Vous prendrez bien une enquête avec votre café, Monsieur ?

Le ministre était parti depuis une heure.
Il lui avait confié une enquête d’enlèvement, concernant la disparition d'une ancienne fille du Chabannais.
Caïn allait s'en occuper rapidement oui, mais la Mordk n'allait pas cessez de tourner parce que le ministre était venu.
Il termina donc de remplir les trois dossiers qu'il avait commencé, car il n'aimait pas laisser un travail non terminé.

Et une fois fini, et en plus le délicieux café que Lüwen lui avait rapporté terminé aussi.
Bah oui, il avait bu cinq tasses en une heure.
Et après il se demande d'où peut bien provenir son stress.
Bref, voilà qu'il prit le dossier vers concernant Julianna Ghione sous le bras et hop, direction la bureau de son Serken préféré.
Hum.

Cette fois il n'était pas en colère, alors il toqua à la porte.
Bon fallait pas abuser non plus, il n'attendit pas l'autorisation d'entrer qu'il se trouvait déjà à la moitié du bureau.
Bah oui, déjà qu'il s'annoncer, fallait pas non plus trop abuser.

« Nouvelle affaire. Julianna Ghione, ancienne danseuse du Chabannais, portée disparut depuis quatre jours, signalement de son conjoint. »

Maintenant devant le bureau, Caïn laissa tomber sans être brusque le dossier juste devant Nick.
Notant au passage le thermos de café se trouvant sur le bureau.
Away donc Caïn n'était pas un privilégié ?
Pfff.

« C'est Lüwen qui est venu me voir pour qu'on s'occupe prioritairement de cette affaire. Parait que la femme est une connaissance de son nouveau valet. »

Caïn posa ses deux mains sur le bureau, regardant le Serken.

« Le dossier est déjà pré-remplit. »

Oui parce que bon, le Lianten connaissait bien Nick hein.
Et au moins, il était certain d'avoir un dossier en bonne et due forme.

Une fois n’était pas coutume, Nickolas était plongé dans les ténèbres de son bureau, s’asphyxiant à moitié dans les relents de clopes et de café. Mais ud bon café, pour une fois, et pas cette daube dégueulasse que leur fournissait Caïn. Un jour, faudrait quand même qu’il aille gueuler pour avoir une meilleure qualité de cette merde, parce que bonjour la pisse de chat mort qu’il se coltinait tous les jour dans cette caserne de merde. Faut dire qu’un café livré par le ministre en personne, ça arrive pas tous les jours.

Pour un peu, Klaas aurait bien prit Lüwen au pieds de la lettre la dernière fois qu’il avait croisé sa gueule… Mais la ville haute était putain de loin et il n’avait pas que ça a foutre. Même pour du bon café. Il avait d’ailleurs cru que ce dernier avait ramené son cul pour lui parler ce jour là, mais non. Mais il était quand même bien tombé et Klaas lui avait vaguement fait comprendre qu’il allait devoir revenir le faire chier d’ici peu. Il avait deux trois petites connerie à lui dire, à ce cher ministre.

Et une seconde fois n’est pas coutume, il ignora les coups frappés à la porte de son bureau, qui comme d’habitude, s’ouvrit tout seul. Voilà pourquoi il se faisait jamais chié à répondre quoi qu’il se passe, les emmerdeurs ouvrent toujours la porte comme des grands. Alors pourquoi se casser le cul ? Surtout quand c’était l’emmerdeur suprême qui venait vous refiler du boulot. Génial. Comme si y’en avait pas assez. Son bureau était plus fourré que la chatte d’une catin.
D’ailleurs en parlant de catin…

Le flic fit mine d’ignorer ce que Caïn était en train de lui dire, mais il avait tout de même arrêter d’écrire ses notes sur son dossiers en cours. Le Chabanais… non mais sérieusement, ce bordel avait fermé il y a des mois et on venait plus l’emmerder avec cet endroit que quand toutes les putes de la ville y étaient réunies. Ils auraient dû brûler l’endroit et toutes ces connasses avec. Ça aurait fait du boulot une fois pour toute et on en aurait plus parler.
Et quand Caïn parle de Lüwen, magie ! Nickolas releva la tête pour l’observer. Il laissa même son boulot en cours pour ouvrir le fameux nouveau dossier et le parcourir rapidement du regard. Sans gueuler et sans l’insulter. Alors qu’il haissait profondément toutes ces merdes d’enlèvement. Les cadavres, c’était vachement plus simple.
C’était toujours louche, quand il coopérait bien gentiment.
Peut-être parce que Lüwen était un ami.
Peut-être parce que ça l’arrangeait bien, aussi.

Il but une longue gorgée de café. Connaissance de son nouveau valet hein ? Eh bien, il avait une raison officielle d’aller à nouveau remuer toutes les plumes la petite maisonnée. Il se marrait d’avance, y’avait des sacrés cramés du cerveau là-bas. Franchement, il aurait voulu buter quelqu’un lui-même qu’il aurait pas fait une meilleure distraction.

« Brunswick ? On l’avait foutu en taule y’a quelque mois. » Remarque à la con, mais il se souvenait plutôt bien du type – mais de qui ne se souvenait-il pas quand il s’agissait du travail ? -, un connard qui arrêtait pas de gueuler et qu’le paternel avait fait sortir de son trou. « Ça va foutre le bordel d’aller ramoner du noble. » Enfin du noble, à petite échelle fallait pas déconner. La famille se la pétait grave mais restait loin dans le petit classement de tous ces aristocrates à la con. « Et en quoi une disparition sur une pute et un valet est-elle urgente ? Quatre jour, ça laisse largement le temps de la baiser et de foutre son cadavre à la rue. »

Ouais il avait d’autres chats à fouetter, clairement.
Mais il râlait pour le simple plaisir de faire un peu chier Caïn, vu qu’il était plongé dans la lecture de la déposition du ministre. Où était le fun si on pouvait même plus faire perdre du temps à son boss ?

Ha ça, foutre le bordel, c'était certain.
Si le gosse Burnswick venait à passer un séjour en taule, certainement que son père allait encore se ramener pour gueuler et sortir son fils de la.
Mais cette fois, si les faits se révélaient véridique, le père aurait beau cracher ses poumons en criant que ça ne changerait rien.
Noble ou pas noble, un acte grave doit être puni.
Et le Boris resterait un moment derrière les barreaux.

« Sans doute. Mais t'aime bien foutre le bordel alors ça devrait pas te gêner. »

Bah quoi, c'était vrai non ?
Caïn affirmait simplement une vérité.

Et puis voilà que le cynisme de Nickolas était de sorti.
Charmant, très charmant.

« Regarde le rapport. Le ministre a entendu des propos y'a pas longtemps du tout. Alors elle doit être encore en vie. »

Toujours les mains sur le bureau, voilà que Caïn se pencha avec ses petits yeux de fouines et ses énormes cernes, scrutant le Serken dans les yeux.

« Donc tu vas aller t'occuper de récupérer les autres affaires concernant Boris Burnswisk et monter un gros dossier sur lui, pour avoir un mandat. »

Et Nickolas avait intérêt à faire ça bien.
Non parce qu'il le connaissait l'énergumène.
Le Serken serait bien capable de se rendre chez Boris sans mandat et de faire quand même sa fouille.
Et après, qui devrait réparer ce merdier ?
C'est bibi.

Ah bon, il aimait foutre le bordel ? Bel euphémisme. Mais qui eut le mérite de lui tirer un léger rictus.
Il y pouvait quoi, lui, si c’était plus simple de faire parler les clochards en foutant la merde ? Si les hommes étaient pas des blaireaux incapables de supporter l’imprévisible, c’était pas son problème à lui. Ils avaient qu’à pas être aussi con. En plus, les petits nobles, c’était toujours les plus drôle, à s’offusquer pour un rien et partir dans des colères superficielles dramatiques qui lui sortait par tous les trous du corps.

« Hier soir, ouais… Quitte à être un gros con, je vois pas ce qui le retiendrais de se vanter même en l’ayant égorgé.Il l’a peut-être même baisé après, qui sait ? »

Quelle image terriblement classe, n’est-ce pas ? Même s’il était du même avis que son supérieur. Un petit merdeux comme ça, ça casse pas ses jouets aussi vite, surtout quand ça veut faire bander les copains. Ça serait même plus du genre à finir en partouze qu’en meurtre. Il allait devoir creuser du côté de ces fameux super potes aussi. Sait-on jamais, entre merde et détritus, il aurait mettrait peut-être la main sur quelque chose.

Il était perdu dans ses réflexions quand Caïn lui fit le coup des gros yeux. Ah sérieux, il pouvait pas avoir la paix ? Il se laissa épier sans réagir, lui rendant un regard blasé tout en attrapant son paquet de clope pour venir s’en allumer une. La flamme passa bien près du visage du Lianten. Heureusement qu’il avait fait ça de la maison gauche. Les accidents sont si vites arrivés.

« Me fait pas le coup de la tête de mort, tu sais très bien que j’en ais rien à branler. » Il prit une longue inspiration de sa petite drogue avant de refermer son ancien dossier pour l’envoyer sur le bureau à côté du sien. Celui de Strelok. Pas comme s’il restait grand-chose à faire de toute façon. Mais ça laissait de la place pour les petites affaires de Lüwen de manière plus confortable. « T’auras ça dans la nuit. » Dans la nuit. Ouais, il allait rester bosser. Forcément à lui refiler des merdes pareilles à ce genre d’heure, il allait encore devoir cramer son sommeil. Bordel, Lüwen aurait pas pu passer le matin, pour une fois. Quel emmerdeur lui aussi quand il voulait. « J’irais voir notre bon ami de la ville haute le temps que tu récupère le bordel. » Efficacité quand tu nous tient. Louche, définitivement louche. Mais une petite visite à Lüwen s’imposait. Et pas seulement qu’à lui, d’ailleurs.

Encore une fois, très charmant.
Tuer sa victime pour la violer ensuite.
Bon, fallait bien des dégénérer de partout. Mais le Burnswick n'était pas cinglé, non ?
Qui sait.

Bien évidemment, la tête de cadavre de Caïn n'avait pas réussit à intimider le Serken.
Et ce n'était pas vraiment son but, du moins pas avec Nickolas.
Les deux se connaissaient trop bien, et leurs petites manies de flic ne fonctionnaient plus entre eux.
Mais que voulez-vous, les habitudes ont la vies dures...

Soufflant du nez, le Lianten se redressa et s'éloigna d'un pas du bureau. C'est qu'il n'allait pas s'attarder plus que nécessaire.
Moins ils passaient de temps ensemble, et plus les deux se portaient bien.

« Très bien. »

Dans la nuit, c'était inespéré.
D'habitude il n'aurait pas attendu un dossier venant de Nickolas avant le lendemain, au minimum.
Mais c'était une bonne surprise.
Puis bon, c'était Lüwen lui même qui avait refilé cette affaire, et Caïn savait très bien que les deux étaient amis.

Sur le départ, Caïn s’arrêta quand même quelques secondes devant la porte.
Nickolas allait s'occuper de l'affaire vraiment vite, c'était assez... disons, surprenant.
Lui qui râler toujours, surtout pour bouger ses miches dans la Ville-Haute.
Enfin bon, c'était pas Caïn qui allait se plaindre.

Allez hop, voilà qu'il quittait le bureau de Nickolas pour retrouver le sien.
Et peut-être dormir quelques minutes, pourquoi pas.