La débâcle du café

Sur son bureau, les dossiers s'empilaient si bien qu'il n'avait même plus la place d'y déposer son écharpe pour s'en faire un oreiller et voler quelques minutes de sommeil.
Les temps étaient durs en ce moment, car avec le Découpeur, plusieurs criminels se permettaient d'agir à leurs guises et de commettre des meurtres.

Mais évitons de parler du Découpeur, car Caïn l'avait encore au travers de la gorge. Dire qu'on avait retiré l'enquête à sa section pour la refiler à la Milice. Un coup de la reine, c'était certain. Mais pourquoi ? Qui de mieux placer que sa brigade pour retrouver la trace du Découpeur ?

38 heures qu'il n'avait pas fermé l’œil et ses cernes étaient plus belles que jamais, tournant au violet lui donnant un visage si doux et accueillant comme celui d'un croque mort.

Et qui dit manque de sommeil dit aussi humeur massacrante. Son écharpe autour du coup, Caïn bougonnait et râlait dans sa barbe tout en mâchonnant l'une de ses mèches de cheveux.

« gngnngn.. Mais c'est pas complet ça...  gngngnn »

Soupirant, il ramassa deux-trois dossiers remplit avec les pieds et auxquels il manquait des informations en plus. L'auteur de ces torchons ?
Nickolas bien sur.
Bon... parler de torchons étaient un peu abusé, car Nickolas rendait toujours du bon travail, mais ces trois dossiers là n'étaient pas à la hauteur de ses compétences.

Caïn lui avait confié l'affaire de la veuve riche. Une femme dont son époux avait trouvé la mort dans des conditions assez étrange. Elle l'avait surement empoisonné pour récupérer le fond de commerce de leur boutique de chaussures.

Rien de passionnant comparé au Découpeur, mais fallait quand même s'occuper de ces cas là. Et Nickolas devait le faire, mais les dossiers tardaient.

Il était pas dupe le Caïn et se doutait bien que le Sarken avait d'autres projets sur le feu. Il connaissait trop bien cette tête d'enflure pour savoir qu'il n'avait pas lâché l'enquête du Découpeur.
Mais il ne disait rien. Nickolas était un bon flic, et il avait plus confiance en lui qu'aux brutes de la Milice. Alors il le laissait faire.
Sauf que la, son vrai taff en pâtissait et parole de Lianten, ça n'allait pas se passer comme ça.

Les pieds traînant et portant sa carcasse fatigué, il avait quand même un pas déterminé et entra sans s'annoncer dans le bureau du Sarken, les dossiers dans les bras, le regard grave et les cernes brillantes.

« T'as deux secondes pour m'expliquer ces torchons. »

Les fenêtres fermées, une tasse de café chaude et une volute de clope qui s’échappe difficilement par les minuscules interstices des fenêtres, donnant à la pièce un air fantomatique à travers les rayons des lumières disposées ici et là. Klaas était dans son élément jusqu’au moindre centimètre, seul dans son bureau, ayant envoyé son assistant courir après les lapins blancs d’une affaire pourrie que lui avait encore refilé Caïn. Doubla avantage : ça le faisait chier de bosser sur des sujets aussi merdiques et ça avait le mérite d’entraîner le petit. Même si surveiller de loin lui prenait sans doute encore plus de temps que de boucler le truc lui-même mais il pouvait au moins rester le cul dans sa chaise.

Enfin jusqu’à que son patron en question débarque dans son bureau. Y’avait bien que lui pour pas se faire chier à frapper. Tout compte fait, y’avait bien que lui pour vouloir entrer dans l’espèce de repère nocif qu’était son bureau.
Une cigarette coincée entre ses lèvres, Nickolas prit à peine le temps de relever son regard, juste assez pour que son regard morne croise celui de Caïn dans ce mélange d’apathie chronique et d’agressivité mordante qui le caractérisait si bien. Il avait l’air de mauvais poils. Bien, comme ça ils étaient deux.
A la phrase du Lianten, son regard se posa une mince seconde sur les dossiers dans ses bras avant qu’il ne se cloisonne à nouveau dans son indifférence crasse, reprenant la lecture du dossier sur son bureau actuellement. Il savait pertinemment de quoi il s’agissait. Il aurait pu réciter par cœur toutes les affaires sur lesquelles qu’il avait dû se coltiner.

« Quoi, t’aimes pas mes conclusions ? » Railla-t-il sur un ton sarcastique. « Si c’est pour le vieux qu’à clamsé la semaine dernière, la fille à finit par avouer sa connerie. Un peu plus et la vieille y passait aussi. Tu voulais peut-être que j'attende ça ? » M’enfin ça il devait déjà le savoir s’il avait lu les conclusions du dossier. « Et si t’es là pour le bureau des plaintes, va emmerder Strelok, c’est lui qu’à écrit ce merdier. »

Ce qui était complètement faux mais il ne bougea même pas un sourcil en racontant son petit mensonge. Qui était d’ailleurs tout à fait plausible parce qu’il lui avait déjà fait le coup plus d’une fois. Et franchement, entre ses recherches sur ce putain de Découpeur – enfin, ces putains maintenant il n’en doutait presque plus – et le taff que lui avait refilé Lüwen… Eh bah les journées ne font toujours que vingt-quatre putains d’heure.
Et les potes, ça passait avant les connards qui crèvent à cause d’une paire de chaussure.

« Et si t’veux les prochains rapidement, laisse-moi bosser en paix. »

Mais c'est qu'il se foutait de sa tronche en plus.
Bon ok, rien d'étonnant vu qu'il s'agissait de Nickolas et que l'énergumène avait une sacrée réputation d'enflure de premier ordre.
Mais là, il s'adressait à son Lianten, et non non non, Caïn n'allait pas laisser passer ça.

Il pénétra dans le bureau sans sourciller. C'était familier dans un sens, car le bureau du Lianten était dans le même genre. Odeur forte, sombre.
Sauf que lui faisait bien son travail et ne bâcler rien.

Pinçant ses lèvres, il entra carrément dans la pièce, quittant donc l'encadrement de la porte et laissant tomber dans un bruit sec les dossiers sur le bureau du Sarken, recouvrant de ce fait les papiers sur lesquels il bossait.
Rien à foutre.

« Merci je sais lire, même si j'ai eu du mal à y comprendre un truc dans tes dossiers. »

Il abusait un peu, mais bon.
Klass rendait du bon boulot mais sur les récents dossiers il ne faisait que le stricte minimum et le Serken avait habitué Caïn à du travail bien fait.

Et voilà qu'il reportait la faute sur son apprenti. Ooooh Caïn aurait pu croire à ce bobard.
Mais fallait pas oublier que lui aussi avait eu un apprenti, qui se trouvait devant lui d'ailleurs.
Et bon, quelques fois lorsqu'il se faisait remonter les bretelles par le Lianten de l'époque, son prédécesseur, c'était un peu facile de dire "c'est pas moi c'est lui".

« Arrête de me prendre pour un con. Tu vas me refaire ces dossiers fissa Nick. »

Il posa ses deux mains sur le bureau, se penchant en avant pour s'approcher de Nickolas.
Ses deux yeux morbides habillés de cernes violettes et son visage cadavérique regardant le Sarken, Caïn parla plus doucement en articulant bien sur les mots.

« Si tu veux que je te foute la paix, t'as plus intérêt à me rendre des torchons pareils. Sinon je serais sur ton dos, toujours, constamment. Tu pourras même plus aller pisser peinard. »

Totalement faux. Il avait bien d'autres choses à faire que de coller les baskets de Nick. Mais fallait lui mettre un coup de pression, non ?
Et au pire si le Sarken ne le prenait pas au sérieux, il trouverait bien quelques petits Horriziers téméraires pour relancer Klass à sa place, tous les jours, toutes les minutes.
Jusqu'à ce que le boulot soit fait correction.
Bah oui, car après ça lui retombé dessus, au Lianten.

Ah, ça allait chier. Pas que Nickolas ne s’en doute pas, non, il avait trop l’habitude pour ça. Mais quand les dossiers claquèrent sur son bureau au milieu du foutoir de merde qu’il était en train d’étudier, il se dit quand même que Caïn devait être dans un bon gros mauvais jour pour prendre la mouche aussi vite. C’était un peu comme une putain d’échelle pour savoir où se trouvait la limite chaque jour.
D’habitude, il tenait plus longtemps.
Il manqua même de faire tomber le café. La trahison.

Mais ça eut au moins le mérite de lui faire relever les yeux. Bah ouais, plus de conneries à lire, fallait bien qu’il aille se divertir ailleurs. Du coup, il se contenta de fixer son supérieur de son meilleur air de blasé… Qu’il n’eut pas vraiment besoin de forcer pendant que ce dernier lui faisait sa petite scène du mec intimidant. Le prenait-il pour un con ? Totalement. En même temps, qui n’était pas con dans ce monde de merde ? Et franchement, avec des dossiers aussi merdiques que ces conneries, qui prenait qui pour un con ? Bordel il bossait ici depuis assez longtemps pour plus avoir à se taper ce genre de merdes. Devait bien y’avait un salopard dehors qui lui donnerait un peu de fil à retordre non ? Enfin autre que les bâtard après lesquels il courait déjà.

« Peut-être que si tu me filais des vrais dossiers, j’me casserais un peu plus le cul avec plutôt que de perdre mon temps à traiter des histoires que n’importe quel crétin pourrait régler en deux jours. »

Il eut fortement l’envie de lui souffler la fumer de la clope dans la gueule, ce qu’il aurait fait s’il s’agissait de n’importe qui d’autre. Mais à la place, il se contenta d’écraser le mégot dans le vieux cendrier à moitié troué du bureau dans un je-m’en-foutisme des plus complets.
Et puis Caïn lui sortit sa plus grande rengaine, à coup de menace qui n’avait jamais marché et ne marcheraient sans doute jamais. Pour toute réponse, Nickolas lui offrit son plus magnifique sourire… Offensant à souhait, bourré d’une provocation noire et d’un petit arrière-goût de ‘vas-y, vient donc me la tenir aux chiottes si tu le veux vraiment’. Une pensée qui traversa bien fortement son esprit et qui se transmit tout naturellement dans l’expression de son regard bien qu’il ne se risqua pas à la prononcer.

Connard mais pas con.
Caïn ne le savait que trop bien.
Et Nickolas savait que Caîn savait.
Ah… triste vie frustrante quand on ne peut pas enculer son chef.

Son visage reprit sa neutralité comme on active un interrupteur avant qu’il ne repousse d’un geste du bras les dossiers à la con qu’on venait de laisser tomber sur son bureau, manquant d’en faire tomber une autre pile. Son bureau était un bordel monstrueux, mais un bordel organisé s’il vous plait. Qu’on ne vienne pas y foutre sa merde. Et il se replongea dans sa lecture comme si rien ne venait de se passer et qu’il n’y avait pas genre, son boss à quinze centimètres de lui.

« J’y jetterais un coup d’œil quand j’aurais le temps. »

Sa manière particulière de dire que ça serait sur son bureau le lendemain matin… Faut pas déconner non plus.

Le ton blasé et désintéressé de Klass. Ha, le Lianten le connaissait que trop bien ce visage.
Il savait bien en plus, que les dossiers qu'il lui filait n'était pas à la hauteur de ses compétences. Mais bon, Caïn n'était pas con non plus.
S'il se doutait que Nickolas bossait en cachette sur l'affaire du Découpeur, il allait pas lui refiler des enquêtes délicates en plus.
Fallait lui donner des affaires plus simples pour qu'il les fasses sans difficultés et qu'il se concentre sur son l'autre chose.

Mais Caïn comprenait bien que les affaires qu'il donnait au Sarken n'était pas du tout intéressantes et mêmes évidentes. Mais que faire sinon ?
Lui refiler des dossiers compliqués qui lui prendraient tout son temps et l'empêcheraient de bosser sur le Découpeur ?
Ou continuer de lui refiler des petites merdes pour qu'il puisse avoir du temps libre ?
Ha si seulement cet abruti de tête de mule se rendait compte que Caïn le couvrait.

« N'importe quel crétin pourrait aussi bien remplir ces fichus dossiers. »

Alors s'il ne voulait pas être un crétin lui-même, il avait cas bien faire son boulot.
Mais dossiers simples ou pas, les rapports restent les mêmes et doivent impérativement être bien fait.
Ha et tiens, pourquoi ne pas rajouter une petite motivation à ce cher Nicolas ?

Le Lianten se redressa et recula d'un pas du bureau croisant les bras d'un air totalement détaché.

« Les bonnes affaires reviennent à ceux qui font un boulot complet. Tu devrais prendre exemple sur Dann. »

Voilààà, parler d'un autre Sarken que Nickolas détestait, c'était mesquin mais pas mal.
Dann récupérait souvent les dossiers alléchants c'était vrai. Mais Dann faisait du bon boulot, même s'il était complètement con parfois.

Enfin bon, il était sur le départ car il limitait ses interactions avec les gens, surtout un emmerdeur comme Nickolas.
Sauf que les délais ne lui convenaient pas du tout.

« T'auras le temps avant 22 heures. »

Pas comme s'il lui laissait le choix.

Mais bordel du cul il allait pas vouloir lui lâcher la grappe avec ses dossiers. Il voulait coucher avec ou quoi ? Pas comme si c’était important. Pour le coup il avait vraiment l’impression de se faire prendre pour le dernier des cons et autant dire qu’il n’appréciait pas ça. Dans un rythme rapidement, les doigts de sa main gauche commencèrent à tapoter rapidement sur le bois usé du bureau dans un tic nerveux. Pas que de se faire insulter de crétin l’énervait particulièrement, il avait l’habitude de bien pire que ça au quotidien.

Et quand il lui parla de Dann… Ah ce très cher enculé de Dann. Il releva un regard contenant cette petite étincelle de haine pure brillant dans le fond de ses iris d’un marron profond, presque noir, se redressant même pour s’appuyer d’un coude sur le bureau. Il le fixa longuement, prenant le temps de boire une gorgée de café dans un silence plus que malaisant. Pas que ça marche très bien avec ce couillon de Lianten, mais l’habitude était tellement inscrite profondément en Nickolas qu’elle devait se trouver dans ses gênes, maintenant.

« Ouais t’as raison. » Finit-il par lâcher au moment où sa tasse heurtait le bureau sans ménagement. « D’ailleurs j’vais aller lui refiler ton boulot merdique pour voir comment il s’y prend, ça me fera un bon exemple. »

Si c’était pas prendre ses ordres à la lettre, ça ? Il faisait preuve de super bonne volonté, non ?
Il ne prit même pas la peine de répondre au Lianten sur le délai, l’ignorant comme s’il n’avait jamais parlé, avant de se lever subitement de son bureau, passant devant Caîn pour venir en fermer la porte dans un claquement sec qui fit trembler les murs. On devait se demander ce qu’il se passait de l’autre côté. Suffit les conneries.
Il s’adossa à son bureau, s’asseyant à moitié dessus dans un léger grincement, face à son supérieur, le toisant avec sérieux pour la première fois depuis qu’il était entré dans la pièce. Bon sérieux… Il brillait pas d’intérêt non plus.

« Arrête de te foutre de ma gueule, Caïn. Pourquoi tu me refiles cette merde depuis le tag ? » Même avant… mais ça c’était clairement empiré depuis cette fameuse fête de merde. « C’est mon bras qu’a pris, pas ma putain de tête. Tu comptes me faire courir après des putains de manchots et des orphelins combien de putains d’années ? J’suis pas là pour ce genre de merde. »

C’est bon on lui avait déjà fait le coup des années auparavant mais il supporterait pas cette merde une nouvelle fois. Pas comme s’il avait été le seul con à finir blessé ce jour-là en plus, la moitié de la caserne avait pris pour son putain de grade.

Ha le coup du regard perçant et du silence malaisant.
C'était bien tenté, vraiment. N'importe qui aurait déglutis devant la mine et le regard lourd du Sarken, mais pas Caïn qui en était bien trop habitué.
Et il ne prenait pas la peine de répondre à sa remarque ironique.

Quel con ce Nickolas.
Mais un con compétant c'était certain.
Compétant dans son boulot, et dans sa connardise.

Et le Lianten ne pu même pas se barrer pour reprendre la multitude de boulot qu'il avait, que voilà Nickolas s'avancer et faisait claquer la porte.
Super, lui qui n'avait d'abord pas avant de venir ici mais qui avait du le faire pour espérer avoir des dossiers potables, voilà que maintenant Caïn allait subir la colère et les reproches du Sarken.
Longue journée.

« Je pense que tu cours déjà assez sur tes propres merdes. »

Et ouais, il savait ce que le petit flic faisait.
Mais soit, si Nickolas voulait des dossiers plus importants il les aurait.
Tant pis s'il n'avait plus une seconde à consacrer au Découpeur.

Il allait rajouter un truc, mais il tira une grande grimace.
Ses lèvres pincées et ses yeux en l'air, il retenait un énorme bâillement, l'empêchant de sortir pour ne pas montrer son gosier à Nickolas.
Mais bon sang, ce qu'il avait envie de dormir.

« Mais d'accord, si tu penses pouvoir gérer tes soucis personnels et des dossiers lourds, soit. »

Pour soucis personnels, entendez le Découpeur.
En espérant que Nickolas ne soit pas trop con pour comprendre.
Mais bon, y'avait de bon espoir quand même.
Caïn allait pas prendre le risque de parler du Découpeur ouvertement. L'enquête retirée, le Ministre avait bien fait comprendre que toutes les traces sur les meurtres devaient être effacées et que la Mordkomission devait faire comme si rien ne c'était passé.
Et surement que la reine ou les miliciens savaient que Caïn ne l'entendrait pas de cette oreille. Et surtout que maintenant, la Mordk était certainement sous surveillance.
Autrement dit Caïn avait des espions au cul.

« Un homme retrouvé mort dans son salon. Pièce fermée, aucunes effractions. Mort par strangulation. Dann me bassine pour l'avoir. Si tu me fais tes fichus dossiers, l'enquête est à toi. »

Il savait être conciliant quand même.
Du moment que son boulot était fait.

Ses propres merdes ?
Il aurait pu préciser parce que des merdes à gérés, il en avait à la pelle. Une pelle qui s’appelait Draümbell et qui était putain de grande et putain de fournie en excrément, à toutes les strates. Et tout le monde s’amusai tà lui en refoutre sur le dos. Alors ouais. Il en avait de la merde à gérer. Et il vivait pour ça.
Mais à l’entendre, Nickolas comprit de quoi il voulait parler, même si son expression ne changea pas d’un putain de iota.
Ah bordel… A croire qu’il avait un écriteau sur la gueule "Pigeon qui bosse dans son coin comme un connard, veuillez laisser votre message sur la file d’attente".
Il avait tant que ça la gueule du type qui voulait se suicider ou ça se passait comment ? A se demander qui n’était pas au courant dans cette putain de ville.

« Ce que je fais avec mes merdes, comme tu le dis si bien, en dehors de mon boulot ne regarde ni ta gueule, ni celle de la Mordk. »

Le message avait le mérite d’être clair. C’était sa merde, et il avait pas pour habitude d’être partageur. Plus encore que ça, il avait surtout conscience du risque dans lequel il s’était engagé dès la première seconde où Lukàs étais entré dans son bureau des mois plutôt. Un jeu dangereux. Mortel. Sauf que ça, il en avait rien à foutre pour lui. Autant envoyer au casse-pipe le connard de première, non ? Quitte à crever, il laisserait au moins des pistes derrière lui. Même s’il avait un peu, juste un petit peu entrainé son apprenti avec lui. Assez pour le faire cogiter, pas assez pour l’impliquer réellement. Les conneries, c’était pour sa gueule.

Et quitte à se taper des alibis pourris pour se balader n’importe où, autant bosser sur des trucs intéressants au passage. A faire de la merde tout le temps, il finirait forcément par attirer les regards d’en haut. La preuve, Caïn lui tombait déjà sur le palto. Et ce dernier devait clairement pas être le dernier sur la liste de surveillance de cette connasse de reine.

« Et si tu me crois pas capable de gérer ma vie, fous moi dehors tout de suite plutôt que de me faire perdre mon temps, ça arrangera tout le monde. »

Un râlage inutile, mais complètement pour la forme. Par réflexe, parce qu’il savait que ça faisait chier Caïn et que ce petit jeu l’amusait beaucoup. Parce qu’il devait faire croire qu’il était con, après tout. Y’avait pas trop de soucis à se faire de ce côté-là, l’illusion était parfaite pour beaucoup de monde. Cela dit question gestion de vie… ouais bah il était pas le meilleur exemple du monde, ouais. Mais ça aussi, ça regardait que lui. Tant qu’il faisait son taff, après tout, on avait pas à venir le faire chier.
Et enfin, ENFIN, il lui sortit un truc du fond de son cul. Bordel, qu’est-ce qu’il fallait pas faire pour avoir un boulot potable. Sans dire un mot, Nickolas retourna simplement s’asseoir normalement derrière son bureau, reprenant osn carnet, ses notes, ses papiers.

« 22h. »

Un effort pour un effort.

Mogngngngngn...
Il n'aimait pas qu'on lui manque de respect. Mais avec Nickolas, était-ce vraiment un manque de respect ou sa propre nature ?
Mais il laissa couler, il avait bien d'autres choses à faire que de rentrer dans le petit jeu qu'il trouvait puéril.
Et ouais, puéril.

Foutre Nick dehors ?
Bah tiens, juste pour lui faire les pieds Caïn aurait voulu répondre positivement.
Comme ça, ça lui apprendra peut-être à se montrer correct.
Mais non, il n'allait pas si risquer car connaissant la tête de con qu'était Nickolas, il aurait prit le bourdon et par fierté il se serait barré sans demander son reste et sans revenir, pour certainement faire ses enquêtes de son côté.

Mais au moins ils avaient trouvé un sorte de terrain d'entente. Franchement c'était une très bonne chose !
Caïn allait avoir ses dossiers et Klass aurait une bonne affaire.
Dommage qu'il fallait à chaque fois ce genre d'altercation pour en arriver la.

« Gnn. »

Signe qu'oké, c'était bon.
Il n'allait pas s'attarder encore plus avec cette espèce de vieux râleur, et puis il avait bien mérité de dormir quelques minutes non ?

Un peu plus tard, voilà qu'il ronflait doucement dans son bureau.