Célestin Vaneghen

Je ressemble à...

Debout, là, devant un miroir dans la rue qui ne demande qu'à être emmené dans la maison qui l'attend, Célestin s'observe avec une certaine gêne. Ses joues sont un peu rouges, il fait froid.

Célestin n'est pas quelqu'un de bien grand, il mesure à peine un mètre soixante, il n'est pas non plus bien épais, quarante-cinq kilos, un petit peu de muscle par-ci par là, dans les bras pour se rendre utile et porter des choses lourdes -mais pas trop-, dans les jambes pour rester debout longtemps mais sans plus. Physiquement, il fait un peu moins que son âge, on lui donnerait peut-être dix-huit ans. Avant il avait un peu plus de poids, des joues un peu plus rondes qui lui donnait l'air un peu plus âgé mais depuis qu'il est à la rue, il a perdu du poids.

Certes Célestin est mince et plus petit que la moyenne pourtant ce n'est pas ce qu'on voit le premier chez lui. Ce que vous repérerez au premier coup d'oeil c'est sa chevelure toute blanche, mi-longue en léger dégradé inversé : les mèches devant sont plus longues. Aucune décoloration n'a été apposée sur sa tignasse, notre serviteur est albinos et cela lui a déjà valu remarques et moqueries tout au long de sa vie. Ses yeux sont bleus, très clairs et il ne voit d'ailleurs pas très bien et porte des lunettes teintées car il est sensible à la lumière. S'il les enlève vous apercevrez parfois quelques cernes. Dormir dehors n'est pas de tout repos et il n'a pas le sommeil lourd. Sa peau elle est claire, très claire mais parsemée de quelques saletés. En effet dormir dans la rue n'aide pas toujours à rester propre. Mais il aime être bien alors il passe une main sur sa joue et la terre s'en va.

Ses habits sont en mauvais état. Il porte une écharpe pour se protéger du froid, brune, abîmée et de moyenne facture. Un long manteau à capuche un peu plus foncé, avec une petite ceinture pour qu'il puisse le serrer près de lui. Il est un peu déchiré lui aussi. Sous ce coupe-vent, un simple haut bleu foncé et un pantalon noir, des petites bottines beiges. Il ne paye pas de mine, non, mais, sur son épaule, dans son sac à dos se trouve toute sa vie : ses lunettes de vue pour l'intérieur, ses tenues de serviteur avec des chemises, un veston, un pantalon noir, de belles chaussures et une extravagante cravate violette qu'il met lors des grandes occasions.
Quand il est dans la rue il ne ressemble pas à grand-chose mais dès qu'il veut postuler pour un travail le jeune homme se met sur son trente et un.

Célestin n'a aucune boucle d'oreille, piercing ou bijou. Il n'a pas l'argent pour se payer cela. En revanche il a quelques cicatrices dues à une éducation plutôt rude et à quelques petits accidents, des petites brûlures sur les mains et autres coupures.

Je pense comme...

Avant toute chose, Célestin est quelqu'un de profondément gentil. Il n'aime pas et ne fera pas du mal aux autres. Il n'aime pas non plus les comportements violents et dès qu'il le peut, il ira aider quelqu'un en difficulté, quitte à se mettre en danger lui-même. Se retrouver en position risquée à cause de cela lui est déjà arrivé plusieurs fois dans sa vie et pourtant il ne recule toujours pas. Face à la détresse des autres, Célestin est impulsif et imprudent, il fonce dans le tas. Au-delà de ça, même dans la vie de tous les jours il est plutôt acharné et déterminé, il essaye le moins possible de se faire avoir par les mauvaises paroles ou jugement des autres mais prendre du recul n'est pas toujours facile.

Le blandinet est aussi une personne très sociable, il aime être avec les gens, discuter avec eux tout comme il apprécie parfois être seul. La solitude cependant, même s'il ne le montre pas, lui pèse beaucoup. Depuis petit il a très souvent été rabaissé, parfois humilié été mis à l'écart à cause de sa différence. Son albinisme ne collait pas avec l'image des serviteurs parfaits  de la famille Vaneghen alors il était bien souvent tout seul et c'est encore le cas maintenant. Il essaye parfois de parler aux gens mais l'on évite toujours ceux qui traînent dans les rues de peur qu'ils déteignent sur nous. Parfois, il est blessé mais il se garde bien de le montrer et essaye de toujours garder un sourire et une expression agréable. Pourtant il pourrait parfois se confier mais n'a plus personne pour le faire.

Avant d'être à la rue, Célestin était toujours autonome et débrouillard, après tout, souvent seul et laissé à l'écart, il a bien du apprendre et observer. Pour autant il l'est d'autant plus depuis qu'il n'a plus de toit. Savoir ou pouvoir se laver, comment manger, où dormir en sécurité, comment faire de petits travaux… Tout un tas de plans sont constamment dans sa tête. Parfois le jeune homme ressent une certaine honte à être à la rue et à ne pas avoir de travail. Lorsqu'il peut discuter avec quelqu'un, parfois, il ment, et il ne dit pas qu'il vit dans la rue pour garder un contact.

Ce serviteur ne fait pas ce métier pour l'argent, pour la gloire, pour accéder à un rang plus élevé mais bel et bien pour être utile. C'est une volonté profondément inscrite en lui, il aime et veut rendre service, il veut servir et désir prendre soin de quelqu'un, connaître ses habitudes, le découvrir, faire en sorte qu'il soit le plus souvent heureux possible… Il souhaite profondément être accepté par quelqu'un, même si ce n'est qu'une personne qu'il pourra servir pour la remercier de sa sollicitude. Et pourtant sa différence fait qu'il ne trouve pas d'employeur. Il essaye tant bien que mal de ne pas laisser ce sentiment d'échec s'installer en lui même si c'est compliqué et difficile.

Célestin n'est pas le plus expérimenté des serviteurs mais il sait faire plein de choses : le ménage, à manger, la lessive (surtout la lessive), et il aime beaucoup s'amuser avec les boissons pour faire de délicieux cocktails. Il a même pensé se reconvertir en tavernier ou en serveur mais il lui manquerait la servitude essentielle qu'il recherche. Il n'est pas parfait mais il estime que « ça passe», mais qu'il a beaucoup de choses à apprendre encore. Ce qui n'est d'ailleurs pas faux mais il se sous-estime parfois grandement. Après tout, s'il avait été aussi parfait que son aîné, peut-être sa famille l'aurait-il gardé ? S'il avait été plus utile, peut-être que les Brunswick ne l'auraient pas congédié et qu'ils auraient jugé utile de le faire soigner ? Ce jeune homme est très humble et ne se complimentera pas, ayant du mal à accepter et à réagir autrement que simplement aux compliments qu'on lui fait. Envers ses maîtres Célestin est un peu timide, il a peur de faire mal même s'il sait bien faire, parce que justement il souhaite satisfaire au mieux.

D'une manière générale Célestin a du mal à s'imposer, surtout lorsqu'il est le seul en question. On l'a éduqué d'une telle façon qu'il a comprit qu'il est inutile de vouloir changer une décision qui avait été prise. Si on lui dit non, il évitera d'insister, il se fait parfois marcher sur les pieds et ne réagit pas, invitant les autres à continuer dans leur manège.

Parfois il est épuisé et il pleure, souvent tout seul, car il considère qu'il ne peut pas montrer sa tristesse.

Niveau de force (de 1 à 10) : 4, Célestin n'est pas vraiment fort, mais il a tout de même l'habitude de porter de lourdes charges de temps en temps et ne rechigne pas à la tâche.
Capacités de combat (de 1 à 10): 2, ce blandinet n'a aucune compétence notable. S'il a une poêle en main et que vous le menacez il peut éventuellement vous taper avec mais c'est tout. Dans la rue il a un peu appris à foncer sur les voleurs pour récupérer ses affaires…
Charisme (de 1 à 10) : 3, il attire l'attention, c'est sûr et certain, parce qu'on le trouve bizarre en premier lieu. Pourtant ses sourires sont agréables et peuvent donner un certain apaisement…
Niveau d'éducation : 5, dans la famille Vaneghen il a pu avoir accès à une éducation pas si mal que cela, de plus il aime bien apprendre les choses de manière générale.
Niveau d'intelligence (de 1 à 10) : 6, l'intelligence de notre albinos se voit principalement par sa capacité à s'adapter aux gens et aux situations qu'il rencontre dans la vie. Pour autant il n'est pas dénué de bon sens, au contraire, ses réflexions valent parfois comme de véritables conseils.

Sa famille de façon globale : Rejeté depuis sa tendre enfance, Célestin n'est pas l'enfant voulu par les parents Vaneghen. Les seuls contacts avec eux sont lorsqu'il apprend que sa famille a expliqué à un futur employeur que cet enfant ne pourrait pas donner une bonne image à son maître et qu'il était plus judicieux de prendre quelqu'un d'autre. Il hésite et ne sait pas s'il doit leur en vouloir ou juste les oublier. Ils ne partagent pas les mêmes valeurs.
Ferdinand Vaneghen :  Son frère aîné, Célestin ne s'est jamais vraiment entendu avec Ferdinand. Trop parfait, froid à ses yeux, il sait qu'il n'apprécie pas le métier pour ce qu'il est mais pour ce qui lui apporte financièrement. En tentant de le féliciter pour son poste chez le ministre de l'intérieur il n'a jamais reçu de réponse. Ferdinand ne désire aucun contact. Ce n'est pas forcément réciproque trop bon trop con .  

Une naissance attendue pour parfaire une famille de serviteurs qui attend de pouvoir obéir à leurs maîtres et gagner en rang social. La famille Vaneghen n'a jamais vraiment été connue pour sa bonté d'âme, mais plutôt pour ses qualités de serviteurs doués et discrets. Dans l'ombre de la famille a naquit le désir d'être aussi haut que ceux qu'il servaient… Et Célestin est venu au monde dans ce climat. Très peu après sa naissance, ce petit bout, sans le vouloir à déjà déçu ses parents. Il était touché par l'albinisme. Comme un ou deux avant lui, dans la famille, et de ceux-là, on ne s'en était jamais vraiment occupé. Le destin ne changea pas cette fois et Célestin fût d'office délaissé.  

Malgré tout, il eut quand même le droit à une éducation, par principe, ou peut-être pour s'excuser d'avance de l'abandonner après. Jeune, il apprit à lire, à écrire, le nécessaire puis tous les gestes du quotidiens pour pouvoir accompagner un futur maître. Il restait très souvent chez lui en dehors de l'apprentissage. Célestin voyait souvent le médecin pour ses problèmes oculaires, sa peau. C'était souvent un peu plus plaisant que les autres moments de sa vie. Le médecin n'était pas l'homme le plus agréable et gentil mais il ne le regardait pas mal.

Célestin appris le métier auprès de son père tout d'abord, dans la noble famille des Hesse dès qu'il fût âgé de treize ans. Il y rencontra un serviteur assez âgé qui, au contraire de son père, passait beaucoup de son temps avec lui et lui appris diverses choses. Ce dernier avait une passion pour la cuisine et permit à l'apprenti de développer divers cocktails qui à terme, ravirent les papilles de ses maîtres.

A l'âge de ses dix-huit ans il fût décrété que le petit Vaneghen avait enfin toutes les clefs en main pour prendre son avenir en main. Ainsi, il devait maintenant trouver par lui-même un travail dans une maison pour pouvoir rendre « fier », sa famille. Contre tout attente, le petit trouva une place de serviteur chez la douce famille des Brunswick mais il n'était aucunement en contact avec ses maîtres, non, il se contentait de faire le linge ou bien de travailler la nuit. A ce moment sa famille coupa tout lien avec lui. Pas très généreux sur la paie, il était préférable pour le blandinet d'être hébergé chez eux.

Ainsi, il travailla chez eux pendant un peu plus de trois années, à faire la même chose, et honnêtement, à s'ennuyer. Il tenta de se faire accepter dans d'autres familles mais aucune réponse positive ne lui vint. Ses employeurs lui apprirent dans une phrase discrètement sous-entendue  que les parents du petit faisaient barrage en lui faisant une mauvaise réputation.  

Peu après le Tag der Toten et les événements qui affolèrent un peu la ville, le garçon tomba malade. Quelques jours, cela passe encore, mais avec l'épidémie en train de se déclarer et sa maladie qui se traînait les Brunswick décidèrent de le renvoyer pour ne pas « troubler leur sécurité ». Ainsi, Célestin perdit son emploi et sa maison. Il tenta de contacter le serviteur qu'il avait rencontré chez les Hesse mais il apprit que celui-ci était décédé il y a peu. La nouvelle lui ruina le moral mais il fût bien obligé d'avancer.

Depuis deux mois, Célestin, malade, traînant sa toux, vit dans la rue, compte consciencieusement ses sous, fait un ou deux petit travail par ci par là et transporte sa maison sur son dos. Il n'attend qu'une personne qui veuille bien l'embaucher.