doigts.

_ Merci d’être venu, Nishiki. Ca m’a fait beaucoup de bien.
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