Avez-vous besoin d'une petite main ? {pv : Axel}

Les temps étaient bien durs actuellement… De l’argent que lui avait offert Nishiki, il ne restait pas grand-chose, pour autant le serviteur avait fait de son mieux pour en utiliser le moins possible par jour, et il avait bien réussi, tellement il avait l’habitude. d’économiser et de grappiller quelques sous par-ci par-là. Aujourd’hui il avait du mal, et il savait que sous peu il allait vraiment avoir besoin de quoi se nourrir. Par un heureux hasard il avait entendu une conversation, comme quoi le propriétaire de l’Inflorescence, un herboriste cherchait quelqu’un. Il ne savait pas précisément ce qui était recherché mais Célestin n’avait aucun risque à aller demander.

Il ne pouvait néanmoins pas y aller en cette tenue toute débraillée, cela ne le faisait vraiment pas, il aurait juste honte, il le savait. Il devait avoir l’air à peu près propre sur lui pour demander un travail s’il voulait déjà ne serait-ce qu’entrer dans cet établissement sans être renvoyé directement. Célestin avait trouvé un petit endroit dans une ruelle pour se changer et se toiletter légèrement. Une petite chemise et un pantalon, il ne pourrait pas se mettre en tenue de serviteur car la fonction n’était pas celle-ci.

Une fois prêt le petit blandinet se baladait dans les rues. Il devait être dix heures du matin, il avait choisi cet horaire car c’était une heure où il pensait y avoir peu de monde dans l’établissement. Célestin était toujours tout aussi pâlichon, avec ses lunettes teintées et était toujours aussi squelettique. Heureusement, ses habits ne le moulait pas vraiment, cela ne passait pas inaperçu mais c’était moins choquant.

Célestin toussait et pris une petite inspiration après, pour se calmer. Il avait l’air un peu malade mais ne devait pas le montrer… Poussant la porte Célestin s’invita timidement dans l’établissement…

«  Bon… Bonjour…  »

S’avançant vers l’homme qui n’avait pas l’air aussi vieux que ça, plutôt jeune au contraire.

«  Euhm J’espère que je ne vous dérange pas… Je m’appelle Célestin et l’on m’a dit que vous recherchiez quelqu’un pour vous aider dans votre travail…. ?  »

Le serviteur n’étant pas totalement certain des informations données il préférait largement ne pas s’avancer et demander confirmation avant…

Axel était plongé dans son inventaire jusqu’au cou, comme au moins une fois par semaine depuis bien des années. Quelques cartons bien remplis s’empilaient dans les petites allées de sa boutique, arrivés directement de bon matin depuis la gare de fer. Matières premières et extraits de plantes diverses, en poudre ou entiers, produits de distillations et de quoi faire ses préparations… Bref, tout ce dont il avait besoin pour travailler et qu’il ne pouvait pas se procurer directement dans cette ville.

Et du coup, comme à chaque fois qu’il faisait son inventaire, ses clients se faisaient moins nombreux. Parce que pour la plupart, il savait très bien quel jour il recevait ses vivres, ou simplement parce que les cartons et étagères vides n’incitaient que peu à la déambulation. Le propriétaire par contre, lui, ne cessait de déambuler dans tous les sens, sa longue liste à la main et ses lunettes sur le nez, à disposer des choses, en ranger d’autre dans sa réserve… Il en revenait d’ailleurs quand quelqu’un entra dans la boutique.

Réajustant ses lunettes d’un geste automatique, il arrêta son pas cadencé, relevant ses yeux verts vers le petit homme qui venait de mettre les pieds dans sa boutique. Un sourire automatique revint sur ses lèvres et même si cela ne se vit pas derrière le petit masque en papier qui dissimuler le bas de son visage, cela éclaira son visage et il déposa un instant sur le comptoir le porte-bloc qu’il avait dans les mains.

« Bonjour ! Je peux vous aider ? »

Il toussa légèrement, sa gorge un peu enrouée de ne pas avoir parlé pendant quelques heures – et d’avoir pris la poussière des cartons, choses inévitable quand ces derniers arrivent tout juste. Tranquillement et sans vraiment en avoir l’air, il observa son client. Le pauvre petit n’avait pas l’air au meilleure de sa forme et en réalité… Entre les cheveux, la peau et les lunettes teintées, l’herboriste n’eut pas vraiment de mal à comprendre de quoi il pouvait bien souffrir. Malheureusement quelque chose pour laquelle il ne pouvait pas faire grand-chose.

Enfin, le jeune se présenta et… eh bien il se trouvait qu’en fait ce petit n’était pas du tout un client, mais quelqu’un qui avait entendu qu’il avait besoin de quelqu’un. Il avait commencé à faire tourner un peu l’information ces dernières semaines, entre l’épidémie et sa propre maladie, la cadence était un peu compliquée certains jours. C’était plutôt bien de savoir que le mot circulait. Mais de toute façon ça faisait déjà un moment qu’il y pensait, ne serait-ce que pour tenir la boutique quand il devait soudainement s’absenter et avoir quelqu’un à qui il pourrait transmettre un peu de son savoir ici.

Et puis, ça mettrait un peu d’animation.

« Axel. Et oui en effet j’aurais bien besoin d’une paire de mains supplémentaires en ce moment. Le travail vous intéresse ? Ne faites pas attention aux cartons je suis en plein inventaire. »

Il lui fait signe de rentrer un peu plus dans la boutique, histoire de ne pas rester ni sur le palier de la boutique, ni au milieu des allées. Il ne s’attendait pas forcément à ce genre de visite mais après tout, c’était plutôt une bonne chose.

La première crainte de notre serviteur était toujours de ne pas convenir physiquement à un potentiel employeur. Beaucoup plus présent lorsqu'il cherchait un travail de serviteur que pour porter ou livrer des cartons mais toujours là. D'autant qu'ici, il y aurait les clients. Pour autant l'homme, le gérant, très certainement, qui l'avait salué n'avait rien laissé paraître. Une sorte de soulagement pour Célestin qui s'attendait toujours à n'importe quelle réaction, autant par expérience que par un surplus d'inquiétudes… Et le dégoût de son propre corps.

Après s'être présenté et avoir expliqué la raison pour laquelle il se trouvait là, le gérant, prénommé Axel, répondait à ses questions indirectes en précisant qu'en effet il recherchait quelqu'un. Un petit soulagement pour Célestin qui avait reçu de bonnes informations. Mais ce n'était pas parce qu'il l'avait confirmé qu'il le prendrait, chaque chose en son temps. Hochant la tête le blandinet s'approcha.

«  Je… J'ai entendu beaucoup d'informations différentes alors j'aimerai savoir ce que vous recherchez plus précisément si possible…  »

D'un côté Célestin ne désirait pas faire son difficile mais il savait qu'il ne voulait pas apprendre un autre métier, quitte à se mettre dans l'embarras -enfin, le petit y était déjà. Néanmoins curieux, le serviteur observait les lieux. Il y avait de multiples boites et cartons, de bonnes odeurs aussi. Venir ici en tant que client et y travailler devait être une expérience agréable.

«  Personnellement je recherche un petit travail, que ce soit pour aider à ranger, livrer, porter ou d'autres choses qui pourraient vous être utiles… Et je ne sais pas si cela correspondrait...  »

Après s’être présenté, et avoir exprimé que le jeune homme en face de lui ne s’était pas trompé, le rouquin l’invita à entrer un peu plus avant dans la boutique. Lui-même allant naturellement se remettre derrière son comptoir, sur lequel traînait encore plusieurs petits cartons qu’un par un, il rangea sans se presser dans les étagères dissimulées de son côté. Son regard se portait régulièrement sur son interlocuteur, lui indiquant tout de même qu’il avait son attention malgré son activité.

Il n’avait pas donné particulièrement plus d’information au petit Célestin sur ce qu’il recherchait. Il aurait pu, bien sûr, allait dans le vif du sujet tout de suite et lui expliquer en détail de quoi le travail retournait, mais Axel était curieux de nature, et laisser la porte ouverte aux gens pour s’exprimer était parfois bien plus facile pour se faire un avis sur eux que de fermer instantanément toutes les portes. Et d’ailleurs, le petit ne fut pas bien long pour de nouveau prendre la parole… Pour justement lui demander plus de précisions sur ce qu’il recherchait comme employé. Ce petit avait au moins un certain sens de la mesure.

Axel sourit doucement.

« Je suis désolé, mais je ne pense pas pouvoir vous aider. »

Le rouquin releva la tête pour observer Célestin et pencha légèrement la tête sur le côté en l’observant de ses yeux vert, pensif. Pouvait-il quand même le dépanner, quitte à ce que ça ne soit que temporaire ? Cela faisait longtemps maintenant qu’il faisait tourner la boutique, littéralement parlant, et les choses étaient tout de même bien huilées. Il avait ses habitudes chez les petites mains pour ses livraisons et se débrouillait pour le reste…

« Je suis plutôt à la recherche de quelqu’un à plein temps et que je puisse former sur le long terme et qui puisse m’épauler pour tenir la boutique. Vu vos paroles, ça n’a pas vraiment d’être ce que vous recherchez, je suis désolé. »

Et il l’était vraiment.
Ce petit avait l’air d’être tout à fait charmant au vue de sa manière de s’exprimer. Axel se demandait s’il pouvait faire un effort et essayer d’arranger un peu son emploi du temps pour tout de même l’aider mais… Avec sa position, c’était compliqué. Après tout, il n’était jamais à l’abri d’un certain type d’urgence, et autant il pouvait laisser un apprenti derrière lui en prétextant n’importe quelle excuses de son invention, autant juste mettre un employé à mi-temps soudainement à la porte était plutôt délicat.

« Cela dit, je connais quelques commerçant dans les environs qui aurait peut-être besoin de vos service, si cela vous intéresse. »

C’était la moindre des choses qu’il pouvait faire.

C'était toujours gênant de se prendre un refus. Bien que celui-ci ait été tempéré de façon agréable. Il lui avait sourit et s'était excusé en lui expliquant qu'il ne pouvait pas l'aider. Les joues du petit s'étaient teintées en rouge, gêné de l'avoir dérangé dans son travail alors qu'il ne convenait pas pour le poste. Oui, ce n'était pas sa faute, il n'aurait pas pu le deviner, et essayer était toujours une bonne chose. Alors qu'il allait s'excuser du dérangement et se retirer le propriétaire lui expliquait qu'en effet, il recherchait quelqu'un à former à plein temps. Ha oui, cela ne correspondait pas à ce qu'il désirait. Ce petit là était bien têtu et ne voulait pas apprendre un nouveau métier, il voulait pouvoir survivre avec un peu d'argent pour finalement exercer le sien.

«  Oh, je vois… En effet, ce n'est pas ce que je recherche. Vous… Vous n'avez pas à vous excuser, ce n'est pas votre faute…  »

C'est moi qui suis trop têtu. Encore quelques rougeurs. Cela dit Célestin était tout de même content. Cet homme n'avait pas l'air de lui mentir, il avait l'air sincère et son aspect n'avait pas l'air de l'avoir rebuté et c'était toujours une bonne nouvelle de ne pas être refusé pour une simple présentation physique, rassurant.

Encore une fois, alors qu'il se disait que c'était peut-être une bonne idée de laisser l'homme travailler – il avait l'air fort occupé-, l'homme lui adressa à nouveau la parole en lui disant qu'il connaissait les commerçants du coin et que peut-être… C'est pivoine que les joues de Célestin devinrent et non plus juste un peu rouges, nous rappelant peut-être un certain ministre…

«  Oh euh-je, o-oui, bien sûr que cela m'intéresse mais je n'ai pas envie de vous déranger… Et vous avez l'air d'avoir beaucoup de travail encore…  »

Après oui, il le lui proposait, peut-être par simple politesse, peut-être pas mais Célestin préférait s'en assurer…

« Vous avez fait le déplacement, c’est la moindre des choses. » Offrit le rouquin avec un sourire et un haussement d’épaule.

Après tout, ce n’était en rien quelque chose de dramatique. Ce n’était pas la première personne qu’il refusait, ne serait sans doute pas la dernière, et assez de gens ans cette ville cherchaient quelqu’un pour les aider. Ce petit trouverait bien quelque chose à se mettre sous la dent, avec ou sans son aide. Ce n’était la faute de personne en réalité, mais Axel était quelqu’un de poli par nature et le jeune homme avait en effet fait l’effort de se déplacer jusqu’à sa boutique pour venir se présenter. C’était plus que certains.

Axel finit de ranger son dernier petit carton sous le comptoir avant de s’y accouder en croisant les bras. Le pauvre Célestin avait l’air gêné, s’il jugeait à la couleur qu’avait pris son visage, une nouvelle fois. C’était vraiment amusant, de voir quelqu’un réagir de la sorte. Amusant et plutôt rare dans ces rues, quand il y pensait. L’herboriste lui offrit un nouveau sourire encourageant.

« Cela ne me dérange pas, ne vous inquiétez pas. Ça ne me coûte pas grand-chose et si ça peut aider, c’est pour le mieux.»

Si Célestin n’avait rien trouvé d’ici là, Axel se doutait déjà des noms qu’il pourrait lui donner, mais il préférait malgré tout aller se renseigner avant. Il côtoyait la plupart des marchands des environs de manières régulières mais n’était pas forcément au jus des aléas des employés de tous et il n’était pas à l’abri de quelques petites surprises. Il faut dire qu’ils avaient plutôt tendance à parler argent et marchandises que taux d’emplois dans les rues de la ville.

« Je vous remercie d’être passé me voir. Revenez d’ici une petite semaine, je devrais sans doute avoir quelques adresses. »

Faire le déplacement était tellement normal pour lui. Il ne pu s’empêcher de rougir un peu. C’était toujours agréable d’avoir quelque chose de positif sur son comportement. Une évidence de se présenter devant les personnes, surtout les commerçants du coin. Par contre, il allait éviter de déranger les probables nobles employeurs qui n’étaient pas aussi accessible, alors il envoyait des lettres comme le voulait la tradition. La, la lettre était proscrite, et de toute façon, il n’avait plus aucune adresse à qui la faire parvenir…

Après lui avoir affirmé que lui donner des noms ne le dérangerait pas – Célestin préférant toujours s’en assurer, il lui demandait de revenir dans une semaine pour qu’il puisse lui fournir des adresses. Il ne s’attendait pas à les avoir tout de suite, mais pas aussi rapidement non plus, une semaine était très correct pour lui. Il pourrait ainsi en démarcher d’autres en attendant.

« Dans ce cas je repasserai la semaine prochaine. Et c’est moi qui vous remercie. A bientôt, Monsieur. »

S’inclinant légèrement, Célestin lui fit un petit sourire timide avant de se retourner pour sortir de l’herboristerie. Il allait devoir continuer à chercher mais le blandinet n’était pas du genre à perdre espoir…

HRP : Finitooo